20/08/2020
Justice – Fraude : le fils de l’ex-président angolais condamné à cinq ans de prison. Et par ici ?
Le verdict est tombé et il fait du bien en ces temps d'impunité et de gabegie, même si le pays est lointain. José Filomeno dos Santos, le fils de l’ancien président angolais, a été condamné ce vendredi 14 août à cinq ans de prison pour fraude et trafic d’influence.
Trois de ses complices, dont l’ex-patron de la banque centrale, ont été condamnés à des peines de quatre à six ans de prison.
En Angola aussi, les milliards pleuvent
Ce premier volet de l'affaire porte sur le transfert illégal de 500 millions de dollars (275 milliards de francs CFA) de la banque centrale vers un compte londonien du Crédit suisse. Une fraude ayant permis, selon le parquet général angolais, de détourner jusqu’à 1,5 milliard de dollars. Près de mille milliards de francs CFA ! A ce niveau de corruption, les chiffres donnent le tournis et ne veulent plus dire grand chose pour le citoyen-salarié.
Depuis le départ, en 2017, de José Eduardo dos Santos, après trente-huit ans au pouvoir, son successeur a limogé, au nom de la lutte contre la corruption, tous les proches que l’ancien président, pour se protéger, avait placés à la tête des institutions, des entreprises publiques et de l’appareil sécuritaire du pays. José Filomeno dos Santos et sa demi-sœur Isabel, également évincée du poste de PDG de la compagnie pétrolière nationale (Eh oui!) et riche d'au moins 5 milliards de dollars, sont les symboles de cette normalisation.
Sans remonter jusqu'aux années Senghor et Diouf (1960-2000) avec leur bataillon de corrompus, le Sénégal a eu son Karim (2007-2012) ; le Mali a, aussi, son Karim (homme politique et très récent homme d'affaires influent), fils de l'actuel président Keïta; la Guinée, son Alpha Mohamed Condé, fils et conseiller spécial du président Alpha Condé. Aliou ou Marème Sall (2012-2020) seraient-ils, au minimum, nos nouveaux Karim à nous ?
Sans une justice implacable, ces litanies d'insolence, d'abus et de népotisme ne cesseront jamais sous nos cieux. Aurons-nous, dès lors, un jour, l'élégance civique de la justice angolaise pour dire le droit ? Connaîtrons-nous, dans la décennie décisive au regard du démarrage de l'exploitation des ressources pétrolières, un "coup de balai" salvateur de nos économies comme de nos mœurs politiques ? Rien n'est moins sûr...