31/10/2022
L'audit explosif de l'Union africaine sur sa politique RH
L'Union africaine termine un audit de l'ensemble de son personnel avec l'aide de consultants extérieurs. La période d'enquête en cours crée un climat délétère au sein de l'organisation panafricaine, où le processus de recrutement fait l'objet de vives critiques liées à des suspicions de favoritisme.

La vice-présidente de l'Union africaine, Monique Nsanzabaganwa, à Addis-Abeba, le 22 août 2022. ©️Habtamu Worku/Xinhua News Agency/Newscom/MaxPPP
Appelée Skills Audit and Compentency Assessment (SACA), l'opération donne depuis des semaines des sueurs froides à tous les fonctionnaires, débutants ou confirmés, de l' Union africaine (UA). Sa direction des ressources humaines, qui dépend de la vice-présidente de l'UA Monique Nsanzabaganwa, épluche depuis plusieurs semaines les CV et diplômes de tous les cadres de l'organisation, et vérifie leur expérience, avec l'aide de la firme de conseil EY. Un rapport permettant d'établir une cartographie précise de l'adéquation des compétences des fonctionnaires avec leur poste sera finalisé en décembre 2022. Monique Nsanzabaganwa s'est engagée à respecter cette date limite lors du dernier sommet de l'UA, organisé mi-juillet à Lusaka (Zambie).
Pour ne rien arranger au problème, le processus d'embauche de la directrice des ressources humaines, la Franco-Congolaise Nadège Tandou, en poste depuis la fin 2021, a été difficile. Plusieurs des recalés, comme le chef de division soudanais Hamza Sahl, avaient éprouvé une grande amertume à la suite de leur échec (AI du 16/09/21). Le bureau de Monique Nsanzabaganwa craint que des fuites dans la presse africaine - comme actuellement dans les journaux botswanais - ne soient alimentées par des candidats qui n'ont pas obtenu les postes de directeur escomptés ces dernières années.
Suspicions de favoritisme
Le SACA n'est pas le premier rapport qui radiographiera les difficultés rencontrées au sein du service des ressources humaines de l'UA. Le sujet avait notamment déjà été évoqué dans le rapport Project Synchrony Independent Forensic and Performance Audit of the African Union Commission remis par le cabinet PwC fin 2020 (AI du 09/07/21). Des suspicions de favoritisme et d'embauche par copinage avaient été mises en exergue par ce document. Le SACA est censé y remédier.
Monique Nsanzabaganwa est arrivée à la vice-présidence de l'UA en janvier 2021, succédant au Ghanéen Thomas Kwesi Quartey, dont les qualités managériales avaient fait l'objet de débats récurrents.