19/01/2022
Les Anciens de l’Appel de Manéga aux Burkinabè : « Chacun de nous a le devoir de manifester une ferveur civique pour aider le Faso »
A la faveur du nouvel an 2022, le Panel des anciens pour la paix et la réconciliation nationale (PANAPAX) de l’Appel de Manéga adresse ses vœux les meilleurs aux Burkinabè et lance à leur endroit un appel « au sursaut patriotique pour l’honneur, la dignité et pour le salut du peuple ».
« En ce début d’année nouvelle, les anciens de l’Appel de Manéga voudraient adresser leurs vœux de paix, de sécurité, de santé et de bonheur partagé à l’ensemble des Burkinabè notamment les travailleurs, la vaillante jeunesse, les femmes, les dignitaires religieux et coutumiers, les autorités nationales, les retraités ainsi que les Forces de Défense et de Sécurité (FDS) et les Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP). Nous exprimons une grande compassion envers les personnes déplacées et toutes les familles des victimes de l’insécurité dans notre pays. A l’endroit de toutes ces personnes dans la souffrance nous voudrions formuler pour 2022 des vœux de courage, d’espérance, de sécurité et de changements meilleurs dans leurs conditions de vie.
L’année 2021 a été difficile car, elle fut marquée par une aggravation de la crise sécuritaire dont les conséquences sont lourdes et se traduisent par plus d’un million et demi de personnes déplacées, chassées des hameaux et villages ; plus de trois mille deux cent écoles fermées privant plus de 500 mille élèves de l’éducation ; des parties du territoire occupées par les groupes armés ; sans oublier les tueries qui depuis 2015 à ce jour ont fait plus d’un millier de civils et de FDS morts. Cette situation de guerre n’est pas sans dommages considérables pour la nation. Elle a occasionné, non seulement, son lot de veuves et d’orphelins mais elle a, aussi, eu un impact négatif sur l’efficacité de l’Etat, la bonne santé de l’économie nationale et aura mis surtout à rude épreuve la paix, la stabilité, la cohésion sociale et partant, l’unité nationale.
C’est du reste ce contexte qui a motivé la naissance de l’Appel de Manéga qui fut lancé officiellement le 15 juin 2019 à Manéga par cent personnalités de notre nation. Ceci, dans le but de regrouper les Burkinabè au-delà de leurs diversités politique, culturelle, sociale, professionnelle et, plus particulièrement, dans un même esprit d’unité, de fraternité, de cohésion, de paix et de dépassement de soi afin de rechercher des solutions aux problèmes qui nous assaillent. Toutes les personnalités membres de l’initiative aussi bien les anciens que les jeunes ont depuis ce temps porté cette ambition d’emmener les Burkinabé de tous les horizons à se rassembler car l’union est plus qu’impérieuse pour pouvoir faire face à la crise multidimensionnelle du pays.
Pour ce faire, l’Appel s’est investi, sans relâche, aux côtés des acteurs sociopolitiques en entreprenant de multiples actions de médiation, de plaidoyer, de construction et de consolidation pour résoudre les questions d’antagonismes internes, de rancœurs et de divisions au sein de la nation qui font obstacles à la paix, à la cohésion nationale et à la réconciliation nationale. A cet effet, nous suivons avec une grande attention le déroulement du processus de réconciliation nationale conduit par le ministère d’Etat de la réconciliation nationale et de la cohésion sociale. C’est le lieu de saluer les efforts positifs et d’inviter à une prise en compte diligente des recommandations de la « feuille de route » des anciens de l’Appel de Manéga proposée en février 2020 et de toutes les contributions pouvant permettre d’aboutir à une réconciliation nationale véritable et durable.
En tout état de cause, les événements douloureux et tragiques qui nous sont commandent impérativement, plus que jamais, l’apaisement des cœurs, le recollement du tissu social et l’établissement d’un consensus national fort afin de sauvegarder la nation.
Aussi notre engagement va-t- il se manifester davantage dans la conscientisation et l’exhortation permanente des filles et des fils du Burkina Faso au rassemblement, à l’unité, à la concorde, à la tolérance pour parvenir à la réconciliation nationale sincère. Nous compatissons auprès du peuple burkinabè et des autorités pour toutes les épreuves et les encourageons à ne pas baisser les bras mais, au contraire, à continuer, sans répit, cette lutte en s’armant encore plus de résilience, de persévérance et d’espoir.
Car, la constance et la persévérance dans la lutte sont les seules armes à même de nous permettre de défendre et de préserver notre nation, héritage que nous ont légué nos dignes et valeureux devanciers. Nous demeurons fermement convaincus que le Burkina Faso triomphera de tous les périls qui menacent aujourd’hui son existence et les générations futures. Aussi, malgré la souffrance que subit la patrie, nous appelons à ne point céder au découragement, à la résignation et au défaitisme et à dépasser nos différends et querelles interpersonnelles fratricides car l’heure est, plus que jamais arrivée, de s’unir comme un seul homme pour agir ensemble main dans la main afin de sauvegarder ce qui nous est le plus cher à savoir la patrie.
Nous les Anciens, conformément à notre engagement et aux actes significatifs posés depuis lors pour l’unité nationale, l’union sacrée, la paix et la réconciliation nationale et étant profondément assurés d’une victoire certaine sur l’adversité, lançons à l’endroit de tous les Burkinabè sans exclusive ce vibrant appel au sursaut patriotique pour l’honneur et la dignité et pour le salut de notre peuple. Un sursaut patriotique s’avère impérieux autour de la défense et de l’exaltation des valeurs et des symboles de la République en l’occurrence le drapeau national, l’armée, l’hymne national, le territoire national, les institutions. Nous devons puiser cette ultime force dans notre amour-propre, notre fierté nationale et notre dignité légendaire de peuple libre.
Ce qui doit primer, ce sont les valeurs qui nous rassemblent et qui fondent notre identité. Notre conscience nationale, devant l’adversité, exigent de montrer notre appartenance commune au Burkina Faso, en tant que terres de nos ancêtres, notre intégrité, notre amour pour la patrie, notre attachement inaliénable à l’indépendance et à la liberté nationale, notre refus depuis toujours de la domination sous toutes ses formes et notre acceptation du sacrifice pour la défense de notre souveraineté.
Au nom des imminents membres de l’Appel de Manéga, nous exhortons à la valorisation et à l’exaltation du patriotisme, de la solidarité, de l’humanisme, du civisme et de la résistance. Chacun de nous a le devoir de manifester une ferveur civique pour aider le Faso ainsi qu’une solidarité agissante pour soutenir les victimes et toutes les forces engagées dans la guerre. Gagner ce pari, c’est gagner la réconciliation nationale !
Bonne et heureuse année 2022 !
Vive la paix et la réconciliation entre Burkinabè !
Dieu bénisse et protège le Burkina Faso ! »
Fait à Ouagadougou, le 15 janvier 2022
Pour le PANAPAX
Me Pacéré Titinga Frédéric Béatrice Damiba
Chef de Manéga Expert en Communication
Ancien Bâtonnier du Burkina Faso Ancien Ambassadeur
Les membres :
1- Mgr Anselme Titiama Sanon (Evêque à la retraite)
2- Majesté Ousmane Amirou Dicko (Emir du Liptako)
3- El Hadj Semde Idrissa (Religieux ; Instituteur à la retraite)
4- M. Yacouba Savadogo (Prix Nobel alternatif 2018)
5- M. Sanogo Moussa (Magistrat à la retraite)
6- Mme Amina Moussou Ouédraogo (Magistrat à la retraite)
7- Mme Alima Déborah Traoré/Nignan (Ancien Médiateur du Faso)
8- Excellence Hama Diallo (Chef de Barkoundouba)
9- M. Ibrahima Traoré (Général à la retraite)
10- Pasteur Flavien Tapsoba (Religieux évangéliste)