31/10/2021
COP 26 : Une conférence aux enjeux complexes et interpellatifs
Par Baye Momat BEYE, Etudiant en Master au département de Géographie à l’UCAD en même Technicien supérieur en Géomatique.
Qu’est-ce qu’un COP ?
Initié depuis 1995 par l’ONU à la suite de la ratification de la convention cadre en 1992 par des Experts qui croient aux changements climatiques, la conférence des parties (COP) est une rencontre annuelle à l’issu de laquelle tous ou la quasi-totalité des pays du monde doivent se pencher sur la question des changements climatiques et de s’engager à réduire ses émissions de gaz à effet de serre. Une manière de limiter l’effet de ces changements tant redouté par l’humanité et dont sa survenue est inévitable mais aussi de parler sur le financement lié à la réduction des émissions de gaz.
Ce rituel scientifique en est à sa 26ème édition, cette année.
Enjeux de la COP26
Organisé par le Royaume Uni en partenariat avec l’Italie, la COP 26 se tiendra en Glasgow (en Ecosse) du 1er au 12 Novembre 2021.Pour cette année, nous attendons la participation de 197 Etats ou (BBC Afrique, 25 octobre 2021).A l’issu de cette rencontre, il sera question principalement de faire le point sur les progrès accomplis ou –non- depuis la signature de l’accord de Paris (lors de la COP 21) en 2015.
Pour rappel, les décisions suivantes ont été prises à la date susmentionnée :
Réduire les émissions de gaz à effet de serre partout dans le monde.
Stimuler la production d’énergie renouvelable.
Maintenir l’augmentation de la température mondiale ‘’bien en dessous ‘’ de 2°C pour ainsi viser à la limiter à 1,5°C.
Engager des milliards de dollars pour aider les pays pauvres face aux conséquences induites par les changements climatiques.
Effectuer tous les 5ans un examen de progrès accomplis.
Ainsi, la particularité du COP 26 est qu’il constitue la toute première entreprise de la mise en œuvre de la cinquième décision ci-haute notée sur la liste des conclusions de 2015.
Dès lors, une simple analyse permet de saisir clairement qu’avoir un bilan satisfaisant à l’issu de cette inventaire en cours de préparation serait une véritable bouffée d’oxygène qui facilitera la suite de la lutte pour la maitrise des changements climatiques ainsi que les effets qui y sont liés. Toutefois, on se pose la question à savoir si un tel résultat est-il envisageable à partir du moment où nous connaissons que le taux d’émissions des gaz ne cesse d’augmenter ces dernières années ?
La COVID-19 : un élément de remise en cause de l’approche organisationnelle de la COP26 et un fait interpellatif sur le sort des pays africains.
Comme nous le connaissons tous, les pandémies sont des sources de limitation ou de blocage des activités économiques, politiques, sociales et environnementales. En témoigne, nous pouvons noter que la Covid-19 a causé un décalage d’une année sur l’organisation de la COP 26 initialement prévue en 2020 (BBC Afrique).
Ce report d’une année n’est que la face visible de l’iceberg. En effet, la crise sanitaire a dévoilé la nécessité de trouver une alternative permettant de mieux s’adapter en ces genres de situations compliquées pour faciliter l’organisation des prochaines COPs.
De cette même veine nous pouvons imaginer un gain énorme qui peut découler d’une éventuelle COP faite en virtuel telle qu’une économie du temps de déplacements et des émissions de gaz qui en résultent, des frais de voyage et du logement mais aussi et surtout du respect du calendrier des échéances.
Outre cela, nous pouvons remarquer qu’une rationalisation de l’organisation s’impose. Ne serait-ce que pour tenir en compte des inégalités économiques des parties ‘’ pays participants’’. Une manière de faciliter la participation à tous, quelques soient les aptitudes financières du pays ou continents de provenance.
Cette plaidoirie trouve son sens dans un contexte d’avant-COP26 où le coût de la participation s’annonce déjà exorbitant. Ainsi, si on s’en tient à Elise Barthet et Audrey Garric dans leurs propos du 11 octobre 2021 et mis à jour le 15 de ce même mois, on est amené à constater qu’ : « entre l’inflation des coûts des logements, les frais de déplacement, les visas et les difficultés d’accès aux vaccins, la COP26 s’annonce d’ores et déjà comme l’une des plus chères de l’histoire et des plus compliquées logistiquement pour les représentants des pays en développement ».
Pour vous aider à vous faire une idée de ces propos ci-avant, nous vous dévoilons qu’aux dernières informations, le coût nocturnal d’une chambre peut aller jusqu’à 700 euros .Alors, plus de 10.000 euros pour les quinze nuits. Et ce qui est plus impressionnant c’est que ce coût déjà excessif ne cesse de flamber dans la ville qui doit accueillir la COP26.
Ainsi, notons que le coût participatif bien que raisonnable pour les pays riches n’arrête pas d’inquiéter les pays en voie de développement mais aussi de rendre leur participation problématique ou incertaine. En effet, à ces tarifs du logement, l’événement « risque de n’être accessible qu’aux délégués et associations de pays riches ». Alerte la coordonnatrice sénégalaise du Réseau Action Climat d’Afrique de l’Ouest, Aïssatou DIOUF qui réunit dans ce réseau une cinquantaine d’organisations environnementales.
Tout comme elle, le Gabonais qui préside le groupe des négociateurs du continent, Tanguy Gahouma-Bekale a aussi tiré sur la sonnette d’alarme en nous faisant remarquer qu’ « à ce jour, la moitié au moins des délégués africains n’ont pas la certitude de pouvoir se rendre en Ecosse ».
Des mis en garde qui viennent du continent africain à quelques jours de la conférence, nous laissent tous étonnés et nous plongent du même coup dans un champ de questionnement qui nécessite d’être exploré par les autorités onusiennes.
Parmi ces interrogations s’y figurent en bonne place les questions ci-après :
Est-ce que les inégalités économiques sont bien considérées dans les processus organisationnels des activités telles que les COPs ? Est-ce que le devenir de l’Afrique est bien pris en compte dans les politiques de gestion de notre cadre de vie (le monde) ? En cas d’absence des pays africains ou d’une faible participation de ceux-ci, est-ce qu’il sera aisé de prendre des décisions leur concernant ? Bien que soutenus par les pays riches à travers le « Fond vert » dédié à la lutte contre les émissions, est-ce que les pays africains ou du moins ceux parmi eux qui seront éventuellement absents vont accepter des décisions qui leur tombent dessus malgré leur obligation de se soumettre aux textes qui régissent cette association ?
Enormément de questions que nous peinons à apporter des réponses mais qui méritent qu’à même d’être posées.