23/06/2020
Portrait : Dj Boubs, Enfant de la Pub
"Mon père voulait que je travaille à la Banque Centrale. D'ailleurs, quand j'allais à la radio, je devais commencer un stage à la Bceao, que m'avait trouvé Thierno Kâ (actuel Chargé de Com du CNG de lutte), mais je n'y suis jamais allé". Qui l'aurait deviné? Boubacar Diallo, star de la publicité au Sénégal était destiné à une carrière en Banque. Comme quoi, le destin d’un homme…
Même s’il a été révélé au grand public par la teneur et le timbre de sa voix qui suscitent l’admiration, DJ Boub’s est avant tout agent commercial. Son père, qui l’a encouragé à suivre une formation en Comptabilité Marketing et Informatique de Gestion, n’imaginait pas, un jour, entendre la voix de son fils à la radio, faire passer des spots publicitaires.
Mais quand on est doté d’une voix aussi suave et captivante, même un être aussi proche que Papa ne résiste pas. « Quand mon père a entendu ma voix à la radio, il m’a dit que je lui rappelais Claude Guèye. Je lui ai répondu que j’étais déjà allé voir Claude. Il n’en revenait pas. Il voulait s’y opposer au début, mais il a compris que c’est ce que je voulais faire et il m’a encouragé », raconte-t-il.
A ses débuts, le jeune Boubacar, alors animateur à la radio Walfadjiri, plein d’humilité, de curiosité et d’ambitions, surtout soucieux d’atteindre les sommets, a fait le tour de ceux qui étaient les meilleurs dans le milieu de la Publicité, en ce moment. De l’icône Reine Marie Faye au doyen Maguette Wade, en passant par Claude Guèye, il s’est fait conseiller par tous. « Quand j’y arrivais, je ne savais pas ce que c’était vraiment du business. Après, j’ai demandé aux aînés et on m’a expliqué« , reconnait-il, modestement.
Avant de débarquer à la radio, Boub’s faisait de la pub pour les boites de nuit. Et c’est avec une joie palpable qu’il replonge dans sa première success story. « La première fois, c’était avec McCann pour Colgate. Il y avait un texte à lire en français et en wolof. Ça a été une réussite », se rappelle-t-il.
Ensuite, DJ Boub’s s’est servi de sa formation pour trouver les trucs et astuces, capables d’intéresser les plus sceptiques à la Pub. « A Walf, quand je terminais mon émission, j’allais à Sandaga prendre des notes sur ce qui se trouvait dans les boutiques et venir l’enregistrer. C’était très informel, mais aujourd’hui, je sais que ça m’a permis de parler facilement aux gens, les convaincre à venir à la radio. Je suis arrivé à convaincre un Baol-Baol à faire de la Pub. Au début, ce n’était pas évident. C’est devenu un succès. Par la suite, je ne me déplaçais plus, les commerciaux s’en occupaient », se remémore-t-il.
« La Publicité m’a apporté beaucoup de notoriété… », dixit DJ Boub’s
Des émissions Ataya à Walf Fm à des spots de multinationales comme Colgate, Boub’s a connu un parcours riche en succès. Reconnaissant, il renvoie tout à la toute-puissance de la Pub. « La Pub m’a apporté de la notoriété, des relations importantes, le respect de beaucoup de DG. Aujourd’hui, des Directeurs Marketing avec un niveau Bac+5 me demandent des conseils. Ils me demandent d’organiser des événements pour eux. Tout ça, je l’ai eu grâce à la Pub », reconnait-il, avec beaucoup d’humilité.
Mais qui ceux qui pensent que Boub’s n’a que sa voix pour agir dans le milieu de la Pub, se détrompent. En effet, il pilote beaucoup de publicités sans que sa voix n’apparaisse. Ce fut le cas avec le lancement du lait Halib. D’ailleurs, c’était la première fois qu’une entreprise l’appelait pour lui confier sa publicité. Selon ses dires, c’est l’une des histoires qui l’ont le plus marqué…
Des prédispositions, Boub’s en a. Des conseils, aussi. Mais, une grande partie de son succès est à chercher dans son rythme de travail. « Le matin, il est à la radio jusqu’à 11 heures. Après, ce sont les enregistrements de spots, puis le tournage d’Un Café avec… Souvent, je lui demande de me donner son secret. Je ne vois pas quand il se repose… Il a une forte capacité de travail et est toujours en forme« , souffle Ibrahima Dieng, Directeur Commercial et Marketing du Groupe Futurs Médias.
Comme s’il leur rendait tout le mérite, Boubacar cite ceux qui l’ont marqué ou guidé ses premiers pas dans le milieu. De Bangalter à Pape Dieng en passant par le réalisateur Adama Ndiaye, il les garde tous dans un coin de son coeur. Icône de la Pub, Boubacar réussit pourtant à garder la tête sur les épaules. « J’ai grandi dans la banlieue, rien ne m’impressionne, ça ne sert à rien d’incarner un personnage qu’on n’est pas. Il faut toujours rester soi-même« , enseigne-t-il.
Aussi impressionnant que soit son parcours, Boub’s dit pourtant n’avoir pas vécu de pages noires. « Par la grâce de Dieu, je n’ai connu que des expériences heureuses. Mon avantage, c’est que la Pub, je l’écris. Quand on me la donne, je la réécris. Quand l’annonceur dit ce qu’il veut, je le fais d’abord et je propose ce que je pense être le meilleur. Le plus souvent, il est satisfait de ce que je lui fais » dit-il.
Même s’il est convaincu que la Pub a de l’avenir, s’il est plus régulé, même s’il reconnait que ce métier lui a presque tout apporté, Boub’s ne voudrait pas que ses enfants y atterrissent. « La Pub a plusieurs dimensions avec les panneaux, les télévisions, les radios, mais la réalité, c’est que ça ne rapporte pas comme ça devrait l’être. Ce sont des miettes que les gens payent pour vendre un produit« , estime-t-il.
reussirbusiness.com