23/01/2024
Un très bel article d'.kern sur « Nocturne de Gibraltar » de Gennaro Serio paru dans la r***e !
« Cette fiction brillante, déjà couronnée en Italie du prix Calvino en 2019, et que nous découvrons ici dans l’élégante et ingénieuse traduction de Maïa Rosenberger, mérite assurément d’être accueillie chaleureusement. L’ouvrage se présente comme "le mémoire" rédigé par un détective chargé d’enquêter sur la mort d’un journaliste littéraire mexicain. À ce mémoire se mêlent un certain nombre de chapitres composés d’"annexes" (le texte d’une interview, des lettres, etc.) ou encore de "gloses" assumées par une autre narratrice, Soledad, médecin légiste de son état et, surtout, sœur du détective. L’ensemble forme un véritable kaléidoscope de voix où se dévoilent peu à peu les agissements et les motivations des personnages principaux, à commencer par le suspect, le grand auteur espagnol Enrique Vila-Matas.
[...] Gennaro Serio emprunte un art consommé de la sophistication, un certain goût pour les audaces formelles et, plus généralement, une volonté de déconstruire le roman.
[...] Dans cette parole libre et joueuse, dans cette parole lettrée où s’entremêlent tous les rayons d’une vaste bibliothèque, dans cette parole qui nous rappelle, comme le voulait le regretté Kundera, que le roman ne saurait être du côté des "agélastes", bref, dans cette parole qui refuse absolument l’esprit de sérieux, c’est d’abord un formidable éloge des livres et des auteurs qui nous est donné à partager. Quel plus bel hommage à la littérature que d’en faire le lieu d’une joie ? Car c’est bien là, finalement, la trace, l’empreinte, l’orma que ce roman peut laisser à ses lecteurs : la joie. »