
31/08/2025
Les Neuf Lumières du Fuuta-Jaloo: une histoire qui mérite d'être enseigner en lieu et place l'histoire de Louis 14 ou de Hi**er dans les écoles.
Au cœur des montagnes verdoyantes du Fuuta-Jaloo, où le ciel épouse les plateaux dans un souffle de brume et de foi, naquit un rêve porté par la parole sacrée et l’épée juste. Neuf hommes, neuf voix, neuf esprits se levèrent — non pour conquérir, mais pour éclairer, éduquer, et organiser le monde autour du kalima et du Coran.
1. Alfa Ibrahima Sambégou de Timbo Le Guide de Timbo
Dans la vallée de Timbo, il fut la source, le premier fleuve de l’imamat. Chef des justes, guerrier des lettrés, Ibrahima Sambégou leva la bannière de l’islam sur la terre du Fuuta. Il était l’épée et la balance, élu par ses pairs non pour dominer, mais pour coordonner la volonté collective. Il devint le premier Almamy, celui autour de qui se nouaient les serments. Timbo devint capitale, non par force, mais par consensus.
Il ne parla pas fort. Il parla vrai. Il ne leva pas la main, il leva le cœur. Sambégou, guerrier savant, sortit des plaines de Timbo pour bâtir un État de justice. C’est lui qui, après la victoire de Talansan, fut hissé sur le bouclier de la foi et devint l’Almamy, le pivot du Fuuta.
Timbo, c’est le trône. Le point d’équilibre. Là où le pouvoir écoute la sagesse.
2. Alfa Mamadou Cellou de Labé Le Tambour de Labé ou du fuuta Jaloo
De l’autre côté des monts, Labé fit vibrer la Tabalde , le tambour du pouvoir. Alfa Mamadou Cellou, sage et bâtisseur, fonda l’école et la mosquée. Son érudition éclaira les collines de l’Alfaya. À chaque intronisation d’un almamy, c’est lui qui offrait le son du pouvoir, son tambour retentissait comme un pacte entre le ciel et la terre. Il n’avait pas besoin d’armée. Il avait un tambour. Le Tabalde, que lui seul pouvait faire résonner. Quand Mamadou Cellou le frappait, les montagnes se taisaient. Il fit de Labé une école à ciel ouvert, une forteresse du savoir, un phare dans le brouillard des ignorances.
Labé, c’est la voix. Le rappel.
Le tonnerre sacré qui annonce la légitimité.
3. Thierno Souleymane de Timbi-Touni
Sous les baobabs de Timbi, Thierno Souleymane réunit les cœurs dispersés. Doyen discret mais puissant, il convoqua le fameux congrès de Timbi-Touni, sanctuaire du consensus. Il ne cherchait ni gloire ni territoire, seulement l’unité des savants. Sa province devint la gardienne du débat, le creuset de la sagesse.
Il parla quand tous se disputaient. Et tous se turent. À Timbi-Touni, il convoqua les érudits, calma les tensions, et dessina les frontières non avec une épée, mais avec la science. Il n’était pas roi, mais sans lui, il n’y aurait pas eu d’accord.
Timbi, c’est la raison. Le silence qui tranche plus net que le fer.
4. Alfa Mamadou Sadio de Fougoumba
Fougoumba, ombragée et pieuse, devint la capitale religieuse. Son chef, Alfa Mamadou Sadio, avait le geste sacré : c’est lui qui posait le turban sur la tête de l’Almamy, ultime sceau d’investiture. Fougoumba n’envoyait pas d’armées ; elle envoyait des décisions, des fatwas, et le poids du Coran.
5. Thierno Saliou Balla de Koïn
Koïn, solide comme la pierre, vit naître Thierno Saliou Balla, stratège au regard perçant. Il pensait comme un imam et agissait comme un général. C’est là que se dessinèrent les tactiques, que se prépara la résistance contre les forces étrangères. Koïn fut l’esprit militaire du Fuuta, son sabre affûté par l’intellect.
6. Alfa Amadou de Kolladhè
Kolladhè, paisible, accueillait les exclus, les voyageurs, les esprits brisés. Alfa Amadou, homme d’asile, offrait refuge sans poser de questions. Sa province fut le berceau de l’hospitalité, une arche de paix où la miséricorde surpassait la loi. C’était le cœur battant de la clémence.
7. Alfa Moussa de Kèbaly
À Kèbaly, on clôturait ce que d’autres ouvraient. Alfa Moussa était le gardien des résolutions. Dans le congrès, lorsque tous avaient parlé, c’était lui qui scellait le débat, dans la sérénité du verdict. Sa voix pesait d’or car elle incarnait la conclusion. Kèbaly fut la sagesse silencieuse, l’encre sur le parchemin.
8. Thierno Mamadou Samba de Bhouriya
Bhouriya offrait les symboles — le sabre, le cheval, le griot. Thierno Mamadou Samba les disposait comme des constellations autour du trône. Sans lui, le pouvoir restait sans chair. Il donnait au roi l’apparence sacrée, légitimée par la tradition peule. Bhouriya était la province du symbole, du rite, du geste.
9. Alfa Issiaga (Ibrahima Sory) de Fodé Hadji
Enfin, Fodé Hadji, bras armé du Fuuta. Sous les ordres d’Alfa Issiaga, cousin de l’Almamy, cette province fournissait armes, poudre et fusils venus des ports atlantiques. C’était l’usine de guerre, sans laquelle le sabre de l’islam resterait théorique. Fodé Hadji était l’épine dorsale du combat, la forge du djihad défensif.
🕌 Le pacte des neuf
Chacun de ces chefs ne se voulait ni roi, ni sultan. Ils étaient marabouts, thierno, alfa, tous enfants d’un même livre, d’une même foi, d’un même rêve. Leur théocratie fut un pacte sacré entre le savoir et le pouvoir, entre le Coran et la lance.
Le Fuuta Jaloo, ainsi construit, ne fut pas un empire de conquête, mais un sanctuaire d’équilibre, qui inspira d’autres terres : le Fouta-Toro, Sokoto, Massina.