20/01/2021
Alors que nous vivions cette semaine les dernières heures de la présidence de Donald Trump, la situation à Washington n’a eu de cesse de nous surprendre. D’abord, il y a eu les discours provocateurs de Président, appelant à ne pas se laisser voler l’élection, puis l’intrusion de militants dans l’enceinte du Capitole, puis la fermeture du compte Twitter officiel de Trump, puis le discours d’apaisement du Président, qui reconnaissait finalement sa défaite. Jamais dans l’histoire du pays on aura vu une fin de mandat aussi chaotique, la Maison Blanche ayant multiplié les décisions fortes en symboles. En effet, de nombreux membres de l’administration Trump ont été limogés, punis de leur incapacité à forcer la main aux grands électeurs, des décrets autorisant l’exécution de nombreux prisonniers en attente dans le couloir de la mort ont été signés, l’ancien conseiller du Président Steve Bannon a été gracié à la hâte dans une affaire de détournement de fonds pour laquelle il risquait jusqu’à 40 ans de prison.
Toutefois, parmi ces décisions hautement symboliques, il y en a une qui est passée plutôt inaperçue, mais l’équipe du Canard étant très attentive à l’actualité internationale, nous vous avons réservé la primauté de cette surprise. Il s’agit de la décision du gouvernement fédéral de déplacer l’ambassade des États-Unis en France, jusqu’alors située à Paris, au centre ville de Vesoul. Ce n’est pas la première fois que Trump surprend la communauté internationale en déplaçant de manière brutale une ambassade américaine, puisqu’il avait décidé en décembre 2017 d’installer à Jérusalem l’ambassade des États-Unis en Israël, celle-ci étant précédemment située à Tel-Aviv. Cette décision, à première vue anodine, n’est pas sans conséquence puisque le droit international stipule que les ambassades doivent être installées dans la capitale de l’État. Cela signifiait donc que du point de vue du gouvernement américain, Jérusalem est bien reconnue comme la capitale d’Israël, au grand dam des autorités palestiniennes, qui revendiquent elles aussi Jérusalem comme leur capitale. Voilà qui était de nature à jeter de l’huile sur le feu dans le conflit israélo-palestinien. Mais cette fois-ci, c’est dans le conflit franciliano-haut-saônois que l’homme politique et homme d’affaires à la tignasse jaune, au rostre orange et aux yeux rouges va jeter de l’huile, car du point de vue du droit international, si les États-Unis ont leur ambassade à Vesoul, cela veut dire que la capitale de notre pays est donc... Vesoul !
Le gouvernement a mobilisé en urgence une équipe de hauts fonctionnaires de Washington pour trouver à Vesoul un local libre et suffisamment spacieux pour accueillir toute l’équipe de l’ambassadeur, qui compte tout de même 58 collaborateurs permanents. Leur choix s’est porté sur l’immeuble historique de la Banque de France, sis au 2 rue du Commandant Girardot, derrière le kiosque à pizza, car l’ambassadeur aime beaucoup la pizza. La coïncidence est opportune puisque la Banque de France déménage ce jeudi 21 janvier dans des bureaux rénovés situés sur la place Pierre Renet et laisse donc vacants ses anciens bureaux, permettant aux diplomates d’emménager aussitôt à Vesoul.
L’équipe du Canard a d’ailleurs eu la chance d’auditionner certains de ces hauts dignitaires Yankees, et de recueillir leur ressenti quant à ce déménagement. L’un d’eux nous confiait qu’il ne connaissait pas Vesoul jusqu’ici. Un autre nous assurait qu’il avait déjà entendu le nom de la ville dans une chanson d’un certain Jacques Bruel, mais qu’il n’en savait pas plus. Un troisième nous assurait qu’il avait lui déjà visité la ville et qu’il avait fait une dépression lors de son séjour tellement c’était une « sh****le city » [NDLR : « ville de m***e », en référence à la petite phrase de Trump qui avait traité certains pays de « sh****le countries »]. Un quatrième, enfin, se demandait ce qu’il avait bien pu faire pour mériter d’être puni de la sorte avec une telle humiliation : « être muté à Vesoul ! Franchement le seul endroit pire que ça c’est la bande de Gaza, et je sais de quoi je parle j’ai déjà servi en Irak ». Notons au passage que ce collaborateur de l’ambassade maîtrise presque la géographie proche-orientale, ce qui le distingue de son Président.
Notre média local, Radio-t’Saône, organise demain matin une édition spéciale pour répondre aux questions des vésuliens, qui seront sans doute bien surpris et déboulonnés de voir débarquer ces cols blancs avec leurs immenses berlines. Le maire de Vesoul, Alain Chrétien, assure se réjouir de cette soudaine notoriété pour sa ville, et se dit prêt à mettre en place des actions concrètes pour faciliter l’intégration de ces nouveaux arrivants. « Nos écoles vont renforcer leurs cours d’anglais, et nous allons créer une monnaie locale que nous appellerons le « dos-lard ». En parallèle, la mairie va lancer un appel à projet pour ouvrir un restaurant franchisé de burgers, ainsi qu’un kiosque à donuts, dès que les conditions sanitaires le permettront » explique Chrétien enthousiaste. Du côté du Canard, nous ne voudrions pas entacher votre bonheur, monsieur le maire, mais d’après une source proche de la Maison Blanche, il y a de fortes chances pour que cet ép*sode de célébrité pour Vesoul ne dure pas, car le nouveau Président Joe Biden devrait, rapidement après sa prise de fonction à Washington, acter le retour de l’ambassade vers Paris.
L.M