03/02/2023
Au Cameroun, Martinez Zogo, le journaliste qui se rêvait en Zorro des temps modernes
26 janvier 2023
Proche à la fois du peuple et des cercles du pouvoir, le directeur d'Amplitude FM a été retrouvé mort le 22 janvier. Portrait d'un animateur radio autodidacte et atypique qui n'avait pas froid aux yeux.
Il est 10 heures à Yaoundé, ce mardi 17 janvier. Comme tous les matins, les postes radio des chauffeurs de taxi et des petits commerçants de la capitale camerounaise crachent le même son, celui d'un programme, Embouteillages », diffusé sur Amplitude FM et dont le nom fait écho aux vicissitudes de leur quotidien, avec une voix reconnaissable entre mille, celle de Martinez Zogo.
Ce jour-là, le journaliste est très en verve. Comme plusieurs autres fois depuis le début de l'année, il s'en prend violemment à Jean-Pierre Amougou Belinga. Il dénonce les subventions publiques qu'a reçues ce patron de presse et opérateur économique prospère - il les juge exorbitantes. Au micro, il s'emporte, mêle le français, l'argot camerounais et parfois l'ewondo. Ses auditeurs, dont la grande majorité est issue des classes populaires, en raffolent.
Personnalités haut placées
Martinez Zogo est un habitué des dossiers sensibles. Il ne craint pas de s'en prendre aux personnalités haut placées et ne recule jamais devant l'esclandre. De Samuel Eto'o, le président de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot), à Paul Atanga Nji, ministre de l'Administration territoriale, nombreux sont ceux qu'il a épinglés à l'antenne. En 2020, accusé de diffamation par un autre puissant, Samuel Mvondo Ayolo, le directeur du cabinet civil de Paul Biya, il a même été placé en détention trois mois durant à Kondengui.
Cet épisode ne l'avait pas adouci, pas plus que les précédents. Ceux qui le connaissaient racontent volontiers qu'il se voyait « comme un Zorro des temps modernes ».
Prémonition
Dans sa dernière émission, diffusée le 17 janvier, le directeur d'Amplitude FM est plus remonté que jamais.