19/10/2019
Le saviez vous ?
ODJENIN ou ODIENNE
« Le paradis de la terre», c’est ainsi que baptisaient à la fin du 18e siècle, les Sénoufo, première communauté ivoirienne à avoir occupé les terres rouges de l’actuel Odienné. En trois siècles ce « jardin d’éden » est passé terre d’accueil ensuite de bataille puis en capitale d’un royaume, celui du Kabadougou.
Histoire
C’était à la fin du 18ème siècle « La région se trouvait sur le trajet d’une des routes de commerce créées par les Mandingues du Soudan pour relier le Ouassoulou (sud-ouest du Mali) au Ouarodougou c’est-à-dire la région de Boron à proximité du Bandama et de la forêt, qui était la pointe extrême des migrations malinké du nord-ouest. Le pays d’Odienné, peuplé de Sénoufo, était un obstacle à la descente des malinkés vers le sud et à l’établissement d’une route de commerce dont les échanges portaient essentiellement sur la kola de la zone forestière et le sel venu du nord ».
Les Kamate, Komara, Diarassouba et Cisse, les 4 grandes familles de commerçants et musulmans convaincus selon la tradition orale négocient d’abord une cohabitation avec le très hospitalier et animiste peuple Sénoufo. Les nouveaux venus islamisés n’apprécient guère le choix religieux de leur bienfaiteur. Très vite, les relations se détériorent : les premiers arrivés, Kamate et Komara se heurtèrent à une forte résistance des autochtones Sénoufo. Menacés, ils firent appel pour leur prêter main forte à Ngolo Diarra, empereur de Ségou puis à Vakaba Touré, meilleur madrassa et redoutable guerrier de Samatiguila, village très islamisé située à 40 km de la ville.
Les Sénoufos sont évincés du territoire non sans riposte. Vakaba TOURE, crée alors autour son nouveau royaume une fortification pour faire face aux téméraires et bien plus t**d avec son descendant Moktar et Samory Touré à la colonisation. Ainsi sont dressés aux alentours d’Odienné des villages de guetteurs comme Tiémé avec ses guerriers Sofa (maitre du cheval) et Gbéléban. A Odienné en cette période, il n’y avait que l’islam et le travail de la terre, Vakaba organise son royaume et distribue les tâches aux familles en fonction de leur savoir-faire, celles-ci deviennent des castes. Ainsi l’activité des imans revenait in facto à la famille Savané de Samatiguila. Son iman s’y trouvait, après son accession au trône, le roi n’a pas voulu changé d’équipe. « Les Savané gèrent donc depuis des lustres de génération en génération les prières de la grande mosquée d’Odienné, « quand viendra mon tour, j’irai accomplir ma mission » affirme avec conviction El Hadj Savané Ahmed, sexagénaire, ancien journaliste.
Les Doumbia
L’activité de la forge est attribuée aux familles Doumbia, Bamba, Koné…Ces dernières ont pour rôle essentiel de fabriquer des outils pour l’agriculture (daba, machette…) mais également fournir des armes pour aller en guerre. « Ici seules nos épouses sont habilitées à devenir potières. » relève Doumbia derrière son étau, l’homme finalise la commande de couteau pour décortiquer l’anacarde. A la question de savoir la pérennisation de l’activité devant la modernité, Aboubakar reste ferme : « ici, c’est notre champ, nous y sommes matins et soirs. Même si aujourd’hui, nos enfants sont scolarisés, nous leur apprenons néanmoins les rudiments du métier »
Les Kamaté
Plus loin au nord le quartier Kamatéla. Autre décor sur même fond pour une autre famille. La famille Kamaté , agriculteurs depuis la nuit des temps base sa réputation sur la production du manioc qui voit une partie sa progéniture transformée en fabricante et commerçante de l’Attiéké. Le quartier pullule de groupe de femmes en pleine activité de fabrication de l’Attiéké et puent l’acide de manioc. Certaines épluchent, lavent quand d’autres autour de grand feu de bois supervisent la cuisson du produit. Les femmes du quartier ont acquis l’expertise auprès des femmes ébrié dont elles étaient les assistantes depuis plusieurs années. Aujourd’hui elles constituent les fournisseurs de l’attiéké made in Odienné dans les pays de l’interland, à savoir le Mali et la Guinée. Elles disent faire face aux charges de la famille et comptent perpétuer la tradition qui consiste à produire et nourrir le royaume.
Source droville.com