06/25/2024
: Ré-publication de la lettre ouverte adressée le 22/08/2022 à monsieur Denis SASSOU NGUESSO, Chef de l'Etat.
Message plus que d'actualité ...A bon entendeur salut !
https://www.youtube.com/live/HeSxBC3L85Y
Lettre ouverte à monsieur Denis SASSOU NGUESSO Chef de l’Etat, Congo Brazzaville .
Par : Guy Magloire MAFIMBA MOTOKI
62 ans d’indépendance, plus que jamais, civilisons nos conflits, privilégiant les conflits d’incertitudes, la survie du Congo en dépend.
Excellence, monsieur Denis Sassou Nguesso
Le 20/01/2015 dans une lettre ouverte adressée au président Denis Sassou Nguesso ainsi qu’au bureau politique du PCT, le professeur Charles Zacharie Bowao prophétisait ce qui suit : >.
La vérité n’ayant pas de tombe, le 28/05/2022, Moussa Faki Mahamat Président de la Commission de l’UA déclarait : >.
En effet, l’alternance politique ou démocratique en 2016, attendue et massivement soutenue par notre peuple a été un rendez-vous historique manqué. Une triple forfaiture en 2015, 2016 et 2021 ayant occasionné »les larmes et le sang des congolais » a plongé notre pays dans une triple impasse :
***Politique : Troubles politiques avec des dizaines de milliers de morts, le département du Pool détruit, le décès trouble de Guy Brice Parfait Kolelas, Jean Marie Michel Mokoko et André Okombi Salissa prisonniers politiques, les congolais qui reprennent massivement le chemin de l’exil avec pour conséquence la fuite des cerveaux, impactant la politique migratoire de la France etc. La déchéance morale couplée au néo-patrimonialisme (parentocratie) qui se sont révélés avec acuité lors du dernier scrutin législatif ont fini par désacralisé les statuts étatiques, donc les institutions d’une République devenue au fil des années une »épicerie familiale ».
*** Socio-économique et culturelle : Au regard de nos potentialités, l’Indice du Développement Humain (IDH) ainsi que les indicateurs macro-économiques du Congo-B sont au rouge.
*** Sécuritaire et de souveraineté : La centralité géostratégique majeure que constitue le bassin du Congo, donc le Congo-Brazzaville, nous expose aux convoitises des multinationales, aux puissances régionales et internationales au regard de la faiblesse de notre État. Les incursions récurrentes de l’armée angolaise dans le Kouilou ou le Niari ainsi que les accords léonins et opaques signés dernièrement avec le Rwanda prouvent à suffisance notre incapacité à penser des orientations stratégiques et programmatiques susceptibles de garantir notre souveraineté nationale, tout en capitalisant cette centralité géostratégique pour faire face aux enjeux écologiques et ceux liés au leadership mondial.
Excellence, monsieur Denis Sassou Nguesso,
62 ans après notre accession à la souveraineté, votre allocution traditionnelle devant le parlement réuni en congrès s’annonce rébarbative, loin ni à la hauteur des enjeux cruciaux décrits ci-dessus.
Je suis de la génération post-indépendance. Celle de votre défunte fille, madame Édith Lucie Bongo Ondimba. Permettez-moi d’interpréter ses questionnements posthumes, en sa qualité de fille et épouse de Chef d’État.
Notre génération qui a applaudi et remercié les pères des indépendances à savoir : Fulbert Youlou, Jacques Opangault et Félix Tchicaya d’avoir apporter leur pierre à l’édifice national;
Notre génération que vous avez fait rêver, parce que dans vos »certitudes de jeunesse », ancrées dans idéal révolutionnaire progressiste, en contribuant à bâtir un Congo-B, véritable nation avant-gardiste dans la lutte contre le colonialisme et l’impérialisme;
Notre génération consciente et exigeante qui a bénéficié de »l’État providence », cru et vécu »les possibles », qui a vu notre pays se dépérir progressivement depuis les années 1990 jusqu’à l’aube de ce siècle.
Excellence, monsieur Denis Sassou Nguesso,
Les générations 80, 90 et 2000 proclament »orbi et urbi » ceci : de ce siècle à l’instar de Martial Pa’nucci , Rappeur et leader d’opinion ;
Cette génération crie et vocifère à l’unisson : »Rendez-nous nos droits de gré ou de force » à l’instar de l’étudiante Chancelia Moulounda incarcérée pour détention de stylos, livres et smartphone.
Excellence, monsieur Denis Sassou Nguesso,
Vous êtes l’un des derniers de votre génération. Permettez moi de vous délivrez le modus operandi initié par vos homologues chefs d’États africains dans une quête perpétuelle de restaurer la concorde nationale seul gage de progrès et construction nationale.
Au Cameroun, l’opposant et ancien candidat à la présidentielle Maurice Kamto a été libéré après d’intenses négociations avec le régime de Paul Biya ainsi que 102 partisans le 5/10/2019.
En Guinée, Mamadi Doumbouya militaire et Chef d’État guinéen qui a renversé le 5 septembre 2021 le président Alpha Condé a ordonné sa libération le 22 /04/ 2022.
Au Bénin, le président Patrice Talon a célébré le 62ème anniversaire de l’indépendance de son pays en présence de deux anciens chefs d’état. Le 14 juin 2022 lors d’une rencontre avec son prédécesseur Boni Yayi, puis juillet 2022 durant le séjour président Emmanuel Macron, respectivement 17 et 30 détenus sous mandat de dépôt pour »atteinte à la sûreté de l’État » consécutif au scrutin présidentiel d’avril 2021 ont été libérés.
Patrice Talon signe pour la postérité à l’occasion du 62ème anniversaire de l’indépendance du Bénin des actes forts. Dans une stature d’homme d’État, le président Patrice Talon reconstruit l’unité de la nation, raffermit son unité et principe spirituel en convoquant les »Amazones » véritables défenseur de la patrie, tout en sublimant le général Mathieu Kérékou, ses prédécesseurs Nicéphore Soglo et Yayi Boni actant au passage l’ancrage démocratique du Bénin.
Ainsi, Paul Biya 89 ans, Mamadi Doumbouya 42 ans , Patrice Talon 64 ans, trois chefs d’État, trois générations, trois régimes de nature différente, cependant un même objectif, celui de restaurer la cohésion nationale, garantir l’intégrité physique des opposants avec un brin d’humanisme pour conforter la paix.
Image des pères de l’indépendance du Congo / Photo DR
Excellence, monsieur Denis Sassou Nguesso
Vos prédécesseurs à la tête du Congo-Brazzaville face à l’insurrection populaire ou militaire, dissidence interne ou mis en minorité ont choisi la voie de la raison.
L’abbé Fulbert Youlou en 1963 a démissionné de la présidence de la République pour répondre aux revendications de la foule ;
Alphonse Massamba Débat en 1968 a transmis volontairement le pouvoir aux forces politico-militaires dissidentes pour éviter la confrontation ;
Le Commandant Marien Ngouabi le 13/03/1977 précédant son assassinat a prononcé cette phrase prophétique conscient de l’étendue du complot qui lui serait fatal, je cite : « Lorsque ton pays est sale et manque de paix durable, tu ne peux lui rendre sa propreté et son unité qu’en le lavant avec ton sang » ;
Le général Jacques Joachim Yhomby Opango a volontairement accepté le choix opéré le 05/02/1979 consécutif à une conspiration au sein du Comité Central du PCT, rejetant de facto le souhait de ses partisans armés de mater la conspiration.
Le général Denis Sassou Nguesso battu aux élections présidentielles en 1992 a accepté le verdict des urnes ;
le Professeur Pascal Lissouba président démocratiquement élu a choisi délibérément le chemin de l’exil puis refuser le choix d’un retour par les armes en dépit des sollicitations multiples des amis et alliés pour la reconquête.
Excellence, monsieur Denis Sassou Nguesso
40 ans de règne, 25 ans depuis votre retour au pouvoir par les armes, le Congo-B, les congolais ne sont toujours pas en paix. Se nourrir, se soigner, éduquer leurs enfants, se déplacer, boire, bénéficier de l’électricité, travailler etc…ces besoins vitaux qui contribuent à la paix, la paix intérieure ne sont plus garantis 62 ans depuis notre accession à l’indépendance.
Aussi le message des Évêques du Congo du 02/02/2021 reste d’actualité.
>. A ce titre, je sollicite votre bienveillance ainsi que votre attention sur certains points de leur feuille route pour une sortie de crise à savoir :
– Un dialogue politique le plus large possible est la voie la plus indiquée pour refonder notre Nation sur des bases institutionnelles et morales consensuelles ;
– Libérer tous les prisonniers politiques notamment Jean Marie Michel Mokoko et André Okombi Salissa selon les avis Avis no 56/2018 et Avis no 5/2018 du Haut Commissariat des Droits de l’Homme ;
– Satisfaire les besoins fondamentaux de la population en eau, en électricité, en santé, en éducation, en transport, etc. ;
– Résoudre de manière définitive l’épineuse question de l’endettement de notre pays. Travailler au rapatriement et à la restitution de l’argent volé au pays, à tous les niveaux.
Pour notre part, nous avons intériorisé ce précepte : >.
Excellence, monsieur Denis Sassou Nguesso
Permettez-moi de convoquer votre humanisme, d’interpeller votre conscience, fort de cette réflexion du philosophe Grégoire Lefouoba, je cite : >.
Sortez de vos »certitudes » présentes, retrouvez la voie de la raison et du patriotisme républicain, seule issue dans ce long tunnel d’un su***de collectif.
Paris le 11/08/2022
Guy Magloire MAFIMBA MOTOKI
Coordonnateur du Projet Commun pour la Renaissance du Congo.
PRESENTATION : ESPERANCE KETTO