25/06/2021
Sur une colline de Cisjordanie, lasers verts, feux d'artifice et chants à tue-tête transpercent la nuit noire et calme... Une nouvelle tactique d'un village palestinien pour rendre insupportable la vie de colons israéliens installés en face, et les pousser à partir. En effet, à Beita, près de Naplouse en Cisjordanie, un territoire palestinien occupé par l'armée israélienne depuis plus de 50 ans, les manifestations d'habitants palestiniens contre la colonie "sauvage", Eviatar, rythment la vie des quelque 50 familles qui y habitent depuis début mai. En un mois, quatre Palestiniens ont été tués lors de heurts avec l'armée israélienne en marge des protestations et 300 blessés, selon le Croissant-Rouge palestinien. La plupart des rassemblements diurnes avaient lieu le vendredi, jour de repos hebdomadaire, comme ailleurs en Cisjordanie pour protester contre la colonisation israélienne jugée illégale au regard du droit international. Depuis quelques jours, des Palestiniens à Beita (17.000 habitants), innovent: souvent jeunes, ils se retrouvent du coucher du soleil au petit matin pour perturber le sommeil des colons d'Eviatar sur la colline d'en face. Quand le soleil enveloppe les collines d'une lumière rosée, ils brûlent des dizaines de pneus. Le ciel devient noir et l'air irrespirable. Puis à la nuit tombée, ils allument de petits feux au sol et brandissent des flambeaux. Certains projettent des rayons lasers verts vers la colonie, d'autres tirent des feux d'artifice. Et jusqu'au lever du jour, ils chantent et crient que cette terre leur appartient. "Quand ils ont installé leurs caravanes au pied de la colline, on a pensé qu'ils resteraient un jour ou deux", explique Raad, un Palestinien à l'épaisse barbe noire. Mais en moins de 48 heures, "ils ont mis en place plus de 20 mobile-homes, ce qui veut dire qu'ils comptent rester". Le jeune homme, qui préfère taire son nom de famille, assure qu'il continuera de lutter jusqu'à les voir partir. "Ces caravanes ne resteront pas sur nos terres."