demain, le Caucase

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Projet collaboratif francophone, accueillant des contributions variées (billets, analyses, tribunes, photographies, poesies, nouvelles, vidéos…) qui ont en commun de raconter le Caucase d'aujourd'hui et rêver le Caucase pacifié de demain.

26/06/2024

PARTIE DE FOOT DU BOUT DU MONDE [demain, le Caucase #2 / décembre 2022 / texte et vidéo Mery Assatiani]

L’année prochaine il y aura une route asphaltée pour accéder au village perché sur la montagne de Gomi, dans la région de la Gourie, en Géorgie occidentale. En attendant, les travaux vont bon train et la piste, malmenée par ces opérations et rendue à l’état boueux, s’apparente à une route de l’extrême. Lorsque nous arrivons à destination après une heure trente de frayeurs avec le sentiment de renaître à la vie parce qu’on vient d’échapper à la mort, on s’attend à ce que des perspectives à couper le souffle rétribuent notre effort. En fait d’horizon, une chape d’épais brouillard, si uniforme qu’elle nous empêche de nous orienter. Nous ne verrons rien du panorama. Seuls des maisonnettes en bois sur pilotis, qui accueillent les estivaliers et à l’abri desquelles s’organise un séjour sans eau et sans électricité, donnent une identité visuelle à la station. Des plantes que l’humidité a fait pousser généreusement et quelques bovidés complètent ce tableau à l’opacité turnerienne.

Nous nous contentons de déambuler à l’aveugle, laissant les gouttelettes en suspension s’additionner en revêtement froid sur nos contours, quand un paysage inattendu se révèle soudainement à nos sens. Un paysage sonore d’abord, si incongru qu’on croit un instant mal l’interpréter : des éclats de voix accompagnés d’échos de ce qui fait songer à des coups portés sur le cuir d’un ballon. Tandis que nous nous approchons de la zone d’où provient le chahut, nous avisons des corps en mouvement qui fendent par instants la masse humide à la suite d’une b***e avant de disparaître à nouveau dans ses profondeurs invisibles : il s’agit de la partie de foot la plus surréaliste qui soit, jouée (à l’oreille supposons-nous) par de jeunes garçons au langage fleuri et à l’accent gourien prononcé. Il ne nous vient plus l’idée de regretter les perspectives montagneuses englouties dans la mer de brume, la poésie éphémère de cette scène vaut bien toutes les féeries naturelles qui ont fait la réputation de ce site. Depuis notre bulle de clarté, nous n’avons rien vu non plus des touristes et de la surconstruction qui gâte, dit-on, le charme du lieu. Réduit à un petit périmètre de netteté, ce monde étroit, purgé de ses impuretés mais pas de sa vitalité, a l’universalité réconfortante d’une vision mythologique. Celle-ci offre un contrepoint savoureux à la version dévoyée par la publicité, l’argent et la surexposition que portent les illustres représentants du sport le plus démocratique et populaire de la planète : dans des stades chauffés par un éclairage surpuissant, ces multimillionnaires, qui doivent leur fortune autant à leur coup de pied qu’à leur fonction d’homme-sandwich, se disputent un ballon et de gros salaires sous le contrôle de millions de paires d’yeux. Ces enfants noyés dans le brouillard qui tapent furtivement la b***e sur leur montagne font surgir les images romantiques de cette internationale footballistique alternative qui unit d’un fil invisible ceux qui s’adonnent à ce sport avec la simplicité et l’authenticité que confèrent les pratiques confidentielles et désintéressées, tout en rêvant sans doute secrètement – écornons déjà le mythe naissant ! –, de prendre la place de ceux qui s’ébrouent dans la lumière.

Tbilissi 14.05.24. Les premiers manifestants se rassemblent après l'adoption largement contestée de la loi sur l'influen...
14/05/2024

Tbilissi 14.05.24. Les premiers manifestants se rassemblent après l'adoption largement contestée de la loi sur l'influence l’étrangère, dite ‘loi russe’.

Publication de notre article 'Poutine, dernier tsar du ruscisme ?' dans la presse géorgienne. Merci à la traductrice Nan...
01/04/2023

Publication de notre article 'Poutine, dernier tsar du ruscisme ?' dans la presse géorgienne. Merci à la traductrice Nana Guntsadze.

„ჩვენ არ გაგვაჩნია იმპერიის გაძლიერებაზე გასაფლანგიძალები! ის არც გვჭირდება, სჯობს ეს ტვირთი ჩამოვიბერტყოთმხრ....

Son caucasien  #1 DEENA (Géorgie)
15/02/2023

Son caucasien #1 DEENA (Géorgie)

ტრეკი დინას ალბომიდან დინას ალბომიდან “LOW LOVE”ალბომი სხვა პლაფორმებზე: https://hypeddit.com/0qk9mdVOCALS: ELENE GIGANI A.K.A DEENA, TENGO MJAVIA A.K.A 10G$...

Le dernier numéro de demain, le Caucase vient de paraître !A lire ou télécharger ici : https://demainlecaucase.files.wor...
30/12/2022

Le dernier numéro de demain, le Caucase vient de paraître !

A lire ou télécharger ici :

https://demainlecaucase.files.wordpress.com/2022/12/dlc2-decembre-2022-compresse-150ppi.pdf

En attendant la sortie (très prochaine) du nouveau numéro de demain, le Caucase – le pilote d’une web-série conçue par d...
29/12/2022

En attendant la sortie (très prochaine) du nouveau numéro de demain, le Caucase – le pilote d’une web-série conçue par des activistes et scénaristes sud-caucasiens et allemands qui fait cohabiter dans un appartement berlinois un Arménien 🇦🇲, un Azéri 🇦🇿 et un Géorgien 🇬🇪 !

An Armenian, an Azerbaijani and a Georgian share a flat in Berlin - what's next?❗️Please check the settings for subtitles in Armenian, Azerbaijani, Georgian,...

A Tserakvi, dans un village géorgien situé à quelques dizaines de kilomètres des frontières arménienne et azérie, les Ca...
17/08/2022

A Tserakvi, dans un village géorgien situé à quelques dizaines de kilomètres des frontières arménienne et azérie, les Caucasiens du sud s’unissent chaque été le temps d’un festival. Les musiciens joueront cette année pour soutenir l’Ukraine, des artistes ukrainiens seront présents et un fonds de soutien sera créé.

One Caucasus Festival 25-28 août / entrée libre / avec Tamada (Géorgie), Dihaj (Azerbaïdjan), Nemra (Arménie), Chveneburebi (Géorgie), Reggeon (Géorgie), Huntertones (USA), Vołosi (Pologne) …

https://www.facebook.com/OneCaucasus

Tbilissi 26.02.22 (Photo demain, le Caucase)
26/02/2022

Tbilissi 26.02.22

(Photo demain, le Caucase)

24/02/2022

Tbilissi 24.02.22 Des milliers de géorgiens descendent dans la rue manifester leur soutien à l'Ukraine

❗️🗞 Le premier numéro de la r***e Demain, le Caucase vient de paraître!  📩 Si vous souhaitez le recevoir par mail (c’est...
21/03/2021

❗️🗞 Le premier numéro de la r***e Demain, le Caucase vient de paraître!

📩 Si vous souhaitez le recevoir par mail (c’est gratuit!), il suffit de nous laisser votre adresse en MP ou en écrivant à [email protected]

17/03/2021

[ Mémoires d'exil ] REPARER LES MORTS

par M.Zourabichvili

J’ai lu quelque part que c’était un 17 mars.
L’un de mes grands-pères était âgé de quatorze ans, l’autre n’avait pas encore trois ans.
L’Armée Rouge avait pris possession de Tbilissi. Ils durent quitter dans la précipitation la Géorgie qui les avait vu naître.

Levan suivit ses parents qui l’emmenèrent sur la longue route de l’exil politique, d’abord en Turquie, puis en France.

Gaïoz mit ses petits pas dans ceux de sa mère et s’en fut retrouver son père en Belgique – où grâce à l’obtention d’une bourse celui-ci était allé étudier – avant qu’il ne soit trop t**d et que les circonstances politiques ne les en empêchent définitivement.

Levan refusa obstinément de se faire naturaliser français, et consacra l’essentiel de son existence au combat pour l’indépendance, tout en œuvrant, localement, à souder la communauté des Géorgiens de France.

Gaïoz, après avoir été fait prisonnier de guerre par les Allemands, s’enrôla, dès sa libération, dans la Légion Géorgienne. Il était jeune et animé du fol espoir qu’avec l’appui militaire allemand ils pourraient libérer la Géorgie du joug soviétique.

Ils épousèrent tous deux des géorgiennes nées en exil, issues d’une génération de l’après, celle qui symbolisait la renaissance et annonçait dans le même temps un deuil inévitable.
Zeïnab et Niniko feraient ensemble, l’une v***e, l’autre qui le serait bientôt, leur premier voyage dans le pays de leurs parents.

Ni Levan, ni Gaïoz ne revirent leur Géorgie natale.

Génération de l’entre-deux – celle née en Géorgie mais arrivée jeune dans son pays d’accueil – il leur revint la tâche difficile de composer en première ligne avec un lourd héritage, celui du traumatisme de l’exil.

Tenter de se défaire de la culpabilité qu’éprouvaient leurs parents d’avoir laissé les leurs aux prises avec l’ennemi.

Tenter de contrebalancer le déracinement par l’adaptation et l’intégration.

Tenter de faire avec les données de la réalité pour que leur existence ne soit pas, comme pour la génération précédente, une existence en suspens, une existence empêchée par l’attente sans cesse déçue, éternellement reconduite, du retour au pays.

Ils perpétuèrent cependant l’essentiel : la romanesque Matière de Géorgie – un folklore et des souvenirs magnifiés par le manque, la distance et l’idéalisation, qui en faisaient une terre mythique, un paradis terrestre. N’est-ce pas ainsi en effet qu’il convient de nommer le lieu où se trouvent les paysages de l’enfance et les êtres auxquels on tient le plus ?
Non seulement c’était leur paradis mais ils convainquirent tous ceux qui voulaient bien se laisser convaincre, à commencer par leurs propres enfants, que c’était aussi le leur.

La transmission s’est si bien faite qu’aujourd’hui j’occupe un petit bout du paradis perdu de mes aïeux, avec mon mari géorgien, avec ma fille née ici, habitée par la croyance rassérénante que cela contribue à réparer et consoler les âmes blessées de mes ancêtres.

Un siècle a passé, une boucle est bouclée.

Ils n’avaient pas menti.
C’est un paradis.
Un paradis dont la palette de couleurs est toutefois plus large et contrastée que dans leurs souvenirs sublimés, un paradis qui me contrarie parfois et qui m’émerveille souvent, un paradis auquel j’appartiens au moins autant que j’y demeure une étrangère, un paradis toujours menacé mais invariablement épargné par le Dieu protecteur qui veille sur lui et dispense ses miracles lorsque les périls auxquels l’exposent ses différents voisins sont trop grands.
Pour des siècles et des siècles, des cycles et des cycles, d’une branche à l’autre d’un arbre qui s’enracine à chaque génération un peu plus dans la sérénité de cet ancrage retrouvé.

Tbilissi, le 17 mars 2021

Au matin du 25 février 2021, sur les hauteurs tranquilles de Kojori.Il y a 100 ans, le même froid, la même neige, cepend...
25/02/2021

Au matin du 25 février 2021, sur les hauteurs tranquilles de Kojori.
Il y a 100 ans, le même froid, la même neige, cependant il faut imaginer ce paysage piétiné et rougi par le sang des Cadets de l’armée géorgienne, tombés pour défendre Tbilissi contre l’armée d’invasion soviétique. Reste un Mémorial défraîchi et la quiétude de la paix retrouvée. Une paix relative, si l’on songe aux territoires occupés, une paix fragile si l’on pense aux menaces qui pèsent encore sur la Géorgie, une paix tout de même à défaut d’une paix totale.

(Photos MER110/demain, le Caucase)

[ Point de vue ] CENTENAIRE DE L’INVASION SOVIETIQUE DE LA GEORGIE : COMMEMORER OU REMBOBINER?par Mery Assatiani
Contrai...
23/02/2021

[ Point de vue ] CENTENAIRE DE L’INVASION SOVIETIQUE DE LA GEORGIE : COMMEMORER OU REMBOBINER?

par Mery Assatiani

Contrairement à ce que le gouvernement aimerait laisser croire, ce ne sont pas des partisans de l’opposition qui se rassemblent aujourd’hui dans les rues de Tbilissi, mais des défenseurs de l’indépendance et de la souveraineté géorgiennes, menacées par la régression démocratique qui frappe le pays depuis des mois et dont le dernier épisode en date s’est déroulé ce matin, avec l’assaut du siège du principal parti d’opposition et l’arrestation de son leader, au mépris des appels à la tempérance et des condamnations des partenaires diplomatiques étrangers.

Alors qu’on commémore le centenaire de l’invasion de la Géorgie par les forces soviétiques, le message politique envoyé par les autorités est d’une grande violence symbolique et suscite d’immenses inquiétudes.

La répression politique, le refus de prendre en compte les protestations et les revendications des adversaires politiques comme celles de la rue, les fraudes électorales, les attaques croissantes à l’endroit des médias d’opposition, le déni de la sombre réalité sociale, la corruption des élites, ainsi que les graves arrangements avec l’occupant, incitent – a fortiori dans en cette période où est ravivée la mémoire traumatique de 1921 – à qualifier le glissement opéré de resoviétisation.

Le mouvement progressif de sortie de la sphère d’influence russe amorcé depuis 1991 semble brutalement et dangereusement s’inverser. Car comment accorder du crédit à l’authenticité des engagements euro-atlantiques du pouvoir en place quand celui-ci fait tout pour entraîner, par sa politique de sape, l’auto-disqualification de la Géorgie des processus d’intégration ?

Afin de rétablir la confiance dans les institutions politiques et assurer la représentativité du peuple géorgien que les récentes défections de représentants influents de la majorité et un parlement à parti quasi-unique ne garantissent plus, la tenue de nouvelles élections législatives s’impose comme un premier pas vers une sortie de crise.

Une chose est sûre, si le gouvernement largue résolument les amarres et en vient à hisser le pavillon russe, les citoyens géorgiens, enracinés à leur territoire, ne lâcheront rien.

[ R***e de presse ] IL Y A 100 ANS, LA RUSSIE SOVIETIQUE ENVAHISSAIT LA GEORGIE / Civil.ge 12.02.2021Entretien avec Beka...
22/02/2021

[ R***e de presse ] IL Y A 100 ANS, LA RUSSIE SOVIETIQUE ENVAHISSAIT LA GEORGIE / Civil.ge 12.02.2021

Entretien avec Beka Kobakhidze, docteur en science politique

L’universitaire géorgien, Beka Kobakhidze, évoque dans cette interview, la série de défections occidentales qui aura contribué à rendre possible, en février 1921, l’invasion soviétique de la Géorgie.
En 1920, le désengagement britannique lorsque l’Armée Rouge gagnait du terrain dans le Caucase en envahissant l’Azerbaïdjan, le vote contre l’adhésion de l’Arménie et de la Géorgie à la Société des Nations, ou la négociation par le Royaume-Uni d’un accord de libre-échange avec la Russie, illustrent le manque déterminant d’élaboration stratégique et de soutien militaire des Occidentaux.

B. Kobakhidze insiste sur les parallélismes historiques que l’on peut établir entre 1920-21 et 2020-21 :

« Encore une fois, les rivaux géopolitiques traditionnels sont poussés à faire alliance et ont de nouveau collaboré dans la récente guerre au Haut-Karabagh. Comme à l'époque, la Russie et la Turquie tentent d'affaiblir la présence occidentale dans la région. Leurs politiques sont soutenues par des dissensions non résolues entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan. »

La même alliance russo-turque pour le contrôle du Caucase donc, et la même « résistance timide » de l’ouest qui se contente, regrette l’universitaire, de déclarations ou de « vagues promesses » (comme celle de l’adhésion de la Géorgie à l’OTAN qui aurait motivé l’invasion russe de 2008), quand il faudrait des actions :

« Comme en 1921, l'Occident trouve plus facile de fournir à la Géorgie un soutien rhétorique, juridique ou d’autres formes de soutien qui ont en commun de ne pas être militaires et de n’impliquer aucun engagement. Les Occidentaux se donnent ainsi bonne conscience, et la Géorgie, en tant que petit État, est tentée de recevoir ces signes d’attention avec enthousiasme et de s’enorgueillir de ces réussites. En réalité, un tel comportement hâte les décisions agressives de la Russie et place la Géorgie dans une position dangereuse. L'Occident et la Géorgie devraient savoir que les actes, les engagements concrets doivent passer en premier et que les belles déclarations et les paroles flatteuses sont secondaires. »

Mentionnons cependant le soutien stratégique apporté à la Géorgie par deux européens : le ministre des affaires étrangères britannique Lord Curzon et le premier ministre français Aristide Briand, qui, malheureusement, soit par manque de poids politique pour le premier face à Churchill, soit faute de temps (A.Briand est arrivé au pouvoir en janvier 1921), n’ont pas été en capacité d’empêcher l’invasion soviétique du pays.
Quant à l’Allemagne, d'après B.Kobakhidze elle constitua, en 1918, un bon contre-exemple à l’attentisme occidental : elle œuvra à sécuriser diplomatiquement et militairement l’indépendance de la Géorgie – avant même d’officialiser sa reconnaissance –, et jeta les bases d’un projet de protectorat, que la défaite de l’Empire Allemand à l’issue de la Première Guerre ne permit pas de concrétiser.

Source Civil.ge (anglais) https://civil.ge/archives/397042?fbclid=IwAR0RW4Qm2azPJtlGUDhzY0dami5Yayovgh9A8reayUORX7HPbt1g8rg3eRc

Q: We are having this conversation on 11 February. Exactly 100 years ago the detachments of Soviet Russia’s 11th Army started their military intervention, which led to the fall of Tbilisi on …

[ Point de vue ] NOMMER LE MAL : la collaboration de velours des autorités géorgiennes avec l’occupant par Mery Assatian...
03/02/2021

[ Point de vue ] NOMMER LE MAL : la collaboration de velours des autorités géorgiennes avec l’occupant

par Mery Assatiani

La Cour Européenne des Droits de L’homme (CEDH) a condamné la Fédération de Russie, dans un arrêt rendu le 21 janvier, pour une série d’atteintes aux droits humains dont elle s’est rendue coupable sur le sol géorgien, dans le sillage du conflit de 2008.

La Grande Chambre et ses 17 juges ont donné raison à la plupart des accusations portées par la Géorgie depuis 12 ans et reconnu l’occupation ou « contrôle effectif » exercé par la Russie sur les régions géorgiennes de l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud/Région de Tskhinvali, ainsi qu’un ensemble de violations commises sur les civils géorgiens attestant d’une politique de nettoyage ethnique (meurtres, pillages et destructions des habitations, empêchement du retour des déplacés, détentions arbitraires et traitements inhumains). L’arrêt a également condamné les manquements de la Russie à son obligation de coopérer avec la Cour et d’enquêter sur les évènements concernés.

UNE DECISION DE JUSTICE HISTORIQUE MAIS LACUNAIRE

Les nombreux motifs de contentement ne doivent pas, cependant, masquer le fait que tous les espoirs de justice nourris par la partie géorgienne n’ont pas été satisfaits. La Cour Européenne n’a pas pris en compte les violations des droits humains perpétrées par la Russie entre le 8 et le 12 août, soit pendant la phase active du conflit, estimant qu’elles ne relevaient pas de la juridiction de la Russie. Il n’est pas permis, a justifié la Cour, en raison du « contexte de chaos » généré par la confrontation militaire, d’établir que la Russie contrôlait la totalité des territoires séparatistes.

Ces arguments, invoqués pour fonder l’irrecevabilité de cette requête, sont contestables, car il est acquis que la Fédération de Russie exerçait une mainmise sur les régions séparatistes, nommant leurs responsables politiques, finançant et téléguidant leurs activités ; quant aux preuves de ses bombardements indiscriminés sur l’ensemble du territoire géorgien et des crimes de son armée durant les cinq jours du conflit, elles ne manquent pas.
La Cour fait donc montre d’une réserve décevante sur ce point précis, qui, notons-le, à 11 voix contre 6 n’a pas fait l’objet d’un consensus parmi les juges, contrairement au caractère quasi-unanime des autres votes.

LA NEGATION D'UN CONTINUUM STRATEGIQUE

A Tbilissi, lorsque l’arrêt de la Cour Européenne a été rendu public, les autorités géorgiennes ont célébré « une victoire historique ». Suivant toute logique, elles ont ainsi préféré, comme le font les communicants avisés, mettre en valeur ‘le positif’ et mettre sous le tapis ce qui l’était moins. Il est permis toutefois de faire l’hypothèse, que les conclusions de la Cour, aient, au contraire, donné entière satisfaction au pouvoir en place.

Il faut songer qu’en instaurant une distinction pénale entre les différentes phases du conflit, cette décision de justice ouvre la voie par ricochet à l’accréditation d’un récit porté par Bidzina Ivanishvili – le fondateur du parti majoritaire – et par ceux qui gravitent dans sa sphère politique, un récit – porté pareillement par Vladimir Poutine – qui voudrait que ce soit la Géorgie qui ait initié, sous l’impulsion de son président Mikheil Saakashvili, la guerre de 2008.
Cette doctrine énoncée comme un réquisitoire, provenant, cas peu commun, des dirigeants mêmes de la nation incriminée, nuit à la reconnaissance, pourtant primordiale, du continuum qui fait de la Russie, non seulement la force motrice de cette guerre-éclair, mais aussi son instigatrice, au fil de mois, d’années et de décennies de provocations, de transgressions et de planification stratégique visant à rétablir son hégémonie sur une région qu’elle considère comme sa chasse-gardée.

A son tour, l’arrêt de la Cour des Droits de l’Homme a indirectement mis à mal la reconnaissance de ce continuum en considérant que la Russie n’était pas comptable de ses interventions sur le territoire géorgien avant la signature du cessez-le-feu, étanchéifiant les différentes phases du conflit comme autant de logiques dissociées.
Enfin, si comme l’a déclaré la Cour, la Russie n’est pas légalement responsable de ce qui s’est déroulé sur le théâtre de ses opérations : qui l’est ? C’est vers la Géorgie et son Président de l’époque que convergent alors machinalement les regards.

UNE CULTURE DE RESISTANCE EN DANGER

Bidzina Ivanishvili et les siens voudraient faire accroire qu’en août 2008, Mikheil Saakashvili ne représentait, à la façon d’un criminel de guerre, que lui-même. La stratégie est ingénieuse, et a été éprouvée avec succès il y a 30 ans dans une Géorgie qui venait de recouvrir son indépendance, pour faire tomber le Président Zviad Gamsakhourdia : on dissocie l’individu de sa haute fonction, l’homme de la nation et de ses intérêts, mais à travers lui bien-sûr c’est la nation qu’on vise, sa souveraineté, son indépendance.

En faisant porter à M.Saakashvili la responsabilité du conflit, on dénie, d’une part, le statut de victime conféré internationalement à la Géorgie, la transformant habilement en pays agresseur, et d’autre part on introduit dans les représentations des citoyens et des futurs décideurs politiques, une nouvelle norme comportementale selon laquelle, face aux violations quasi-quotidiennes commises par l’armée russe d’occupation, face à la menace d’une annexion, il conviendrait d’être l’inverse d’un Saakashvili, c’est-à-dire accueillir dans la plus grande passivité, en donnant des gages de soumission, la politique impérialiste du grand voisin. C’est peu ou prou ce à quoi l’oligarque Ivanishvili et ses gouvernements successifs se sont employés ces huit dernières années, tandis que le peuple géorgien, exception faite de quelques îlots de contestation, était gagné par une curieuse léthargie.

Lorsqu’on songe à ces enjeux, on voit qu’il serait dommageable de passer sous silence ou minimiser les implications de la décision de justice par laquelle la Cour Européenne s’est défaussée de ses prérogatives en refusant de se prononcer sur les agissements de l’armée russe lorsque culminaient les hostilités. Rien ne l’empêchait – pas le droit semble-t-il, si l'on se réfère à l’existence d’une jurisprudence – de conclure à un exercice extraterritorial de sa juridiction par la Russie et de lui demander de répondre de ses agissements pendant la guerre.
En l’absence de possibilité de faire appel de cet arrêt, il revient aux Géorgiens d’exercer une grande vigilance à l’égard des tentatives de réécriture de leur histoire récente qui contribuent à émousser l’esprit de résistance auquel leur patrie doit leur survie.

Avec l’annonce, en janvier, du départ de Bidzina Ivanishvili de la vie politique géorgienne, disparaît le visage officiel de cette politique de grande tolérance avec l’ennemi. Désormais il sera moins aisé de designer le mal personnifié en la figure du milliardaire, dont les liens troubles avec la Russie, où il a bâti son empire, venaient éclairer l’ambivalence de certains de ses partis pris. Or peut-être faut-il y voir une chance, car au lieu de se contenter de montrer du doigt l’incarnation du problème, les Géorgiens seront désormais amenés à le nommer.
Il ne faudrait pas que le tour de passe-passe qui orchestre la sortie du leader de la majorité illusionne la société civile sur un changement de cap, et ne la dissuade de circonscrire, de dénoncer et de s’élever contre, nommons-la donc, la collaboration de velours ou la soft-collaboration entretenue avec l’occupant. La vaporisation de son porte-étendard n’y changera malheureusement rien : à pas feutrés, la gouvernance actuelle, main dans la main avec l’extrême droite et avec la haute hiérarchie de l’Eglise Orthodoxe Géorgienne, continue de jouer à la politique des phrases qui dénoncent et des actes qui consolident, à celle des petites critiques de façade et des grandes compromissions à peine maquillées qui assoient chaque jour un peu plus le contrôle territorial, mais également l’emprise économique et idéologique de la Russie de Poutine sur la Géorgie.

02/02/2021
[ R***e de Presse ] L'ARMENIE PAIE CHEREMENT SA FIDELITE DE LONGUE DATE A LA RUSSIE / Novaya Gazeta 18.12.20Dans une réc...
29/12/2020

[ R***e de Presse ] L'ARMENIE PAIE CHEREMENT SA FIDELITE DE LONGUE DATE A LA RUSSIE / Novaya Gazeta 18.12.20

Dans une récente publication, le journal Novaya Gazeta relate la façon dont la Russie, sous le prétexte d’apporter à l’Arménie de l’aide financière et en lui faisant miroiter un soutien sur la question du Haut-Karabakh, a consolidé son emprise économique et politique sur la République sud caucasienne.

La Russie a commencé par générer l’endettement d’une Arménie fraîchement indépendante en lui offrant de l’électricité à crédit, à des taux d’intérêt très élevés, puis en négociant le rachat des principales entreprises du pays contre une réduction de la dette.
Au début des années 2000, la Russie et ses entreprises d’Etat prirent ainsi progressivement le contrôle des usines, des instituts de recherche, de l’énergie, du réseau ferré, de l’or, des exploitations minières, en somme de toute entreprise rapportant quelques revenus à l’Etat arménien.

Tandis qu’elle faisait payer à l’Arménie au prix fort ses 100 millions de dettes, la Russie effaçait avec largesse les dizaines de milliards de dettes contractées par le Vietnam, l’Ethiopie, ainsi que celle d'une demi-douzaine de pays tout aussi éloignés de l’espace ‘de fraternité’ post-soviétique.

En prenant possession de 100% de l’infrastructure gazière de l’Arménie, la Russie profita dès 2013 de son monopole pour faire flamber les prix - efficace moyen de pression pour contrecarrer les velléités arméniennes de rapprochement avec l’Europe.

Autant de lourds sacrifices et humiliations endurés par l’Arménie dans l'espoir de recevoir le soutien politique et militaire de la Russie sur la question du Haut-Karabakh, espoir que les récents développements ont définitivement douchés.

Союзники с большой дороги (article original en langue russe) https://novayagazeta.ru/articles/2020/12/18/88427-starshiy-brat-s-bolshoy-dorogi?fbclid=IwAR16oqHlcLcZHq4hxeGG63VDTmMbGU4dUCTS5EcF8amtwmG0AAr-dZ0KBag

How long-term loyalty to Russia cost Armenia dearly (traduction anglaise) https://jam-news.net/russia-armenia-allies-eurasian-union-economy-karabakh/?fbclid=IwAR3Nt4oYsqyyawAAQqC3EbZ8nij5df9OdIQcvBvpSgrBtFtqrt-3Co-hQ6

Debts, energy, infrastructure, property - what did Yerevan pay with Moscow for support, which at the crucial moment did not wait

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