06/04/2023
Récits n°7 : Non Jacques ! Pas l'Outremer à 11h !
J'avais envie de vous partager une journée incroyable que j'ai passée au début du mois de mars.
C'est parti d'un appel basique de mon ami, Jacques, un ami plein de générosité et de vie que ce soit dans la vie ou derrière un comptoir. Je sais très bien que ce n'est pas le dernier pour aller s'en mettre plein les mirettes, donc j'écoute toujours très attentivement ce qu'il a à me dire.
"Salut mon gros, comment qu'c'est gros ? Tu fais quoi le Mercredi 1er Mars gros ?"
Je connais évidemment l'animal et j'étais certain qu'il allait encore me proposer une embuscade en plein milieu de semaine. Tout en sachant bien, chers lecteurs, que j'étais en repos compensatoire ce jour-là...comme quoi...le destin mes amis…
"Avec ma femme Ginette et son amie Agathe, on a pris 4 places pour aller au salon de l'agriculture la journée, on part tôt le matin et on rentre plein le soir, ça te dit ? On ira voir des cochons encore plus gros que toi !"
Pensez bien, mesdames et messieurs, que j'ai acquiescé d'une rapidité incroyable une si belle occasion de faire un tour de France agricole dans des gros buildings parigos. Je me suis dit que cela allait être une belle aventure à vivre.
Départ 6h du matin, je me vêts de beaux mocassins, d'un petit polo manches longues et d'un béret que portait mon grand-père. Je me sentais Français alors que je ressemblais à un ignoble mélange de style entre Gavroche et François Fillon. Bien heureux de ne pas avoir mis ma petite écharpe d'enculé de droite quand même.
On monte dans le TGV, direction Paris. Pu**in j'aime pas cet endroit, les gens sont pressés, ne sourient pas, on te dit des grands "Chut !!!" dans le métro, rahhh pu**in, foutez moi au milieu du plateau du Larzac plutôt qu'en ville.
Dans le train, chacun vaque à ses occupations. Jacques se repose et dort comme un fœtus dans son siège, faut dire qu'il est plutôt diesel qu'essence le garçon, Agathe et Ginette parlent de ragots et de culs… les femmes d'aujourd'hui. Et moi j'écoutais de la musique en somnolent pour éviter d'être choqué des propos de ces deux dernières assises à côté de moi. Il était 8h30 et on allait arriver à bon port quand soudain, je remarquais un bar que je n'avais pas vu, au milieu du train, j'ai vite émergé et je me suis dit que c'était maintenant le moment propice pour commencer la bataille. Un saucisson, une Despe pour Agathe, une H pour moi, et tout cela pour la modique somme de 24 euros, mais j'avais soif. Après approximativement 43 rames de métros avec des co***rds, 3 bus et 12 tentatives de manchettes sur des fumiers en trottinette électrique, on arrive enfin devant les portes du salon, il y avait beaucoup de monde, on a décidé d'attendre l'ouverture
en allant siroter une bière orangée à 9h du matin devant les yeux ébahis des parigos. On se regardait avec Jacques, Agathe et Ginette, chopines et verres de blanc en main, fier d'être Lorrain.
Premier bâtiment, on va voir les animaux, c'est vrai qu'il était tôt pour commencer à se farcir dans les stands de pinards de nos chères contrées françaises verdoyantes. Forcément, Jacques n'a pas attendu de faire ses premières vannes comparatives entre les porcs Large White et moi-même. Mais je ne démentais rien, c'est vrai que de voir un gros cochon dormir, allongé dans la paille, ca me faisait vaguement penser aux fois où j'ai dormi sur les banquettes au Phénix. Ginette, fille d'agricultrice, connaissait toutes les races, elle nous expliquait, étalait sa culture agricole et c'était super intéressant tandis qu'Agathe passait son temps à prendre en photos les énormes co****es des taureaux. Ahlala, apparemment, on a le même maillot mais pas la même passion. On a même vu un paysan dormir avec ses vaches dans le foin, il avait pas dû faire semblant la veille. Allez on passe la deuxième, il est 10h30, casse-croûte savoyard et grande chouffe pour commencer puis producteur de rhum arrangé français, liqueur de cognac et vas-y que je te sors des billets.
A Paris c'est 30 balles la bouteille alors qu'en production locale c'est 18 euros, les mecs venaient de la Rochelle, ça fait cher la taxe d'exportation pour 500km ! Mais c'est pas grave, on était là pour profiter. Avec Jacques on avait mis en place une technique bien ficelée, "Avis de ma femme", on goutait tout les rhums et on disait aux gonzesses de tailler plus loin, et quand on avait terminé, on disait simplement que c'était elles qui portaient la culotte et qu'elles avaient nos portefeuilles. Bah oui, écoutez, quand vous roulez pas sur l'or, il faut faire un choix très stratégique pour l'achat d'une ou deux bouteilles parmi 78 stands.
On continue notre périple et alors là ! Erreur de débutant ! on s'était chauffer le gosier avec le Jacques, on fumait une cigarette, quand soudain...le panneau : "Bâtiment Outremer et DOM-TOM". Il me regarde, je le regarde, il me regarde...bref ! Le boss final était là devant nous, derrière cette porte. Le Bowser de notre monde Mario à nous ! Evidemment qu'on y a été direct à 11h ! Mettez Marc Dutroux devant une maternelle, donnez une bouée à Grégory, Jacques et moi devant des dizaines de stands de rhum, vous obtiendrez le même résultat, des mecs qui vont se jeter sur l'occasion !
Rhum bielle, Rhum Métiss, Rivière du Mât, Rhum à 74 °C, la Réunion, la Martinique, la Guadeloupe, Marie-Galante, on a tout bu ! 11h30 du matin et on communiquait déjà en créole avec mon frère, ou Thaïlandais, chacun son point de vue…
On dansait, ce stand était vivant bo**el de m***e ! On avait envie d'y rester jusqu'à la fin ! Midi arrive et les femmes nous font comprendre qu'on a encore beaucoup de choses à visiter, on décide d'aller dans le bâtiment des saveurs françaises et on tombe direct sur le stand de la brasserie des Mussipontains, allez, encore une pinte, on croise une bande de mecs basques qui squattait le bar depuis 1h avec qui on a discuté pendant 30 minutes de rugby, décidément, si on s'arrête à tout les stands comme ça...on a pas fini. On a décidé de faire un p'tit break pour manger un bout comme des blaireaux par terre entre 2 stands. Un festin ! Avec Jacques, on va chercher du Nuits St Georges, des huitres d'Oléron, du saucisson de sanglier, les filles, elles, n'étaient pas à plaindre, elles sont allées commander deux bouteilles de blanc, c'était génial. On a continué de faire le tour, on a vu des politicards venir faire leurs discours plein d'hypocrisie comme chaque année, on a discuté avec plein de gens, on a squatté le troquet corse pour boire des tonneaux de rosé avec des joueurs du Stade Français et on a chanté !
Et à ce moment là...il est presque 16h, on a un train à prendre, on se doit de mettre un terme à cette fête incroyable tout en disant aurevoir à nos nouveaux copains d'une journée. Tous dans l'ivresse, bras dessus, bras dessous, pu**in que la France est belle !
Jacques ne comprend plus le GPS, on se trompe de métro, on arrive trop t**d pour notre train, on rachète des billets pour celui qui part 1h après, on retourne au PMU en face de la gare de l'Est, on reprends l'apéro, autant finir en beauté ! On faisait les cons avec Agathe quand le 2ème train est arrivé, Jacques et Ginette ont eu le temps de le prendre. Quand j'ai téléphoné à mon ami, pas de surprises...le second train était parti sans nous. On repaye des billets avec Agathe, je peux vous dire que celui là, on l'a attendu sur le quai. On se fou l'un à côté de l'autre sur des places qui n'étaient pas prises mais apparemment ça emmerdait le contrôleur qui m'a fait la réflexion plusieurs fois de changer de place alors que je ne gênais personne...aucun doute sur le fait que son grand-père siégeait certainement sur un mirador en Pologne en 1940.
Qui dit dernier train pour Lorraine TGV, dit ivrognes plein le wagon ! Un peu de salades de phalanges au wagon-bar, l'agent précédemment cité de la Gestapo a évidemment fait arrêter la locomotive à Meuse TGV et il a appelé les flics, car en plus de la baston, il a retrouvé un sans-papier dans les ch****es, il n'a pas du tout hésiter à le donner aux kép*s. 1h d'attente ! J'avais presque envie de lui demander si il avait de la famille dans les coins de Vichy ce co***rd !
On a fini le voyage avec 4 poivrots qui venaient de Mirecourt, j'ai torché ma bouteille de liqueur de cognac avec eux, on a mangé le bout de comté d'Agathe à 52 euros. Jacques et Ginette nous ont récupérés à 22h30 alors qu'on devait rentrer à 18h30.
Ce moment de partage fut incroyable, la fête de tout les Français, la fierté dans les yeux quand ils nous faisaient l'éloge de leurs produits régionaux. Enfaite la France, c'est vaste, c'est beau. Les accents, les couleurs, les cépages, les habitudes, les vannes, la montagne, la mer, la bouffe, le pinard. Mon seul regret est de ne pas avoir vu mon Jeannot.
Je suis rentré aussi plein que les vaches qu'on avait pu croiser le matin mais j'étais tellement fier d'avoir vécu cela avec mes copains.
Je pense que mon meilleur souvenir restera tout de même l'Outremer...mais Jacques, par pitié, plus de boss final à 11h !
Vous voyez Monsieur Zemmour, on y trouve du bon chez les gens français de couleur ?
Non enfaite, j'ai rien dit, cela vous aurait peut-être plu, parce qu'au finale, les 2 taverniers insulaires s'appelaient Gaspard et Maurice.
Je suis heureux que mon pays, la France, soit un pays cosmopolite avec une richesse culturelle toujours plus grande. Je vous promets que vous n'avez pas besoin d'être nationaliste pour brandir un drapeau Bleu Blanc Rouge.
PS : Je vais bientôt me produire en p'tit café théâtre, je vous tiens au jus