24/08/2023
Nous ne devrons pas l'oublier !
Hommage à El Hadji Taya
23 août 1988- 23 août 2023
Cela fait 35 ans que l'artiste nous a quitté !
Découvrez Elhadj Mahamane Taya👑
Elhadj Mahamane Taya (1951-1988), était une voix de premier plan dans le développement de «la musique moderne nigérienne" sa mort prématurée en 1988, causée par une brève maladie a été un choc dans la scène de la musique nigérienne à un moment critique de son histoire. L'orchestre de Taya avait remporter le premier concours national d'Art de la Musique Moderne Nigérienne, le Prix Dan Gourmou en 1987 . Taya était, un musicien hors paire. Il a toujours été au premier plan du combat difficile dans le cadre d’une musique nigérienne digne de ce nom et dans des conditions que tout le monde connaît. Pour cela il mérite notre estime et un hommage appuyé pour le service rendu à la musique nigérienne, à la jeunesse nigérienne, au peuple nigérien.
Qui était Elhadj Taya ?
A la fin des années 1960, le Niger était confronté à une pénurie de cadres dans l’enseignement. Hier comme aujourd’hui, la carrière enseignante ne nourrissant pas son homme, tous les élèves titulaires du BAC ou du BEPC s’orientaient vers d’autres professions. Dans le secondaire, plus de 75 % des enseignants étaient des étrangers ou des contractuels. Le Niger signa alors une convention avec l’UNESCO dont l’objectif était d’amener le pays à l’autosuffisance en matière de cadres de l’enseignement à moyen terme. Alors, une centaine de jeunes collégiens titulaires ou non du BEPC se sont retrouvés à l’école normale de Zinder pour former la première promotion de ce qui allait devenir l’Ecole Normale nouvelle formule, avec la suppression du BAC et l’institution du Diplôme de Fin d’Etude Normale (DFEN).
La première promotion En cette rentrée de l’école normale de Zinder (nouvelle formule) , baptisée plus t**d Ecole Normale Askia Mohamed, fut dirigée dirigée par Saadou Galadima. Les anciens ( de l’ancienne formule au nombre duquel Oumarou Hadari) ont remarqué parmi les «bleus» la présence de deux élèves particulièrement passionnés de musique. Le premier du nom de Elhaj Mamane Taya, très élancé est naturellement g*i et très ouvert. Le deuxième, un peu trapu, plutôt timide et réservé s’appelait Mamane Sani Abdoulaye (SAM pour les intimes). Aussitôt après le repas de Mallam Mani (cuisinier en chef du restaurant), tandis qu'ils précipitent sur les cours pour préparer les interrogations écrites quasi‑quotidiennes à l’époque, Taya et Mamane Sani Abdoulaye passaient tout leur temps à jouer de la musique. L’un à gratter sur sa guitare, l’autre à jouer à l’harmonica. Ceux qui avaient la malchance d’avoir même dortoir que ces deux fanatiques de la musique peuvent aller se plaindre auprès du petit S (petit surveillant). Nos deux fanatiques n’abandonnaient leurs instruments de musique que t**d la nuit. Mais c’est pour les reprendre dès les premières lueurs du jour.
La vie à l’école normale de Zinder : un duo inséparable
Mais l’image inoubliable de Taya qui est restée gravée dans la mémoire de tous les anciens normaliens c’est celle duo inséparable qu’il formait avec Magid (Ibrahim Yallo) . Un professeur ne pouvait assumer convenablement son cours qu’ en les séparant pour les placer dans les deux coins opposés de la classe.
Une de leurs activités préférées consistait à imiter les professeurs. Chaque soir quelques dizaines d’autres normaliens les rejoignaient pour passer en r***e les moments les plus humoristiques de la journée. Les sujets ne manquaient jamais car, les enseignants chargés d’encadrer cette première promotion étaient à 90 % des experts de l’UNESCO provenant du Vietnam, d eHaiti, de l’Italie, de la Yougoslavie etc.et qui ne maîtrisaient pas très vbien pas le Français.
Tous les anciens normaliens de Zinder ont gardé une bonne image de Taya pour d’autres raisons. Il était au premier plan de toutes les activités culturelles et sportives. Dans la troupe théâtrale des années 1970-71 , Taya et Magid étaient parmi les meilleurs animateurs. En sport, sa performance moyenne ne lui permettait pas d’être sélectionné dans l’équipe de foot‑ball de l’école. Il se contentait d’être ailier de l’équipe de notre classe ou gardien de but de fortune. Il était meilleur dans les autres disciplines. Il arrivait qu’il soit sélectionné dans trois disciplines différentes (Basketball, Volleyball et Handball). Enfin, dans le cadre des activités culturelles hebdomadaires auxquelles participaient tout le corps enseignant et certains établissements scolaires de Zinder, Taya avait toujours un rôle : soit musicien soliste dans les entractes, soit organisateur de premier plan.
Dans la capitale du Damagaram, le début des années 1970, c’était aussi l’époque de « Salut les Copains’», la musique de James Brown, Etta James, Arreta Franklin et autres Ray Charles Copains. Les groupes de jeunes (garçons et filles) étaient à la mode. A l’école normale, il y avait plusieurs groupes qui rivalisaient d’influence auprès de deux principaux établissements de jeunes filles de Zinder. Le Collège Fatima et le Cours Normal. Taya, comme Magid faisaient partie du groupe qui s’appelait «Hells Angels» qui avec les «Paternaires» et les «Level Brother», étaient les trois groupes les plus en vue à l’E.N . Taya était en parfaite intelligence avec les membres tous les groupes..
Cette ambiance et cette symbiose qui caractérisaient la vie à l’Ecole normale de Zinder symbolisait la consécration d’un idéal f recherché par les pouvoir publics de l’époque à travers la création d’établissements scolaires nationaux regroupant des jeunes venus des quatre coins du pays et qui deviennent, pour toute une vie, solidaires et unis au-delà de toute autre considération.
Une de ses premières apparitions publiques, à l’Ecole normale, comme musicien, Taya l’a effectuée en compagnie de Mamane Sani et Oumarou Hadari dans le cadre des activités culturelles hebdomadaires. Ces activités avaient une grande importance pour l’établissement non parce que le préfet de Zinder (actuellement gouverneur) y assistait ou parce qu’on invitait les jeunes filles (du Collège Fatima et du Cours Normal) , mais parce que cela faisait partie des programmes de formation des futurs instituteurs comme la mécanique, l’animation rurale, l’élevage, le jardinage etc.).
Cette activité culturelle explique le grand nombre de futurs musiciens du Niger se recrutant parmi les anciens normaliens : Mamane Sani Abdoulaye et son orgue, Mamane Garba, Taya, Aimé Tossa, Mamane Saley, Rabo may Ganga, dontceertain sontà l’origine des orchestre comme Ambassadeurs du Sahel n, l’international de la capitale et bien d’autres .
De l’orchestre de l’école normale à l’International de la Capitale
Au cours de la première prestation de Taya en public à l’école normale il y avait Mamane Sani à l’harmonica pour interpréter les chansons des jeunes filles de Tillabéry (toujours estimées et applaudies), Oumarou Hadari à la guitare pour interpréter ses morceaux fétiches (chérie, say watarana, etc) D. Gérard le premier batteur des Ambassadeurs a été également très applaudi. Ce jour‑là, en l’absence d’une vraie batterie, il s’est contenté de la table d’un professeur. Tchountchou, (Issaka Mamadou, plus t**d journaliste et grand animateur du journal parlé de la Voix du sahel) faisait déjà office M.C et chanteur de l’orchestre de l’Ecole Normale.
Petit à petit l’orchestre se perfectionna avec l’acquisition progressive de matériel plus performant. Taya devint un véritable chef d’orchestre. Fidèle à son tempérament, Maman Sani Abdoulaye dit Sam, dès l’Ecole Normale, préféra évoluer en solo à harmonica (dans son coin) puis plus t**d à l’orgue électronique.
Quelques années plus t**d ces mêmes musiciens se retrouvèrent sous l’instigation du frère aîné de Taya Kazelma pour poser les premiers jalons de ce qui allait devenir les «Ambassadeurs», puis l’orchestre «Caravane» et plus t**d «L’International de la Capitale». C’est seulement avec ces orchestres que l’on a osé parler de musique nigérienne moderne. Et, dans tous ces orchestres Taya avait un rôle essentiel.
Taya a fait la démonstration que ce n’est pas seulement à travers les longues marches de la hiérarchie administrative que l’on peut apporter sa pierre à l’édifice d’une jeune nation. La discipline dans laquelle il s’est formé lui donnait le droit comme tout Nigérien d’aller attendre derrière la paperasserie d’un bureau au énième étage d’un immeuble ministériel, qu’un décret providentiel tombe à l’issue d’un conseil des ministres. Il a préféré rendre service à son pays d’une autre manière.
Demain lorsqu’on évoquera les origines de la musique nigérienne moderne ou lorsque nos enfants écriront une histoire de la musique moderne (car il faudrait bie n que cette histoire soit écrite un jour), le nom de Taya occupera une place de choix : il entrera ainsi dans l’histoire par la grande porte : il ne l’aura pas usurpé.
Repose en paix elhadj tayya