13/11/2021
𝗖𝗮𝗵𝗶𝗲𝗿 𝗱’𝘂𝗻 𝗿𝗲𝘁𝗼𝘂𝗿 𝗮𝘂 𝗽𝗮𝘆𝘀 𝗻𝗮𝘁𝗮𝗹 𝗱’𝗔𝗶𝗺é 𝗖é𝘀𝗮𝗶𝗿𝗲
Introduction
Aimé Césaire est l’un des principaux animateurs de la r***e L’étudiant Noir. Il y publie un article intitule « Nègreries, jeunesse noire et assimilation » le propos de Césaire est mesuré mais son refus de l’assimilation rejoint celui des fondateurs de légitime défense (Etienne Léro, René Ménil...) « la jeunesse noir veut agir et créer. Elle veut avoir ses poètes, ses romanciers, qui lui diront à elle ses malheurs à elle ses grandeurs à elle. » Il est l’un des fondateurs de la négritude. D’ailleurs, le mot négritude apparaît pour la première fois dans le poème de Césaire Cahier d’un retour au pays Natal, publie en 1939, dans la r***e volonté.
Le contexte de publication
L’œuvre poétique maîtresse d’Aimé Césaire, le Cahier, publiée pour la première fois sous forme de fragments en 1939, apparaît à quelques années de distance comme un vibrant écho aux propos que tenait René Ménil sur l’écrivain de couleur antillais dans l’unique numéro de Légitime Défense.
1930 coïncide à une période de bouillonnement culturel. En effet, nous sommes dans la période coloniale. Les pays africains ne sont pas encore indépendants et les peuples noirs de la diaspora sont sous le joug du colonisateur blanc. Ce qui est important à noter durant cette période, c’est l’engouement et la volonté des étudiants noirs de lancer un cri d’alarme.
Le résumé de l’œuvre
Cahier d’un retour au pays natal est une œuvre riche et complexe. Ainsi la résumer demeure une opération difficile. En effet, nous disposons de l’édition Présence Africaine 1984. Ce texte de 65 pages est composé d’un dessin illustratif représentant un Homme qui prie. L’œuvre est complétée par des annexes et de la préface d’André Breton (un grand poète noir). Les œuvres d’Aimé Césaire publiées entre 1939 et 1982 clôturent le Cahier.
A la suite de notre analyse, on découvre que le Cahier comporte 24 « Au bout du petit matin ». Ainsi dans les 20, Aimé Césaire expose la situation désastreuse de la Martinique. L’autre partie est une peinture accablante de la Martinique saisie au double aspect physique et social. Dans la première séquence, Césaire dresse un tableau sinistre des Antilles et se proclame porte-parole des sans-voix : 𝑴𝒂 𝒃𝒐𝒖𝒄𝒉𝒆 𝒔𝒆𝒓𝒂 𝒍𝒂 𝒃𝒐𝒖𝒄𝒉𝒆 𝒅𝒆𝒔 𝒎𝒂𝒍𝒉𝒆𝒖𝒓𝒔 𝒒𝒖𝒊 𝒏’𝒐𝒏𝒕 𝒑𝒐𝒊𝒏𝒕 𝒅𝒆 𝒃𝒐𝒖𝒄𝒉𝒆𝒔, 𝒎𝒂 𝒗𝒐𝒊𝒙, 𝒍𝒂 𝒍𝒊𝒃𝒆𝒓𝒕é 𝒅𝒆 𝒄𝒆𝒍𝒍𝒆𝒔 𝒒𝒖𝒊 𝒔’𝒂𝒇𝒇𝒂𝒊𝒔𝒔𝒆𝒏𝒕 𝒂𝒖 𝒄𝒂𝒄𝒉𝒐𝒕 𝒅𝒖 𝒅é𝒔𝒆𝒔𝒑𝒐𝒊𝒓 » p. 22
Dans un second temps le poète revient au pays natal « j’ai longtemps erré et je reviens vers la hideur désertée de vos plaies » p. 22 Ce retour coïncide ainsi avec une descente orphique qui doit permettre à Césaire de dénoncer violemment le système colonial. Il est considéré comme le dernier antillais, lui le lettré et professeur « Et moi seul, brusque scène de ce petit matin » » p. 23
Aimé Césaire, tellement choqué par les actes des colonisateurs revendique la démence opposée à la raison occidentale. C’est pourquoi il affirme : « … nous vous haïssons vous et votre raison, nous nous réclamons de la démence précoce de la folie flambante du cannibalisme tenace. » p. 27
Ainsi, Césaire est fier d’être noir, il proclame sa négritude en ironisant sur le Blanc. Il est conscient de sa personnalité et invite les Blancs « Accordez-vous de moi, je ne m’accommode pas de vous ! » p. 33
La troisième séquence (p. 44) débouche paradoxalement sur la lumière, le poète se fait en effet le prophète du redressement de la race noire et il s’offre à en être le guide. Dans cette ultime partie, Césaire fait un retour sur soi.
« Ceux qui n’ont inventé ni la poudre ni la boussole
Ceux qui n’ont jamais su dompter la vapeur ni l’électricité
(…) la somme libre enfin
De produire de son intimité close
La succulence des fruits. »
On ne saurait mieux dire, au début de ces vers, la douloureuse acculturation de l’écrivain, dont la parole « pérégrine » prétend cependant communiquer avec ses frères. Ainsi, l’exaltation de la négritude conduit le poète à définir sa mission qui consiste maintenant à établir des liens de fraternité entre les noirs mais également en symbiose avec ceux-là qui le méprise.
C’est pourquoi il affirme « j’accepte, j’accepte tout cela » p. 56 Ce retour aux sources permet à Césaire de reconnaître l’importance de sa mission. Son périple européen lui a permis de faire la part des choses. Ainsi une nouvelle ère commence avec la re-naissance de la diaspora « Et nous sommes debout maintenant mon pays et moi, les cheveux dans le vent, ma main petite maintenant dans son poing énorme et la force n’est pas en nous mais au-dessus de nous, (…) est finie. » p. 57
Cette note d’espoir confirme ainsi la libération du n***e du joug colonial car
« La négraille assise
Inattendument debout
……………………...
Et
Libre. » pp. 61-62
Enfin, le nom de Césaire est désormais synonyme de poésie du monde noir, une poésie militante, d’abord marquée du sceau d’un génie poétique hors de pair donnant à la langue française des accents nouveaux.
Conclusion
Pour conclure, on peut dire que le Cahier est un véritable réquisitoire contre le colonialisme et le racisme. Césaire se sentant parfois humilié et offensé, prendra donc fait et cause pour tous les humiliés et offensé, à quelque race qu’il appartienne et son grand dessein sera de travailler pour que s’instaure un monde totalement libéré dans lequel personne n’aurait à endurer des malheurs pareils à ceux qu’a endurés la race n***e.
Ainsi, comme le remarque Babacar Sall dans son article « le voleur du verbe » extrait de Présence Africaine 151-152, 3e et 4e Trimestre 1956, p. 30, que Césaire est un poète majeur du XXe siècle. Venant d’une terre inquiète, d’une terre volcanique née de la déchirure et arrachée de son corps génital comme un lambeau fœtal a fini par oublier son itinéraire, ses repères et sa mémoire tellurique. Il n’est pas étonnant qu’il soit un de caractère.
Source et résumé entier https://hakim-litterature.blogspot.com/2013/07/cahier-dun-retour-au-pays-natal-daime_7899.html
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