Le Pouvoir, la Société et la Culture- Azzam Madkour

Le Pouvoir, la Société et la Culture- Azzam Madkour Magazine électronique focalisée sur les articles qui traitent Le pouvoir, la société et la culture

Les types de culture   Azzam Madkour Dans son ouvrage, le Totalitarisme, Claude Polin écrit : ‘’Quoi de plus naturel à u...
13/04/2024

Les types de culture


Azzam Madkour

Dans son ouvrage, le Totalitarisme, Claude Polin écrit : ‘’Quoi de plus naturel à un tyran que de vouloir anéantir toute espèce de résistance à soi, quelque forme qu’elle prenne, de vouloir contrôler tous les actes, toutes les pensées de tous, et de vouloir en un mot que son pouvoir soit total ? Ajoutez à cette dynamique politique la technologie moderne et singulièrement les techniques de communication de masse’’.
Toute régime autoritaire ou totalitaire cherche à gouverner son peuple par la terreur et la propagande, à tel point que cette terreur et cette propagande ont constitué deux systèmes de domination, de plus en plus serrés, pour contrôler la peur des gens, les endoctriner, les manipuler et les domestiquer.
Depuis la fondation de la cité-Etat et de l’empire, cette domination était en cours, avec plus ou moins de tyrannie. Et depuis toujours, on distingue cette hiérarchisation qui se résume en une minorité dominante et une majorité dominée, que ce sait dans une cité, un royaume ou un empire. Cette division entre dominants et dominés s’est ancrée, avec sa simplicité, dans la culture et dans la civilisation, à travers l’histoire. Presque toute l’histoire des civilisations n’est que celle des dominants, des vainqueurs et des conquérants. Dans cette histoire, on ne décrit que les actions des gouvernants et des conquérants, leurs guerres, leurs conquêtes et leurs exploits. L’histoire des dominés n’est indiquée, parfois, que pour insister sur la lutte entre gouvernés et gouvernants, et souvent, pour nous préparer à assister à une révolte de courte durée, échouée par la force du pouvoir, ou à une révolution, qui n’est, au fond, que la naissance d’une nouvelle domination. A tel point qu’on penseur, comme Ali Shariati, s’est écrié : ‘’Si nous écoutons la voix de l’histoire, nous n’allons pas trouver les hurlements des opprimés et des faibles. Nous n’allons trouver que ce qu’ils ont enregistré comme cris de leurs maîtres et de leurs monarques, que les cajoleries de leurs esclaves et leurs poètes, poètes de la mendicité’’.
En effet, l’art et la culture sont poussés toujours à être au service de ces gouvernants et des causes qu’ils acclament. Suivant cette voie détournée vers le pouvoir, les artistes ne font qu’exalter cette domination, la rendant parfois sacrée. Durant l’histoire, on raconte rarement les souffrances des esclaves et des colonisés, on décrit rarement les malheurs des misérables, mais on parle amplement des chiffres des morts. Certes, ces civilisations ont engendré deux types de cultures antagoniques qui exaltent l’assimilation ou l’affrontement, l’alignement ou la lutte entre ces deux groupes d’hommes, la culture du mal et du sang, du faste et du précieux, exprimée par l’élite dominante, et la culture de la servitude, de la misère exprimée par le troupeau des dominés.
Toutefois, émerge, souvent, une élite prête pour le défi et la lutte, produisant une culture de la relève, résistante mais condamnée des fois par les forces de l’oppression à rester souterraine. Mais malgré ces cultures vouées à l’oppression à la servitude ou à la révolution, d’autres cultures bourgeonnent, s’animant dans les périodes de paix, des cultures orientées vers la description de la nature et l’expression des sentiments d’amour, de joie et de paix. . .

04/04/2024

La manipulation des masses

Azzam Madkour

Les régimes obsédés par la domination se sont permis, et se permettent toujours, de manipuler les masses populaires, en recourant à des moyens de persuation, de propagande, d’endoctrinement et de lavage de cerveau même, à travers des médias mensongers et des fausses cultures anesthésiantes au galvanisantes.
En parallèle, certains idéologues, théoriciens et penseurs du pouvoir ont conseillé leurs gouvernants d’adopter des moyens adéquats pour dominer. D’autres ont analysé les stratégies de manipulation et ont pu déceler des listes. Les deux philosophes, Noam Chomsky et Günther Anders, ont traité ce thème, la manipulation des masses, avec la même vision, la même ardeur, la même franchise, avec quelques différnces. Chomsky a fourni une liste concernant une dizaine de stratégies, servant à manipuler les masses. Ainsi, peut-on avoir : 1- Distraction des masses, 2- Créer des problèmes puis offrir des solutions. 3- Stratégie de la dégradation, 4- Stratégie du différé.5- S’adresser au public comme à des enfants. 6- Faire appel à l’émotion plutôt qu’à la réflexion, 7- Maintenir le public dans l’ignorance et la bêtise, 8- Encourager le public à se complaire de la médiocrité, 9- Remplacer la révolte par la culpabilité. 10- Connaître les individus mieux qu’ils ne se connaissent eux-mêmes.
Avec la même ardeur révolutionnaire, mais avec beaucoup de cynisme, Günther Anders traite ce thème propre à la domination. "il suffit de créer un conditionnement collectif, écrit-il, si puissant que l’idée même de révolte ne viendra même plus à l’esprit des hommes. "Dans ses stratégies, on trouve, aussi, toute une liste, comme, par exemple : formater les individus dès leur naissance ; réduire leur éducation, créer l’élitisme dans l’éducation ; pas de philosophie ; distraction flattant l’émotionnel et l’instinctif ; occuper l’esprit avec des futilités ; bannir le séreux dans l’existence ; tourner en dérision les valeurs élevées.
"L’homme de masse, ainsi produit, conclut-il, doit être traité comme ce qu’il est : un nouveau, et il doit être surveillé comme doit l’être un troupeau" . Il ajoute :" tout ce qui permet d’endormir sa lucidité est bon socialement, ce qui menacerait de l’éveiller doit être ridiculsé, étouffé et combattu".
A travers la domination, certains régimes autoritaires ont pensé à la domestication de l’espèce humaine, au culte de la servitude, en appliquant astucieusement les stratégies de manipulation, jusqu’à pousser les peuple à aimer leur soumission. Hannah Arendt s’est exprimée ainsi : " Le totalitarisme peut s’épanouir là où les gens refusent systématiquement de s’engager dans la réalité et sont prêts à remplacer la raison par l’idéologie et la fiction pure et simple".
Ainsi, avec ces stratégies ignobles, on est arrivé à considérer un pays ou un continent comme une immense prison, où la société est inerte en permanence, comme hypnotisée dans sa soumission. Déjà, Aldous Huxley a pensé à la dictature parfaite, en disant :" La dictature parfaite serait une dictature qui aurait les apparences de la démocratie, une prison sans murs dont les prisonniers ne songeaient pas à s’évader, un système d’esclavage où ; grâce à la consommation et au divertissement, les esclaves auraient l’amour de leur servitude".

Les crises de la civilisation   Azzam Madkour (Peinture : Cri par Azzam Madkour-Artwork )Poussées au racisme, au fanatis...
27/03/2024

Les crises de la civilisation

Azzam Madkour

(Peinture : Cri par Azzam Madkour-Artwork )

Poussées au racisme, au fanatisme et à l’oppression, la haine et la convoitise vont de pair, pour aboutir à l’exploitation, à l’asservissement d’un peuple, et même à la destruction d’une civilisation. C’est sans doute, de cette façon qu’on arrive à comprendre l’esclavage, le colonialisme et même le génocide. Les Portugais et les Espagnols de la Renaissance, qu’ont-ils donné aux peuples de l’Amérique Latine ? Rien. Mais ils ont pris tout. Ils ont détruit leurs cultures et ont exploité leur richesse. Et les autres colonisateurs, depuis l’Antiquité jusqu’à aujourd’hui, avec leurs prétextes mensongers et leur prétention mesquine, ils n’ont fait que détruire des cultures, qu’affaiblir des peuples, sans aucune raison sauf celles de la haine, de la convoitise et de l’exploitation.
Toutefois, comme l’amour est issu du sentiment de grandeur qui peut aboutir au sacrifice, la haine est issue du sentiment de faiblesse et d’infériorité, pouvant aboutir à la jalousie et à l’appropriation. Et comme l’amour mène au spirituel, à tout ce qui est métaphysique et symbolique, la haine mène sûrement, dans sa passion néfaste, à tout ce qui est physique et matériel. C’est ainsi qu’Einstien a écrit : ‘’Rien n’est plus facile que la haine, mais l’amour a besoin d’une âme forte’’.
En somme, selon cette logiques on peut dire que l’amour, dans sa générosité, est le propre d’une culture saine et homogène, issue, d’une liberté consciente, une cuture qui peut aboutir à l’épanouissement, comme on le constate dans l’apogée de toute culture, de tout art est de toute civilisatrion. Par contre, la haine, avec sa convoitise et son égoïsme, est le propre d’une civilisation en crise de croissance ou d’homogénéité, d’une civilisation ayant une vision instable ou brumeuse. A travers l’histoire, on a pu avoir des cultures épanouies, aboutissant à leur apogée, avec des civilisations prospères.
En parallèle, on peut voir des civilisations, en crise de vision, fondées par des régimes malades dans leur oppression, obsédés par la haine, la convoitise et l’asservissement. Les régimes colonialistes et autoritaires malades de la domination, ont soumis à leur pouvoir asphyxiant les cultures des pays qu’ils dominent, ainsi que celles de leur propre pays.
De là, on peut comprendre que les civilisations qui ont dominé le monde par leur culture rayonnante, ont partagé avec le monde leurs pensées et leur réflexions, avec amour et liberté consciente.
En revanche, les civilisations qui ont dominé le monde par la force des armes, sans aucun partage culturel avec ce monde, sont des civilisations malades qui empoisonnent le monde par leurs fléaux sociaux, par le mensonge, l’hypocrisie et l’arnaque. Marx a comparé le capitalisme aux vampires qui, selon lui, ‘’s’anime en suçant le travail vivant’’. Dans sont expansion maladive, le capitalisme se forme en tant qu’une idéologie impérialiste, se dévoilant en tant que colonialisme monstrueux. Entre les deux idéologies, capitalistes et colonialistes, l’idéologie autoritaire pivote, utilisant tous les moyens possibles, toutes les stratégies adéquates et toutes les techniques d’intimidation, de menace et de torture, pour dominer en permanence, comme les autres.

18/03/2024

L’amour et la haine

Azzam Madkour


Il paraît qu’il y a une grande parenté entre le colonialisme, le capitalisme et l’autoritarisme. Les trois sont obsédés par la convoitise et croient fermement à la domination. Et pour rester les seuls dominants, ils emploient des stratégies visant la manipulation des masses.
En parlant de la manipulation, on pense au désir d’opprimer ses semblables, tout en considérant ces derniers en tant qu’ennemis, appartenant à une classe inférieure. Pour opprimer, avant tout, il faut haïr. On ne peut pas opprimer par amour, mais par haine, par répugnance même.
Tandis que l’amour, force énergétique du cœur, appelle à la liberté, à la sincérité et à la jouissance, la haine, faiblesse du cœur, appelle à l’oppression, à l’hypocrisie et à la contraction. En outre, une relation affecte, en même temps, le senti et le pensé, le cœur et l’esprit ; comme le cœur s’ouvre à l’amour, l’esprit s’ouvre à la pensée. Mais la faiblesse du cœur à sa relation avec celle de l’esprit. Dans son aveuglement, la haine empoissonne et les sentiments et la pensée. De ce fait, engendré par la force du cœur et de l’esprit, l’amour tend vers le bon et le beau ; mais manquant de cette force, la haine, qui supplante l’amour, tend fatalement vers le mal et la monstruosité.
Et comme la faiblesse du cœur et de l’esprit engendre le mal, les régimes qui haïssent les peuples, tout en voulant les exploiter, cherchent des prétextes en permanence ; et ils les trouvent, avec leurs mensonges. Le malheur, c’est que la haine et la convoitise demeurent inassouvies ; à mesure qu’elles se nourrissent et se constituent elles deviennent passionnelles et monstrueuses.

Dans les épopées antiques, dans la peinture et la sculpture de l’Antiquité et du Moyen-âge, dans les romans noirs et les films d’horreur, on est envahi par cette culture de terreur, dans laquelle les monstres, les démons, les esprits malfaisants et les vampires exploitent et dévorent les innocents. On présente même les jeunes filles, sumbole de cette innocence, en offrande à ces créatures de légende. Implicitement, cette culture nous montre que ces monstres ne sont puissants que dans les ténèbres et le tumulte, que dans l’ignorance et la servitude. Mais lorsque la lumière solaire, qui symbolise la liberté des consciences, apparaît, et lorsque les innoncents les défient, ces monstres s’affaiblissent et disparaissent.
En somme, dans le partage et le sacrifice, il y a l’amour, mais dans l’exploitation et l’oppression, il y a la haine. ‘’L’oppression, écrit Sartre, c’est d’abord la haine de l’oppresseur contre l’opprimé. La terreur et l’exploitation déshumanisent et l’exploiteur s’autorise de cette deshumanisation pour exploiter d’avantage’’.

L’acculturation troublante    Azzam Madkour  Dans les branches de l’enseignement, de la culture et l’administration, les...
11/03/2024

L’acculturation troublante

Azzam Madkour


Dans les branches de l’enseignement, de la culture et l’administration, les régimes, surtout autoritaires, ne cherchent pas les meilleurs éléments, les plus créatifs et les plus intelligents ; ceux-ci sont, plutôt, à écarter, à marginaliser même, car ils peuvent nuire au système. En revanche, les plus conformes aux règles du régime, les étudiants et les exécutants dociles sont les plus demandés dans la culture et la fonction.
Surtout pas de réflexion et de critique dans la culture. Pas de philosophie ni de sociologie, car elles réveillent tôt du sommeil social. Au lieu d’une culture basée sur la liberté consciente et les recherche érudites, il faut occuper l’esprit par des futilités et des bagatelles, pour former des générations préparées à la servitude.
En vérité, on assiste à une vaste opération de manipulation ; en tendant vers le système de la peur et de la répression, de la réprimande et de la récompense, on pousse la population à une acculturation troublante, à une ignorance anticipée, à une connaissance limitée, loin de la réflexion. En développent les stratégies que les régimes appliquent à leurs sociétés, afin de les éloigner de toute réflexion, Noam Chomsky parle de l’ignorance, un des éléments essentiels de la manipulation. Les régimes, selon Chomsky, insistent sur la qualité médiocre de l’enseignement présenté aux couche sociales inférieurs, pour approfondir le fossé concernant le savoir entre les couches inférieures et les couches supérieures, de telle façon qu’il devient impossible pour la majorité inférieure de reconnaitre les secrets de ce fossé.
En fait, la fossé persiste à exister, et même à s’approfondir, mais seulement en ce qui concerne le niveau de vie matériel ; pour toutes les couches sociales le savoir doit rester limité, accumulatif et superficiel, axé totalement et progressivement sur la culture numérique, ‘’Si vous ne lisez que ce que tout le monde lit, vous ne pouvez penser que ce que tout le monde pense ‘’, nous précise Haruki Murakami.
Ainsi, la culture doit rester conforme à l’idéologie du régime, soumie aux règles préconçues, et l’élite ne doit être distinguée que par sa soumission. L’élite n’est favorisée que si elle respecte mieux cette soumission. Désormais pour que la société reste résignée, l’ignorance et le fossé entre le deux couches sociales doivent rester permanents.
Selon Piotr Kropotkine, il n’ya pas de liberté tant qu’il y a ce fossé entre dominants et dominés, entre élite et majorité, tant que ces deux mondes existent. ‘’Il est évident, dit-il, que dans la société actuelle, divisée entre maîtres et serfs, la vraie liberté ne peut exister : elle ne le pourra pas tant qu’il y aura exploiteurs et exploités, gouvernants et gouvernés’’.

23/02/2024

Viser un enseignement accumulatif


Azzam Madkour

Dès l’indépendance, les colonisés, surtout ceux qui sont habitués à vivre avec les colons, en tant que domestiques, gardes et minorité intermédiaire, se sont pressés pour les supplanter, même dans leurs maisons et leurs fonctions, et vivre en tant que ‘’nouveaux colons’’. Ainsi, la minorité dominante a supplanté la minorité colonialiste. L’occidentalisation a pénétré le Tiers – Monde, à travers la langue, l’habillement, la gastronomie et la culture, dans la période coloniale, et elle s’est ancrée dans ce monde avec la diplomatie, le commerce, l’administration, et surtout l’enseignement. Comme action bienfaisante, le colonialisme a ouvert des établissements scolaires dans ses colonies, et a encouragé les jeunes bourgeois à suivre leurs études supérieures dans les métropoles. Ainsi, avec cette vision impérialiste, il a préparé toute une élite qui va prendre la relève, qui va préconiser son idéologie et la défendre, et qui va participer à fonder, sous ses conseils, le nouveau colonialisme.
Cet enseignement a été orienté vers l’élitisme, et va le rester encore plus fort après l’indépendance, en s’aidant du népotisme et du favoritisme. La minorité dominante dans les régimes autoritaires va suivre les stratégies du colonialisme, en rendant élitique l’accès au savoir, en creusant toujours de plus en plus le fossé entre la population et la connaissance, entre la société et la culture.
Pour faire durer en permanence le pouvoir de la minorité dominante, les régimes autoritaires préfèrent gérer un enseignement élitiste. Ils fondent les hautes écoles privées pour les fils bourgeois tout en laissant aux élèves démunis une éducation publique de plus en plus boiteuse. En fait, ils visent pour tous les jeunes un enseignement accumulatif et idéologique, décourageant tout esprit d’analyse. De ce fait, l’ignorance souhaitée et l’esprit médiocre continuent à s’amplifier, tandis que la création et la pensée, bâillonnées et étouffées, sont rudement marginalisées.

Imitant le colonialisme, la minorité dominante locale pousse ses fils vers les universités occidentales et leur réserve, à leur retour, les postes- clefs dans la politique, l’économie, l’administration et la culture. En même temps, elle freine les ambitions des jeunes cadres pauvres, ne leur laissant que des occupations futiles. Ainsi, pour la jeunesse bourgeoise, les hautes études sont devenues un prestige mêlé au snobisme culturel, tandis que pour la jeunesse pauvre, elles restent un défi et une fierté.
Pour la population dominée et pauvre, l’enseignement devient de plus en plus précaire et anarchique, et pour le régime, une jeunesse plus ou moins inculte n’a qu’un horizon de pensée limitée. Ainsi, cette jeunesse est poussée progressivement vers des préoccupations de subalternes, vers une médiocrité exténuante.

Dominer en permanence  Azzam Madkour  Ce qui intéresse l’esprit dominant, qu’il soit colonialiste ou autoritaire, c’est ...
13/02/2024

Dominer en permanence


Azzam Madkour

Ce qui intéresse l’esprit dominant, qu’il soit colonialiste ou autoritaire, c’est de faire durer l’autorité, en exploitant les peuples. Cette obsession pousse les régimes oppressifs à utiliser tous les systèmes de persuasion et de torture pour rester les seuls dominants.
En envahissant le monde pour l’exploiter massivement, le colonialisme européen a voulue dominer en permanence. Comme il s’est enrichi en appauvrissant ce monde, il a voulu garder le savoir et ses applications pour lui seul, en poussant ce monde de plus en plus affaibli vers l’ignorance et la superstition. Le colonialisme a réussi en quelque sorte dans ce programme tracé selon une vision impérialiste, heureux d’avoir corrompu le Tiers – monde.
Les pays du Tiers-monde ont acquis leur indépendance, mais en apparence seulement, dans un fausse réalité. Au lieu de vivre dans une autonomie totale, ils sont restés plus au moins soumis, non seulement à l’Europe occidentale, comme avant, mais à d’autres puissances mondiales apparues avec les deux guerres mondiales. Un nouveau colonialisme s’est précisé, alors, avec de nouvelles stratégies appliquées avec convoitise et hypocrisie, avec plus de ruse, de concurrence et de diplomatie.
Une nouvelle domination apparaît, également, aux mains des minorités locales, dans la plupart des pays du Tiers-monde. Les peuples du Tiers-monde ont beaucoup souffert sous le joug de l’occupation, ils ont résisté comme des rocs et ont combattu, avec toute leur énergie, pour avoir l’indépendance. Malheureusement, ils ont eu une autre domination, locale cette fois, produite pour la plupart par le colonialisme. Et comme on dit, il y a eu une crise de croissance dans le Tiers-monde, avec des guerres civiles, des coups d’Etat et des révoltes.
On est encore en ce stade, dans plusieurs pays, sans pouvoir encore trouver un équilibre. La plupart des régimes dans ces pays ont été influencés par le monde occidental pour avoir fondé leur politique, ou en s’inspirant de lui. Ces régimes se sont penchés sur l’autoritarisme quoiqu’ils semblent attachés au socialisme ou au libéralisme.
Comme ils sont influencés par la politique des Occidentaux, ces régimes autoritaires sont influencés, aussi, plus au moins, par leur culture, leurs goûts, leurs habitudes et leur mode de vie. En fait, il est de nature que le faible imite le fort, voyant en lui son modèle, jusqu’au moment où il se découvre en tant que fort mais différent de l’autre. Le colonisé a rêvé toujours de supplanter le colon, de vivre comme lui. Ainsi, inconsciemment, devient-il, avec ce rêve qui l’obsède, même indépendant, culturellement colonisé.

08/02/2024

Lorsqu'on forme des générations creuses


Azzam Madkour

Trouvant dans l’ignorance une voie facile pour dominer les peuples, le colonialisme et les régimes autoritaires haïssent avec acharnement la culture rebelle que ces sociétés adoptent. Dès son intrusion dans la colonie, le colonialisme se prépare à détruire et la religion et les traditions ancestrales du peuple soumis.
Auparavant, à travers ses savants et ses chercheurs, le colonialisme sait que la religion et les traditions sont les bases de toute culture, et il sait, également, qu’une société n’est véritablement dominée que lorsque sa culture est détruite. Et comme l’écrit Albert Camus, ‘’Tout ce qui dégrade la culture raccourcit les chemins qui mènent à la servitude’’.
L’identité d’un peuple est constituée par tout ce qui le maintient solide et espérant, lié à ses ancêtres par l’histoire et la culture. En détruisant cette histoire et cette culture, le colonialisme et la dictature déracinent ce peuple qui devient une immense multitude de marionnettes, malléables à toute manipulation. On peut, alors, lui inculquer facilement une autre culture et une autre histoire convenables à l’idéologie de la servitude ; mais tant qu’on le domine, ce peuple asservi reste sans identité, sans conscience et sans personnalité.
Pour le penseur Mohamed El Ghazali, ‘’le colonialisme culturel persiste à former des générations creuses, sans principes, sans objectifs, motivées par des instincts, comme des bêtes ‘’. Avant lui, Ibn Khaldoune, parlant de la moralité lorsqu’elle se dégrade, écrit : ‘’L’homme, dont la marginalisation se prolonge, devient comme une bête ; rien ne l’intéresse sauf la nourriture et l’instinct’’.
Ainsi, le colonialisme et la dictature poussent les peuples à rester ignorants et superstitieux, agissant toujours avec résignation et fatalisme, Depuis l’Antiquité, tandis que la culture cherche à évoluer et à révolutionner l’esprit, la civilisation, aux mains du pouvoir, cherche à maintenir sa légitimité à travers les régimes, à orienter la culture selon leur idéologie. Cherchant la vérité et le spirituel dans leur aventure vers l’inconnu, la création et la pensée n’ont cessé de libérer les hommes, de sacrifier tout pour cette liberté. A travers les âges, elles n’ont cessé d’évoluer, de bouleverser les systèmes, les traditions et les habitudes, continuant à éclairer les peuples par des idées nouvelles et audacieuses.
Mais les régimes, pour établir leur hégémonie, ont dû orienter la création et la pensée vers leurs besoins et leurs horizons ; ils ont dû, également, étouffer les voix rebelles, étrangler toute nouveauté et glorifier tout ce qui se répète dans l’art, tout déjà-vu et toute imitation à tendre vers la décoration et le folklore, de peur que cette création et cette pensée ne les touchent et ne les détruisent.

07/02/2024

Palestine
( 80 x 100)
2012

07/02/2024

Le grand mal de l’ignorance


Azzam Madkour


Toute domination s’acharne contre la culture basée sur la réflexion et la critique, ainsi que contre les hautes valeurs. Prônant ou encourageant tout ce qui légitime et rehausse son pouvoir, le régime autoritaire préfère orienter la culture à son avantage. Comme il y a une relation symbolique entre la liberté et la lumière, entre la connaissance et le pourvoir, il y a une autre relation, par contraste, entre la servitude et les ténèbres, entre l’ignorance et la soumission. Averroès à écrit avec amertume : ‘’ le commerce est très florissant dans les sociétés où règne l’ignorance’’.
En fait, comme la conscience mène à la liberté, l’ignorance même fatalement à la servitude. Dans les pays qu’ils ont envahis, au nom de l’exploration, les Empires coloniaux ont trouvé une ignorance presque totale mêlée à une vie primitive ou traditionnelle.
Dans la plupart des régimes autoritaires, on situe l’ignorance comme première condition de la domination. En fait, ces régimes se sont adonnés à des stratégies de domination, où l’ignorance figure toujours en tête de liste.
Pour cette raison, tous les penseurs ont constaté, qu’à l’origine de tous les fléaux sociaux, comme la corruption et le mensonge, réside l’ignorance. Même les profiteurs,, les opportunistes et les lâches ne peuvent naître qu’avec le manque de conscience et l’ignorance.
Ajoutée à la religion, l’ignorance s’ouvre sur le fanatisme et le sectarisme. Ajoutée à la pauvreté, elle pousse au pillage, à la criminalité et même au terrorisme ; mêlée à la liberté, elle tend vers l’anarchie.
Toutefois, en embrassant la richesse, l’ignorance annonce la corruption, et c’est ce que le colonialisme a laissé au Tiers- monde comme legs de la servitude. Et c’est ce qui est arrivé à la plupart des pays du Tiers –monde, dès l’indépendance ; une dictature absolue ou relative instaurée par l’élimination de la libération et l’entretien de tous les maux sociaux.
Et comme dans la plupart des pays du Tiers-monde où le pouvoir absolu est en liaison étroite avec la religion, ou plutôt avec les précepts sévères qui conviennent à ceux du pouvoir, et où l’ignorance et la servitude cohabitent ensemble, l’homme de religion, ou plutôt l’homme qui se cache derrière la religion, est souvent le compagnon de l’agent de police, l’aidant moralement dans la maîtrise de l’autorité. D’ailleurs, depuis toujours, les hommes de religion et de politique, ajoutés à ceux du commerce, ont gouverné les peuples.
Les deux pouvoirs, politique et religieux, lorsqu’ils tendent vers l’absolutisme, préfèrent toujours voir l’ignorance installée dans les sociétés qu’ils dominent. Leur ennemi mortel est la culture ; de ce fait, ils haïssent l’esprit conscient et la culture dans son évolution. Maintes sociétés dans le Tiers-monde, voient la réflexion et la critique interdites, même dans les espaces culturels ; elles assistent même à la répression et à l’extermination de la culture rebelle. De ce fait, on parle constamment de la fuite des cerveaux vers les pays plus démocratiques. Pour certains hommes de culture, le plus beau pays est celui qui n’est pas gouverné par des ignorants.

23/01/2024

Le désir des dominants ou la minorité intermédiaire

Azzam Madkour


Diviser pour régner est le devise de tout régime politique non convaincu de la démocratie, de tout régime surtout colonialiste ou totalitaire. Le désir d’opprimer accentue la séparation entres les gens, d’où les penchants du pouvoir à l’élitisme, au favoritisme et au népotisme. Ces abus de la séparation peuvent viser la religion, l’ethnie ou la race, la fonction, l’éducation, l’art et la culture.
Comme elle est issue d’une minorité, la minorité dominante a besoin d’autres dominants qui l’entretiennent, s’occupent de certains services proches du commandement et l’aident indirectement à imposer sa domination sur la population. Ces minorités favorisées et choisies dans les travaux domestiques et les fonctions proches du pouvoir, se composent de gardes, de domestiques, d’intellectuels, d’artistes, de sbires, d’informateurs et de bouffons.
En fait, ces minorités choisies sont constituées, pour la plupart, d’individus qui cherchent par tous les moyens à s’enrichir et avoir un accès au pouvoir, qui se collent à la domination, dès leur intrusion dans le système, pour commander à leur tour. Dès leur naissance, ces minorités intermédiaires entre les dominants et les dominés prolifèrent. Avec elles, débute, s’introduit et se développe la culture de la servitude ; avec elles, aussi, d’autres opportunistes à l’affût d’un poste auprès du pouvoir, s’infiltrent.
Le colonialisme et le régime autoritaire débutent leur envahissement par la formation de ces minorités. Ils les plantent et les introduisent partout dans les différents domaines de la vie sociale et culturelle.
Dans Le Tiers-monde, où l’antagonisme prédomine dans la vie sociale, la richesse fastueuse de la minorité dominante s’étale avec insolence devant la majorité de la population tombée dans la misère accablante. Fascinés par cette richesse étourdissante, les légions de profiteurs et d’arrivistes allongent le cou, se serrent du coude, piétinant les plus hésitants, dans tous les domaines de la vie, pour sortir du gouffre et s’accrocher au pouvoir, quel que soit le prix.
Avec leur rire figé, leur échine courbée, et dans des mouvements de reptiles rampants, ils arrivent peu à peu à se détacher de tout ce qui les rattache aux valeurs humaines et à bénir leur domestication servile. Ce sont ces légions de traîtres et de sournois qui facilitent toute domination, qui rendent la colonisation possible, malgré la résistance des peuples autochtones, qui légitiment, également, le pouvoir tyrannique des dictatures, malgré la culture rebelle.
La colonisation commence toujours par la traitrise de l’intérieur et la faiblesse des gouvernants autochtones ; tout comme elle, et souvent avec sa bénédiction, la dictature s’implante avec la ruée des profiteurs vers les dominants. Dans cet antagonisme étalé entre la richesse et la misère, entre la lâcheté des uns et le courage des autres, d’autres confrontations s’entrechoquent, même en cohabitant, parfois ensemble, dans la même institution, dans le même quartier, dans la même famille, comme celle de la culture qui s’irrite de l’ignorance, au celle de la culture rebelle qui marque, ses distances avec la culture officielle.

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