
23/04/2025
AUTANT LE DIRE
RHDP, PPA-CI, PDCI-RDA, GPS : À L'ÉPREUVE DE LA RECOMPOSITION ET DES ALLIANCES POLITIQUES.
𝙋𝙖𝙧 𝙕𝙧𝙖𝙣𝙠𝙖𝙮𝙚𝙪 𝙈𝙞𝙘𝙝𝙚𝙡 𝘿𝙄𝙊𝙈𝘼𝙉𝘿𝙀
Alors que la présidentielle d'octobre 2025 s’annonce à l’horizon, la scène politique ivoirienne connaît des mouvements souterrains qui, sans faire encore trembler l’édifice, annoncent une recomposition silencieuse mais réelle. Les partis politiques majeurs – RHDP, PPA-CI et GPS – ajustent leurs positions, testent leurs alliances, et préparent leurs armes. Mais dans quelle direction ces forces évoluent-elles réellement ?
Un RHDP en quête de souffle nouveau
Le Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP), au pouvoir depuis plus d’une décennie, montre des signes d'épuisement. Si le président Alassane Ouattara demeure le pilier incontesté du parti, la question de sa succession demeure un sujet sensible, parfois même tabou. Plusieurs noms circulent – Patrick Achi, Téné Birahima Ouattara, Adama Bictogo – sans qu’aucun ne semble véritablement s’imposer. Au sein du parti, des voix s’élèvent, parfois timidement, pour dénoncer un manque de renouvellement et une centralisation excessive des décisions. Le RHDP survit institutionnellement, mais son socle populaire s’effrite progressivement, notamment auprès des jeunes électeurs, de plus en plus critiques face aux inégalités sociales et au chômage.
Le PPA-CI : Le retour en force.
Fondé par Laurent Gbagbo après son retour en Côte d’Ivoire, le Parti des Peuples Africains - Côte d’Ivoire (PPA-CI) peine à retrouver l’élan des grandes heures du FPI. Si l’ancien Président conserve une forte base militante, sa formation fait un retour en force, se positionnant clairement entre radicalité contestataire et jeu électoral classique. L’absence d’alliances solides, les tensions internes sur la stratégie à adopter et les incertitudes autour de la candidature de Gbagbo en 2025 freinent la dynamique. Toutefois, les discours du leader restent suivis avec attention, et ses critiques contre le régime en place trouvent toujours un écho important dans une bonne partie de l’opinion publique.
Le PDCI entre mémoire historique et calcul stratégique.
Longtemps considéré comme le pilier central de la vie politique ivoirienne, le Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), héritage politique du père fondateur Houphouët-Boigny, peine à retrouver l'élan de ses grandes années. Sous la direction d’Henri Konan Bédié jusqu’à son décès, puis dans l'attente d'une nouvelle incarnation forte, le parti oscille aujourd’hui entre repli tactique et repositionnement stratégique. Affaibli électoralement mais encore influent localement, notamment dans le centre du pays, le PDCI pourrait sinon redevenir roi, à tout le moins être faiseur de roi dans le jeu des alliances à venir, comme ce fut le cas en 2010. Son défi, ne pas se contenter d’un rôle d’appoint, mais redevenir force de proposition, notamment auprès des jeunes générations qui l’associent souvent à un passé révolu.
GPS, l’absent omniprésent.
Le cas de Guillaume Soro et de Générations et Peuples Solidaires (GPS) reste l’un des plus sensibles du paysage politique. En exil depuis 2019, l’ancien président de l’Assemblée nationale est devenu un véritable interdit politique en Côte d’Ivoire. Condamné par la justice, ses partisans persécutés, ses activités réduites au numérique, il n’en demeure pas moins un acteur qui inquiète le pouvoir en place. Si certains le disent affaibli par la distance et l’isolement, d’autres estiment au contraire que sa posture d’opposant en exil lui confère un capital de sympathie important, notamment auprès de la jeunesse. Sur les réseaux sociaux, ses interventions sont scrutées, commentées, souvent partagées massivement. Il reste un pôle d’attraction pour ceux qui rejettent à la fois le pouvoir en place et les oppositions traditionnelles.
Une recomposition en cours, mais sans vision partagée.
En réalité, aucune de ces grandes formations ne parvient aujourd’hui à incarner à elle seule une alternative claire. Le RHDP s’use dans la gestion du pouvoir. Le PPA-CI hésite sur sa stratégie. Le PDCI-RDA est en crise de transition générationnelle. GPS muselée, traquée parce qu'à l'épreuve d'une clandestinité imposée, demeure présente dans les esprits. Le terrain est donc ouvert à de nouveaux équilibres, voire de nouvelles alliances. La société civile, de plus en plus active, pourrait jouer un rôle inédit dans les mois à venir. L’enjeu de 2025 dépasse la simple alternance. Il s’agira de savoir si la Côte d’Ivoire est capable de renouer avec un véritable débat démocratique, ou si elle poursuivra sa route dans un système verrouillé, rythmé par des élections sanglantes et sans enjeu.