Faire reculer l'ignorance, la bêtise, la violence et le mauvais goût

Faire reculer l'ignorance, la bêtise, la violence et le mauvais goût Il y a toujours du travail

Séance d’enregistrement de « Bien plus érotique » et « Sous la do**he » à Studio One avec Clement « Coxson » DoddPar Bru...
26/10/2024

Séance d’enregistrement de « Bien plus érotique » et « Sous la do**he » à Studio One avec Clement « Coxson » Dodd

Par Bruno Blum

Je préparais le numéro zéro de Nova Magazine, un spécial Bob Marley paru avec un CD cadeau. J’étais parti en Jamaïque assister au spectacle commémorant la mémoire de Bob Marley le jour de son cinquantenaire, le 6 février 1995. À l’affiche ce soir là sur le petit terrain de foot du 56 Hope Road, où Bob vécut ses dernières années (devenu depuis le musée Bob Marley) : The I Three, T***s and the Maytals, Ras Michael & The Sons of Negus et une ribambelle de vieilles gloires légendaires. Je me souviens que dans la foule un pickpocket m’a chourré mon appareil photo, un Rollei 50 avec lequel je bourlinguais depuis un concert des S*x Pistols en 1977. Je suis aussi allé à Studio One, véritable lieu de pèlerinage en Jamaïque.Studio One a été le premier et le plus important studio de Jamaïque. Celui où la plupart des grands noms du reggae - sauf Gregory Isaacs et Jimmy Cliff - ont enregistré leur premiers succès dès les années 60 : Bob Marley, Peter Tosh, Bunny Wailer, Burning Spear, Lee "Scratch" Perry, Ken Boothe, Dennis Brown, les Skatalites, T***s & The Maytals, John Holt, les Gladiators, Horace Andy, Sugar Minott, Alton Ellis, Culture, Lone Ranger, Dillinger, les Heptones, les Ethiopians, etc., etc…Le propriétaire des lieux, Clement Dodd dit Coxson alias Sir Coxsone, a été le principal moteur du ska, du rock steady et du reggae. Producteur pittoresque et sans trop de scrupules (une tradition jamaïcaine), réalisateur et ingénieur du son autodidacte il a toujours obtenu de ses artistes de co-signer (ou signer carrément) leurs morceaux et leurs arrangements, allant parfois jusqu'à s'approprier les bandes trop réussies de musiciens ayant loué son studio. Sa méthode donne des résultats artistiques fabuleux : engager les meilleurs musiciens de l'île, en ne leur payant que des cachets, mais en leur assurant du travail régulièrement pour qu'ils ne bronchent pas. Son âge d'or a commencé dans les années 50 avec une discothèque mobile et s'est prolongé jusqu'au début des années 80, quand il a ouvert un deuxième studio-magasin de disques à Brooklyn. Mais Studio One existait toujours au 13, Brentford road à Kingston et jusqu’à sa mort le 4 mai 2004 Coxson y enregistrait encore, selon les procédés immuables qui ont fait son succès. Enormément de chefs-d'œuvre du reggae sont sortis sur ses labels Studio One et Coxsone. Et au-delà de la technologie, voici la technique de production de Coxsone, telle qu'elle se répétait depuis près de 40 ans, telle qu'elle a été copiée par tous les studios du pays, dans l'esprit comme dans la pratique : telle que je l'ai vécue en 1995.

45 Tours
Arrivé un après-midi dans ce lieu mythique, à la lisière des mauvais quartiers -très dangereux - de Kingston ouest, je sonnai à la grille d'entrée qui donne sur le parking en terre battue. La boutique de disques dans la cour avait l'air fermée. La bâtisse en parpaings était imposante, peinte en gris. Elle avait l'air déserte et seule une enseigne discrète "Musik City" signalait la présence d'une activité que j'imaginais révolue. Un boiteux au visage difforme, monstrueux, passait par là, nous a repérés et fait demi-tour. Il avait la clé et ouvrit le portail. Buffalo Bill a garé sa voiture sur l'aire rafraîchie par l'ombre d'un arbre fruitier non dentifié, et je pénétrai dans l'antre, précédé par Quasimodo, qui semblait avoir des difficultés pour parler, ses canines dépassant horriblement de sa bouche sans incisives. Studio One. J’allais enfin pouvoir acheter les disques qui manquaient à ma collection, les perles des Skatalites, les albums de dub originaux, les 45 tours des Wailers, d'Ernest Ranglin...

King Stitt
Dans l'ombre à l'intérieur, surpris, j’ai immédiatement reconnu Coxson. Lui-même. Il était donc en Jamaïque ? Je l'ai interpelé. "Mister Coxson" ! Il m’a dévisagé, méfiant. Qui était ce touriste qui faisait intrusion dans son bureau, et qui le reconnaissait ? La soixantaine, il était en sandales, pantalon gris et débardeur blanc crade. Politesses. Je lui ai offert le numéro spécial de Best sur le reggae que j'avais réalisé un an plus tôt. Il y avait sa photo dedans, et mes discographies regorgeaient de Studio One. Il était content. Voyant dans le magazine (que je lui ai offert) que je m’y connaissais vu le nombre d’articles que j’avais signés, il m’a dit en rigolant : « Donc toi tu es le professeur du reggae ! Le docteur reggae ! Ha ! Ha ! » Ça a fait marrer le public qui observait attentivement ma rencontre avec le Berry Gordy de la Jamaïque. Ils ont rigolé aussi et des « Ya man ! ‘Im Doc Reggae ! Doc Reggae ! » respectueux ont fusé autour de nous dans les quintes de rire. Ça y est : j’avais mon surnom. Et je le tiens de la bouche de Coxson lui-même ! Il est resté depuis. Qui dit mieux ?« Stitt, amène-le dans les stocks à l'étage ! » Stitt ! Bien sûr ! Quasimodo, c'était le fameux King Stitt, le premier DJ couronné roi de la profession en Jamaïque à l'aube du ska, vers 1962 ! Le légendaire DJ du Sir Coxsone Downbeat sound system, l'inventeur du rap enregistré en personne ! Il n'avait pas DU TOUT de difficultés pour causer ! Il était toujours là et allait me fourguer au moins cinquante albums, en vinyle bien sûr : le disque compact n'existait pratiquement pas en Jamaïque en 1995. Des trésors, mais il m’a ruiné. C'est Coxson lui-même, assis derrière son bureau, qui a fait l'addition et encaissé les talbins. Stitt était son âme damnée, son homme à tout faire. Coxson l'entretenait. Il hantait l'endroit depuis toujours et habitait la maison à côté. Borgne, il louchait, ses yeux s'ouvraient mal et sa vue était très mauvaise. Son strabisme l'obligeait à regarder de biais. "Je suis né comme ça. Il faut que je vive avec", m'a-t-il confié six mois plus t**d.

L'audition
Pendant l'emballage des disques (payés comptant), un entretien avec Coxson (qui a savamment et fièrement fait lui-même le gros paquet "pour que ça ne s'abime pas dans l'avion, j’ai l’habitude") m'a appris que son studio était toujours très actif. Je lui ai révélé à tout hasard que le branché reggae que j’étais était en réalité un musicien, compositeur et chanteur. Et que j'aimerais beaucoup travailler avec lui, évidemment. Et lui tout de suite, a repris son réflexe d'audition : "On va voir ce que tu sais faire ! Tu as ta guitare ? » Moi : « non, je ne l’ai pas apportée de Paris. » « Si tu n’as pas ton instrument avec toi c’est que tu n’es pas un vrai musicien ! Ici, chaque musicien doit avoir son instrument. » Chance, Buffalo Bill était lui aussi guitariste et il avait sa sèche dans le coffre. Coxson m’a guidé au fond d'un couloir encombré d'objets des années 60, de disques poussiéreux aux pochettes kitsch, de bandes magnétiques. Stitt et les personnes présentes ont suivi - ambiance famille - et nous sommes arrivés dans une sorte de cuisine. Là, à côté de la porte des cagoinces, une porte donnait dans une immense salle, haute de plafond, couverte de dessins d'instruments dans un style pochette de disque de jazz années 50. Un temple. Un orgue Hammond, un piano à queue usé - mais juste - des orgues partout, une contrebasse cassée dans un coin, des magnétophones antiques entassés contre le mur, toute la panoplie des instruments légendaires des années 60 étaient là, intacts. En état. Studio One ! Deux types bricolaient un ampli dans un coin. Ils portaient des casquettes amerloques, me dévisageaient. Le premier, c'était Pablo. Pablove Black. Légendaire musicien barbu, pianiste, peut-être l’ami intime le plus proche de Bob Marley. Mais comme tout le monde ici, il jouait de tous les instruments. Même chose pour Morgan « Morgie » Vincent, le batteur. L’ingénieur du son, habillé comme un comptable, a rappliqué. Norma Dodd, la légitime de Coxson aussi. Ils se sont installés debout autour de moi. "Vas-y, chante ta meilleure chanson, on t'écoute" dit Coxson, l'air impatient. Maladroitement, j'ai attaqué une rythmique reggae. "Joue dans ton style, ne t'occupe pas du rythme, chante, man", m’a lancé Pablo. J’ai chanté « Bien plus érotique ». Coxson m’a coupé au bout de deux refrains : "Morceau suivant." Ils ont droit à mon " Dollar Reggae". Il m’a interrompu : "Morceau suivant". Je leur ai fait "Sous La Do**he". Coxson : "OK, on enregistre demain. Le premier et le troisième morceau. Le deuxième a trop d'accords, c’est trop compliqué. Viens vers onze heures." Et il a quitté la pièce aussi sec ! Je n'en revenais pas. J’étais juste venu acheter des disques ! J’ai sympathisé avec les deux musiciens à casquette. "On te prêtera une guitare électrique". Mais j’ai emprunté la Strat de Buffalo Bill offerte par son ami Ziggy. Elle avait appartenu à Bob Marley et j’ai d’ailleurs fini par la lui racheter.

Premier jet
Le lendemain, j’étais là, halluciné. J’allais enregistrer avec Coxson Dodd en personne à Studio One ! On ne me parlait plus comme à un touriste. Ils ont apprécié mes morceaux et le mot clé de la Jamaïque, "respect", était entré dans les faits : j’étais admis dans la famille temporairement mais sans réserves, car l'ambiance est primordiale pour sentir la musique, pour être à l’aise. Les bonnes ondes, la formule numéro un, la valeur sûre de Jamaïque. Rappelons qu'ici, on dit bonjour en s'entrechoquant les poings, le fameux « check » qui depuis a fait le tout du monde, en prononçant la formule « respect » d'un air pénétré. Coxson a montré son nez. Lancé quelques brefs ordres, et il est sorti du studio pour retourner dé****er avec ses vieux potes dans son bureau démantibulé. Morgie et Pablo étaient là. Il fallait que je chante ma première chanson, comme hier, à la sèche. Directement, sans prévenir, tandis que je chantais Morgie programmait un rythme très simple sur une boîte reliée à un vieil ampli. Cinq minutes plus t**d, c'était terminé : le rythme de base ne changerait plus. L'arrangement était déjà conçu. J'ai écrit la grille d’accords pour que Pablo la répète un peu sur son clavier, un vieux et petit synthé Yamaha bien réglé. Le temps qu'il assimile (deux minutes) et suggère de modifier un peu la structure et ajoute un refrain en anglais - ce que j'ai accepté de bon gré - un gros ours rasta est arrivé. C’était Earl "Bagga" Walker, fameux bassiste et guitariste historique de Studio One et d'ailleurs. Il a demande que je lui chante ma chanson. On lui a jouée, boîte, clavier et moi sur la Fender Stratocaster de Buffalo. Il a branché sa vieille Fender Precision et avant même d'avoir entendu tout le morceau, il piaffait pour enregistrer. Il avait trouvé l'idée. Les pistes de batterie étaient déjà enregistrées... à mon insu, là aussi dès le premier jet !

Capturer l'émotion
À la console, dans la cabine, Coxson n'était même pas présent, comme à son habitude. Il supervisait et n'apparaissait que de temps en temps, nous gratifiant de quelques commentaires techniques et de choix judicieux. Le reste du temps, il était dans son bureau à discuter avec ses vieux briscards chefs d'entreprise. C'est son fils Courtney Dodd, "Coxson Junior" qui était à la console. La table de mixage était réglée d'avance. Un réglage inamovible. Écoutez les premiers Heptones de 1971 ou le « Bobby Babylon » de Freddie Mc Gregor (1980), le son est presque le même. Le son Studio One. En 1995, idem. Les énormes enceintes en bois bricolés (un seul haut parleur colossal) datent des années 60. Tout était poussiéreux. La porte entre la cabine (où j’ai déniché de précieux disques originaux des années 1960 crades mais à vendre) du studio et la salle d’enregistrement grinçait affreusement et sans arrêt. J’imagine que pendant des décennies les mecs devaient faire gaffe à ne pas faire grincer la porte pendant les enregistrements ! Coxson, homme simple, un baptiste sans fioritures, avait même renaclé à acheter un lecteur de cassettes D.A.T. par avarice et ne s'y est mis, bien obligé, que pour pouvoir livrer des copies des masters de ses chefs-d'œuvre à Heartbeat, son (excellent) distributeur américain. Par la suite il a acquis pour son studio jamaïcain deux magnétophones à huit pistes numériques ADAT, qu'il couplait en formule seize pistes. La table de mixage était antédiluvienne. Mais quel son ! Et millésime 1970 s'il vous plaît. Les effets ? Une réverb formidable là où il faut. Mais c'était tout. Courtney et son père n'aimaient pas les dubs bourrés d'effets, de trucages à la Lee Perry, King Tubby ou Bunny Lee qui ont préfiguré la house, la techno. Ici, c'est l'arrangement basse-batterie, le rythme ou riddim, et les cuivres qui comptent. L'émotion, la voix, la composition, la musicalité, le talent pur. On fait de la maquette définitive. Le reste, c'est du superflu. Quand Bagga Walker a commencé à enregistrer, je n'arrivais pas à croire qu'il refusait de lire la grille un peu compliquée où figuraient les accords. Mais il enregistrait tous les jours depuis vingt-cinq ans et il connaît son job : quand il réalise que les accords sont réellement nombreux, (contrairement à la pratique locale) il a été ravi par ce défi et a demandé qu'on lui signale les changements d'accords au fur et à mesure qu'il enregistrait ! Pablo s'en est chargé. Ainsi, la prise de basse terminée, il n'a entendu qu'une seule fois le morceau jusqu'à la fin : pendant la prise elle-même. C’était un peu foireux par-ci par-là mais c’était en place et ça marchait bien. Résultat, l'émotion et l'inspiration étaient intactes. Feeling, concentration. En place, bien sûr. On a enchaîné avec « Sous La Do**he ». Le tempo lent perçu et capté lors de ma première interprétation spontanée faisait merveille. Si l'on m'avait écouté, on l'aurait accéléré. Mais ils avaient insisté pour "capturer l'émotion" en ricanant. La partie de basse de Bagga est magique. On a fait une rapide photo souvenir dans le célèbre studio pendant que Coxsone ("pas de photos") n'est pas là. Personne à ma connaissance n’a de photos prises à l’intérieur du studio à part moi et je m’y connais. Puis Bagga a disparu, non sans me montrer deux accords de guitare, une tradition en studio ici, où le savoir se transmet de manière orale entre deux séances. "C'est le grand Ernest Ranglin (lire Guitare Magazine spécial reggae, n°71 juillet août 1995), qu longtemps été directeur musical ici, qui m'a montré ces accords" ajouta-t-il, bienveillant. Et le bassiste de Black Uhuru fila à une autre affaire.

L'île Soul
Je n’étais pas dans le studio depuis une heure qu'on enregistrait déjà les claviers. Quelle différence avec les gros studios numériques de Paris où on fait le son de batterie pendant toute la matinée ! Où l'on se casse les oreilles et où l'on anesthésie le morceau par obsession de mise en place, de qualité technique. En 1989, j'avais enregistré à Kingston (LP et CD Bruno Blum, New Rose, Rose 201) avec Chris Meredith, bassiste de Ziggy Marley et ses musiciens et j'avais déjà été frappé par la vitesse d'exécution professionnelle qui contrastait avec l'ambiance bidonville générale. Méthode jazz : une prise. Mieux vaut être prêt et en plus, c'est économique.
« Quand une vibration est sur la bande, si tu l'effaces, elle n'est plus là » me dit un jour Wayne Hinds lors d'une autre séance.
« Il y a une mystique naturelle qui souffle à travers l'air », chantait Bob Marley dans « Natural Mystic ». « Si tu écoutes avec attention, tu l'entendras ».
L'île soul. L'île musicale. Pablo a torché les claviers de « Bien plus érotique » en une seule prise impeccable. Le son, équilibré, fruit donc d'une tradition artisanale maison, était brut mais fabuleux. Le son Studio One. Inimitable. Le morceau respire, la vibration est présente. Le groove. Le secret de la Jamaïque, le feeling mystérieux, impalpable, est là, sur ma chanson. Je ressentais une plénitude inconnue. Pablove Black a exécuté sa partie de clavier, là aussi en une prise, sur « Sous La Do**he ». Le très bon micro Neuman pour le chant m'attendait déjà, face à la vitre de la cabine, à sa place, d'où il n'avait pas bougé depuis deux générations. Il sert aussi pour les cuivres. Il n'y a qu'un micro, bon à tout faire quand il est bien placé. J’ai chanté moi aussi en une prise. Morgie et Pablo m'ont encouragé à chanter de façon douce, « à la Gregory Isaacs. C'est ton style ». Pablo me dirigeait, faisait des signes, des grands moulinets, plus doux, plus fort là. Ils ont même refusé de refaire une deuxième prise malgré un passage pas très juste. « Il faut garder cette émotion, c'est bon comme ça, it's no problem ». En écoutant ma prise de voix, je me suis rendu compte que Courtney était déjà en train de mixer. J'ai eu toutes les peines du monde à lui faire effacer un râclement de gorge sur une intro et quelques refrains de trop sur l'ad lib final. Il avait peur d'effacer un bout de cette fameuse première prise si précieuse. Pas de drop pour la voix, mon gars.

Parlons Affaires
Coxson est venu écouter. Il était content. Il m’a demandé « Es-tu satisfait ? Est-ce que le morceau te plaît comme ça ? »
Moi : « Oui mais enregistrer à Studio One sans ajouter de cuivres, c’est pas vraiment le son Studio One ». Il a grimacé sans rien dire. Il fallait parler affaires maintenant, et signer un contrat. Il voulait tout. Le management à vie, les éditions, signer les morceaux, la production, la propriété et le contrôle des titres, sinon, il effaçait ma voix et ne me donnait pas de copie du morceau ! La famille était là, et observait comment le Blanc allait faire face à l’inflexible patron. J’ai précisé : « Je ne peux pas te donner les éditions [les droits d’auteur des compositions] : je suis déjà sous contrat avec un éditeur, ce serait malhonnête ! » Il s’est gratté la tête mais insista quand même. De plus, j'ai écrit un des deux titres avec Véronique Duvelle à Paris. Il a obtenu de moi qu'elle accepte au téléphone (il a fallu que je paye la communication avec Ivry-Sur-Seine !) et que je signe le contrat d'éditions en son nom ! Ce qui a rendu le contrat nul. Mais ça je ne lui ai pas dit. Après une heure de palabres, j’ai promis de signer les photocopies que Stitt a été faire, mais une fois les morceaux achevés, mixés. Coxson : « Ce type c'est le frère de Chris Blackwell ! » dit-il en riant aux éclats devant ses potes face à ma résistance. Mais finalement : « toi et moi, Noir et Blanc, on va travailler ensemble. » Et de me serrer la main. Il a ajouté : « Tu es le premier Blanc que je produis !».Rendez-vous le lendemain matin à onze heures pour les cuivres. En arrivant ce jour là, je n'ai pas cru mes yeux en reconnaissant le vieux "Dizzy" Johnny Moore, trompettiste rasta virtuose, le fondateur des Skatalites, le prof de musique de tous les pros de l'île, qui m'attendait. "Je n'ai pas pu trouver de saxophoniste à temps" s'excusa Coxson. « Tommy [McCook] n’est pas dans l’île en ce moment ». « 'Faudra faire avec Dizzy Johnny ». Connaissant son style jazz, j’ai demandé à Dizzy d'improviser autour de ma voix pour meubler. Ravi que je lui demande ça, il s'est exécuté après avoir longuement répété sur la bande, campé devant le Neuman, un casque entortillé dans ses dreadlocks. Des touristes français de passage ont même filmé les répétitions discrètement et j’ai gardé ça sur une VHS quelque part dans mon bo**el. Un collectionneur a même retrouvé un extrait de cette scène sur YouTube je ne sais pas comment ! Dizzy a longuement et magnifiquement improvisé sur la fin (les refrains où j'avais fait effacer la voix en douce !) avec sa trompette bouchée, esprit Miles Davis mais couleur reggae. Le mix final, très propre, a été vite expédié. Quel souvenir.« Trop fouillis, la trompette », m'a-t-on dit dans une maison de disques parisienne bien connue. « Coxson ? C'est qui, ça ? dans une autre.

Bruno BLUM.
Paru (avant réécriture) dans Home Studio n°37, supplément à Keyboards Magazine n°92 d'octobre 1995

from the album Le C​œ​ur à gauche, le fric à droite [album]

25/10/2024

Rien n’est solitaire, tout est solidaire. L’homme est solidaire avec la planète, la planète est solidaire avec le soleil, le soleil est solidaire avec l’étoile, l’étoile est solidaire avec la nébuleuse, la nébuleuse, groupe stellaire, est solidaire avec l’infini. Ôtez un terme de cette formule, le polynôme se désorganise, l’équation chancelle, la création n’a plus de sens dans le cosmos et la démocratie n’a plus de sens sur la terre. Donc, solidarité de tout avec tout, et de chacun avec chaque chose. La solidarité des hommes est le corollaire invincible de la solidarité des univers. Le lien démocratique est de même nature que le rayon solaire.
- Victor Hugo, Proses philosophiques, L’âme

25/10/2024

En amour, les femmes détestent la prudence qui ne vient pas d'elles.
- Pierre-Jules Stahl (L'esprit des femmes et les femmes d'esprit, 1855)

Libérez Paul Watson et les baleines
25/10/2024

Libérez Paul Watson et les baleines

Celle-là je la fais sur scène, elle marche bien :
23/10/2024

Celle-là je la fais sur scène, elle marche bien :

from the album Cabaret végane [album]

18/10/2024

Vingt ans après le génocide du Darfour, les tueurs sont de retour. Tant que nous ne les arrêterons pas, ils continueront de violer et de décimer la population. Les Soudanais ont urgemment besoin d’une protection internationale, et le Secrétaire général de l’ONU a besoin de notre soutien pour faire face aux grandes puissances qui s’y opposent. Il ne nous reste que quelques jours.
JE SIGNE
Chères amies, chers amis,
Au coeur du Darfour, les survivantes et survivants du génocide de 2003 qui sont affamés et entassés dans des camps pour déplacés, retiennent leur souffle. Dans l'indifférence générale, ils attendent que la mort frappe à nouveau.

La milice génocidaire qui hante leurs cauchemars est de retour pour finir le travail, et a mis la région à feu et à sang. Leur méthode est toujours la même: ils alignent les garçons et les hommes pour les exécuter, puis violent les femmes et les jeunes filles.

Face à ces horreurs indicibles, la communauté internationale demeure paralysée. Mais aujourd'hui, le choix d'un homme pourrait être décisif pour la mission de protection dont les Soudanais ont besoin.

Le Secrétaire général des Nations unies, s'apprête à soumettre au Conseil de sécurité ses recommandations pour protéger les civils soudanais. Mais António Guterres est sous une telle pression qu’il pourrait écarter les solutions les plus audacieuses. Notre soutien peut l’aider à tenir tête aux grandes puissances, mais nous n'avons que quelques jours avant qu'il finalise son rapport. Signez et encouragez vos amis à faire de même afin de lui remettre la plus large pétition possible.
Dites au chef de l'ONU de soutenir une mission de protection pour le Soudan
Il n'y a pas de "bons" acteurs dans la guerre dévastatrice du Soudan, juste des atrocités partout où l'on regarde. Les généraux rivaux à l'origine du conflit ont déjà mis le pays à feu et à sang dans leur quête de pouvoir, et le Soudan est désormais confronté à l'une des pires famines jamais connues. Des millions de vies pourraient être en danger à moins que nous n'agissions immédiatement.

Pourtant, à travers tout le pays, des Soudanais de tous horizons ont fait preuve d'un courage sans limite: des femmes défiant l'impossible pour mettre leur famille à l'abri après avoir survécu au nettoyage ethnique, aux jeunes qui ont créé des groupes d'entraide pour leurs communautés dépourvues d'aide internationale.

António Guterres doit faire preuve du même courage et demander au Conseil de sécurité des Nations unies d'autoriser une mission visant à protéger les civils soudanais. Signez et partagez la pétition qu’Avaaz et ses partenaires remettront au chef de l’ONU.
Dites au chef de l'ONU de soutenir une mission de protection pour le Soudan
Alors que tout semblait perdu, notre communauté a choisi de ne pas détourner le regard et s'est tenue aux côtés des Soudanaises et Soudanais qui incarnent l'espoir. Des milliers d'entre nous ont fait des dons généreux pour financer des groupes de solidarité locale, tandis que des équipes d'enquêteurs ont travaillé pour briser le silence autour de ce conflit. Nous avons accompli trop de choses ensemble pour renoncer et laisser le Soudan tomber dans l’oubli.

Avec espoir et détermination,

John, Marie, Will et toute l’équipe d’Avaaz
Pour plus d’information:
Soudan: le chaos humanitaire dans l’indifférence internationale (Le Point)
Guerre au Soudan: Human Rights Watch met en garde contre un « possible génocide » au Darfour (Le Monde)
Le Soudan s’enfonce dans le gouffre (Radio-Canada)
Soudan : 5 chiffres qui illustrent l’ampleur de la crise humanitaire qui ravage le pays (La Croix)
Clément Deshayes, anthropologue : « Le conflit au Soudan constitue la plus grave crise humanitaire au monde » (Le Monde)

15/10/2024

Des amendements anti-lanceurs d'alerte sur le point d’être votés !
Objectif : asphyxier financièrement les associations

Bonjour Bruno

Nous souhaitons vous faire part d'une situation extrêmement préoccupante pour la défense des animaux, pour L214 et pour toutes les associations lanceuses d’alerte.

Vous le savez, le gouvernement travaille actuellement sur le projet de loi de finances pour 2025. Mais vous ne savez sûrement pas que des amendements pernicieux ont été proposés. Ils visent à priver les donateurs et donatrices de réduction d'impôt pour les dons faits aux associations dont des membres seraient reconnus coupables de certaines infractions. Un exemple ? Des vidéos réalisées « avec les paroles ou l’image d’une personne sans son consentement ». Notre travail d’enquête est très clairement visé !

Ces amendements seront débattus dès demain en commission des finances de l'Assemblée nationale, et potentiellement en plénière peu après.

Ces amendements révoltants ont deux objectifs :

asphyxier financièrement les associations de défense des animaux et de l'environnement,
salir l’image d’associations pacifistes en les criminalisant, en assimilant le travail d’alerte à de la violence.
Ils constituent une menace directe pour L214. Nous avons besoin de votre mobilisation immédiate.

Pouvez-vous contacter le ou la députée de votre circonscription pour lui faire part de votre inquiétude et lui demander de voter contre ces amendements ?

En une minute chrono, vous pouvez envoyer à votre parlementaire un message prérédigé par nos soins pour vous faciliter la vie.

Je défends L214
En relayant les paroles et les images de lanceurs d'alerte, les associations comme L214 contribuent de façon essentielle au droit à l'information des citoyennes et citoyens, et garantissent aux animaux une place dans le débat public.

Ce type d’amendement fait le bonheur des industriels de la viande et de la FNSEA, à la manœuvre pour faire taire toute critique du modèle agricole intensif. Ne les laissons pas nous faire taire !

Plus que jamais, votre action est indispensable.

Merci infiniment d’être à nos côtés.

Brigitte Gothière
Co-fondatrice de L214 Ethique et Animaux

07/10/2024
04/10/2024

La vraie humilité c'est admettre qu'on n'est pas humble.
- Bruno Blum

Il en reste UN
02/10/2024

Il en reste UN

T-shirt vegan en coton biologique certification OEKO Tex. Unisexe. Série limitée. Dessin de Bruno Blum sur le devant. Création française.

Mon dernier album. Enregistré avec des pointures dans plusieurs pays. Reggae et même un peu de rap à anglicismes !Satisf...
02/10/2024

Mon dernier album. Enregistré avec des pointures dans plusieurs pays. Reggae et même un peu de rap à anglicismes !

Satisfaction garantie !

16 track album

01/10/2024

L'ennui avec l'humilité, c'est qu'on ne peut pas s'en vanter.
- Gene Brown

30/09/2024

Les meilleurs manquent de conviction, tandis que les pires sont emplis d’une intense passion.
- William Butler Yeats

18/09/2024

Dans un monde inversé, le vrai n'est plus qu'un moment du faux.
- Guy Debord

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