02/05/2025
Pourquoi Poutine a-t-il déclaré une « trêve » du 8 au 10 mai et qu’espère-t-il en obtenir ? — analyse de l’ISW
Le dictateur russe Vladimir Poutine utilise la tactique des cessez-le-feu unilatéraux, comme celui qu'il a annoncé du 8 au 10 mai, pour obtenir des avantages à la fois sur le plan militaire et informationnel dans la guerre contre l’Ukraine. C’est ce qu’indique le dernier rapport de l'Institut pour l'étude de la guerre (ISW).
Une manœuvre stratégique, pas un pas vers la paix
Cette nouvelle annonce de trêve démontre que Poutine continue de rejeter la proposition de cessez-le-feu général de 30 jours, avancée par les États-Unis et l’Ukraine en mars 2025. Selon l’ISW, le Kremlin n’acceptera un arrêt des combats que s’il sert ses intérêts militaires. Officiellement, Moscou présente ce cessez-le-feu comme un geste de « bonne volonté » pour favoriser des négociations de paix sans conditions préalables. Cependant, les analystes rappellent que la Russie a déjà rompu de précédentes trêves, comme celle de Pâques, ce qui met en doute sa sincérité.
Un calcul politique avant le 9 mai
L'ISW souligne également que le Kremlin prépare des célébrations du « Jour de la Victoire » le 9 mai, en présence de nombreux dignitaires étrangers, notamment d’anciennes républiques soviétiques, d’Amérique latine, d’Asie et d’Afrique. Poutine cherche probablement à éviter des attaques ukrainiennes pendant ces festivités, qui pourraient ternir l’image de puissance que la Russie veut projeter.
Un outil de propagande et un avantage militaire
L’ISW met en garde contre l'absence de mécanismes de surveillance pour ce cessez-le-feu, ce qui permettra probablement à la Russie d’accuser l’Ukraine de violations tout en poursuivant discrètement ses propres actions offensives. Cette stratégie s'inscrit dans une tendance où Moscou exploite des accords vagues pour manipuler le narratif de la guerre et avancer ses intérêts.
Les analystes de l’ISW identifient plusieurs objectifs de la Russie avec ce « cessez-le-feu » :
Forcer l’Ukraine à accepter la trêve sous peine d’être perçue comme la partie belliqueuse par l’Occident.
Détourner l'attention du refus russe d’un vrai cessez-le-feu de 30 jours, proposé par les États-Unis et l’Ukraine.
Entretenir l’illusion d’une volonté de paix tout en maintenant un contrôle total sur les conditions et le calendrier des futures négociations.
Mener des opérations de reconnaissance et cibler les positions ukrainiennes pour préparer de nouvelles attaques, comme cela a été observé lors du « cessez-le-feu de Pâques ».
Un répit pour les troupes russes avant de nouvelles offensives
En conclusion, l’ISW estime que Poutine ne considère pas cette trêve comme un pas vers un règlement durable du conflit, mais comme une opportunité pour ses forces de se reposer et de se réorganiser avant de nouvelles offensives en Ukraine. Cette manœuvre lui permet aussi d’éviter des frappes ukrainiennes majeures lors des célébrations du 9 mai, tout en poursuivant ses objectifs stratégiques à long terme.