16/09/2024
Bonjour à tous. Vendredi dernier le 13.09, nous avons envoyé à tous nos abonnés la lettre ci-dessous pour donner quelques nouvelles et présenter notre nouvel ouvrage... La voici (comme elle est un peu longue, je vous conseille de vous servir un verre (un bon vin rouge de préférence) et de vous installer confortablement...) Bonne lecture:
Bonjour à toutes et à tous.
C’est un peu t**d qu’arrive cette lettre, sans réelles raisons. L’an passé, on m’a reproché la froideur de la lettre annuelle qui se voulait plus au goût du jour, moderne, à la newsletter numérique des grands éditeurs que nous ne sommes pas, ainsi que le manque de ce côté « amateur » ou « humain » des précédentes lettres qui donnent un peu les nouvelles de la planète Vieux Chêne. Donc, on reprend l’ancien format que cela plaise ou non !
L’OUVRAGE 2024
C’est peut-être justement ce titre qui, inconsciemment, m’a fait procrastiner l’écriture de cette lettre. Il s’agit comme d’habitude d’une traduction, d’un livre paru chez Lost Art Press en 2022.
Il s’agit de « Workshop Wound Care » que l’on a traduit ainsi : « Se soigner à l’atelier »…...
« Mais il est fou ! » C’est ce que j’ai pu entendre cette année, en plus des regards sceptiques que m’ont jetés les personnes à qui j’en ai parlé. C’est vrai que je suis un peu fou, mais ce livre me tenait à cœur. Premièrement, à sa sortie, j’ai trouvé l’idée fantastique, car c’est un thème qui m’a toujours préoccupé, et me préoccupe encore. Combien de fois je me suis planté une écharde dans le doigt, me suis blesser avec un ciseau bien affûté, combien de fois je pense aux pires accidents qui pourraient m’arriver quand j’utilise une scie circulaire, ou une toupie, et combien de fois j’ai vu des personnes à qui il manquait un bout de doigt !
J’ai habité plus de 10 ans sur une petite île de 40 km × 40 km au large de la grande terre de Nouvelle-Calédonie : l’île de Maré. J’étais ébéniste d’art et apiculteur, j’étais équipé en outils électriques en tout genre et je côtoyais régulièrement des médecins. Un jour, je demandais à l’un d’entre eux ce que je devais faire si je me sectionnais un doigt avec ma scie circulaire. « Rien » m’a-t-il répondu, « Tu ne peux rien faire. Le temps de retrouver ton doigt, de bien l’emballer, d’appeler le dispensaire, qu’on vienne te chercher, qu’on t’amène à l’aérodrome, qu’en parallèle on appelle une évacuation sanitaire (un avion) en urgence (en croisant les doigts pour qu’il soit disponible), qu’il vienne, qu’il atterrisse, qu’il reparte, qu’il atterrisse à Nouméa, qu’une ambulance t’amène à l’hôpital pour qu’on te prenne en charge au service approprié, sera tellement long, que je crains qu’on ne puisse pas le réimplanter... ». Et ça m’est resté, ce « Rien », chaque fois que j’utilise mes outils, je prends toutes les précautions possibles pour éviter l’accident. Et pourtant…
C’est la seconde raison, qui m’a incité à traduire ce livre. Il y a deux ans, de retour en France, je fendais du bois de chauffage. Des pièces d’un mètre de long couchées au sol dans lesquelles j’enfonçais un coin sur lequel je frappais avec une masse. La technique est très efficace et peu fatigante, car il n’y a pas beaucoup de manutention et on à l’impression de jouer au golf. De plus, j’adore fendre le bois. Je venais d’acheter un nouveau coin, de forme pyramidale et très performant (d’après la fiche commerciale), et lors d’une frappe, un morceau du coin est venu se planter à l’intérieur de ma cuisse au niveau du genou. C’était un morceau de métal de 4 ou 5 cm de long et d’un peu moins de 1 cm de large et 2 mm d’épaisseur. Un morceau de métal qui se trouvait à la jonction des deux moules lors de sa fabrication et qui n’avait pas été retiré. C’était l’été, j’étais en short et je n’ai absolument rien senti. C’est lorsque le sang s’est mis à couler sur mon mollet que je me suis aperçu que j’avais un morceau de métal dans la jambe. On arrête tout, on procède aux premiers soins (comme décrits dans le livre), et direction le service des urgences pour quelques points de suture, et ma pile de bois a dû attendre une bonne semaine avant que je ne la termine.
Ce livre de 176 pages est absolument génial, car il contient les informations nécessaires sur les premiers soins à dispenser lorsque ce genre d’accident se produit. Sur les protocoles à suivre et la raison de chacune des étapes. Il décrit de façon détaillée ce qu’il faut mettre dans votre trousse de premier secours dans le cadre d’un atelier. Il intègre des notions d’anatomie et dispense des conseils sur les tests à effectuer à la suite d’un accident. Il permet également de juger s’il faut ou non se rendre dans un centre de soin.
Porter des EPI (Équipements de Protection Individuelle) c’est bien (et la première chose à faire), mais que faire une fois que l’accident est arrivé ?
De mon point de vue, c’est un ouvrage essentiel pour un menuisier amateur ou professionnel (mais pour d’autres corps de métier aussi : forgeron, charpentier, bûcheron, mécanicien...), parce qu’en plus de donner les connaissances pour agir convenablement face à une situation, il vous fera gagner du temps, car vous saurez exactement quoi faire pour rapidement retourner travailler.
Je suis long ?… Désolé mas cela me paraissait essentiel d’expliquer ceci…
LES FRAIS DE PORT
Notre politique dans ce domaine n’a pas changé. Ce que vous payez, c’est ce que les transporteurs nous facturent. Cette semaine, une chargée d’affaires de Chronopost m’a contacté pour me proposer un contrat avec des tarifs avantageux. Finalement, ses tarifs l’étaient moins que ceux que l’on vous propose déjà. Nous travaillons avec une entreprise qui joue le rôle d’intermédiaire entre des sociétés qui expédient des produits et différents transporteurs ; c’est une sorte de coopérative. La mise en commun aboutie à un grand volume d’expédition qui leur permet de négocier des contrats intéressants avec les transporteurs. Donc, pour Chronopost c’est un peu moins cher que le tarif normal. Pour La Poste par contre, pas de contrat, pas de mise en commun, rien. C’est La Poste. Mais une livraison en 48h dans votre boite aux lettres, et notre facteur est super sympa.
STOCK
« Les établis, Design-Thérorie-Fabrication-Utilisation » est en quasi-rupture. À l’heure où j’écris ces lignes, il nous reste 24 exemplaires. Une réédition est possible, mais pas d’actualité pour le moment pour des raisons financières. J’y reviendrai plus t**d. Cette année, nous avons réédité « La Menuiserie l’essentiel » et « Les Rabots : l’essentiel ».
Pour le premier, nous avons apporté des corrections mineures au texte et ajouté une légende à chaque figure. Sachant qu’il y a plus de 500 illustrations, c’était un sacré travail. Pour « Les rabots : l’essentiel », nous avons fait un peu moins de 200 modifications de tout ordre. Reprises de schémas, changement de police, réduction de césures, tournures de phrase, remplacement de mots, etc.
À part « Les établis », nous avons encore du stock pour tous nos ouvrages.
IMPRIMEUR
Côté imprimeur, rien de neuf. Notre prochain ouvrage, comme les précédents, sera imprimé et relié en France. Ce sera aussi notre premier ouvrage en quadrichromie (en couleur) alors que tous nos précédents ouvrages étaient en bichromie (noir, blanc et une couleur). Nous avons eu une forte augmentation du montant des devis, mais il a fallu jouer serré pour vous proposer notre prochain ouvrage à un tarif décent. Sa couverture sera comme pour « Manuel d’affûtage » en toile du marais : une couverture agréable au touché, très robuste qui devrait davantage résister aux outrages du temps qu’une couverture classique cartonnée recouverte de papier imprimé.
Nous sommes très fiers de participer à l’économie nationale bien que les devis des imprimeurs étrangers soient, comme vous pouvez l’imaginer, très concurrentiels. Mais il est important, de notre point de vue, de travailler avec des entreprises françaises qui paient des salariés en France, qui eux-mêmes dépenseront leur argent chez un artisan ou une entreprise française. De façon très simpliste nous imaginons que c’est en partie grâce à cela que nous avons encore des boulangers artisanaux, des cordonniers, des menuisiers et ébénistes, etc. Ce n’est pourtant pas dans l’air du temps, mais ce n’est pas notre problème, nous sommes en accord avec nos principes et nos valeurs. Quand vous achetez un livre chez nous, c'est ce à quoi vous participez.
LIBRAIRIE
Côté librairie, nous avons régulièrement des demandes de librairies qui souhaitent commander un ou deux ouvrages pour un de leur client. Et comme d’habitude, nous leur proposons de jouer le jeu et de commander un peu plus d’ouvrages (en particulier nos livres réédités) afin de les présenter en rayon, pour que les lecteurs puissent se faire une idée du contenu, tourner les pages, humer l’encre d’un livre jamais ouvert. Pour le moment, nous n’avons pas encore pu collaborer mais nous ne perdons pas espoir…
FINANCE ET PUBLICITE
Cette année 2024, est particulièrement difficile d’un point de vue financier. Avec les années notre catalogue s’étoffe et pourtant, depuis 2022 les ventes sont de moins en moins nombreuses. Alors que se passe-t-il ? Honnêtement, je ne sais pas. Certains diront que c’est la guerre dans le monde, l’ambiance générale, le pouvoir d’achat, notre choix éditorial à côté de la plaque, des trous au fond du porte-monnaie... C’est peut-être la somme de tout ça, peut-être autre chose… Je me garderai bien de donner mon avis.
En tous cas, ce que je sais, c’est que d’un point de vue financier c’est difficile quand on est indépendant de tous systèmes (subventions, syndicat, gouvernement, multinationale, banque, mafia…), mais on ne changera pas de façon d’exister, nous ne sommes pas à vendre. Au pire, on arrêtera d’éditer pour passer à autre chose… Tout est possible.
Nous cherchons des moyens de nous faire connaître, mais nous ne trouvons rien de concluant. On essaie de comprendre comment font les autres éditeurs : il semble que les petits galèrent, et les gros ont des moyens que nous n’avons pas, dont les librairies, les subventions, les syndicats, le gouvernement, les banques, la mafia…. Donc, si vous avez une excellente idée pour nous aider à nous faire connaître et continuer à exister, nous sommes à l’écoute, n’hésitez pas, car nous sommes à court d’idées. Peut-être n’avons-nous pas les bonnes adresses, les bons codes, les bonnes relations ?
Quoi qu’il en soit, nous sommes toujours là, nous devrions encore être là l’an prochain et pour la suite on verra bien.
PRECOMMANDE
Cette année et pour la seconde année consécutive, il n’y aura pas de code promo pour les précommandes. Alors à quoi cela sert-il de passer une précommande ? L’idée de la précommande est de rassembler une somme importante d’argent qui nous aide à payer l’impression des ouvrages. L’impression est le poste le plus coûteux de la réalisation d’un livre, et généralement l’imprimeur souhaite être payé au moment de la commande, c’est à dire environ 3 semaines avant qu’il ne nous livre les ouvrages. En fait, en passant une précommande vous soutenez notre « cause » et cela nous permet de rester indépendant. De votre côté vous recevrez le livre en avant-première et vous avez toute notre gratitude.
Je vous remercie de m’avoir lu jusqu’ici, parlez de nous autour de vous si vous pensez que nous le méritons, ne parlez pas de nous dans le cas inverse, je vous souhaite de continuer à travailler le bois avec passion, de ne pas vous blesser et de passer un superbe automne qui je l’espère devrait être propice à la cueillette des champignons.
Pour avoir un aperçu de notre nouvel ouvrage, rendez vous ici:
https://edvc.fr/les-livres/se-soigner-a-latelier/
Amicalement.
Yann FACCHIN