15/10/2021
Gabon: un employé de l'ARTF meurt d'un AVC après que le Secrétaire Exécutif a arbitrairement suspendu son salaire
L'affaire est passée sous silence dans les médias gabonais. Mbanzabaka Simplice, employé de l'Autorité de régulation des transports ferroviaires (ARTF) a récemment perdu la vie à la suite des AVC.
Tout commence avec la nomination en Conseil des ministres du 29 avril 2021, de Patrice Aboubakar Nendjot, au poste de Secrétaire Exécutif (SE) de l'ARTF. Aussitôt nommé, le nouveau SE prend la décision de suspendre les salaires des membres du cabinet de son prédécesseur, Prosper Ekomesse, pourtant tous en CDI depuis plusieurs années.
Parmi les victimes, Mbanzabaka Simplice, attaché de cabinet de l'ancien Secrétaire Exécutif. Pendant 2 mois, Simplice ne percevra pas son salaire sans aucune raison valable et sans qu'aucune explication ne lui soit donnée. Son seul péché est d'avoir été proche de l'ancien SE. C'est à la suite d'une énième dispute avec son bailleur qui le menaçait, devant son épouse et ses enfants, de le chasser du logement s'il ne s'acquitte pas des 2 mois de loyer impayés que Mbanzabaka Simplice va faire un AVC qui l'emportera deux jours plus t**d.
Comme pour l'assassin qui revient toujours sur les lieux du crime, à ses obsèques, Patrice Aboubakar Nendjot va envoyer une délégation de l'ARTF rendre un dernier hommage à leur ancien collègue. Cette délégation sera chassée manu militari par la famille du défunt qui n'a pas manqué d'accuser ouvertement le Secrétaire Exécutif d'avoir causé la mort de son employé.
Malgré cette mort sur la conscience, Patrice Aboubakar Nendjot ne va pas s'arrêter là. Il va confondre l'ARTF à sa chambre à coucher. En 5 mois seulement, il recrute 26 personnes. Majoritairement des femmes. Soit, en moyenne plus d'une personne chaque semaine. Ce qui représente une masse salariale supplémentaire d'environ 250 millions de FCFA par an et environ 2,5 milliards de FCFA pour les 10 prochaines années. Autant dire qu'en 5 mois seulement, il a battu le record des recrutements cumulés des 3 derniers SE. Qu'en serait-il s'il reste encore quelques mois de plus? D'ailleurs, certains des nouveaux employés perçoivent déjà leurs mirobolants salaires depuis plusieurs mois alors même qu'ils n'ont jamais mis les pieds à l'ARTF.
Dans le même temps, il divise par 2 ou par 3 les salaires de certains cadres maison dont il n'est pas proche, quand pour d'autres, les salaires sont purement et simplement suspendus sans aucune forme d'explications. En revanche, pour ses amis,il les augmente vertigineusement.
En outre, dès sa prise de fonction et avant même qu'il ne mette le nouvel organigramme en place, il va arracher les véhicules de fonction de plusieurs directeurs encore en poste pour les donner aux simples agents des mêmes directions dont il est proche. Mieux, beaucoup vont se retrouver sans bureaux. L'essentiel des bureaux a aussitôt été occupé par ses amis.
La gestion des ressources financières quant à elle n'a jamais été aussi opaque. Personne ne sait ce qui se passe avec l'argent de l'ARTF. Il arrive que le travail soit bloqué pendant plus d'un mois par manque de papier et de cartouches d'encre. Pour les documents urgents, certains sont contraints de les imprimer dans des cybers au quartier.
Rien ne semble inquiéter le tout nouveau Secrétaire Exécutif. D'ailleurs, à l'ARTF, il dit à qui veut l'entendre qu'il est un ami très proche de Noureddin Bongo et de Ian Ghislain Ngoulou avec lesquels il dit déjeuner régulièrement. Pour le deuxième cité, il dit s'être lié d'amitié avec lui au bureau de la coordination du plan stratégique Gabon émergent (BCPSGE) où ils ont été employés au même moment. Depuis le débarquement de ces derniers de la présidence de la République, il dit recevoir désormais les instructions de Mohamed Ali Saliou, directeur de cabinet adjoint du président de la République, dont il dit être également un ami très proche grâce à la religion musulmane qu'ils ont en commun. Plusieurs fois dans la semaine, il s'absente de son bureau en prenant le soin de laisser fuiter qu'il va en séance de travail avec le DCA du président.
A l'ARTF, tout le monde sait que l'essentiel des personnes recrutées depuis son arrivée ont été envoyées soit par Noureddin Bongo, Ian Ghislain Ngoulou ou par Mohamed Ali Saliou. Il le dit à tous ceux qui veulent attirer son attention sur les conséquences qui vont découler de ces recrutements massifs. Ce qui amène les agents à se questionner sur les motivations de ces proches collaborateurs du chef de l’Etat. L'ARTF fait face à des difficultés financières depuis plusieurs années avec, à la clé, des ret**ds récurrents de paiement de salaires. Ce qui avait d'ailleurs conduit le ministre de l'Economie et celui des Transports à recommander sa restructuration pour une meilleure maîtrise de la masse salariale déjà bien au-dessus des ses ressources financières.
Fréquemment absent depuis sa nomination, Patrice Nendjot s'envole vers la France chaque mois pour y retrouver son épouse qui y vit. Ainsi, chaque mois, il y passe 10 jours sur 30, parfois plus, loin de son poste de travail. Il suffit de regarder son passeport pour se rendre compte du nombre d'allers-retours effectués entre les deux pays depuis sa nomination. A chacun de ses voyages, il prétend être occupé sur place à Libreville sur un dossier confié par la présidence de la République. Seul un groupuscule d'intimes est informé qu'il est en voyage. Et pour passer incognito, il ne laisse jamais son adjoint assurer son intérim. À l'exception de son dernier voyage qui a duré 2 semaines. Pour la toute première fois, il avait pris le soin de signer une note d'intérim.
Même hors de l'ARTF, Patrice Nendjot dit avoir fait des victimes comme pour prouver sa toute puissance grâce à ses 3 pseudos relations au palais. Il n'hésite pas à revendiquer fièrement l'éviction de Félix Onkeya de son poste de Conseiller technique du ministre de l'Economie. Il faut rappeler que depuis plus d'un an, Félix Onkeya est à l'origine du gèle de la somme de 80 millions de FCFA destinée à l'ARTF chaque mois et qui constitue la contrepartie de sa mission de contrôleur statutaire des cahiers de charges des travaux de réhabilitation des zones instables et du suivi du programme de remise à niveau (PRN).
À ce jour, la famille de Simplice Mbanzabaka continue de pleurer sans que le principal responsable de sa mort ne soit inquiété. La bonne ambiance de travail d'antan et les bonnes relations de travail entre employés ont cédé la place à un climat délétère où règne: terreur, frustrations, chantage, règlements de comptes, commérage, injustices, intimidations, gestion opaque des ressources financières et gestion cavalière de l'administration et des ressources humaines. Récemment, une cheffe de département arrivée dans les valises du nouveau SE et qui ne dit jamais bonjour à ses collègues dont elle n'est pas proche a même failli en venir aux mains avec son adjoint, ancien de la boîte. Les disputes sont de plus en plus fréquentes. Beaucoup d'employés ne se saluent plus. Un climat inédit dans l'histoire de l'ARTF. La probabilité qu'on assiste sous peu à de violents affrontements physiques entre employés est très forte.
À des années lumières d'un manager capable de conduire des équipes, Patrice Nendjot est un mystificateur. Pour preuve, lors de sa première réunion de prise de contact avec l'ensemble des employés, il ne s'est pas gêné de dire qu'à son arrivée au Gabon, son premier poste a été celui de Conseiller du Secrétaire général du ministère de la Défense nationale. Un poste qui n'existe nulle part dans l'administration gabonaise. Les Secrétariats généraux des ministères n'ont que des Chargés d'études. Seuls les ministres disposent de Conseillers au sein de leurs cabinets. Aussi, comme pour mieux mystifier ses collègues, a-t-il affirmé, au cours de la même réunion, être un agent des services de renseignements et qu'à tout moment, il peut savoir ce que fait chacun de ses collaborateurs dans son dos. L'on comprend mieux pourquoi il n'a eu aucun mal à convaincre Ian Ngoulou et consorts de le nommer à la tête de l'ARTF.
Une chose est certaine; l'Autorité de régulation des transports ferroviaires court tout droit dans le précipice. Son avenir s'écrit désormais en pointillé. À moins qu'un nouveau Secrétaire Exécutif ne soit rapidement nommé pour éviter sa ruine.
Nous y reviendrons.
