23/02/2023
Alors qu’il animait un panel ce mardi 20 février au symposium sur le constitutionnalisme, Pr Bano Barry, ancien ministre et sociologue a fait une panoplie de propositions pour permettre à la Guinée d’avoir un système politique fort et qui dure dans le temps.
Selon Pr Alpha Amadou Bano Barry, le CNRD aurait dû dissoudre en même temps les partis politiques que le gouvernement et autres institutions de la République, dès sa prise du pouvoir le 5 septembre.
« Pour adapter la Constitution à la réalité sociologique guinéenne, il y a 4 choses à faire : (i) il faut proposer un système politique qui réduit le nombre de parti politiques sans susciter de conflit inutile ; (ii) proposer un système politique qui réduit la toute puissante des fondations des partis politiques en libérant le droit d’éligibilité des guinéens ; (iii) proposer un système politique qui empêche l’instrumentalisation ethnique et (iv) proposer un système politique qui équilibre les trois pouvoirs sans créer un blocage institutionnel. Comment arriver à ces 4 points ? Si le 05 septembre, au moment où on a dissout le gouvernement, l’assemblée nationale, il aurait été très simple de dissoudre les partis politiques, la société civile et les syndicats. On ne l’a pas fait, aujourd’hui ce n’est plus possible de le faire. Ce qui est possible de faire, il existe dans la littérature notamment un chercheur du nom de Jean Lafonde qui a publié un ouvrage intitulé ‘’Bipartisme du droit et bipartisme de fait’’ qui explique qu’il y a deux procédés pour réduire le nombre de partis politiques dans un pays. Il y a ce qu’on appelle la méthode indirecte et celle direct. La méthode directe c’est le fait d’établir par la Loi, le nombre de partis politiques autorisés à présenter des candidats aux élections ou encore de définir le nombre de parti autorisés à envoyer des représentants au parlement. Il est aussi possible (d’ailleurs les USA utilisent cette formule en disant la loi peut chercher à agir directement sur le nombre de partis en interdisant la non-représentation de partis, n’ayant pas obtenu le maximum de voix ou le plus minimum légal est élevé, plus grand est la pression sur les partis politiques à ce regrouper). De façon indirecte, on peut obtenir la réduction des partis politiques en changeant de système électoral. On sait que le scrutin majoritaire contribue fortement à la bipolarisation du système électoral, pour avoir cela, on prévoit d’autres dispositions qui permettent en réalité d’avoir une réduction du nombre de parti. Le Ghana est l’exemple où il n’y a que deux partis sur les seize qui réussissent à arriver au pouvoir parce que, le système est un système uninominal. Si on veut faire ça, il faudra changer tout le système électoral guinéen, supprimer la proportionnelle, procéder au découpage territorial et permettre à tout le monde d’être candidat », a-t-il dit à l’entame.
Poursuivant, cet éminent sociologue dit ne pas être étonné que l’ethnocentrisme prenne de l’ampleur au moment des sélectionner. Pour limiter cela, il faut ouvrir la voie aux candidatures indépendantes lors des élections majeures.
« Si aujourd’hui, les gens ne sont pas obligés d’être dans un parti pour devenir député ou président, je peux vous garantir que les partis politiques vont se vider comme quelqu’un qui est malade. Sur la question ethnique, je voudrais insister là-dessus ; les guinéens ne sont pas plus ethnos que les autres de la sous-région. La question ethnique en Guinée est éminemment très politique et c’est lier au système politique, le président de la République est trop puissant et il nomme tout le monde, les gens préfèrent avoir un président sur lequel on a un contrôle sur les accès aux marchés publics, qui crée la situation de conflit ethnique. Quand quelqu’un a envie d’avoir un poste c’est très simple, il utilise son patronyme ses relations. Si nous voulons changer, il faut qu’on passe au système politique du Nigeria et des USA avec un ticket d’une combinaison mathématique avec des candidats superficiels et secondaires en ayant la possibilité de supprimer le poste de premier ministre. Si on le fait, on peut résoudre le problème », a-t-il laissé entendre.
Par ailleurs, Pr Bano a suggéré que le mandat du président de la République passe de 5 à 7 ans, non renouvelable.
« Ce que je veux vous demander, en considérant que le régime politique guinéen a toujours été marqué par une forte primauté du président de la République sur les autres pouvoirs et institutions, constatant l’instrumentalisation régionaliste et ethnique lors des élections présidentielles, soucieux de doter le pays d’un système politique qui corrige les erreurs du passé proposant un régime présidentiel avec des tickets sans premier ministre, suggérant que le mandat présidentiel soit de 7 ans non renouvelable, proposant qu’il soit prévu que le vice-président achève le mandat du président, insistant pour que le nombre de ministres dans un gouvernement et cabinet ministériel soit déterminé par la loi organique, plaidant pour que les futurs ministres et ambassadeurs soient auditionnés par des députés, exigeant la possibilité de candidature indépendantes à toutes les élections présidentielles législatives et locales. Demandant la suppression de la liste nationale à la proportionnelle lors des élections législatives, demandant la réforme totale du code électoral pour l’adapter au code électoral majoritaire, suggérant que 5% du budget national soit consacré financement des partis politiques », a-t-il conclu.