08/11/2024
Victoire de Donald Trump aux États-Unis : ce qu’enseigne cette élection selon le politologue Boni Richard Ouorou
By Boni Richard Ouorou - 7 novembre 2024 56 0
Donald Trump a signé son retour à la Maison Blanche, quatre après l’avoir quittée. Il a battu Kamala Harris à l’issue de l’élection présidentielle du mardi 05 novembre 2024. Fin observateur de la vie politique d’ici et d’ailleurs, le politologue Boni Richard Ouorou a réagi quelques heures après l’annonce de cette victoire historique de Donald Trump, tout en touchant du doigt les enseignements à y tirer.
En effet, dans une analyse approfondie et technique, Boni Richard Ouorou a estimé que l’élection de Donald Trump dans une Amérique profondément divisée est le résultat d’un sentiment d’abandon ressenti par de larges pans de la population. Pour lui, cela va au-delà d’une division uniquement des différends politiques « Malgré des avancées économiques, comme la baisse du taux de chômage à 3,5 % en 2019, de nombreuses classes populaires ont vu leur situation stagner, voire se détériorer, notamment dans les régions rurales et industrielles. L’Amérique n’a pas su réinventer sa vision politique après l’ère Obama, et ses élites, tant chez les démocrates que chez les républicains, sont souvent perçues comme déconnectées des réalités du terrain », a-t-il fait remarquer.
Le Président du Mouvement Libéral rappelle qu’en 2016, Donald Trump avait réussi à capter le mécontentement des électeurs de la classe ouvrière, une classe qui, selon le Bureau du recensement des États-Unis, a vu ses revenus moyens stagner alors que les revenus des 1 % les plus riches continuaient de croître. Ce fossé économique et social, selon Boni Richard Ouorou, « a contribué à un sentiment de désillusion vis-à-vis des élites politiques. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2021, le taux d’alphabétisation aux États-Unis était de 99 %, mais des disparités persistent. Les populations les plus vulnérables, souvent issues de minorités ou de milieux défavorisés, souffrent d’un accès limité à l’éducation de qualité. Ce sentiment d’isolement et de mépris nourri par les élites néolibérales a permis à Trump de se présenter comme une alternative, non pas par ses compétences, mais par un message anti-establishment qui a résonné auprès des électeurs désillusionnés », a-t-il analysé.
Dans ce contexte, le politologue Béninois pense qu’il « est crucial de comprendre que le phénomène Trump n’est pas isolé ». Pour lui, « il s’inscrit dans une tendance globale où des figures populistes émergent dans des sociétés où les élites semblent ignorer les préoccupations des classes populaires. Au Bénin, par exemple, la perception d’une élite déconnectée peut également nourrir des mouvements similaires, tant que les plus vulnérables se sentent exclus des décisions politiques et des bénéfices du développement », explique-t-il.
Selon ses dires, « l’idéologie de la haine et de la démagogie prospère là où les élites s’éloignent des véritables besoins de la population. La montée de Trump a ainsi mis en lumière une fracture sociale qui perdure, alimentée par une politique néolibérale qui a échoué à inclure les voix des plus démunis». Ce qui lui fait dire qu’il est donc impératif de reconnaître que tant que « l’État continuera à privilégier une élite au détriment des classes populaires dans la formulation de ses politiques, des figures comme Donald Trump émergeront partout, prêchant un message de désespoir et de division », a martelé Boni Richard Ouorou qui prévient « Attention, Donald Trump arrive, mais il n’est qu’un symptôme d’un mal plus profond. Pour espérer un changement durable, il est essentiel de rétablir le dialogue entre les différentes classes sociales et de réinventer une politique inclusive. Je vous l’aurais dit ! ».