09/08/2013
DECES DU JUGE JEAN SERGE JOSEPH/TEMOIGNAGE
Rachelle Acelat confirme la thèse de la réunion Le Nouvelliste | Publié le :08 août 2013
La langue de Rachelle Acelat se délie presque un mois après la mort subite du juge Jean Serge Joseph le 13 juillet dernier, moins de vingt-quatre heures après son admission à l'hôpital Bernard Mevs pour un ACV. Dans les détails, elle a partagé, en exclusivité à Radio Kiskeya, les confidences de son mari, en proie, d'après elle, à des menaces non voilées d'un président Michel Joseph Martelly rouge de colère et hystérique. « Je n'étais pas en Haïti quand vous avez pris cette décision. Depuis que je l'ai sue, je ne dors plus en paix. Je suis obligé de prendre de la drogue pour me calmer. A partir d'aujourd'hui, chaque minute de votre vie est comptée pour moi », a jeté le chef de l'Etat au visage du juge Jean Serge Joseph lors d'une réunion qui s'est tenue au cabinet de Me Gary Lissade en présence du doyen Raymond Jean Michel, du ministre de la Justice Me Jean Renel Sanon, du Premier ministre Laurent Salvador Lamothe, a confié Rachelle Acelat. Jean Serge Joseph n'a rien dit, lui qui avait rétorqué au chef de l'Etat que l'épouse d'un chef d'Etat va en prison dans un pays où règne l'Etat de droit, a poursuivi Rachelle Acelat. « Je crois que vous m'aviez dit avoir le contrôle du juge auquel vous donnez le dossier », a grincé Martelly en s'adressant au doyen Raymond Jean Michel qui s'est défendu en disant que « tout était OK et que le juge Jean Serge Joseph avait changé d'avis récemment », a confié Rachelle Acelat. C'est le doyen Raymond Jean Michel, a expliqué Rachelle Acelat, qui a conduit Jean Serge Joseph à la réunion dans son véhicule, sans escorte.
Et c'est le doyen, au terme de la réunion où il a été décidé de surseoir à l'appel à la cour d'appel pour transférer le dossier au correctionnel, qui a dit au juge Jean Serge Joseph qu'il pouvait boire. « On lui donné à boire un verre de Something », a indiqué Rachelle Acelat, qui avait conseillé à son époux de boire son urine au cas où il avait soif. Le Premier ministre Laurent S. Lamothe a reproché au juge Jean Serge Joseph de « n'être pas un supporteur de Martelly ». « Il semble que vous cherchez à donner un coup d'Etat au gouvernement », a accusé Laurent Lamothe, d'après les témoignages de Rachel le Acelat qui constituent un nouveau rebondissement dans cette affaire défrayant la chronique depuis des semaines.
Tous les concernés avaient nié en bloc. « Jamais de ma vie, je n'ai eu le privilège de rencontrer le juge Jean-Serge Joseph. Jamais ! » , avait confié Laurent Lamothe au journal, ajoutant : « Comment comprendre que l'on puisse tirer profit d'une telle tragédie ? Je suis choqué ». « Je n'aurais jamais imaginé que des adversaires politiques pouvaient utiliser la dépouille d'un honorable magistrat pour servir des causes politiques. C'est inimaginable et scandaleux... », avait ajouté le chef du gouvernement.
Me Gary Lissade avait démenti Me Samuel Madistin et fait une mise au point
« Le président de la République et le Premier ministre n'ont jamais participé à aucune rencontre à mon cabinet avec le juge Jean Serge Joseph ou toute autre autorité judiciaire. Ces allégations ne sont l'expression d'aucune vérité mais plutôt de nature mensongère », pouvait-on lire dans une note de presse rendue publique lundi 15 juillet par Me Gary Lissade. « Je déplore énergiquement l'utilisation politique abusive que certains font du décès de l'honorable magistrat », tançait Gary Lissade, soulignant n'avoir « jamais exercé aucune pression de quelque nature que ce soit sur aucun magistrat ou tout autre professionnel de droit durant ses trente-cinq (35) longues années de carrière ».
Le ministre de la Justice, sarcastique, avait évoqué une >
« Je n'ai participé à aucune rencontre avec le président, le Premier ministre et Serge Joseph. Je ne sais pas de quoi on parle», avait soutenu le ministre de la Justice Me Jean Renel Sanon, ajoutant que cette personne qui a parlé à Me Madistin a créé cette rencontre dans son imagination. Le pilier, c'est Serge Joseph qui devait être là pour dire si les déclarations qui lui sont prêtées correspondent à la vérité >>, avait indiqué le ministre de la Justice, soulignant que c'est sa parole contre celle des autres.
La présidence avait dénoncé un "matraquage politique et médiatique"
C'est un « matraquage politique et médiatique », selon Lucien Jura, porte- parole du président Michel Joseph Martelly. « Nous sommes dans le champ politique et beaucoup de déclarations ne sont pas innocentes et désintéressées », avait souligné Lucien Jura. Le président Michel Martelly promeut l'Etat de droit et, aujourd'hui bien plus qu'hier, « les autorités judiciaires ont toute la latitude et pleine autorité pour faire appliquer la loi ». Cette affaire et celle de Mòlòskòt ne sont pas des scandales. « Il y a des faits que l'on voudrait transformer en scandales », avait nuancé l'ex-journaliste vedette de Signal FM. Revenant sur le dossier du juge, le porte-parole du président Martelly avait indiqué que « si un décès provoque des suspicions, il y a des voies tracées par la loi qui doivent conduire à des évidences ». « La présidence présente ses sympathies à la magistrature, à la famille du juge qui avait un profil honnête et crédible au sein de la justice pendant de longues années », avait informé Lucien Jura.
Le doyen, selon les confidences du juge Jean-Serge Joseph à Me Samuel Madistin, l'avait accompagné à la rencontre au cabinet de Me Gary Lissade.
Le doyen Raymond Jean Michel avait expliqué
Le juge Jean Serge Joseph, à aucun moment, ne m'a dit qu'il était l'objet de pression, confie Raymond Jean Michel, révélant avoir « ri » quand il a entendu à la radio qu'il avait accompagné le juge d'instruction Jean Serge Joseph à une réunion au cours de laquelle des pressions auraient été exercées par des autorités de l'exécutif. « Je ne reçois pas de pressions, ni directes ni indirectes », avait-il soutenu. Le président Martelly a tellement de choses à faire, pourquoi descendrait-il de son piédestal pour faire des pressions ? Pressions pourquoi ?, s'était interrogé Raymond Jean Michel, mettant en avant sa conscience claire de chrétien pratiquant.
Confinée dans un mutisme retentissant, Rachelle Acelat avait jusqu'ici décliné toute demande de commentaires dans la presse après le décès du juge. Récemment, un visa canadien lui a été refusé pour assister aux funérailles de son mari Jean Serge Joseph, un Canado- Haïtien. Les témoignages de Rachelle Acelat ce jeudi 8 août coïncide avec la remise d'un rapport d'une commission sénatoriale qui réclame la mise en accusation du président Michel Joseph Martelly, du Premier ministre Laurent Salvador Lamothe, du ministre de la Justice Me Jean Renel Sanon pour « crime de haute trahison » et la révocation et des poursuites judiciaires contre le doyen Me Raymond Jean Michel. Tout avait commencé début juillet. Le 2 juillet 2013, le juge d'instruction Jean Serge Joseph avait provoqué un tollé médiatique en demandant au président Michel Joseph Martelly d'autoriser le Premier ministre, des ministres à se présenter comme témoins au tribunal dans une action en justice pour corruption contre la première dame, Sophia St-Rémy Martelly, et Olivier Martelly, le fils du chef de l'Etat. Roberson Alphonse [email protected]