15/03/2021
Alberto Kurapel est un chanteur et musicien chilien exilé au Québec en 1974. Durant son séjour forcé dans la belle province il fonde son propre label indépendant, Apir et enregistre 7 albums entre 1976 et 1989. Il est depuis retourné au Chili où il poursuit une carrière artistique bien remplie. En plus d'enseigner dans diverses Universités, il monte ses propres créations de théâtre-performance, dans lesquels sont souvent inclus ses musiques. Son dernier album, ACANTLADOS, remonte à 2014.
la pièce Prisma est tirée de l'album Contra-Exilio (1982) sur lequel participent notamment Jean Sauvageau (Laissez-nous vous embrasser où vous avez mal) au mixage et Osvaldo Montes (Légendes Indiennes Du Canada) aux Charango, Zampoña, Quena et Trutruca. Voici comment Kurapel décrit lui-même la création de ce disque trilingue à la fois folk, pop et expérimental :
« Neuf ans d'exil pourront être neuf ans. Six mois comme étranger sont toute une vie.
La musique et la poésie ont des frontières, ce sont celles de la douleur sociale et l'homme résiste ou pourrit avant son Temps.
De ce blanc exil j'ai pris ces éléments que m'ont dessiné certains chemins (et marcher n'est pas synonyme d'arriver). C'est ainsi qu'après un certain temps de travail sur ce thème/vie j'ai intégré la grande séparation dans une instrumentation qui exprime ce nouveau monde de l'Amérique du Nord avec ces sons dont nous faisons partie, nous les latino américains. J'ai placé la zampona à côté de la guitare électrique, le synthétiseur auprès du charango, la basse électrique à côté de la révolte, la clarinette auprès de la peur, le violon et la quena, la batterie et la trutruca, l'orgue et le maté amèr. Le tout sur une plateforme électro-acoustique qui entre-croise et entremêle les mondes que j'y emmène.
Chacune de ces textures musicales et poétiques ont été choisies minutieusement quand dans les jours et les nuits de froid et de whisky la lutte immense de mon peuple me complétait et me divisait en mille morceaux d'amour et de désespoir.
Alberto Kurapel,
Montreal, l'hiver de 1982 »
Le livret inclus dans la pochette contient des traductions françaises et anglaises des textes principalement espagnols. Kurapel y dépeint un monde de marginalité et de déracinement, d'errance et de quête d'identité. Voici la traduction française de Prisma :
Est-ce que vous avez quelques sous noirs en surplus?
Et un mannequin, sans visage, éclabousse la vitrine de crachats lumineux.
PARLONS D'ARGENT.
Je vends, achète, des vêtements usagés. Je vends, achète, des vêtements usagés...
Est-ce que tu as du pot, haschisch, ma*****na, héroine?
Ne crains pas, mère,
je te jure par ta vie que dans cette cruelle condamnation
vivants ou morts
nous les retrouverons...
Candy... Candy... Candy... délicieux Candy
Est-ce que tu as du pot?
Et le mannequin, sans visage, démembré sur le sol, me crie
F**k you s**t!
Alberto Kurapel est un chanteur et musicien chilien exilé au Québec en 1973. Durant son séjour forcé dans la belle province il fonde son propre label indépe...