03/06/2022
Sections SNJ La Provence et Corse Matin, STC Corse Presse: Compte-rendu du CSE extraordinaire tenu hier pour les six CSE du groupe La Provence
La vente le 7 juin ou le redressement : il y a urgence !
Un CSE extraordinaire a été convoqué cet après-midi par Jean-Christophe Serfati et Me Frédéric Avazeri, en présence de l'ensemble des élus des six CSE du groupe La Provence-Corse Matin. A l'ordre du jour : « Information sur la procédure de cession et sur les conséquences à prévoir dans le cas où le juge-commissaire du tribunal de commerce de Bobigny n'arrêtait pas à bref délai la cession au profit de la CMA-CGM à la suite de son audience du 7 juin ». En sa qualité de mandataire, Me Avazeri a alerté les représentants du personnels sur la situation financière de notre groupe, très inquiétante à court terme : « L'intégralité des 2 PGE (15 millions d'euros) a été consommée en 18 mois. Nous entamons la trésorerie générée par la vente des murs ». Évoquant des « pertes abyssales » et une réserve en trésorerie qui ne pourra pas dépasser la fin de l'année, le mandataire en a conclu : « Si la cession n'est pas ordonnée dans les jours qui viennent, ses dirigeants seront dans l'obligation de demander une procédure de sauvegarde, auprès du tribunal de commerce de Marseille, qui entraînerait automatiquement un placement sous redressement judiciaire . On a tout fait jusqu'à présent pour l'éviter, mais on va dans le mur ». Questionné par le SNJ, Me Avazeri a estimé que les conditions du placement sous sauvegarde sont d'ores et déjà réunies : « Péril imminent, c'est le cas très objectivement, sans être encore en cessation de paiement, ce qui est aussi le cas ».
En cas de redressement judiciaire, un nouvel appel d'offres serait lancé « sur un calendrier compressé ». Toutes les clauses du pacte d'actionnaires (agrément et préemption) deviendraient caduques. Tout candidat pourra déposer une nouvelle offre selon trois critères : maintien de l'emploi, d'une activité autonome et paiement des créanciers. Si dans ce scénario, l'ensemble des droits des salariés, y compris la clause de cession pour les journalistes, sont maintenus, le groupe pâtirait d'une image et d'une publicité dégradées, d'une perte de confiance des clients, fournisseurs, voire du lectorat. « La sauvegarde, c'est bénéfique pour les repreneurs mais une catastrophe pour La Provence et ses filiales », estime le PDG, qui compte « écrire dans la foulée de ce CSE aux juges commissaires » pour les avertir de ses intentions. En outre, les deux candidats actuels ne seraient plus tenus aux engagements pris jusqu'à présent, ce qui réduirait à néant toutes les négociations entreprises depuis des mois par les élus. Autre conséquence : le candidat choisi n'aura ni à rembourser la dette de nos entreprises, ni à participer au remboursement de celle du Groupe Bernard Tapie : « La procédure GBT tombe à l'eau ».
Jean-Christophe Serfati, seul habilité à demander un placement en sauvegarde, a confirmé qu'il le ferait, si le juge-commissaire ne procédait pas à la cession le 7 juin, ou s'il reportait cette audience sine die. Il le ferait aussi si la vente était validée par le juge-commissaire mais que la CMA CGM, du fait des recours de Xavier Niel, décidait de différer la prise de contrôle du groupe, dans l'attente que ces recours soient purgés. Des délais de procédure qui, d'après Me Bouquet, avocat de La Provence, nous mènent à la fin de l'année, « ce qui est incompatible avec la trésorerie de La Provence ».
Rappelons que Xavier Niel a engagé deux recours contre la décision du conseil d'administration de La Provence d'agréer l'offre de la CMA CGM, l'un en référé (audience le 9 juin), l'autre sur le fond (le 29 juin). Des actions évidemment susceptibles d'appel de chacune des parties...
Averti de la menace d'une procédure collective par les dirigeants de La Provence, Xavier Niel aurait, selon Me Avazeri, répondu qu'il apporterait "des fonds pour compenser". Mais selon le mandataire, cette solution n'est pas envisageable puisqu'il faudrait que cet apport se fasse sans contrepartie : « Financer des pertes, en continuant à générer de la dette est une faute de gestion qui peut engager la responsabilité des dirigeants ». Pour Me Avazeri, « la mascarade a assez duré, il faut que cela s'arrête. On ne voit pas le bout du tunnel ».
Questionné sur les recours de Xavier Niel, Me Avazeri a estimé qu'ils étaient « sérieux. Il fait valoir ses droits, ce n'est pas critiquable ».
Plus t**d, il précisera, « si le plan de cession est arrêté le 7 juin et que la CMA l'accepte, le plan de redressement de l'entreprise serait alors lancé ».
Le tableau qui nous est présenté nous inquiète fortement. Nous avions alerté à de multiples reprises sur cet enlisement démarré sous l'ère Tapie, qui nous conduit au bord du gouffre. Au-delà du marasme économique, l'anxiété des salariés devient préoccupante. Les élus du SNJ de La Provence et Corse-Matin et ceux du STC de Corse Presse feront tout ce qui est nécessaire pour éviter l'irréparable et défendre les intérêts des salariés. Ils en appellent solennellement à la responsabilité de toutes les parties pour éviter une catastrophe humaine et sociale. Elles devront en assumer les conséquences si cela devait malheureusement arriver. Les dégâts sont déjà trop nombreux. Stop.
Marseille, le 2 juin 2022
Vos élus et représentants SNJ La Provence, Corse-Matin et STC Corse Presse