15/06/2024
Suite
Le mot burda en arabe désigne un large manteau - ou cape - de laine destiné à protéger du
froid (al-bard), et utilisé également comme couverture. Il évoque directement la personne du
Prophète Muhammad - dont on dit que le manteau était d’origine yéménite - et prend alors une
valeur toute symbolique.
Ce manteau est évoqué une première fois, lorsque le Prophète reçut la révélation coranique
de l’Ange Gabriel. Il fut tellement effrayé par cet événement qu’il demanda qu’on le couvre de son
manteau pour calmer les frissons qui le parcouraient : « Zammilûnî ! Zammilûnî !» (Couvrez-moi !
Couvrez-moi). Dans le Coran, Dieu l’apostrophe ainsi : « Yâ Ayuhâ al-mudaththir » (Ô toi qui
t’enveloppe d’un manteau)4
Il est fait une autre mention de ce manteau à propos du poète Ka’b inb Zuhayr (m. vers 645).
Mécontent de savoir son frère devenu musulman, Ka‘b lança un vers injurieux à l’encontre du
Prophète, qui réclama sa mort. Par la suite, le poète regrettant sa parole, gagna Médine pour se
convertir et prier dans la mosquée. A la fin de la prière, il se présenta devant le Prophète et révéla
son identité. Les Compagnons furieux voulurent lui faire payer son insolence, mais le Prophète s’y
opposa. Pour se faire pardonner, Ka‘b déclama alors en son honneur un poème5 Celui-ci plut au
Prophète, qui lui exprima son admiration en le revêtant de son manteau6
La Burda, fut conservée avec soin par Ka‘b ibn Zuhayr. De relique sainte, elle devint par la
suite un symbole de la transmission prophétique et de la légitimité du pouvoir. En effet, elle fut
achetée par Mu‘âwiya, le 1er calife omeyyade, puis passa entre les mains des Abassides. En 1258,
lorsque les Mongols prirent Bagdad, le dernier calife abbaside s’enfuit avec la Burda et se réfugia au
Caire, où elle fut gardée par les Mamelouks. En 1517, Le sultan ottoman Selim I la recueillit à Istanbul
où elle se trouve toujours, précieusement conservée au musée de Topkapi.
La qasida de