Haïti en Évidence

Haïti en Évidence Haïti en Évidence est un forum qui fait de la Promotion pour la Culture, l'Histoire et la Spiritu

01/01/2024

En ce premier jour de l'année, levons nos pensées et nos cœurs vers le divin et les esprits qui veillent sur nous. Que la guidance céleste et la bienveillance des esprits guident chaque pas dans cette nouvelle année. À Dieu et aux esprits qui nous entourent, que leur influence lumineuse éclaire notre chemin vers la paix, la sagesse et la prospérité. Bonne année, empreinte de spiritualité et de grâce.

Djynivor D. M. METAYER

23/10/2022

Le peuple haïtien doit beaucoup à Zack Mwekassa pour sa vidéo titrée : "Les États-Unis menacent d'attaquer Haïti".
Cette vidéo qu'il publie sur sa chaîne Youtube (Zack Mwekassa motivation) décrit la situation d'Haïti avec la plus grande exactitude qui soit et exprime notre frustration et indignation comme si Zack était un des nôtres. L'Afrique et Haïti sont Une. Elles mènent le même combat.
Merci infiniment de votre soutien, Zack Mwekassa.


14/10/2022

Gade kòman yon malyèn kouri ak Emmanuel Macron sou kesyon " entèvansyon militè".

NON À TOUTE INTERVENTION MILITAIREHaïti a besoin du soutien de toutes les nations pour dire « NON À TOUTE INTERVENTION M...
11/10/2022

NON À TOUTE INTERVENTION MILITAIRE

Haïti a besoin du soutien de toutes les nations pour dire « NON À TOUTE INTERVENTION MILITAIRE dans le pays ». Ce dont nous avons surtout besoin, c'est la dissociation des supposés pays amis de la terre de Dessalines, avec un gouvernement illégitime dont les décisions vont à l'encontre du bien-être de presque toutes les couches sociales du peuple haïtien.

Haïti n'est pas assez éhontée pour oublier que « MINUSTAH », la dernière mission des Nations Unies dans le pays, a laissé de nombreuses jeunes femmes haïtiennes enceintes qui sont devenues des mères sans mari avec des enfants sans père. Il est trop tôt pour oublier que le « choléra » est malheureusement un héritage de cette mission qui a pollué nos rivières avec ce qui mérite d'être jeté dans les toilettes. Les cabris des paysans ont été volés. Le pire, même un jeune homme, au moins, a été violé. Au lieu de résoudre nos problèmes ils les ont multipliés par cent (100). Ils excellent dans l’art de créer les problèmes et prétendent pouvoir les résoudre. C’est faux ! C’est de la manipulation. Nos ennuis constituent leur bien-être. Nous ne voulons plus de ces formes d’aide qui ne font qu’envenimer notre situation déjà précaire.

Haïti nécessite mieux que cela.

-Haïti n'a besoin de personne pour venir voler ses ressources minérales.
-Haïti a besoin d'aide pour avoir une force de police forte, pour lutter contre ceux qui veulent terroriser la population.
-Haïti a besoin d'amis pour l'aider à exploiter les ressources naturelles, pas pour les voler.
- Haïti a besoin d'amis sérieux, sincères et honnêtes pour l'aider à moderniser son agriculture, au lieu d'avoir des hypocrites qui lui envoient chaque jour des sacs de riz et autres produits sans date d’expiration.
- Haïti a besoin d'amis qui empêchent les armes de sortir de leur territoire à destination des jeunes transformés en bandits.
- Haïti a besoin d'amis respectueux qui comprennent l'importance de la « souveraineté nationale » et le principe de « l'inviolabilité du sol d'un pays indépendant.
- Haïti a besoin d'amis dignes qui ne s'attaquent pas à l'éducation de ses fils et filles
- Haïti a besoin d'aide pour avoir de bonnes routes et de bons systèmes de transport.
Haïti a besoin d'amis qui soutiennent sa propre démocratie et non la "dictature démocratisée"...
HAÏTI N'A PAS BESOIN D'AMIS AU VISAGE D'AGNEAU ET AU CŒUR DE LION.
SI VOUS NE POUVEZ PAS ÊTRE AMIS AVEC CES CARACTÉRISTIQUES, VOUS FAITES PARTIE DES PIRES ENNEMIS DU PAYS. Alors, mieux vaut ne pas fouler la terre de "CAPOIS LA MORT".

Wesly EUGÈNE, Citoyen Haïtien

*Jeunesse haïtienne: à la porte du désespoir et de l'indignation*Écrit par:*Wolbens Jean-Baptiste (JB DAyiti)*, ```licen...
09/10/2022

*Jeunesse haïtienne: à la porte du désespoir et de l'indignation*

Écrit par:*Wolbens Jean-Baptiste (JB DAyiti)*, ```licencié en sciences de l'éducation avec spécialité philosophie et lettres modernes, diplômé en sciences juridiques, enseignant-chercheur.```

Haïti va mal, quiconque peut s’en rendre compte. Pour autant, l'État s'en fiche royalement.
Parfois on se demande s’il fait exprès ou s’il est réellement aussi con.

La montée incessante des bandes armées, l'insécurité alimentaire, le chômage des professionnels diplômés, pour ne citer que ceux-là, troublent la quiétude de plus d'un.

La population s'indigne et a soif du changement, un écho de revendications sociales retentit partout dans le pays. Les jeunes, notamment, sont frappés de plein fouet par la crise du pays, la précarité socio-économique, le chômage sont hélas leur horizon et parfois leur seul horizon. Dans de telles conditions, comment construire sa vie? Comment faire des projets?

À bien comprendre ce dilemme, les jeunes s'y livrent aux pratiques de migration, non, pour s'ouvrir au monde, pour s'enrichir de nouvelles expériences mais pour s'échapper de l'enfer d'Haïti.

Partir... Qui n'a pas, au cours de sa vie, rêvé de partir? Partir par choix ou par nécessité, par désir d'autonomie ou pour assurer sa subsistance? Donc, c'est partir pour s'exiler, partir pour ne plus revenir. C'est horrible!

Les conditions socio-économiques, de nature critique d'extinction, mènent les jeunes au carrefour des actions de tout poils, comme: l'abandon scolaire, la migration, le su***de, la prostitution, la drogue, le vol, le viol, le meurtre et j'en passe. Les jeunes se sont plongés sans doute dans l'incertitude de l'avenir, ils ne peuvent se projeter sereinement.

Une société en perdition, des diplômés sans travail, des emplois précaires, et il y a même ceux qui ont décroché tout, mais qui finiront à la rue sans plus aucune perspective de vie meilleure.

De nos jours, avec la crise politique sans merci que connaît le pays, et les difficultés qui en découlent, la vie meilleure peut parfois sembler une montagne infranchissable pour les jeunes. Entre se battre pour s'en sortir du chaos, se résister, les jeunes peuvent plutôt vite se sentir submergés, dépassés par les faits au point de baisser les bras en disant "y a pas d'espoir!". D'où la migration massive devient le seul espoir.

Combien de cris d’alarmes, de tentatives de su***des, de morts et de blessés dans des affrontements entre bandes rivales faudra-t-il pour sonner le réveil ?

Que faire face à la désespérance et à l'indignation des jeunes?

Haïti est en proie à une crise politique et économique à outrance, tous les signaux sont en rouge pour la
population, surtout en ces derniers moments de crise, elle fait face à une inflation alimentaire catastrophique, le peuple est incapable de répondre aux besoins de première nécessité. Cette crise que nous traversons, va immanquablement accroître les difficultés socio-économiques des jeunes et des familles qui luttent au jour le jour pour ne pas sombrer dans la précarité ou pour y survivre avec dignité.
Nous ne pouvons pas nous limiter à constater les dégâts, nous devons les dénoncer, peut-être aller plus loin que les dénoncer.

En effet, à cette situation de crise combien troublante, il nous faut efforcer l'État à prendre inévitablement ses responsabilités, sinon nous finirons tous par périr.
Donner de l'espoir et des perspectives est une question de volonté politique, de ce fait, les autorités publiques et politiques, à travers les institutions, ont un leadership à exercer pour permettre l'émergence de projets de société viables et prometteurs permettant à chacun de trouver une place dans la société.

Il est temps de mettre fin à l'impunité, à l'injustice sociale, à la violence symbolique et à la corruption.

S'indigner et désespérer ne suffisent pas, il faut que la population, la jeunesse en particulier, se constitue à tout prix en force de pression, pour réclamer ce qui leur revient de droit.

*09 oct 2022, Gonaïves, Haïti. W.I*

14/06/2022

MODÈLE POUR REPENSER LES PARTIS POLITIQUES EN HAÏTI

L'environnement politique actuel montre fort bien qu'il n'existe pas de réel parti politique dans le pays. Considérant le rôle et la mission ainsi que les attributions d'un parti politique, on arrive à la simple conclusion que, de fait, on ne peut pas parler d'existence de vrai parti politique sur le territoire national. Et c'est un élément qui, à mon humble avis, nous permet de comprendre mieux la réalité politique d'aujourd'hui marquée par l'absence d'idéologie , l’indifférence de la population par rapport aux activités politiques, la primauté de l'individu sur le discours et l'absence chez les politiciens d'une culture politique axée sur la tolérance, la responsabilité et le respect de leurs engagements. Maintenant, la question pourrait être bien : est-ce qu'il n'y a jamais eu dans le pays l'existence de vrai parti politique ? Ou encore est-ce qu'il n'y a jamais eu à aucun moment de notre histoire une pratique politique qui prime le discours sur l'individu ? Là se retrouve notre préoccupation.
Généralement, lorsqu'on parle de la réalité politique actuelle du pays, on a tendance à limiter le débat à partir de la période post 86. Une délimitation qui me paraît tout à fait logique car l'ambiance soi-disant démocratique dans laquelle évolue la politique actuelle en Haïti est datée depuis le lendemain des événements de 1986, mettant fin à la sévère dictature des Duvalier. Toutefois, cette délimitation à quelque niveau, nous empêche bien souvent de cerner quelques réalités ayant marqué notre histoire politique, et qui pourrait normalement à un certain niveau nous servir de modèle ou de jalons pour définir nos actions politiques. Ainsi, pour répondre aux questions posées antérieurement, nous devons dépasser cette délimitation pour nous arrêter à la deuxième moitié du 19e siècle.
Il s'agit, en effet, d'une période assez compliquée et bouleversée sur le plan politique mais un peu exceptionnelle sur le plan économique et en termes de production de savoirs. Cette période est aussi marquée par une tranche d'histoire bien intéressante parce que c'est pour la première fois et peut-être, jusque-là, la dernière fois qu'on aura sur la scène politique la présence de deux partis politiques avec deux idéologies différentes qui essaient de conquérir l'espace de pouvoir.

Sur le plan international, le 19e siècle est marqué par de grands événements politico-économiques. Durant cette période, on assistera en Europe, sur le plan sociopolitique à l'émergence des droits du peuple, l'éclatement d'un ensemble de mouvements nationaux et libéraux ainsi que l'indépendance de nombreux pays européens. De l'autre côté, on allait avoir la deuxième révolution industrielle qui, de par son importance et ses résultats, a changé le mode de fonctionnement des sociétés, le mode de production et les différentes perceptions. C'est bien dans cette dynamique mondiale que va apparaître, en Haïti, au cours des années 1870, une sorte de pluripartisme avec particulièrement la naissance du Parti Libéral et du Parti National. Il importe de signaler également, sur le plan interne, l'expérience du populisme de Salnave a laissé un goût amer à l'aristocratie mulâtre et à la classe politique de l'époque qui, de fait, était court-circuitée et victime de la popularité de Salnave. Ainsi, il va y avoir une rupture assez brutale dans la mesure où, sans transition, on va passer d'un populisme dictatorial avec Salnave à cette dynamique de multipartisme où le discours ou l'idéologie prend quasiment le dessus sur l'individu. C'est donc bien dans ce contexte que prennent naissance les partis politiques en Haïti dont la présence n'empêchera pas au régionalisme ni au caudillisme de faire feu.

Cette ambiance marquée par la coexistence de ces deux partis allait animer les débats. Chaque parti avait sa vision des choses, son projet de développement pour le pays qui est de toute évidence liés à l'ensemble des principes et des valeurs que partage le parti. C'était un moment de notre histoire où il n'était plus question de qui prend le pouvoir mais plutôt quel parti a remporté les élections. Cela va perdurer presque pendant toute la fin du 19ème siècle.
Tout d'abord, le Parti Libéral avec son slogan " le pouvoir au plus capable" optait pour le parlementarisme et faisait la promotion de l'industrie. Il cherchait la moralité dans la gestion de l'Administration et accordant la priorité à l'instruction publique. Il visait, sur le plan social, l'élévation du niveau de vie de la population et le développement de plusieurs autres secteurs dans la vie nationale, comme le transport en commun ainsi que la production agricole, particulièrement le café. Le chef de ce parti était sans conteste Boyer Bazelais avec des hommes comme Boisrond Canal, Brice Ainé, Edmond Paul, Louis Tanis, Pierre Momplaisir Pierre et le fameux Anténor Firmin, à la direction du parti.
Le Parti National, de son côté, avec son slogan " le plus grand bien au plus grand nombre", différemment du parti libéral, priorisait le régime présidentiel et accordait la priorité à l'agriculture. Un point important de leur programme fut la réforme agraire conditionnelle qui exige la distribution des terres à la paysannerie, moyennant leur mise en valeur. Donc, pour ce groupe l'agriculture était aussi une priorité. Toutefois, contrairement aux libéraux qui voulaient un assouplissement de la politique nationale vis-à-vis de l'étranger, le Parti National prônait un nationalisme avec un discours "Haïti aux haïtiens" tout en reconnaissant bien sûr leur lien culturel avec l'Afrique noire. Fondé par Septumus Rameau sous le gouvernement de Saget, ce parti avait à sa tête des hommes célèbres comme Louis Joseph Janvier, Demesvar Delorme et Lysius Félicité Salomon Jeune.
En effet, ce qui est important à retenir dans cette tranche d'histoire, c'est la vision et l'idéologie incarnées par ces deux partis. Pour la première fois dans notre histoire politique, les idées prenaient le dessus. Cette dynamique a, dans une certaine mesure, fait rupture à une pratique où l'opposition politique ne peut être que l'affrontement violent avec le régime en place ; le plus souvent pour faire passer ses griefs ou prendre le pouvoir, et ce, pour répéter la même chose. Donc, avec cela, on cherchait à écarter de la politique les intérêts mesquins pour céder la place à la conviction.
Quoique de courte durée, cette période a marqué l'histoire de la politique haïtienne. Puisque depuis lors, on n’aura presque jamais assisté à une telle ambiance. Certes, après les événements de 1946 qui ont accouché Dumarsais Estimé, on aura sur la scène politique, dans une ambiance démocratique, l'apparition des partis politiques à tendance plutôt socialiste, comme : Mouvement Ouvrier Populaire (MOP), Parti Socialiste Populaire (PSP). Mais cette tentative de réapparition des partis politiques sur la scène politique ne fera pas long feu, car les régimes qui viennent après, particulièrement le régime des Duvalier, vont, si l'on veut bien, mettre fin à cette tentative.
Au fait, après la chute du régime dictatorial des Duvalier, le moment s’est révélé idéal pour rétablir l’ambiance de la deuxième moitié du 19ème siècle. Et en réalité, on a eu des tentatives de construction d'un discours et d'une idéologie politique autour de quelques partis politiques existant, mais malheureusement, ils n'ont quasiment pas abouti. Résultats : on a aujourd'hui, sur la scène politique, une pléiade de partis politiques qui sont en réalité de véritables boîtes politiques, sans discours ni idéologie et qui répondent à peine à leurs attributions. Donc, la réalité politique d'aujourd'hui nous porte à conclure que la lutte pour le pouvoir dans le pays n'est pas une lutte idéologique, mais un moyen pour accéder au pouvoir. Autrement dit, on est à une situation où les désaccords politiques ne sont plus le résultat de l'existence d'idéologies différentes, mais plutôt l'objet d'un conflit, surtout lorsqu'on n'a pas encore vu ses intérêts. Et c'est toujours la population qui en paie le prix.
Tout compte fait, cette tranche d'histoire se révèle un moment marquant dans l'histoire politique nationale. Il s'agit d'un moment où on avait atteint une certaine maturité politique, en mettant sur pied de véritable structure politique avec des programmes politiques construits à partir d'une vision politique mettant l'emphase sur le développement national. Par conséquent, face à la réalité que nous vivons aujourd'hui, ce moment de notre histoire pourrait nous être utile. Il peut nous servir de source d'inspiration pour orienter nos actions et nous canaliser vers un chemin plutôt sûr, en d'autres termes un moyen de répéter l'histoire. En réalité, ce versant de notre d'histoire n’est pas sans limites, car la présence de ces deux partis politiques n'avait pas empêché au régionalisme ainsi qu'au caudillisme de triompher. Sans aussi compter la discorde et la division qui rongeaient la politique une fois que l'un de ces deux partis politiques accède au pouvoir. En plus, ces derniers ne réunissaient pas les conditions de vrais partis politiques, si on considère leur organisation interne et leur direction polycéphale. Toutefois, cette tranche d'histoire peut nous servir de modèle au moins sur quelques points pour repenser l'organisation des partis politiques en Haïti afin de promouvoir une culture politique basée sur la primauté du discours, de l'idéologie aux dépens de l'individu, de la mise en place des programmes politiques abordant la problématique du développement national, afin d'impulser les changements nécessaires à la régénération du pays.

Bibliographie
- BERNADIN Ernst A., Histoire économique et sociale d'Haïti de 1804 à nos jours, Imprimateur, Port-au-Prince, 2006.
- REMY Zamor, Histoire d'Haïti de 1804 à 1888.

Ricardo LEBLANC
Normalien Supérieur
Professeur de Sciences Sociales

09/09/2021

Réflexion sur le départ massif des Haïtiens vers l’étranger

Les vagues de migration aujourd’hui sont très fréquentes partout à travers le monde. Pour des raisons d’ordre économique en majeure partie, beaucoup de gens laissent leur pays natal pour s’installer dans d’autres pays qui offrent des opportunités toutefois mesurables. Cette dynamique devient, pour les pays dits pauvres, une lueur d’espoir dans leur misère atroce. Pour nous autres en Haïti, elle est perçue désormais comme une issue pour les jeunes qui souhaitent un avenir meilleur ou un futur plus ou moins garanti. En observant cette situation, des interrogations nous paraissent fondamentales : comment peut-on expliquer cette vague de migration de nos compatriotes vers les terres étrangères? Ne s’agit-il pas d’un complot habilement fomenté pour forcer nos concitoyens à quitter leur territoire historiquement glorieux et symboliquement particulier ? Dans l’affirmative, quelles seraient les possibles mains cachées derrière ce coup ?

En réalité, Haïti est un pays d’émigration ; et cela remonte à l’occupation américaine, avec la migration de nos compatriotes vers les terres cubaines et dominicaines. Quelques années après, plus précisément avec la dictature des Duvalier, le pays a connu une autre vague de migration. Il s’agissait surtout de la fuite d’un groupe de cols blancs vers des territoires étrangers, dont le Québec en particulier. À coté de ces vagues de migration, il existait un nombre important de départs personnels, surtout vers les terres américaines. Mais, de nos jours, la situation dégénère, car les faits paraissent plus que jamais saillants. On assiste à une masse importante de gens laissant le pays, et ce, pour se rendre dans n’importe quel autre pays, sans rien regretter, et qui ne manifestent aucune volonté de retourner à la terre d’Haïti, disent-ils, maudite.

Pour expliquer les mobiles de cette mouvance, on peut considérer, en tout premier lieu, la répulsivité du territoire. Le pays parait, aujourd’hui, un espace quasiment invivable, bien entendu, pour les gens de la classe moyenne et du lumpenprolétariat. Tout ce qui a rapport au bien-être se révèle presque inexistant. C’est la misère, la souffrance et même la mort garantie pour la grande majorité des citoyens. Avec l’inexistence des services sociaux de base, l’absence totale de véritables politiques publiques, auxquelles s’ajoutent l’incapacité et la rapacité de la classe politique et économique, le pays s’effondre de plus en plus et le peuple meurt à petit feu. Mis à part ces faits avancés, l’exacerbation accrue de l’insécurité, en complicité avec les gens à la tête de l’État, augmente considérablement le quotient de mortalité. Donc, dans cette condition où l’on s’efforce de survivre au lieu de vivre, le territoire devient, pour les gens délaissés, un fardeau qu’il faut déposer, une prison de laquelle il faut s’évader et un enfer à fuir coûte que coûte.

En deuxième lieu, l’entente entre les dirigeants politiques magouilleurs et la bourgeoisie compradore se trouvant dans le pays, rend de plus en plus vulnérable la masse populaire. Ils s’accaparent, comme des vautours, des richesses du pays, et se comportent comme de véritables belligérants en face de tout développement réel du territoire. Dans ce schéma de domination, le peuple ne voit plus son avenir, ni son bien-être. Face à cette alliance malencontreuse contre les habitants de la terre de Dessalines, les démunis du territoire sortent catégoriquement de l’équation. Leur unique alternative devient la recherche d’un refuge sur des terres étrangères.

En effet, cette dynamique de migration n’est pas le simple fruit du hasard, encore moins la résultante d’une grande mobilité internationale par rapport à l’accessibilité facile aux moyens de circulation. Le problème va beaucoup plus loin. Alors, on s’interroge sur les potentielles mains cachées derrière cette anormalité. Pour bien dire, je n’ai pas la prétention de culpabiliser un individu ou une institution. Toutefois, on peut identifier les bénéficiaires de cette vague de migration pour parvenir à une conclusion logique.

Dans le système économique mondial, les jeunes bras constituent un atout pour les capitalistes. Les géographes parlent de dividende démographique. Car, les jeunes qui sont en âge de travailler peuvent être une richesse pour l’économie d’un territoire, s’ils ont la force physique nécessaire pour les travaux à effectuer. Il est important de signaler qu’à l’ère de la mondialisation, l’économie capitaliste se base en partie sur l’internationalisation du capital, la formation des oligopoles mondiaux et les rivalités oligopolistiques, la répartition internationale du travail, tout en conservant la maximisation des profits. À cet effet, la division internationale du travail facilite la tache aux géants capitalistes et à ceux qui se lancent dans un processus d’intégration du panthéon. Elle définit le rôle de presque chaque pays dans ce « système-monde ». Il y a des pays qui jouent le rôle de fournisseurs de matières premières pour les industries, et d’autres représentent les pourvoyeurs de mains d’œuvres pour les grandes économies capitalistes. Donc, dans cette répartition du travail, on doit se questionner sur le rôle de l’ancienne terre de liberté. L’histoire nous rapporte quelques brins d’éclaircissement. Car, selon les écrits de l’historien Georges Eddy Lucien, Haïti a déjà fait partie de cette division internationale comme pourvoyeuse de main d’œuvre vers la première moitié du 20e siècle, plus précisément avec l’occupation américaine du territoire. Les occupants, en complicité avec la bourgeoisie locale de l’époque, s’arrangent pour rendre le territoire répulsif en orientant la main d’œuvre paysanne vers les terres dominicaines et cubaines, fournisseuses, elles mêmes, de matières premières. Cette approche historique nous montre fort bien la place qu’Haïti a eue dans cette division internationale du travail. Maintenant, il faudrait savoir si les réalités du passé sont les mêmes aujourd’hui, pensant à la première république noire indépendante du monde.

Une simple analyse nous laissera voir que, pour se faire une bonne santé économique, les pays industrialisés se mettent à la recherche d’une main d’œuvre à bon marché. Nous avons une population jeune en quête partout d’une vie plus ou moins stable. En ce sens, elle se dirige vers des horizons étrangers qui constituent pour elle une sorte de refuge financier, et elle se trouve dans l’obligation de ne pas refuser les offres désagréables qui lui sont faites.

Sur le plan national, la population ne parait pas vraiment importante pour l’Etat. D’ailleurs, selon toute vraisemblance, elle constitue un obstacle pour les politiciens pillards qui espèrent partager le gâteau entre eux. En temps normal, cette jeunesse devrait être un atout pour l’Etat haïtien. Mais le comportement de ce dernier montre clairement que les jeunes sont plutôt un ennui dont il faut se débarrasser. Ils ne font pas, en réalité, partie des programmes de l’Etat qui, face à son incapacité de répondre aux différents besoins de la population, ne fait que la mettre dans une situation pour l’encourager à fuir le pays. Cette politique de chasse est même encouragée par des gens avisés qui la voient comme une alternative, par rapport à la montée démographique et l’absence de volonté réelle de l’Etat de prendre en charge les exigences de la population.
Donc, le premier Etat n***e qui a combattu avec courage et fierté pour arracher sa pleine et entière indépendance, se trouve aujourd’hui à la merci de ces anciens oppresseurs. En défiant le système colonialiste, son sort, semble t-il, était déjà décidé. Le processus d’occultation de l’apothéose de 1804 ne se limite pas seulement au niveau de l’historiographie occidentale, elle se manifeste également dans le sort réservé aux natifs de ce territoire rebelle, en les vulnérabilisant de jour en jour au point qu’ils arrivent à déprécier leur patrie. La répulsivité du territoire ne serait pas possible sans l’aide des politiciens véreux et de cette bourgeoisie antinationale qui travaillent en complicité avec les acteurs internationaux du système pour sceller le sort de l’ancienne terre des Tainos. Il faut dire aussi que la non-appartenance, le désintéressement et le manque de patriotisme des haïtiens vis-à-vis de leur pays n’est pas seulement le résultat de leurs conditions matérielles d’existence, mais aussi celui d’un travail idéologique ayant pour actrices l’École et l’Église. Elles constituent un renfort à ce « système-monde » qui veut faire de nous, par tous les moyens possibles, des va-nu-pieds au service de leurs patrons, nos oppresseurs. Alors, n’est-ce pas un affront à notre belle histoire ? N’y-aurait-il pas un moyen d’empêcher nos concitoyens de fuir le pays et d’attirer ceux qui sont ailleurs vers leur terre natale ?

Ricardo LEBLANC,
Normalien supérieur, professeur de Sciences sociales et Etudiant en Administration Publique.

Bibliographie
- Fritz D. «La crise haïtienne de développement», PUL, 2012, 151p
- Chesnais F. « La mondialisation du capital ». – Nouv.éd. actualisée, Paris : Syros, 1997, 315 p
- Eddy Lucien G. «Une modernisation manquée ». Port-au-Prince (1915-1956), vol 1, P-au-P, ed UEH, 2013, 285 p.

02/09/2021

Les tremblements de terre, un véritable casse-tête pour les Haïtiens.

De mai 1842 à nos jours, les tremblements de terre ne cessent de semer la peine dans le cœur des Haïtiens et leurs amis, en témoigne celui du 12 janvier 2010 (goudougoudou). Pourtant, les décideurs font preuve d’indifférence; aucune leçon n’est apprise, aucun plan d’action efficace n’est élaboré afin de diminuer les dégâts d’un éventuel séisme.


À maintes reprises, tremblements de terre et cyclones provoquent d’importants dégâts qui laissent de mauvais souvenirs dans la mémoire de plus d’un, en Haïti. En effet, ces catastrophes naturelles représentent des menaces constantes et imminentes pour ce territoire. Elles sont expliquées par deux faits : primo, se trouvant dans le bassin Caraïbe, Haïti se trouve automatiquement sur la trajectoire des cyclones; secundo, étant traversée par des failles actives dont les plus importantes sont les failles Enriquillo et Septentrionale, elle se voit exposer à de forts tremblements de terre. Ainsi, le pays se heurte à un malheureux déterminisme géographique le condamnant à connaître incessamment les mêmes désastres. Il est vrai que nous ne pouvons pas empêcher la manifestation de ces failles, mais je suis convaincu que nous pouvons toutefois réduire les risques de dégâts qu’ils peuvent entrainer, en prenant de sages décisions. C’est dans cette démarche que s’inscrit mon intervention.

Haïti a connu d’innombrables séismes au cours des siècles écoulés. Mais ceux qui ont le plus marqué l’histoire sont ceux survenus le samedi 07 mai 1842 et le mardi 12 janvier 2010, lesquels ont chacun causé de lourds dégâts faisant d’eux des évènements et expériences inoubliables. Dans l’intervalle de 168 ans (1842 à 2010) sans avoir connu un tremblement de terre d’une telle ampleur, il nous parait facile de ne pas penser à tous les risques auxquels s’expose l’ancienne Perle des Antilles, ce qui entraine une forte négligence de l’Etat et de la population concernant les bâtis, les modèles d’aménagements et d’entretien des espaces pendant ces longues annees. Il a fallu attendre l’évènement du 12 janvier 2010 pour nous rappeler brutalement notre vulnérabilité. Nous nous souvenons toujours des peines causées par la catastrophe, mais nous nous montrons amnésiques et indifférents quant aux mises en place de structures adéquates pour diminuer les dégâts d’un éventuel cataclysme du même genre.

L’expérience du 14 août 2021 montre clairement que nous n’avons tiré aucune leçon de nos précédents malheurs. Aussi cruelles que celles précitées, les vibrations du récent séisme nous attristent, nous font verser nos larmes de sang et nous mettent pour une énième fois face à la réalité de notre territoire. Destruction des infrastructures, les grandes pertes en vies humaines, beaucoup de personnes handicapées, entre autres, en sont les conséquences ; car dans les mêmes conditions, les mêmes causes produisent les mêmes effets.
Et maintenant, quelle est la meilleure option? Rester les bras croisés pour continuer à subir le même sort ? Pleurer la faveur et la miséricorde de Dieu pour nous épargner des catastrophes naturelles ou agir efficacement sur les vulnérabilités afin de réduire les risques ?

En effet, une équation scientifique nous donne une idée claire concernant les risques. Ils sont le résultat de la somme des aléas et des vulnérabilités. Pour les risques sismiques en Haïti, les aléas se trouvent au niveau des failles (principales et secondaires). Il faut signaler que la faille Enriquillo traverse une bonne partie du territoire avec des zones rouges précises. La vulnérabilité, de son côté, est représentée par les infrastructures et les vies exposées. Donc, la manifestation de ces failles, laquelle est dûe au mouvement constant entre les plaques tectoniques Caraïbe et Amérique du Nord, est de fait, une menace pour le territoire.
Pour ainsi dire, les aléas ne sont pas de notre faute par contre la vulnérabilité est entièrement de notre ressort. Face aux menaces, il est donc nécessaire d’agir sur la vulnérabilité en la réduisant au fur et à mesure par la mise en place d’un processus d’occupation raisonnée du sol avec des constructions appropriées aux risques sismiques, car les constructions anarchiques et archaïques ne font qu’empirer les dégâts. Il s’agit, dans ce cas, d’un travail effectué en amont. Parallèlement, les instances concernées doivent constamment informer la population sur les comportements à tenir pendant les secousses. Le ministère de l’Education nationale, par exemple, doit intégrer, dans les écoles, des cours avec des simulations sur les catastrophes naturelles et adapter les cours de géographie et de géologie d’Haïti dispensés en salle de classe à la réalité géomorphologique du sol. Il est aussi important de mettre en œuvre un système d’intervention efficace pour venir en aide aux éventuelles victimes immédiatement après les secousses. Ce faisant, nous pourrons limiter les dégâts, surtout ceux en perte de vies humaines.

Ricardo LEBLANC,
Normalien supérieur, professeur de Sciences sociales et Etudiant en Administration Publique.

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