12/01/2023
DISCOURS DU PRÉSIDENT DE LA MAISON DE PRESSE DU MALI (PRÉSENTATION DE VŒUX DU NOUVEL AN AU PRÉSIDENT DE LA TRANSITION)
HOMMAGE AUX DISPARUS
Permettez moi une pensée pieuse à la mémoire de tous ceux qui sont tombés au champ d’honneur pour la défense de notre pays. Je rends ici un hommage à tous les confères arrachés à notre affection durant l’année écoulée.
FORMULATION DE VŒUX
Je voudrais, au nom de tous les professionnels de l’information et de la communication vous adresser nos sincères remerciements pour cette invitation. Je formule pour vous-même, votre famille, vos collaborateurs et l’ensemble des Maliennes et des Maliens nos vœux de santé, de réussite, de prospérité et de bonheur pour l’année 2023.
DEFIS DE L'HEURE & LA REFONDATION POUR L'AVENIR
Historiens du présent, l’année 2022 a été celle de grands défis politiques, sécuritaires, économiques, sociaux, sanitaires, … comme l’attestent les reportages, commentaires, interviews, documentaires… réalisés et diffusés par nos différents médias.
Nous nous réjouissons de l’absence de journalistes incarcérés dans nos prisons. Mais il faut rapidement évoquer les nouvelles formes de menaces fondées sur des injures, des menaces d’agressions physiques, le chantage.....L’année 2022 s’est achevée sans véritable avancée dans l’affaire Birama TOURE, disparu depuis 7 ans et nous sommes toujours sans nouvelle des animateurs radios Hamadoun Nialibouly et Moussa Bana Dicko enlevés dans le centre du pays depuis 2020. À ceux-ci, s’ajoute le journaliste français Olivier Dubois kidnappé à Gao depuis un an.
En dépit de nos relations fraternelles basées sur le respect mutuel et notre volonté commune de trouver des solutions aux problèmes dans un esprit de partenariat, l’atmosphère en 2022 était viciée par l’incohérence et l’irrégularité de la politique d’aide à la Presse. Elle fait couler, encore, beaucoup d’encre et de salive. Cet appui financier de l’Etat demeure irrégulier et très insignifiant. En 2022 par exemple, le montant payé (23 millions) ne permet même pas d’assurer le fonctionnement de la Maison de la Presse dans un paysage médiatique de plus de 450 radios, 42 télévisions, plus 150 parutions, 60 journaux en ligne.
Nous avons appris avec satisfaction l’attention particulière que vous portez au Département en charge de la Communication et en particulier à l’ORTM et à l’AMAP deux structures publiques, membres de la Maison de la Presse qui traversent quelques difficultés. C’est le lieu également de saluer l’exemplaire coopération entre le Département de la Communication et la Maison de la Presse sur les grandes questions relatives à la gestion de la Presse.
Notre objectif est de susciter l’émergence d’une Presse plus professionnelle et responsable. Respecter la vérité, servir en priorité les intérêts du citoyen, conserver notre indépendance à l’égard de ceux dont nous relatons l’action et fournir une information complète et équilibrée. Votre objectif est de susciter l’émergence d’un citoyen malien nouveau avec un esprit patriotique élevé. Le respect de la souveraineté de notre pays et de nos choix stratégiques ainsi que la défense des intérêts vitaux du peuple malien sont les principes qui guident votre action.
Pour ce faire, les médias sont incontournables.
Nous ne doutons pas que, dans votre volonté de refonder le pays, vous avez à cœur l’amélioration des conditions de travail et de vie de tous les citoyens maliens.
Pour vous un Mali refondé est ce Mali dont le citoyen ou la citoyenne a accès à tous les services sociaux de base : manger à satiété, boire à suffisance de l’eau potable, accéder à l’énergie, bénéficier des soins de santé, d’une formation adéquate, avoir du travail et être bien protégé, participer pleinement à la vie de la Nation, se sentir épanoui…
Mais une question demeure : peut-on j***r de tous ces droits sans accès à l’information de qualité ?
• Excellence Monsieur le Président de la transition,
• Distingués invités,
• Mesdames et Messieurs
La réponse est NON !
DROIT À L'INFORMATION & AU SERVICE DU DÉVELOPPEMENT
Aujourd’hui, comme la santé, l’éducation, la sécurité, l’information est un bien public. À ce titre, le citoyen doit également j***r pleinement de son droit à l’information.
La marche de notre pays vers la refondation est un processus participatif qui engage toutes les composantes de la Nation malienne. Nous en sommes des acteurs de premier rang.
C’est pour cette raison, que vous et le gouvernement n’hésiterez pas à poser des actes significatifs en faveur des organes médiatiques et des professionnels de l’information.
À titre d’illustration, l’État a procédé à la rénovation du bâtiment de la Maison de la Presse, faîtière des médias. Il a, également, entamé les travaux de bitumage de la voie d’accès au « temple de la liberté de Presse et d’expression ». Mais ces travaux sont arrêtés depuis quelques mois.
Sans trompette ni tambour, vous avez personnellement mis la main à la poche pour soutenir des consœurs et des confrères en détresse, faciliter certaines de nos activités. C’est la preuve que vous suivez avec intérêt ce qui se passe chez nous.
Nous saluons ici le démarrage des travaux de la commission de la carte de Presse et l’annonce des travaux du projet de réalisation de toitures solaires des bâtiments publics pour la maîtrise de la facturation énergétique de l’Etat, tous sous la houlette et le leadership du Ministère de la Communication, de l’Economie Numérique et de la Modernisation de l’Administration.
Ce projet écologique et économique est une opportunité pour la Maison de la Presse de réduire ses dépenses et d’améliorer le niveau de vie et les conditions de travail du personne
LA PRESSE ENGAGÉE EN AVANCE SUR UNE REFONDATION DU MALI PRÔNÉE
Nous sommes engagés donc à plus d’efforts pour devenir de véritables entreprises, rigoureuses et ambitieuses animées par des journalistes de référence. C’est pourquoi nous avons engagé notre refondation avant l’heure en procédant, déjà en 2021, au toilettage des textes régissant notre secteur.
Cette relecture va permettre une mise en cohérence de la pratique du métier avec ce qui a cours au niveau sous régional, africain et mondial. En le faisant, nous avons procédé au « nettoyage des écuries d’Augias », oui extirper de nos rangs la gangrène, réaffirmer notre responsabilité sociale et notre engagement à plus de professionnalisme…
C’est à ce prix que nous contribuerons à l’avènement du Malien nouveau, auquel tous aspirent.
Les Maliens nouveaux, c’est également ces journalistes qui sèment les graines du dévouement et du professionnalisme. Ils se distinguent par leur travail, leur contribution au développement et à la promotion de l’information et de la communication chez nous. Ils se caractérisent par une fidélité à toute épreuve dans l’accomplissement de services au profit de la Nation. Ils sont nombreux et méritent la reconnaissance de la Nation, une source supplémentaire de motivation.
GRANDS CHANTIERS ATTENDUS
Notre pays qui est à la croisée des chemins connaîtra de nouveaux rendez-vous importants en 2023, de nouvelles réformes pour refonder notre processus démocratique et nos institutions.
Nous avons conscience que d’importants chantiers restent à réaliser pour parvenir au Mali Kura. Il s’agit notamment de :
- L’avant-projet de constitution dont la copie vous a été remise officiellement le 11 octobre dernier par la commission en charge de sa rédaction. Concernant ce point, nous avons pris bonne note de la volonté politique claire et maintes fois affirmée de nos autorités.
En comparaison avec la loi fondamentale en vigueur, il y a des aspects que nous considérons comme un recul.
La constitution en vigueur, en son article 7, stipule que : « La liberté de Presse est reconnue et garantie. Elle s’exerce dans les conditions fixées par la loi.
L’égal accès pour tous aux médias d’État est assuré par un organe indépendant dont le statut est fixé par une loi organique. »
L’avant-projet en son article 15 stipule : « La liberté de presse est reconnue et garantie. Elle s’exerce dans les conditions fixées par la loi. »
Il est attendu la correction du bicéphalisme de la régulation à travers le renforcement et la consolidation de l’organe unique en la matière. Un régulateur hissé à hauteur d’institution de la République comme c’est le cas dans la plupart de nos voisins et d’ailleurs.
Voici ce que propose l’avant-projet en son article 87 : « Les Autorités administratives indépendantes exercent leurs missions notamment dans les domaines de la médiation, de la régulation, de la vérification et du contrôle, de la protection des libertés et droits individuels, de l’organisation et la gestion des élections.
Les Autorités administratives indépendantes sont créées par la loi. »
Comme libellé la commission de rédaction n’a pas tenu compte des spécificités du secteur de l’information et de la communication. Elle a fait une lecture très restrictive de la question.
Forts de ces constats nous avons fait des propositions au gouvernement. Nous osons espérer que le résultat final sera à la hauteur de nos attentes, mais également de celles des populations.
- Un autre chantier important concerne l’achèvement du processus de relecture des six (06) textes législatifs et réglementaires qui régissent notre secteur. Entre autres objectifs, il s’est agi de doter le Mali d’un cadre juridique et réglementaire adapté aux exigences et à l’environnement actuel de notre pays.
Malgré le re**rd accusé, nous nous réjouissons que lesdits textes soient engagés aujourd’hui dans le processus d’approbation par le Gouvernement.
Ces six (06) projets de texte sur la table du gouvernement depuis plusieurs mois devront permettre un assainissement total du paysage médiatique malien.
Il s’agira entre autre de doter notre pays de texte sur la Presse en ligne, un des rares pays sinon le seul au monde à ne pas en avoir encore ; de régler définitivement la question de l’aide à la Presse et de la carte de Presse professionnelle ; de faciliter l’accès à l’information et de réviser la loi sur la Presse et délits conformément aux exigences du monde actuel.
Les résultats auxquels nous sommes parvenus sont le fruit d’un travail des tous les acteurs qu’il faut saluer ici : Ministère de la Communication de l’Economie Numérique et de la Modernisation de l’Administration, Ministère de la Justice et des Droits de l’Homme, Haute Autorité de la Communication, Acteurs de la Société civile, Syndicats des magistrats, Organisations professionnelles de la Presse.
L’adoption de ces projets de lois et de décrets marquera définitivement la REFONDATION DE LA PRESSE MALIENNE, signe sous lequel nous avons placé notre mandat en janvier 2021.
Les organes médiatiques ont bénéficié de l’aide à la presse à partir de 1996. Le Décret N° 03-264/P-RM du 7 juillet 2003 déterminant les conditions d’éligibilité, d’attribution et de gestion de l’aide publique à la Presse, ne détermine pas, ni ne précise les formes d’aide indirecte (exonérations, détaxations, dégrèvements, etc.). Elle ne s’adosse à aucun autre texte précisant la source ou le montant.
Ce qui ouvre la voie au prince du jour, en fonction de ses humeurs ou de ses accointances, pour décider la distribution de miettes aux médias.
Aujourd’hui, nous avons la conviction qu’une législation sur l’indexation de cette aide aux recettes de l’État balisera et moralisera cette aide. Le Mali Kura serait passé par-là !
La refondation c’est l’action. Grâce à votre écoute active et à votre engagement, nous parviendrons à relever tous ces défis.
VŒUX DE LA PRESSE
Vous pouvez compter sur nous pour éclairer nos concitoyens et porter de manière responsable l’information concernant ces réformes dans les ménages, dans les foyers, sur la place publique…
Je voudrais, pour terminer, vous dire que nous sommes optimistes quant à l’avenir des médias au Mali, car, nous travaillons à être plus imaginatifs, à faire preuve de créativité et de volonté de mieux faire profiter nos compatriotes d’information de grande qualité.
Nous attendons de l’État qu’il continue de contribuer à la lutte contre la désinformation.
Je sais que vous en avez la volonté, mais également la capacité. Je ne doute pas que vous aurez l’antidote contre les problèmes qui assaillent les médias au Mali.
C’est sur ces mots que je voudrais clore mes propos, en vous réitérant, à vous, à votre famille et à toute la nation malienne nos vœux les meilleurs pour l’année 2023.
El hadj BandiougouDANTE
Chevalier de l’Ordre national