22/04/2024
Jean-Pierre FABRE et compagnie face à un nouveau dilemme
Le chien a encore aboyé, mais la caravane est passée pendant que le chien la regardait même jusqu’à baver. La mer a encore laissé s’agiter ses vagues qui ne sont finalement retenues que le sable sur la plage. Contrairement aux promesses de certains opposants de faire échouer le processus de révision constitutionnelle, le texte en relecture a été adopté vendredi par les députés.
C’est par un vote de 87 favorables que l’Assemblée nationale a une fois encore réaffirmé sa volonté, au nom du peuple, à faire passer le Togo du régime semi-présidentiel au régime parlementaire avec un Chef de l’Etat et un Président du Conseil des ministres. Le texte adopté prend en compte les diverses préoccupations des forces vives du pays qui ont été consultées il y a quelques jours plus tôt sur l’ensemble du territoire national.
De l’ancien texte adopté le 25 mars dernier à celui de ce soir, l’on retient plusieurs améliorations dont le mandat de 6 ans du Président de la République qui est dorénavant de 4 ans renouvelable une seule fois contrairement à un mandat unique de 6 ans. Pour ce qui est du mandat du Président du Conseil, aucune modification n’y a été apportée par la relecture. En conséquence, le mandat reste un mandat de 6 ans. Puisqu’il sera issu de sa majorité parlementaire, le Président du Conseil restera en fonction conformément à la volonté de sa majorité.
Les constituants sont même allés loin en conférant un peu plus de notoriété aux groupes parlementaires en les rendant seuls capables de pouvoir proposer des candidats pour le Président du Conseil des Ministres.
Que devraient désormais faire les pourfendeurs ?
Jusque-là, le problème ne se pose pas, étant donné que tout a suivi le processus prescrit par la Constitution concernant sa révision. Et l’Assemblée nationale qui l’a fait dispose de toutes les compétences constitutionnelles pour le faire. Bon vent aux débatteurs, sachant que pour les esprits éclairés, cette adoption n’est qu’une expression totale et rassurante de la voix du peuple togolais. Les brouhaha sur les réseaux sociaux n’étaient que du feu de paille.
Mais, là où l’opinion a commencé aussitôt par s’interroger est la réaction de ces opposants qui ont pourfendu jusqu’ici cette démarche sans jamais avoir eu le courage de faire un débat de fond. Pour eux, ils ne peuvent se permettre de commenter le fond du texte qu’ils rejettent sur la forme.
« J’espère qu’ils ne passeront pas outre l’indignation du peuple pour aller vers ce système. Sinon, nous allons appeler les populations à défendre leur Constitution votée en 1992. Faure Gnassingbé ferait œuvre utile de faire l’économie d’une crise qui peut embraser le Togo et la sous-région », déclarait Jean-Pierre Fabre.
« Tout ce qu’ils ont écrit est du verbiage, cela n’intéresse personne. Pour nous, il s’agit purement et simplement de retirer le texte, c’est de ça qu’il s’agit », ajoutait le président de l’Anc il y a quelques jours.
Une nouvelle occasion ratée pour être cohérent et constant
Avec tout ce bavardage de nos « zopozan », comme le disent les gens dans la rue, l’on est en droit de se demander ce qu’ils pensent faire dorénavant des élections législatives en vue.
La moindre cohérence et lucidité dans les propos et actes auraient voulu à ce que, face à cette situation, les pourfendeurs se retirent du processus, à défaut d’avoir vu le texte être retiré. Mais hélas !
Doivent-ils suspendre la campagne électorale et annoncer leur retrait pur et simple du processus ? Sinon, sur la base de quelle Constitution se réclameront-ils être députés, lorsque les populations leur feront la faveur de les élire ? Si notamment un parti comme Anc arrive à avoir la majorité parlementaire, soit seul ou avec un autre parti, bomberont-ils le torse pour faire dégager dans leur rang le Président du Conseil des Ministres ?
Autant de questions que se posent actuellement le Togolais lambda de plus en plus fatigué par ces leaders politiques de l’opposition qui sont visiblement en manque d’arguments.
Ce ne serait malheureusement pas évident avec ces leaders toujours incohérents et non constants dans leurs propos. Pour les hommes avisés de l’actualité politique au Togo, la mise en scène de Jean-Pierre Fabre et compagnie va encore passer bientôt.
Les preuves sont multiples et ne cesseront d’interpeller. Jean-Pierre Fabre qui s’est proclamé Président élu en 2010 et 2015, déniant toute autorité à Faure Gnassingbé a fini par ravaler ses salives.
Fabre et ses lieutenants de l’Anc avaient traité la Cedeao de tous les noms d’oiseaux après leur boycott de 2018. Mais, c’est les mêmes qui en ont encore fait appel à la Cedeao dans ce débat de révision constitutionnelle. Ils ont même eu la chance, avec d’autres leaders de l’opposition d’être reçus par les premiers responsables de la Cedeao sur le sujet.
La liste est longue mais souffrons de nous en arrêter là et prenons un autre leader comme les responsables de la dynamique pour la majorité du peuple (DMP). Ceux-là qui avaient juré que Feu Agbéyomé Kodjo est leur Président et ne reconnaissaient aucune légitimité ni légalité au régime de Faure Gnassingbé, les voilà tourner dos à ce qu’ils disaient pour courir désormais derrière une processus organisé par un régime qu’ils n’avaient pas reconnu. Ah, peut-être que le Saint-Esprit leur a encore parlé, qui sait ?
En passant, nous notons que Jean-Pierre est suivi dans sa démagogie avec d’autres de ses collègues. Ne dit-on pas qui s’assemble se ressemble ? « Nous allons protester, nous continuerons de protester jusqu’à ce que ce texte ne tombe », criait récemment Jean Kissi, ancien secrétaire général du Comité d’action pour le renouveau (CAR) qui cherche lui-aussi à se repositionner sur la scène car en manque de visibilité.
Une opposition défaitiste au départ
Bref, malgré tout ce tintamarre, Jean-Pierre Fabre et toute sa compagnie vont encore poursuivre leur campagne ; mieux, ils vont recevoir avec les deux mains le financement public annoncé par l’Etat.
Bon nombre de Togolais se demandent même le score auquel s’attend tout ce monde qui part déjà avec un esprit défaitiste. Du moins, Jean-Pierre Fabre a indiqué lors d’une de ses interventions sur RFI : « Ils se sont mis en situation de remporter les élections et ils ont fait les choses pour que les élections ne soient plus une compétition au Togo mais une formalité ». Sur cette base, certains spécialistes craignent que l’Anc enregistre une débâcle plus grave que celle de 2020 à l’élection présidentielle.
Donc, il apparaît que tous ces opposants et leurs partis politiques se sont engagés dans ce processus non pas parce qu’ils ont une raison politiqué donnée. Mais, essentiellement pour faire une moindre santé financière, étant donné qu’ils ont reconnu plusieurs fois être frappés par les conséquences du boycott de 2018.
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