13/04/2024
Les types de culture
Azzam Madkour
Dans son ouvrage, le Totalitarisme, Claude Polin écrit : ‘’Quoi de plus naturel à un tyran que de vouloir anéantir toute espèce de résistance à soi, quelque forme qu’elle prenne, de vouloir contrôler tous les actes, toutes les pensées de tous, et de vouloir en un mot que son pouvoir soit total ? Ajoutez à cette dynamique politique la technologie moderne et singulièrement les techniques de communication de masse’’.
Toute régime autoritaire ou totalitaire cherche à gouverner son peuple par la terreur et la propagande, à tel point que cette terreur et cette propagande ont constitué deux systèmes de domination, de plus en plus serrés, pour contrôler la peur des gens, les endoctriner, les manipuler et les domestiquer.
Depuis la fondation de la cité-Etat et de l’empire, cette domination était en cours, avec plus ou moins de tyrannie. Et depuis toujours, on distingue cette hiérarchisation qui se résume en une minorité dominante et une majorité dominée, que ce sait dans une cité, un royaume ou un empire. Cette division entre dominants et dominés s’est ancrée, avec sa simplicité, dans la culture et dans la civilisation, à travers l’histoire. Presque toute l’histoire des civilisations n’est que celle des dominants, des vainqueurs et des conquérants. Dans cette histoire, on ne décrit que les actions des gouvernants et des conquérants, leurs guerres, leurs conquêtes et leurs exploits. L’histoire des dominés n’est indiquée, parfois, que pour insister sur la lutte entre gouvernés et gouvernants, et souvent, pour nous préparer à assister à une révolte de courte durée, échouée par la force du pouvoir, ou à une révolution, qui n’est, au fond, que la naissance d’une nouvelle domination. A tel point qu’on penseur, comme Ali Shariati, s’est écrié : ‘’Si nous écoutons la voix de l’histoire, nous n’allons pas trouver les hurlements des opprimés et des faibles. Nous n’allons trouver que ce qu’ils ont enregistré comme cris de leurs maîtres et de leurs monarques, que les cajoleries de leurs esclaves et leurs poètes, poètes de la mendicité’’.
En effet, l’art et la culture sont poussés toujours à être au service de ces gouvernants et des causes qu’ils acclament. Suivant cette voie détournée vers le pouvoir, les artistes ne font qu’exalter cette domination, la rendant parfois sacrée. Durant l’histoire, on raconte rarement les souffrances des esclaves et des colonisés, on décrit rarement les malheurs des misérables, mais on parle amplement des chiffres des morts. Certes, ces civilisations ont engendré deux types de cultures antagoniques qui exaltent l’assimilation ou l’affrontement, l’alignement ou la lutte entre ces deux groupes d’hommes, la culture du mal et du sang, du faste et du précieux, exprimée par l’élite dominante, et la culture de la servitude, de la misère exprimée par le troupeau des dominés.
Toutefois, émerge, souvent, une élite prête pour le défi et la lutte, produisant une culture de la relève, résistante mais condamnée des fois par les forces de l’oppression à rester souterraine. Mais malgré ces cultures vouées à l’oppression à la servitude ou à la révolution, d’autres cultures bourgeonnent, s’animant dans les périodes de paix, des cultures orientées vers la description de la nature et l’expression des sentiments d’amour, de joie et de paix. . .