Journal Horiya

Journal Horiya Le journal HORIYA est la voix du collectif des victimes de l'attentat du Café de Paris. C'est aussi la voix de la justice.
(2)

Il se veut le porte-voix des opprimés de la nation djiboutienne sans distinctions, dans la quête de la justice !

  EDITION 4 LA CONFÉRENCE !
06/10/2023

EDITION 4 LA CONFÉRENCE !

4IEM Commemoration de l' atentat de Paris - 27 Septembre 1990 Bruxelles - BelgiqueLA COMMUNAUTE DJIBOUTIENNE DE BRUXELLESPresent :UUDR, ARD, MODEL, FPC, FRUD...

06/10/2023

4IEM Commemoration de l' atentat de Paris - 27 Septembre 1990 Bruxelles - BelgiqueLA COMMUNAUTE DJIBOUTIENNE DE BRUXELLESPresent :UUDR, ARD, MODEL, FPC, FRUD...

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24/09/2023

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The Gadabursi community in Canada remember the Café de Paris Crackdown by the Djibouti regime 32 years after.

24/09/2023

30 SEPT !
VENEZ NOMBREUX !

    C'est officielle !!!L'attentat du café de Paris est enfin reconnu par les autorités françaises !En plein preparatifs...
31/05/2023

C'est officielle !!!
L'attentat du café de Paris est enfin reconnu par les autorités françaises !

En plein preparatifs de la commémoration pour la 4ieme année consécutive de la mémoire des victimes du café de Paris, nous réitérons notre quête de justice à l 'endroit des autorités djiboutiennes afin de faire face à leurs responsabilités et de rendre enfin une vraie justice aux victimes et à leurs familles.

Cette quête de justice continuera aussi longtemps que le drapeau national flottera aux dessus de nos têtes !

Le

https://m.facebook.com/story.php?story_fbid=1133073747636658&id=100028021313552

Décret du 7 mars 2023 portant attribution de la médaille nationale de reconnaissance aux victimes du terrorisme

Le massacre d'ArhibaLe 18 décembre 1991, une date marquée au sang dans notre pays. Un jour où une cinquantaine d'innocen...
18/12/2021

Le massacre d'Arhiba

Le 18 décembre 1991, une date marquée au sang dans notre pays. Un jour où une cinquantaine d'innocents ont été massacré pour la raison d'État et dont nous avions tous été complices avec notre silence, grâce à notre mémoire sélective qui veut hisser les morts de notre clan au rang des martyrs et d'ignorer la souffrance des autres.

"Le sang appelle au sang" dit-on, si la main du criminel n'est pas saisi et mis hors d'état de nuire. Hélas, à Djibouti, elle sévit encore. Elle bâillonne, emprisonne, exile et sans états d'âmes tue en silence. Ces victimes, nous ne les oublions pas, mais aussi ceux du Café de Paris, de Buldhuqo et bien d'autres tragédies.

Inalilah wa ina ilayhi rajicun.

L'édition du mois de novembre du journal.Bonne lecture.
07/11/2021

L'édition du mois de novembre du journal.
Bonne lecture.

Pourquoi maintenant ?Pourquoi pas ! Mais pourquoi pas ! Ainsi nous répondons à tous ceux que la demande de justice gêne ...
26/09/2021

Pourquoi maintenant ?

Pourquoi pas ! Mais pourquoi pas ! Ainsi nous répondons à tous ceux que la demande de justice gêne et qui, au lieu de respecter la mémoire des victimes, se cachent derrière l'image d'un rassembleur effarouché telle une vierge.

Pourquoi pas ! L'affaire du café de Paris reste impuni depuis 31 ans. Elle est inscrit au registre des droits humains sciemment bafoués, particulièrement dans le chapitre du génocide. Les tortionnaires courent toujours et sont derrières les mauvaises langues qui tentent de minimiser les conséquences de l'attentat du café de Paris. Oui, en tentant de tirer le débat vers une vulgaire affaire tribale, ils veulent gommer un crime d'État.

Pourquoi pas ! Puisqu'un crime reste un crime tant qu'il n'est pas élucidé et que les victimes dédommager, même si la reconnaissance et le jugement des criminels suffisent à apaiser les âmes tourmentées des victimes.

Pourquoi pas ! Puisque le crime d'État est celui qui touche tout le monde, toutes les communautés du pays. Ce crime a laissé derrière lui un garçon français décédé et dix-sept blessés. Mais au-delà, l'acharnement de la machine d'État sur une communauté a fait plus de victimes que l'attentat lui-même. Un crime reste un crime qui que ce soit la victime et l'humanité et la religion nous demande de se désolidariser de celui qui l'a commis. Ceux qui se demandent pourquoi maintenant, nous leur demandons : quand alors ? Quand les tortionnaires auront tous disparus et qu'il n'y aura personne à juger ?

Pourquoi maintenant ? Et pourquoi pas ! Il était temps hier, il est temps aujourd'hui et il sera encore temps demain. Nous serons là à réclamer justice pour les victimes et toutes les victimes des exactions de l'appareil d'État tant qu'il y aura un seul homme épris de justice sur Terre !

Et une dernière fois, pourquoi pas, puisque tout ce que demande les victimes et leurs familles est la justice. Si vous dites que ce crime est fictif, alors ouvrez une dossier d'instructions pour les dizaines le petit français mort et les dizaines de blessés, enquêtez sur les centaines d'hommes, de femmes et d'enfants arrêtés. Pourquoi les avoir arrêter ? Pourquoi les avoir spoliés de leurs biens ? Pourquoi les avoir déportés ? Jugez cette affaire et que le monde sache le faux du vrai. Chiche !

Justice et Vérité.
Le Collectif des Victimes de l'attentat du Café de Paris
CVCP
www.cvcp-djibouti.com

Témoignage d’une rescapée de l’enfer de l'attentat du Café de Paris.Comme convenu, cher Collectif, je vous ai envoyé le ...
26/09/2021

Témoignage d’une rescapée de l’enfer de l'attentat du Café de Paris.

Comme convenu, cher Collectif, je vous ai envoyé le témoignage vocal d’une jeune femme dont le père, 2 oncles et 2 cousins (mineurs à l’époque des faits) ont été massacrés à Guestir en 1994 soit bien après le Café de Paris.

Pour les témoignages, j’ai demandé à des survivant(e)s, mais aucun ne veut parler. J’ai été rendre visite à un vieil homme, soixante-dix ans à peu près, qui s’est enfermé dans un mutisme depuis les tortures et dont l’un des fils est mort des suites de sévices.
Plusieurs sont morts dans une solitude absolue.

Donc, personne (parmi celles que j’ai vues) à Djibouti n’est prêt à témoigner soit par peur des représailles ou parce qu’elles ont en gardé un tel traumatisme qu’il est impossible de pouvoir les convaincre.

Mais nous, les enfants de ceux qu’on a torturés, violentés, violés, humiliés, ostracisés, spoliés, battus à mort, nous sommes là et nous pouvons apporter notre pierre à l’édifice de la reconnaissance de ce que nous pouvons appeler un génocide.

Car si l’on reprend la définition stricto sensu du Larousse, le génocide est « un crime contre l’humanité tendant à la destruction de tout ou partie d’un groupe national, ethnique, racial ou religieux ».

Cher collectif, je suis sûre que vous avez pris en compte, 2 points importants :

1. L’institutionnalisation de ces crimes et

2. la période durant laquelle ils ont été perpétrés qui s’écoule à partir des lendemains de l’indépendance jusqu’à aujourd’hui.

Le génocide n’est donc pas une incidence du Café de Paris, il lui est bien antérieur et postérieur.

Mon témoignage ne se basera donc pour l’instant que sur ces 2 points.

Tous ces crimes, injustices, discriminations se sont généralisés de manière exponentielle avant le Café de Paris mais l’attentat marque à mon humble avis le feu vert du pouvoir de l’époque commettre leurs exactions tranquillement au vu et au su de tout le monde et sans en être empêchés le moins du monde. Je me souviens que le journal de l’époque tel la Radio des Mille Collines avait annoncé l’arrestation des auteurs et mentionné la tribu d’appartenance de ces derniers.

Je me souviens bien en 1988, quand certains matins, après le petit-déjeuner, nous nous apprêtions à partir à l’école que nous devions enjamber des dizaines et des dizaines de corps allongés à même le sol (hommes, femmes, enfants, vieillards…) dans la cour, et aujourd’hui encore, il m’arrive d’associer chaque odeur de brûlé à ces images de corps ensanglantés.

Je me rappellerai toujours le regard de certains d’entre les enfants qui voulaient nous accompagner à l’école. C’est arrivé plusieurs fois que durant notre sommeil des familles entières arrivent chez nous. Elles s’étaient enfuies, laissant leurs boutiques, leurs maisons, leurs vêtements à Balbala car elles avaient été attaquées durant ces nuits. Et de la pire de manière, les boutiques, les biens et les maisons appartenant aux Gadaboursi étaient incendiées et systématiquement prises pour cibles. Ceux qui le pouvaient, fuyaient en ville se réfugier chez de la famille ou des amis, et d’autres n’ont pas eu cette chance.

En règle générale, et c’est pour cela que je parle d’institutionnalisation, l’éradication des Gadaboursi des postes clés de l’administration, de la vie économique, de l’armée et même de l’éducation avait été programmée et préméditée. Ces discriminations touchaient même les enfants puisque les bourses offertes par les gouvernements canadiens ou français aux meilleurs élèves du lycée se volatilisaient subitement dès lors que l’enfant bénéficiaire n’était pas Issa.

Cher collectif, vous êtes la voix des sans voix. Vous devez dénoncer également ce qui se passe maintenant, en 2021, que ces discriminations continuent d'être commises.

Si vous observez la population carcérale sans jugement ni condamnation, ni preuves, que ce soit à Gabode mais aussi dans les centres de détention, commissariats, Nagad…Vous vous rendrez compte que la majorité des détenus ne viennent que d’une seule tribu. Les Gadaboursi.

Dans l’administration, des réalités similaires, les meilleurs agents, cadres, sans poste, sans salaire ou sans régularisation encore des Gadaboursi !

Le pire dans tout cela, c’est le négationnisme d’État, car en effet, le système est toujours en vigueur et certains des tortionnaires sont encore bien vivants ! Et pour les jeunes générations, ce génocide n’a jamais existé, mais que dire de ceux qui l’ont perpétré, qui sont encore de ce monde et qui le nient ?

Je ne parle même pas (car ce serait trop long) de toutes les injustices quotidiennes liées au simple fait d’appartenir à la tribu des Gadaboursi. De tous ces enfants, certains extrêmement brillants, à qui l’on vole tout espoir d’une vie académique à la mesure de leurs génies ! De tous les officiers, tous avec des formations prestigieuses, qu’on a volontairement cassés mis au trou ou forcés à l’exil.

Un génocide a réellement eu lieu. Il ne s’agit pas que de 300 personnes arrêtées et torturées comme le témoignage vocale de cette jeune orpheline que je vous ai envoyé : il y a eu beaucoup de déportations et de crimes du côté de Guestir.

Je vous remercie de porter nos voix, pour nous les enfants, mais pour tous ceux qui sont encore parmi nous (mais morts à l’intérieur) et tous ceux qui sont partis trop tôt.

Nous recherchons la reconnaissance par l’État Djiboutien des exactions commises à l’encontre de notre communauté et in fine que les coupables soient traduits en justice. Ni oubli, ni pardon... Nous, les victimes de l'attentat du Café de Paris, réclamons : Justice et Vérité.

Je reste confiante en l’avenir car au-delà de la justice des hommes, il y a la justice divine, la meilleure et la plus équitable, et Quel Meilleur Juge.

ALLAH MAHAD LEH

24/09/2021
23/09/2021

Le appelle à la participation de la manifestation-conference prévue ce samedi 25 septembre à Paris.
Nous vous attendons très nombreux !
Bonne écoute !!!

Tout est prêt pour la conférence du 25 septembre pour la commémoration du 31eme anniversaire de l'attentat du café de Pa...
21/09/2021

Tout est prêt pour la conférence du 25 septembre pour la commémoration du 31eme anniversaire de l'attentat du café de Paris. Venez nombreux, l'entrée est gratuite.

Journal Horiya mois de septembre. Vous pouvez télécharger en PDF sur le site www.cvcp-djibouti.com la section du journal...
16/09/2021

Journal Horiya mois de septembre. Vous pouvez télécharger en PDF sur le site www.cvcp-djibouti.com la section du journal.
Partagez et bonne lecture !

Quand une dictature ou l'on cultive le culte de la personnalité admet à demi-mot qu'il existe un grain de poussière, c'e...
14/09/2021

Quand une dictature ou l'on cultive le culte de la personnalité admet à demi-mot qu'il existe un grain de poussière, c'est qu'une tornade de sable est en train de souffler.
Prenez vos precautions.

IOG serait-il malade ?L'information est passé presque inaperçue. IOG qui voyage sans haie d'honneur, ce fut une première...
14/09/2021

IOG serait-il malade ?

L'information est passé presque inaperçue. IOG qui voyage sans haie d'honneur, ce fut une première. L'information est passée à la RTD qui annonça laconiquement qu'il est partie en "voyage estival". Voyage estival alors que c'est la rentrée ? Bizarre. Et pourquoi cette sortie en catimini ? Où est le premier ministre qui n'a que ce rôle, celui de lui souhaiter bon voyage et bon retour avec le sourire ? Où sont les officiers qui donnaient le salut en lui promettant de garder la maison durant son absence ?

Tout cela semble extrêmement bizarre. La seconde phase de ce plan, c'est la réunion qui s'était tenu au CCO le dimanche 12 septembre sous la houlette du chef d'État major de l'armée, le Général Zakaria Cheikh Ibrahim. Le ministre de la Défense était là ainsi que toutes les forces du pays, comme la Police, la Gendarmerie et les Gardes Côtes. Un seul sujet à l'ordre du jour : renforcement de la sécurité.

Beaucoup se sont demandés le timing de cette réunion de haut niveau, même si des troubles sont à signaler dans la région. Pourquoi réunir toutes les forces même celles qui ne relèvent pas du Ministère de la Défense
Comme la Police et les Gardes Côtes ? Les premières confidences qui ont alors filtré de cette réunion faisait état de la décision des mesures drastiques pour prévenir tout trouble. Il a été décidé d'empêcher ce qui suit :

1. Renforcer la surveillance.
2. Limiter l'accès aux réseaux sociaux et les couper au moindre doute.
3. Renforcer le suivi et le contrôle de certains individus comme le Sheikh God, les opposants et les activistes.
4. Préparer les forces pour toutes éventualités.

Que craint-on donc ? Même quand les affrontements communautaires se sont déroulés à Djibouti, il n'y a jamais eu de réunion de cette sorte ni des décisions aussi complexes. Il n'en fallu pas longtemps pour que l'information fuite depuis Paris. IOG n'est pas en vacances estival mais bien malade, extrêmement malade. Si certains disent qu'il est mourrant, sa situation sanitaire inquiète beaucoup, notamment le cercle fermé qui tenait le pouvoir du pays d'une main de fer et les profiteurs du système. Tout ce remue-ménage se justifie donc. Les caciques du régime qui suivent, avec inquiétude, le bulletin médical du président, ont beaucoup à craindre.

S'il arrivait quoi que ce soit au président, c'est la porte ouverte à un scénario catastrophe. Nous reviendrons bientôt sur ce qui peut se passer en cas de vacance du pouvoir pour incapacité physique ou en cas de décès.

L'équipe Horiya.

10/09/2021

Awaleh est parti loin, très loin. Pour toujours, il a quitté le siens, sa terre natale qui, dit-il, ne l’a pas gâté. Né à Djibouti il y a une trentaine d’années, il s’est vu rejeté par son pays où l’innocence de son adol...

Témoignage d'un rescapé de la tortureSeconde partieTémoignage d’Awaleh (Fijaan)Durant sept nuits et sept jours, je fus b...
10/09/2021

Témoignage d'un rescapé de la torture
Seconde partie
Témoignage d’Awaleh (Fijaan)

Durant sept nuits et sept jours, je fus bastonné, la serpillière sans cesse arrosée d’eau javellisée parfois de whisky, sans oublier les séances d’électrochocs, voilà le régime quotidien auquel j’étais soumis. Avec un sadisme inimaginable, les tortionnaires choisissaient les parties les plus sensibles de mon corps. Dès que je m’évanouissais à bout de forces, ils m’envoyaient trois ou quatre décharges électrique pour me ramener à la vie et la torture reprenait de plus belle.

Inhumains jusqu’au bout, il était vain d’attendre un quelconque attendrissement. Mille fois j’ai prié Allah de m’ôter la vie, de mettre fin à mes souffrances. Personne ne pourrait jamais imaginer ce que j’avais enduré pendant cette sinistre semaine d’Octobre 1990. Les tortionnaires, fidèles à leurs maîtres et égaux à eux-mêmes, s’en sont donné à cœur joie.

L’un d’eux a même dit aux autres qu’il fallait en profiter, qu’ils ne devaient avoir pitié, que cela faisait longtemps qu’ils n’avaient pas eu une si belle occasion pour montrer l’étendue de leurs répertoires de tortures. Celui-là, je le reconnais aujourd’hui, et le croise souvent en ville.

Parfois, on se fixe des yeux. Lui s’attendant sûrement à ce que je lui saute dessus pour me venger, tandis que moi, je me demande comment cet homme ordinaire, d’apparence si semblable à nous autres djiboutiens peut être capable d’affliger de telles atrocités sur ses semblables. D’ailleurs, ces tortionnaires je les connais tous. Pour mener à bien leur sale besogne, ils se dopent à la drogue et au whisky dont les bouteilles vides servent ensuite pour les tortures. Les seules pièces à conviction n’étaient autres qu’une valise vide, une machine à écrire et une liste servant à la collecte familiale (en somali QAADHAAN).

Sous la torture, la plupart d’entre nous étions à bout et prêts à tout. Les uns dénonçaient des amis de mabraze, les autres parlent de caches d’armes quelque part… Les plus pathétiques donnaient même les noms de leurs propres frères, sœurs ou parents.
Situation qui engendra la rafle de plus de 200 personnes. Le 10 Octobre, après une semaine de tortures sans relâches, l’enquête administrative commençait. Quinze d’entre nous (dont moi-même) « fournisseur d’armes » furent interpellés, et jugés comme les plus « dangereux ».

Nos tortionnaires souhaitaient enregistrer un mea culpa pour l’établissement du P.V. destiné aux juges. Ce qui fut fait car c’était la seule issue nous permettant de hâter le procès. Cet endroit macabre me rappellera toujours : impuissance, rage et haine.
Le 11 Octobre, direction le tribunal; nous sommes exactement 24 personnes à y être emmenées. Une dizaine de torturés dont quatre “terroristes” considérés comme les plus dangereux et une autre dizaine choisis au hasard. Se souvenant in extremis que, suite aux déclarations des témoins oculaires de l’attentat, parmi les présumés terroristes il n’y avait pas de barbus, les policiers ont emmené, dare-dare, l’un de nos barbus au coiffeur et récupéré les poils pour les remettre aux juges.

Fait étonnant, notre procès a mobilisé une ribambelle d’agents de sécurité placés tout autour du tribunal et ce, sur un périmètre de 500 m sans oublier l’escorte de 50 flics armés jusqu’aux dents qui rappelait les légendaires procès des Brigades Rouges.
Dans la salle d’audience, les magistrats arrivent difficilement à dissimuler leurs émotions devant l’état physique des prisonniers. En effet, aucun de nous n’étaient en mesure de s’asseoir, encore moins se tenir debout devant le prétoire, à cause des sévices endurés. A cet effet, deux policiers étaient, d’ailleurs mobilisés pour garder debout celui qui serait invité à la barre.

Pour toute preuve, les policiers possédaient toujours la valise vide, la machine à écrire, la liste de Qaadhaan et puis maintenant les poils de la barbe. Aussitôt après la présentation des pièces à convictions, on lisait, sans la moindre difficulté, sur le visage des juges la stupéfaction. L’un après l’autre, nous avons tous rejeté en bloc toutes les accusations contre nous.

Nous avons fait remarquer aux juges que les aveux contenus dans les procès-verbaux étaient obtenus sous la torture. Pour ma part, j’ai insisté sur le fait que je ne me trouvais même pas à Djibouti la nuit de l’attentat et que les cachets de la PAF sur mon passeport peuvent attester de mon absence de trois mois du pays. Mais tous nos efforts ont été vains et ne purent convaincre les juges qui, en fait, connaissaient à l’avance le verdict.

Lequel verdict nous conduisait, comme prévu au scénario, directement à Gabode sans donner d’autre précision. A midi, nous nous retrouvâmes à douze à Gabode, les autres étant relaxés sous liberté provisoire. Insultes, humiliations diverses, réprimandes ponctuent notre accueil à Gabode. Cette mauvaise réception était le fait du personnel de la prison qui croyait sincèrement à nos crimes. Notre arrivée bouleversa les habitudes de la prison.
Les semi-libertés des prisonniers en fin de peine et bénéficiant de larges facilités de mouvements à l’extérieur et particulièrement ceux dont nous partagions la même tribu étaient étroitement surveillés.

Les trois “terroristes” et moi prenions possession de la cellule N°12 conçue pour les grands criminels et où les menottes sont de rigueur jours et nuits. Les matons, il faut les appeler ainsi, prenaient grand plaisir à nous réprimander et gardaient pour eux toutes les choses intéressantes, à leurs yeux, que nos pauvres parents nous faisaient parvenir.

Les plus dur d’entre eux, je m’en souviendrai toujours, était un caporal de la police qui répétait sans cesse “Notre Etat” faisant allusion à sa tribu. Je connais son nom. Les matons étaient extrêmement désagréables à notre égard à cause de la Télé et de la radio où diverses personnalités de l’État se succédaient pour nous enfoncer nous, ainsi que toute la communauté dont nous étions issus. On les entendait dire souvent « ABEESO FAR LO TAAGEY… »
A ces pressions s’ajoutaient les problèmes inhérents à notre santé. Pendant plus d’un mois et malgré nos nombreuses blessures consécutives aux tortures, nous n’étions pas autorisés à nous rendre à l’infirmerie. Il a fallu attendre un mois pour que les visites nous soient accordées. Nos parents ont pu alors nous fournir les médicaments nécessaires.

C’est dans cette ambiance malsaine que nous avons fait la connaissance d’un jeune éthiopien, en semi-liberté repris, qui nous fit des révélations époustouflantes. Ce jeune jurait connaître les terroristes. Il les aurait rencontrés à la frontière Djibouto-Ethiopienne à Dawanleh précisément, la nuit de l’attentat et pendant leur fuite vers l’Éthiopie. Nous nous sommes demandés ce qui pouvait l’inciter à faire ces révélations qui, du fait qu’elles contredisaient la version officielle, risquaient de lui causer beaucoup de problèmes.

En fait, il imaginait tirer profit de ces révélations qui devraient, selon lui intéresser les autorités françaises. Mal lui en a pris, il déclencha la colère des matons qui lui ont fait voir de toutes les couleurs. Considérant ces déclarations comme salutaires, nous avons écrit, par l’intermédiaire de nos parents, aux juges qui convoquèrent aussitôt le jeune homme. Celui-ci confirma ses dires malgré les menaces des policiers l’accompagnant au tribunal.
Plus dangereux pour lui, il reconnut parmi une vingtaine de photos celles des vrais auteurs de l’attentat. En vain, toutes ces gesticulations ne donnèrent aucun effet et restèrent sans suite. Et l’on n’a plus revu le jeune Ethiopien.

Notre découragement était total, le moral à zéro d’autant plus que notre avocat, Maître AREF, nous a rejoint à Gabode pour une affaire aussi ténébreuse que la nôtre. Notre calvaire continua et nous perdîmes tout espoir jusqu’au jour où à notre agréable surpris, nous sommes relaxés sans explication. Soudain, semble-t-il, tous les chefs d’accusation se sont envolés. Bien que lavés de tous les soupçons, nous n’avons jusqu’aujourd’hui rien reçu comme dédommagement qu’il soit financier ou moral. Nous n’avons même pas eu droit à une annonce officielle de notre innocence comme lors de notre accusation.

L’affaire est aujourd’hui d’actualité et arrive peut-être à son terme. Quelques-uns des auteurs seraient sous les verrous mais les vrais commanditaires sont en liberté.
J’attends d’Allah que justice soit faite.

La seconde partie du témoignage poignant d'Awaleh "fijaan", rescapé de la tragédie du Café de Paris.Durant sept nuits et...
09/09/2021

La seconde partie du témoignage poignant d'Awaleh "fijaan", rescapé de la tragédie du Café de Paris.

Durant sept nuits et sept jours, je fus bastonné, la serpillière sans cesse arrosée d’eau javellisée parfois de whisky, sans oublier les séances d’électrochocs, voilà le régime quotidien auquel j’étais soumis. Avec un sadisme inimaginable, les tortionnaires choisissaient les parties les plus sensibles de mon corps. Dès que je m’évanouissais à bout de forces, ils m’envoyaient trois ou quatre décharges électriques pour me ramener à la vie et la torture reprenait de plus belle.
Inhumains jusqu’au bout, il était vain d’attendre un quelconque attendrissement.
Mille fois j’ai prié Allah de m’ôter la vie, de mettre fin à mes souffrances. Personne ne pourrait jamais imaginer ce que j’avais enduré pendant cette sinistre semaine d’Octobre 1990. Les tortionnaires, fidèles à leurs maîtres et égaux à eux-mêmes, s’en sont donnés à cœur joie.
L’un d’eux a même dit aux autres qu’il fallait en profiter, qu’ils ne devaient pas avoir pitié, que cela faisait longtemps qu’ils n’avaient pas eu une si belle occasion pour montrer l’étendue de leurs répertoires de tortures. Celui-là, je le reconnais aujourd’hui, et le croise souvent en ville.
Parfois, on se fixe des yeux. Lui s’attendant sûrement à ce que je lui saute dessus pour me venger, tandis que moi, je me demande comment cet homme ordinaire, d’apparence si semblable à nous autres djiboutiens peut être capable d’affliger de telles atrocités sur ses semblables.
D’ailleurs, ces tortionnaires je les connais tous. Pour mener à bien leur sale besogne, ils se dopent à la drogue et au whisky dont les bouteilles vides servent ensuite pour les tortures. Les seules pièces à conviction n’étaient autres qu’une valise vide, une machine à écrire et une liste servant à la collecte familiale (en somali Qadhan).
Sous la torture, la plupart d’entre nous étions à bout et prêts à tout. Les uns dénonçaient des amis de mabraze, les autres, parlent de caches d’armes quelque part… Les plus pathétiques donnaient même les noms de leurs propres frères, sœurs ou parents.
Situation qui engendra la rafle de plus de 200 personnes. Le 10 Octobre, après une semaine de tortures sans relâche, l’enquête administrative commençait. Quinze d’entre nous (dont moi-même) « fournisseur d’armes » furent interpellés, et jugés comme les plus « dangereux ».
Nos tortionnaires souhaitaient enregistrer un mea culpa pour l’établissement du P.V. destiné aux juges. Ce qui fut fait car c’était la seule issue nous permettant de hâter le procès. Cet endroit macabre me rappellera toujours : impuissance, rage, et haine.
Le 11 Octobre, direction le tribunal ; nous sommes exactement 24 personnes à y être emmenées. Une dizaine de torturés dont quatre “terroristes” considérés comme les plus dangereux et une autre dizaine choisis au hasard. Se souvenant in extremis que, suite aux déclarations des témoins oculaires de l’attentat, parmi les présumés terroristes il n’y avait pas de barbus, les policiers ont emmené, dare-dare, l’un de nos barbus au coiffeur et récupéré les poils pour les remettre aux juges.
Fait étonnant, notre procès a mobilisé une ribambelle d’agents de sécurité placés tout autour du tribunal et ce, sur un périmètre de 500 m sans oublier l’escorte de 50 flics armés jusqu’aux dents qui rappelait les légendaires procès des Brigades Rouges.
Dans la salle d’audience, les magistrats arrivent difficilement à dissimuler leurs émotions devant l’état physique des prisonniers. En effet, aucun de nous n’était en mesure de s’asseoir, encore moins se tenir debout devant le prétoire, à cause des sévices endurés. À cet effet, deux policiers étaient, d’ailleurs mobilisés pour garder debout celui qui serait invité à la barre.
Pour toute preuve, les policiers possédaient toujours la valise vide, la machine à écrire, la liste de Qadhan et puis maintenant les poils de la barbe. Aussitôt après la présentation des pièces à convictions, on lisait, sans la moindre difficulté, sur le visage des juges la stupéfaction. L’un après l’autre, nous avons tous rejeté en bloc toutes les accusations contre nous.
Nous avons fait remarquer aux juges que les aveux contenus dans les procès-verbaux étaient obtenus sous la torture. Pour ma part, j’ai insisté sur le fait que je ne me trouvais même pas à Djibouti la nuit de l’attentat et que les cachets de la PAF sur mon passeport peuvent attester de mon absence de trois mois du pays. Mais tous nos efforts ont été vains et ne purent convaincre les juges qui, en fait, connaissaient à l’avance le verdict.
Lequel verdict nous conduisait, comme prévu au scénario, directement à Gabode sans donner d’autre précision. À midi, nous nous retrouvâmes à douze à Gabode, les autres étant relaxés sous liberté provisoire. Insultes, humiliations diverses, réprimandes ponctuent notre accueil à Gabode. Cette mauvaise réception était le fait du personnel de la prison qui croyait sincèrement à nos crimes. Notre arrivée bouleversa les habitudes de la prison.

Les semi-libertés des prisonniers en fin de peine et bénéficiant de larges facilités de mouvements à l’extérieur et particulièrement ceux dont nous partagions la même tribu étaient étroitement surveillés.
Les trois “terroristes” et moi prenions possession de la cellule N°12 conçue pour les grands criminels et où les menottes sont de rigueur jours et nuits. Les matons, il faut les appeler ainsi, prenaient grand plaisir à nous réprimander et gardaient pour eux toutes les choses intéressantes, à leurs yeux, que nos pauvres parents nous faisaient parvenir.
Les plus durs d’entre eux, je m’en souviendrai toujours, était un caporal de la police qui répétait sans cesse “Notre État” faisant allusion à sa tribu. Je connais son nom. Les matons étaient extrêmement désagréables à notre égard à cause de la Télé et de la radio où diverses personnalités de l’État se succédaient pour nous enfoncer nous, ainsi que toute la communauté dont nous étions issus. On les entendait dire souvent « ABEESO FAR LO TAAGEY… »
À ces pressions s’ajoutaient les problèmes inhérents à notre santé. Pendant plus d’un mois et malgré nos nombreuses blessures consécutives aux tortures, nous n’étions pas autorisés à nous rendre à l’infirmerie. Il a fallu attendre un mois pour que les visites nous soient accordées. Nos parents ont pu alors nous fournir les médicaments nécessaires.
C’est dans cette ambiance malsaine que nous avons fait la connaissance d’un jeune éthiopien, en semi-liberté repris, qui nous fit des révélations époustouflantes. Ce jeune jurait connaître les terroristes.
Il les aurait rencontrés à la frontière Djibouto-Éthiopienne à Dawanleh précisément, la nuit de l’attentat et pendant leur fuite vers l’Éthiopie. Nous nous sommes demandés ce qui pouvait l’inciter à faire ces révélations qui, du fait qu’elles contredisaient la version officielle, risquaient de lui causer beaucoup de problèmes.
En fait, il imaginait tirer profit de ces révélations qui devraient, selon lui intéresser les autorités françaises. Mal lui en a pris, il déclencha la colère des matons qui lui ont fait voir de toutes les couleurs. Considérant ces déclarations comme salutaires, nous avons écrit, par l’intermédiaire de nos parents, aux juges qui convoquèrent aussitôt le jeune homme. Celui-ci confirma ses dires malgré les menaces des policiers l’accompagnant au tribunal.
Plus dangereux pour lui, il reconnut parmi une vingtaine de photos celles des vrais auteurs de l’attentat. En vain, toutes ces gesticulations ne donnèrent aucun effet et restèrent sans suite. Et l’on n’a plus revu le jeune éthiopien.
Notre découragement était total, le moral à zéro d’autant plus que notre avocat, Maître AREF, nous a rejoint à Gabode pour une affaire aussi ténébreuse que la nôtre. Notre calvaire continua et nous perdîmes tout espoir jusqu’au jour où à notre agréable surprise, nous sommes relaxés sans explication. Soudain, semble-t-il, tous les chefs d’accusation se sont envolés.
Bien que lavés de tous les soupçons, nous n’avons jusqu’aujourd’hui rien reçu comme dédommagement qu’il soit financier ou moral. Nous n’avons même pas eu droit à une annonce officielle de notre innocence comme lors de notre accusation.
L’affaire est aujourd’hui d’actualité et arrive peut-être à son terme.
Quelques-uns des auteurs seraient sous les verrous mais les vrais commanditaires sont en liberté.
J’attends d’Allah que justice soit faite.

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