19/03/2024
Il me semblait bien qu'il y avait un problème...
🔴 Neige à 10°C, grand soleil un jour de pluie… Chez Météo France, l’automatisation des prévisions via l’outil informatique Alpha, imaginé pour compenser la saignée des effectifs, et les multiples erreurs qu’il a générées, suscite une nouvelle grève des météorologues ce mardi. Grâce à des documents internes inédits, Libération révèle l’étendue des incidents et la colère de nombreux clients.
Extrait de l'enquête :
Depuis cet automne, Météo France chancelle. L’établissement public à caractère administratif placé sous la tutelle du ministère de la Transition écologique, chargé d’assurer le service national météorologique et l’élaboration des connaissances sur le climat, mondialement renommé pour la qualité de son travail, est traversé par un mouvement social d’une rare intensité - dont un nouveau chapitre s’ouvre ce mardi, jour de mobilisation de la fonction publique.
Secoué par les préavis de grève sans cesse renouvelés, les assemblées générales à répétition et les communiqués de l’intersyndicale (CGT, FO et Solidaires). La raison de la rogne ? Les dysfonctionnements incessants depuis le déploiement officiel, le 13 novembre, d’une réorganisation du travail fondée sur le projet «3P» (pour «programme prévision production»).
Au cœur du dispositif mis en cause : Alpha, une nouvelle base de données automatique (et non une intelligence artificielle) qui mouline dans son coin des modèles numériques et prodigue, désormais, la météo au grand public. Loin de l’expertise humaine.
«Pour dire les choses crûment, je ne recommande à personne de regarder, à l’heure où on se parle, les cartes de base qui annoncent la pluie et le beau temps. Elles sont souvent truffées d’erreurs, ce n’est plus fiable», concède un prévisionniste affecté en Occitanie souhaitant, comme beaucoup, garder l’anonymat.
En quatre mois, Météo France s’est transformé en «Météo des couacs». Les bulletins de vigilance sont pour l’heure toujours réalisés par les agents – alerte tempête, risque inondation, danger avalanche, etc. – mais sur le site internet, comme sur l’application mobile, le temps promis par Alpha cumule les incohérences.
Pluie sans verglas par -3 °C (ce qui est physiquement impossible avec un thermomètre négatif), flocons annoncés malgré les 10 °C prédits, pictogramme «grand soleil» malgré des averses prévues dans l’après-midi, température maximale attendue autour des 4 °C quand le même écran affiche une minimale à 9 °C… «Notre institution est en train de perdre toute sa crédibilité», fulmine un chef prévisionniste de la région Grand Est.
𝐏𝐨𝐮𝐫 𝐥𝐢𝐫𝐞 𝐞𝐧 𝐞𝐧𝐭𝐢𝐞𝐫, 𝐫𝐞𝐧𝐝𝐞𝐳-𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐝𝐚𝐧𝐬 𝐥𝐞𝐬 𝐜𝐨𝐦𝐦𝐞𝐧𝐭𝐚𝐢𝐫𝐞𝐬