16/10/2023
Chronique numéro 2 du Lundi 16 Octobre 2023.
Attention à Mahammed Boun Dionne.
Le Papillon : Donner à chaque jeune africain un métier pour qu’il puisse voler de ses propres ailes et qu’ils puissent vivre dignement.
D’emblée, évacuer une considération subjective.
Le Lion, le Papillon et l’Abeille est un véritable chef d’œuvre.
Un livre qui vient à son heure et qui traite de problématiques très sérieuses liées à notre développement.
Par ce livre, Mahammed Dionne montre être un homme de vision.
Un homme ayant une vision claire et prometteuse pour le Sénégal et même pour l’Afrique.
Les développements sur le fédéralisme d’Etats, en plus d’être éloquents, renseignent.
Il est en de même des développements sur la mise en place de politiques publiques axées sur l’Homme, sur le développement de l’Homme.
Cela est intéressant tant Mahammed Dionne a été un excellent premier ministre de la République du Sénégal pour ne dire l’un des meilleurs.
En effet ; et le sobriquet double bouton vient de là et peut être justifié, Mahammed Dionne comprenait, au sens constitutionnel, le rôle de premier ministre de la République du Sénégal.
Contrairement à celui de la France qui définit la politique de la Nation article 20 et 21 de la constitution de la 5eme République française, le Premier Ministre sénégalais est un vrai Primum Inter Pares Cf. article 53 de la constitution du Sénégal.
Il est à la tête du gouvernement, qui est l’institution, et est chargé de mettre en œuvre la vision déclinée, en programme politique, par le Président de la République mais aussi de coordonner l’action gouvernementale.
Mahammed Dionne le comprenait et s’y attelait à merveille.
Il mettait en œuvre la vision du chef de l’Etat.
Il le faisait, tout aussi, comme le voulait celui qui lui avait confié la mission et qui devait, en définitive, répondre devant les sénégalais.
Personne ne peut attester, au risque de dire n’importe quoi, que le Président Macky Sall, homme d’Etat, n’a pas confiance à Mahammed Dionne.
Sur les 12 années où il sera resté à la tête de l’Etat, Dionne a été pendant (5) ans son Premier Ministre.
Pour rappel, le Sénégal sous Macky Sall est resté trois (3) années sans Premier Ministre.
Abdou Mbaye, Aminata Toure et Amadou Ba se sont partagés les quatre (4) autres années comme Premier Ministre.
En sus, même quand le poste de Premier Ministre a été supprimé, Dionne est resté dans la coordination en devenant Secrétaire Général de la Présidence de la République.
Ainsi, ne serait-il un argument superfétatoire de professer qu’il est le véritable homme fort de la gouvernance de Macky Sall.
Autre information anecdotique mais quand même très illustratif :
Sa longévité en tant que Premier Ministre le classe troisième des personnes ayant le plus duré sur ce poste derrière Abdou Diouf et Habib Thiam restés respectivement dix (10) ans et sept (7) chef du gouvernement.
Il ne faut, en outre, oublier qu’il a été Directeur de cabinet du Premier Ministre Macky Sall en 2007.
À l’analyse, son parcours au sommet de l’Etat est très impressionnant.
Tout aussi impressionnant :
Sa posture effacée et policée malgré qu’il soit l’homme fort du régime politique du Président de la République Macky Sall.
A son actif, une seule boutade.
La détermination exacte du nombre de candidats en 2019 dans un contexte de grande suspicion d’élimination par l’Etat de beaucoup de candidats.
Au regard de ces informations, il est très curieux d’entendre des arguments relatifs à son inexpérience politique ou au fait qu’il ne soit pas trop politique.
Arguments vraisemblablement fabriqués.
En vérité, il est techniquement impossible de rester autant de temps à la primature, en étant juste et mesuré, en gagnant des élections locales et nationales, sans être une véritable bête politique.
Pour ceux qui ne le savent pas, le poste de Premier Ministre est éminemment politique.
À vrai dire, c’est le poste le plus politique dans un pays.
Pour s’en convaincre, il suffit de revoir et de comprendre la période de cohabitation politique.
C’est très édifiant.
En réponse à l’assertion faudra compter sur Dionne !
Le candidat Mahammed Dionne, au constat de ses sorties et après lecture de son livre, est en train de faire ceux que beaucoup de candidats dérivés du régime Macky Sall ne font pas.
Prioritairement, se considérer et démontrer être une candidature adulte, indépendante et motivée que par faire progresser le pays.
C’est intéressant à ce niveau car c’est le candidat du régime qui devrait s’affranchir un peu plus de son « tuteur ».
Pour des raisons évidemment stratégiques, le candidat du Benno Book Yakaar devrait orienter autrement.
Pour raison, il a dans sa besace, vraisemblablement, tous les militants du BBY.
Il doit donc aller à la pêche et convaincre ceux-là qui n’ont jamais été convaincus de la politique du Président de la République Macky Sall.
C’est cela la stratégie politique.
C’est eux qu’il faut charmer. Pas ceux-là acquis à la cause de la grande majorité présidentielle.
D’un autre côté, il est méconnu par beaucoup ce Dionne très offensif et performant en fighting Spirit.
Revenons à cet argument farfelu qui le fait passer pour un nain politique.
Dionne a gagné des élections en tant que tête de liste.
Il sait aller au charbon.
Il sait donner les coups.
L’émission Faram Facce en est la preuve vivante.
Bien qu’il en a profité pour parler de son livre et montrer s’affranchir de son Excellence le Président de la République, il ne s’est pas privé de porter des uppercuts bien placés à ses adversaires en chef l’actuel PM.
Illustration: le rappel de l’oubli par l’actuel PM, lors de la délivrance du gouvernement d’urgence et de combat, de la priorité que constitue l’emploi des jeunes.
Mieux, pour ceux qui l’ont bien écouté, il a posé une équation à l’Etat difficile à contourner.
En renseignant que le nombre pléthorique quoique problématique de candidats s’étant présentés à la Direction Générale des Élections pour le retrait des fiches de parrainages n’est aucunement obstacle à des discussions politiques et à la possibilité ou la certitude de l’érection d’une grande coalition politique face au candidat du Benno Book Yakaar, il met en garde sur la considération suivante.
L’inutilité de bloquer certains candidats à l’étape parrainages.
Il s’y ajoute l’argumentaire extrêmement politique dont le but est de pêcher sur les terres de l’ex Pastef en usant de nationalisme voire même de populisme.
Argumentaire qui évoque les accords de pêche et les contrats miniers qu’il dit vouloir renégocier en faveur du Sénégal une fois élu Président de la République.
Au demeurant, la détermination du type de Président qu’il dit vouloir être est tout aussi stratégique.
Celui de la progression et du renouvellement. Pas de la continuité et de l’immobilisme.
Une manière de dire qu’il y’aura changement sur certains aspects pour ne dire rupture et renforcement des acquis obtenus sous l’ère du régime Macky Sall.
Ce point doit interpeller la task-force du Benno Book Yakaar.
En effet, Dionne ne se gênera pour critiquer le pouvoir sur bien des sujets tout en saluant et en réclamant la paternité du travail bien fait.
Une attitude que ne peut avoir le BBY. Alors qu’un bilan est constitué d’un actif et d’un passif.
Le savoir et puis le reconnaitre, c’est accroitre ses chances de faire bonne figure pour ne dire ses chances de gagner.
En définitive, il faudra faire attention à Mahammed Boun Abdallah Dionne.
Il faudra aussi du Benno Book Yakaar changer de dégaine politique, stratégiquement.
Sinon, on risquerait d’avoir des surprises.
A y revenir.
Boubacar Mohamed SY
Juriste
Écrivain / Essayiste
Auteur de l’essai politique le Sénégal sous laser politique cher les éditions l’harmattan.
Chroniqueur juridique et politique.