08/12/2025
Les clans fulbe peuls :
Les peuls constituent, après les soninkés et les groupes qui leur sont apparentés, un des peuplements le plus important et le plus ancien du sahel occidental.
Selon les sources orales Afrika Pulaar Television, ils étaient bien au sahel occidental avant les grands événements (sécheresses, guerres, razzias etc) qui secouèrent le Wagadou à la fin de cette formation politique et en dispersèrent les hommes et les animaux.
Selon les traditions locales, à une époque très ancienne pour laquelle aucune référence permettant de dater n’existe, les peuls étaient présents dans la zone et étaient divisés en deux grandes familles :
- Les Wodaabés et les Ourourbés qui vivaient en bonne intelligence avec leurs voisins selon les disponibilités en eau et en zones de pâturages.
- Dans la première famille, celle des Wodaabés, ceux de patronyme Diallo étaient considérés comme les aînés et gardaient le pouvoir spirituel.
Ils étaient traditionnellement chargés de fixer la date des transhumances, de choisir les sites d’installation des villages et des parcs.
Ils avaient aussi le devoir de prévenir par des moyens occultes le vol et les razzias d’animaux.
Ceux de patronyme Sow étaient des fereybés, « sow pullo pereejo » en langue peule.
Au sein des ils étaient les cadets.
Comme tous les cadets des sociétés nomades et sédentaires africaines, ils s’occupaient des commissions des aînés et assuraient les relations avec les sédentaires ; cette fonction finit par leur attribuer le pouvoir temporel dans la société peule.
Dans la seconde famille celle des , les Ba étaient les chefs temporels et les Barry, les chefs spirituels. Ces derniers, en tant que benjamins des peuls, étaient alors appelés fittobés.
Les mêmes traditions indiquent que la première vache sortie du fleuve s’appelait « DIALLINERA (Jalliŋeera en peul) En sortant du fleuve pour allaiter son veau, elle sera apprivoiser progressivement par un certain SAMBA (nom donné au 2e fils de la famille) avec du sel ou des terres salées. SAMBA sera le premier berger.
Son grand frère HAMMADI, fils aîné de la famille, DICKO en peul, deviendra artisan boisselier (« Labbo » en peul) et se spécialisa dans la fabrication des objets utilitaires en bois (écuelles, mortiers, pilons et autres) et leur petit frère DEMMBA, troisième fils, pour lequel ils fabriquèrent un luth « Hoddou » en peul devient leur griot généalogiste « BAMBAADO » en peul celui que l’on « porte sur le dos », que l’on entretient.
Jusqu’à aujourd’hui les Laobés (pluriel de labbo) peuls dans leurs incantations de bénédictions de l’écuelle qu’ils viennent de confectionner et qu’ils veulent remettre à un peul pour traire ou conserver le lait rappellent toujours cet épisode dans la phrase « YA DIALLINERA FUDDI NAY, LABBO DICKO, POULLO SAMBA, BAMBAADO DEMMBA »,
traduction : « Au nom de DIALLINERA qui fut la première vache et du fait qui fit que DICKO (nom donné au premier enfant) devient boisselier "LABBO", SAMBA berger "GAYNAAKO", et DEMMBA griot généalogiste "BAMBAADO" …. »
Selon les mêmes traditions orales, après quelques années à la lisière sud du Sahara où ils fondèrent les villages de Heli Yoyo (nom issu de l’appellation, selon certaines traditions que donnaient les autochtones à ces étrangers qui pleuraient leurs morts en criant « mi heeli yoyo » (je suis anéanti yoyo) et Mayetaake qui signifie en peul là où l’on ne meurt pas (pas les hommes mais là où les animaux ne meurent pas, précise le vieux Samba SOW de Nioro).
Selon Samba SOW dans la période qui a précédé l’installation à Mayetaake, les peuls vers la fin de leur séjour dans le Sahara, ont perdu la quasi-totalité de leur cheptel suite aux sécheresses et aux épizooties. Par la suite le bétail va augmenter à Mayetaake et le pulaagu devient prospère.
Nous n’avons pas réussi à situer ces deux sites mythiques des Peuls.
D’autres sources notamment écrites fournissent aussi des renseignements sur l’origine des peuls notamment André Arcin les fait venir de la lisière nord du Sahara jusque dans le sud marocain.
Tauxier préconise la route du sud de l'Algérie et les ferait émigrer de leur pays d'origine selon lui la moyenne Égypte vers le VIe siècle avant l'ère chrétienne.
Béranger-Féraud, Verneau et d'autres indiquent, également la route septentrionale comme étant celle de leurs migrations.
Et pour Henri Lhote les peuls sont « des éthiopiens d’après les peintures rupestres, représentant des profils europoïdes ou méditerranoïdes.
Par l’arc, les vêtements, la coiffure, l’habitat en hutte hémisphérique, il les rattache au grand rameau de la civilisation hamitique comprenant les Galla mais également les Tébou du Tibesti »
Toujours selon Henri Lhote, cette première migration d'Est en Ouest leur fera atteindre la vallée du fleuve Sénégal vers le VIIIe siècle de notre ère. Rappelons que les thèses d’Henri Lhote, au départ constestées sont aujourd’hui acceptées par la plupart des spécialistes.
Nous laissons de côte ce débat des auteurs pour nous interesser aux traditions de Nioro du Sahel, qui, elles indiquent que les peuls s’installèrent d’abord dans une région qui pourrait être le sud marocain actuel avant que la soif (sécherese) ne les fasse descendre plus au sud.
Alors des groupes importants occupèrent la zone située pas très loin de l’emplacement actuel de Nouakchott appelé en peul « Taɓal Gelooba » (pas du chameau), capitale actuelle de la Mauritanie.
Plus t**d, suite à plusieurs pérégrinations les peuls s’installent dans l’Aouker (actuellement dans le sud de la Mauritanie dans le Trarza entre le Hodh et la falaise de Tichit-Walata).
À partir de ce territoire de l'Aouker qui devenait de plus en plus aride les peuls migrent vers de deux directions en fonction de la disponibilité de l’eau, des pâturages et des salines :
vers Oualatta, Néma puis vers le Sud-Est en direction du Macina du Mali (surtout les bergers de chèvres et de moutons selon la tradition) et vers le Hodh El Gharbi en Mauritanie et les territoires voisins du Wagadou et du Kingui actuel au Mali pour les éleveurs de gros troupeaux des bovins à causes de nombreuses salines.
Dans cette dernière zone qui nous interesse les peuls se dispersèrent et fondèrent de nombreux villages et campements dont Jaaɓi Diarrah (Village actuel de Diarrah) qui fut l’un des plus importants et donnèrent au pays d’accueil le nom de Fouta.
Parlant de l’origine du nom Fouta, Saydou KANE dans son histoire du Fouta Toro écrit « Les Pharaons d’Egypte prétendent que la terre d’origine de leurs ancêtres est le pays de Phunt (Fuut, ou Ptah, Pout, Punt, Phta, etc.. à l’Ouest de l’Egypte.
Il s’agit d’une région à l’Ouest de l’Egypte, probablement entre la Mauritanie, l’Algérie et le Maroc (y compris le Sénégal).
Car on sait qu’avec le dessèchement du Sahara à l’époque préhistorique, les populations qui y vivaient ont progressé vers l’Est (Soudan, Egypte) et vers le Sud (nos régions actuelles).
Rien n’interdit une parenté entre ce Phtah ou Ptah ou Pout des Egyptiens et le Fuuta des Peuls.
D’autant plus qu’une parenté est désormais établie par les chercheurs entre les anciens égyptiens avec beaucoup de négro‐africains, en l’occurrence les Halpulaaren ».
Ce nouveau territoire, considéré comme un embryon d’Etat par certains chroniqueurs, fut appelé plus t**d par les peuls eux-mêmes Fouta kiindi (Fouta ancien, Fouta primitif) qui devint le Kingi Diawara par la suite au XIIe siècle. Selon feu Prof Saidou Kane, Fouta kiindi ou « Jeeri Fuuta » se trouverait plutôt dans le centre Nord de la Mauritanie actuelle, dans la Wilaya (région) du Tagant, entre Boumdeid, Tamchakett et Tichitt.
Pendant leur séjour dans cette zone, les traditions de Nioro retinrent le nom d’ILO fils YALAƊI fils de DIADIE fils de SADIGA fils de SAŊRE fils de BODAWAL fils de MAAKAM.
Il appartient au clan des peuls yalalbés, possédant un troupeau de plusieurs milliers de vaches.
Les sentiers tracés par les vaches d’ILO empruntés aujourd’hui par le ruissellement sont encore visibles selon les peuls sur la colline qui surplombe Diarrah.
Selon les traditions locales, à Diarrah, la résidence d’ILO était à l’emplacement actuel de la maison d’un certain ABOUDOU WAGUE.
C’est pour ILO que les griots « wambaabés » jouaient le « fantang », air musical très célèbre dans la musicologie peule et dédiée aux bergers. Il fut puissant et prestigieux.
Au milieu de sa cour se trouvait un grand jujubier (jaaɓi en peul) auquel était attachée la longue corde à veau appelée « dammbol » en peul.
Il y avait aussi des grosses écuelles en bois remplies de lait caillé qu’ILO appréciait. Il aimait répéter qu’après sa mort les peuls vont boire le lait depuis qu’il est frais, signe de rareté de la denrée.
Le jujubier de Diarrah « Jaabi Diarrah » était un arbre majestueux et sacré qui symbolisait la prospérité et son nom fut ajouté à celui de Diarrah qui sous ILO s’appela « Jaaɓi Diarrah ». Jusqu’à nos jours chez les peuls le jujubier symbolise la prospérité.
Une information collectée dans la même zone notamment auprès du griot guésséré Diarra SYLLA du village de Yéréré à quelques kilomètres de Diarrah actuel mentionne le nom de Dinga comme maître du « figuier de l’abondance » (Germaine Dieterlen, Diara Sylla, l’Empire de Ghana : le wagadou et les traditions de Yéréré Kaartala 1992). Dans nos recherches nous n’avons pas pu établir un lien entre Manga (Dinga) et MAAKAM (ancêtre d’ILO) même si certains passages du recit de Diarra SYLLA recoupent la légende d’ILO.
Par exemple Germaine Dieterlen à la page 7 de son ouvrage en se réferant à Charles Monteil, parle de la « mare aux gros crapauds » où arriva Dinga après un séjour dans un endroit appelé Louti.
Là « il tue les chefs locaux » (Germaine Dieterlen op cit). Dans la légende d’ILO il est fait cas fait cas aussi de la mare de DIARRAH qui, aujourd’hui est totalement ensablée et traversée par des ravines profondes.
Et dans cette mare de « jaaɓi Diarrah » pour les uns ou dans un petit lac situé au sommet de la colline qui surplombe la localité pour les autres, du temps d’ILO, nous dit la légende, coassaient des crapauds géants sacrés aux sons mélodieux.
La personne qui arrivait à écouter les premiers coassements nocturnes de l'année était assurée de la santé, du bien être et de la prospérité toute l’année.
Les habitants de Jaabi Diarrah à cette époque y étaient tellement attachés que si votre épouse ou époux l’entendait et ne vous réveillait pas pour vous en faire profiter, le divorce pouvait être prononcé immédiatement.
Jusqu’à une époque récente les musiciens violonnistes peuls de Nioro du Sahel, surtout bergers, imitaient les coassements de ces crapauds de « Jaaɓi Diarrah » en jouant à plusieurs, des sons mélodieux saccadés.
Par ailleurs dans le même document de Dieterlen une prédiction de DIABE CISSE a retenu notre attention par rapport à la légende de ILO : « Diabé Cissé, le riche fils de Dinga, leur a parlé : il a dit qu’il jure par le jeune et les prières de Manga (Dinga) qu’un jour viendra, un monde (amer comme) le caïlcédrat viendra, un monde (aigre comme) le tamarin viendra (où) le fils de dimo et le fils du wage se battront entre eux pour un cheval de monte………"
Plus loin on peut lire « Cissé de Woura Nakhé, Cissé de Woura M’Batama etc » PP 17-18 (opcit).
Dans la tradition d’ILO assez répandue ce dernier aussi va prédire l’avénèment, un jour, d’un monde amer qui sera marqué par des affrontements entre parents pour des choses futiles, un monde dans lequel un noble peul « dimo » (terme que l’on retrouve dans le récit de Diara Sylla) sans vaches sera insensible aux louanges des griots.
Le bambaado lui jouera l’air « fantang » des nobles bergers et il ne pourra pas lui donner la plus petite génisse.
Un jour viendra Il y aura un monde dans lequel la femme peule utilisera son lait depuis qu’il est frais (parce que la quantité produite va dimunier) et ne bénéficiera pas des avantages qu’offrent le lait caillé (beurre, petit lait, crème, fromage etc).
Enfin dans le récit de Diara Sylla rapporté par Dieterlen les termes Woura Nakhé dans le livre campement de la vache en peul « Wuro nagge », Woura M’Batama campement du bélier géniteur en peul « Wuro M’Batma » rejoignent aussi des récits de la légende d’ILO.
Ces termes qui désignaient du temps de Jaaɓi Diarrah le parc des bovins et celui des ovins situé à quelques pas des habitations sont utilisés encore par les peuls.
Si ces récits sont confirmés peut être qu’ils confirment la thèse qui s’appuie sur les données du chroniqueur arabe El Bekkri qui parle de premières dynasties blanches avant les soninkés et que les peuls seraient ces dynasties blanches fondatrices de l’empire de Ghana ! Ceci n’est pas un mérite mais un fait historique à confirmer ou infirmer.
Selon les sources de Nioro du Sahel, « Jaaɓi Diarrah » était un village prospère à cette époque pas seulement à cause de l’or, du cuivre ou du commerce, comme le mentionneront plus t**d les sources arabes, mais aussi à cause du lait, de la viande et du beurre qui étaient abondants grâce aux riches pâturages qui foisonnaient dans la zone entre Jaaɓi Diarrah (Diarrah actuel) et Jaɓal Ganndeega (Mauritanie).
Dans la tradition peule locale si les soninkés de patronyme WAGUE sont considérés comme des connaisseurs qui savent prédire l’avenir (aujourd’hui encore les termes « WAGUE » ou « WAGEEJO» sont encore utilisés en peul pour designer les voyants) et avec lesquels ils entretenaient d’excellentes relations cela ne fut pas le cas avec ceux de patronyme NIAKHATE.
Cependant la tradition nous apprend également qu’ILO épousa en secondes noces une princesse Soninké, même si elle ne précise pas si cette femme est de patronyme WAGUE ou NIAKHATE. Les soninkés aussi épousèrent les femmes peules qui furent les mamans de certains clans soninkés par exemple les DOUCOURE du Diafounou et les Khagoros (patronymes FOFANA, MAGASSA et CAMARA,) qui s'allièrent avec les Diawandos.
Voilà pourquoi jusqu’à aujourd’hui, dans la zone, tout peul qui ne connait pas le nom d’un soninké peut l’appeler « KAOU » (oncle) et tout soninké qui ne connait pas le nom d’un peul peut aussi l’appeler « KAOU » (oncle).
Les relations entre les peuls et soninkés Diafounounkés et celles des Kaghoros et des Diawambés sont très fortes et presque sacrées.
Ces relations vont des liens de plaisanterie et de cousinage jusqu’à l’interdiction formelle de se faire du mal ou de refuser d’accéder à une demande de l’une ou de l’autre partie.
Nous sommes des frères m’a dit un vieux peul à Nioro en 1977.
A cette époque à côté de la pratique, semble t-il, des prières matinales au soleil rouge ci-dessous rapportées par l’écrivain chercheur Yero Doro DIALLO du Sénégal, à Jaɓi Diarrah les Peuls possédaient une génisse portant au cou une corde décorée et qui était censée protéger les animaux et les hommes en même temps qu’elle assurait la prospérité des clans.
(1) La pratique consistait entre autres selon l’écrivain sénégalais Yero Doro DIALLO, à réciter chaque matin au lever du jour une incantation avec l’auriculaire orienté vers le disque solaire.
Pour les peuls le doigt auriculture appelé « yayi Moussa » (mère de Moïse) est le plus important chez l’homme parce que le premier qui a cru en Dieu et le membre qui est directement rélié au cœur.
Les prières matinales au soleil rouge (version la plus répandue et semble t –il collectée dans le ferlo du Sénégal)
1. Buuɗal yurmeende ƴellitiingal e innde Geno (Ô Grand Disque Solaire de la Mansuétude qui se lève au nom de Geno);
2.Yo jam nyallu haa to ciinyciiɗe-ma kaaɗi (Que la paix règne au cours de cette journée partout où tes rayons éclaireront);
3.Ɓesngu ina e wuro, jawdi ina sarii e ladde harimaaji (notre progéniture est dans les campements et nos troupeaux dispersés dans les pâturages protégés et destinés aux vaches laitières);
4. Yo yiitere-ma reen kala ko njeyɗa (Que ton oeil veille sur tous ceux qui t’appartient) ;
5. Min coottirii ɗum biigi baggi, gay dimaaɗi e ƴiiƴam sagataaɓe (Nous pour cela nous le mériterons au prix de nos jeunes génisses, nos étalons et du sang de nos jeunes);
6. Minen ɓiɓɓe Fulɓe min ngoondanii-ma woɗaaji jeeɗiɗi ɗi min pirtataa (Nous, Foulbés nous jurons que nous convenons pour toi de sept interdits que nous ne violerons jamais) ;
- Goo (un) : min ngujjataa (nous ne volerons pas),
- Ɗiɗi (deux): min penataa (nous ne mentirons pas),
- Tati (trois): min kulataa (nous n’aurons pas peur),
- Nay (quatre): min njanfotaako (nous ne trahirons pas)
- Joy (cinq): min taƴataa ennɗam (nous ne romprons jamais les liens de parenté de lait),
- Jeegom (six): min pirtataa aadi (nous ne romprons pas le pacte de promesse),
- jeeɗiɗi (sept): kala ko danyaa ina rennda, min ɗawataa (nous acceptons de partager tout ce que l’on gagnera et personne ne sera oublié).
Certains pensent que c’était en souvenir de la génisse en or massif que les peuls adoraient quand ils étaient en Egypte pharaonique.
En effet, selon les mêmes sources, à une époque indéterminée pendant leur séjour au pays des pharaons certains chefs de tribus peules parmi les plus importants vont suivre le prophète MOISE (Eneebi Moussa en peul), abandonner leur religion traditionnelle et se convertir au judaïsme. Alors Le veau en or sera alors fondu et partagé entre toutes les tribus peules.
Leur prêtre-devin va alors leur prédire la dispersion et la division jusqu’à la fin des temps.
La même tradition dit que les mêmes chefs peuls vont aider MOISE et ses hommes poursuivis par le Pharaon à traverser la mer rouge et à rejoindre la terre promise en lui indiquant la période propice de traversée et les passages guéables.
Les survivances du judaïsme existent encore dans la culture peule (la croix de David constitue la marque des animaux chez certains clans peuls par exemple).
Ces survivances peuvent aussi être liées à la coexistence entre ces deux groupes dans le Sahara quant il était encore humide.
Dans tous les cas la génisse de Jaɓi Diarrah ne partait jamais en brousse mais restait dans le village.
Elle pouvait entrer dans les concessions et manger les provisions alimentaires sans être chassée par leurs membres.
Il était interdit de la toucher avec un pilon et, malheureusement, ce fut ce que fit un jour une petite femme diawando « Dewel Diawando » après la mort d’ILO.
La génisse mourut aussitôt et toutes les vaches d’ILO se donnèrent la mort en se jetant dans la mare de Diarrah.
Selon la même légende, pendant plusieurs siècles, les cornes de ces vaches étaient visibles dans les eaux de la mare les nuits de vendredi. Il existe une autre version relative à mort des vaches d’ILO.
Selon cette version collectée à Nioro, ILO est né à «Jaɓi Diarrah » avec un serpent myhique appelé THIAMAABA ou THIANAABA comme jumeau.
Alors le père d’ILO du nom SADIGA va construire une hutte loin des habitaions pour cacher l’enfant serpent du regard des femmes. Et matin et soir il y déposait des écuelles remplies de lait frais.
Sentant sa mort prochaine YALAAƊI fit venir ILO et lui recommande fortement de tout faire pour que jamais son jumeau serpent ne soit vu par une femme.
Il ajouta garde seulement comme épouse cette femme peule que je t’ai donnée. Elle gardera ton secret.
Alors ILO soucieux de respecter les recommandations de son père, élevait un mur très haut autour de la hutte qui abritait THIAMAABA.
Les populations qui mourraient d’envie de savoir ce qui était dans cette hutte qui recevait matin et soir des grosses écuelles de lait poussèrent ILO, à travers son ami Diawando, à épouser en secondes noces une belle femme du village.
Selon cette tradition assez répandue dans le pays de Nioro, c’est ce même ami qui dira à la nouvelle épouse que dans cette hutte, si chère à son mari, se cache une belle femme qu’ILO entretient en cachette. Alors profitant un jour, de l’absence d’ILO, l’épouse jalouse m***a sur la plus grosse de ces écuelles pour regarder par-dessus le mur.
Ses yeux croisèrent les yeux du THIAMAABA qui poussa un cri que toute la contrée et les contrées voisines entendirent.
Alors il gonfla et atteignit des proportions qui furent disloquer la hutte et tomber le mûr de clôture.
Au cri du THIAMAABA toutes les vaches accoururent et le suivirent. qui avait entendu le cri du THIAMAABA accourut également.
Le THIAMMABA était déjà parti suivi de toutes les vaches de la contrée. ILO pleurait et implorait son frère de revenir.
Le THIAMAABA suivi de milliers de têtes de vaches arriva au bord d’un grand cours d’eau, se retourna une fois pour regarder son frère et plongea avec toutes les vaches dans ce fleuve qui porte aujourd’hui le nom de THIAMAABA (vallée du serpent).
ILO resta assis là entrain de pleurer et de maudire cette femme. Il chantait aussi un chant mélodieux, au bout d’un long moment le réapparut avec une seule petite vache aux pattes tordues qu’il remit à ILO et lui dit : « ILO mon frère prends cette vache, désormais elle ne se multipliera plus en revenant avec d’autres vaches de la brousse comme par le passé, mais par le travail, l’abnégation et le courage du berger peul ».
Le THIAMAABA retourna dans le fleuve et poursuivit son chemin vers son destin.
À sa mort, ILO était redevenu propriétaire de milliers de vaches à cause de son travail, son abnégation et son courage.
D’ailleurs la légende dit que la dépouille de ILO sera récupérée avec les hommes de Diarrah et portée par les vaches sur leurs cornes qui empruntèrent le chemin du THIAMAABA jusqu’au fleuve où elles disparurent.
Concernant la fin d’ILO, une autre version que nous avons récueillie en juin 1979 auprès du marabout Amadou Modi SOW du village de Madina Allaheri, cercle de Nioro du Sahel, celui-ci serait mort vers l’an 1559 en un endroit appelé Bahira (entre le Mali et la Mauritanie) quand les peuls avaient déjà quitté Diarrah.
Une autre source rapporte «Les Songhaï, devenus puissants se sont révoltés contre l’empereur du Mali pour leur indépendance.
Ils combattent les Peuls du Nord Tekrour qu’ils considèrent comme les alliés inconditionnels de l’empereur du Mali.
C’est pourquoi, en 1452, beaucoup de tribus peules, sous la direction de Dulo Demba, de Galo Demba, de Naawo Demba (tous fils de Demba Kâ Diadié) quittent le nord, le Diéri Fuuta (Tagant‐Hodh) pour la vallée du Fleuve, le Fuuta Djallon et l’actuel Macina (Mali) » (Histoire du Fouta Toro écrite par Moussa Booli KANE dit Saydou KANE). Le chroniqueur Siré Abbas Soh (opcit) dit que la tombe d’ILO se trouverait non loin du site « d’Al Hareitkat localité du Tagant à l’Est de Tijikja », pour le marabout Amadou Modi SOW la tombe d’ILO se trouverait plutôt en un endroit appelé fetto Ilo situé à la frontière mauritanienne du côté du Sahel Occidental du Mali.
Source : Livre de M. Abdoul Aziz DIALLO
"HISTOIRE DU SAHEL OCCIDENTAL du mali : 1850 - 1960
LES TROIS BRIQUES DE L’EDIFICE : Elhadj Oumar, AHmadou Lamdioulbé et les Français"
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