17/04/2024
ALORS MON P'TIT REGIS... ON EN EST OÙ DU FESTIVAL OFF ?
L'association "Vivre Montpellier Nord" dans le viseur de la mairie.
Delafosse met hors-jeu le Off de la Comédie du Livre
Lorsque l'administration de Michaël Delafosse a une association dans le collimateur, elle sort l'artillerie lourde. L'association militante Vivre Montpellier Nord, dont l'objet est la sauvegarde de l'environnement, voit régulièrement ses actions entravées par des arrêtés municipaux directement dédicacés par le maire-président. Et comme il est d'usage en la matière, il n'est pas rare que le conflit se règle devant le tribunal administratif. Outre l'organisation de quatre vide-greniers qui lui a été récemment refusée, c'est aussi son projet de Off de la Comédie du Livre qui n'a pas obtenu le blanc-seing de la ville. Et pour cause, l'espace public est strictement réservé à la version officielle, portée par le collaborateur de la culture au cabinet de Michaël Delafosse, Régis Pénalva.Classé depuis à l'inventaire des monuments
Alors qu'aujourd'hui, la plupart des festivals ont une version Off, Régis Pénalva, sur le coup, est un peu out. Pour en citer quelques-uns, le Off du festival d'Avignon, le printemps de Bourges, ces événements alternatifs ont le mérite de mettre en lumière des artistes locaux et émergents. A Montpellier, pourtant, l'idée d'adjoindre à la Comédie du Livre une version Off n'a pas séduit Regis Pénalva. Toutefois, le Off aura bien lieu les 17 et 18 mai prochains. En revanche, il se tiendra dans des résidences privées qui accueilleront les auteurs régionaux. Nous avions sollicité la ville pour investir l'espace Nougaret à Pitot, mais nous avons eu une réponse implicite de refus, puisqu'à ce jour nous n'avons eu aucun retour de la part des services de la ville, relate Thierry Teulade, le président de l'association à l'origine de l'événement.
Pénalva n'est pas IN
Pour autant, la structure ne se laisse pas intimider et a d'ores et déjà déposé un recours auprès du tribunal administratif. De toute façon, nous avions anticipé que la mairie ne nous aiderait pas. Nous avions écrit à Eric Penso, le vice-président délégué à la culture de la métropole, ainsi qu'à l'adjointe à la culture, Agnès Robin, et à Régis Pénalva pour les informer du projet, Régis Pénalva nous a répondu que c'était très bien, mais qu'il ne nous aiderait pas Quant à Agnès Robin et Eric Penso, ils nous ont envoyé un courrier commun, disant qu'ils ne nous recevraient pas.
L'une des journées sera consacrée aux scolaires. A priori dans un lieu prestigieux, mais pour l'instant, l'on n'en saura pas plus. L'association Vivre Montpellier Nord reste prudente, de peur que le propriétaire du lieu en question ne subisse des pressions de la mairie. Une trentaine d'auteurs seront présents. Et des ateliers divers serant proposés aux scolaires Comme l'association est a priori privée d'aides publiques, elle compte surtout sur le soutien des sponsors pour boucler son budget. D'autant que l'évènement proposé est totalement gratuit. Nous allons sûrement, faire un oppel aux dons. L'association a par ailleurs pris d'autres précautions en déposant la marque Off de la Comédie du Livre auprès de l'INPI et racheté des noms de domaines. Créée en 2012, Vivre Montpellier Nord est née d'une volonté à l'époque de s'opposer à la décision de Michaël Delafosse, alors adjoint à l'urbanisme, d'acter la démolition du collège écossais situé dans le quartier du Plan des quatre seigneurs historiques, l'opération de sauvetage par l'association n'aurait toujours pas été digérée par l'édile, qui sur ce coup aurait la rancune tenace. C'était en 2012, relate Thierry Teulade. Le collège écossais est le premier site universitaire qui permettait de travailler à la fois et la botanique et l'urbanisme, fondé par le botaniste Patrick Geddes. Et réalisé par l'architecte Raymond Leenhardt. Ce site est merveilleux. C'est un petit château écossais qui accueillait les étudiants internationaux. A la suite de l'enquête publique, nombreux sont ceux qui se sont opposés à la destruction du site, se souvient Thierry Teulade. Nous avons réussi à bloquer le projet en déposant auprès de la Drac un dossier pour faire classer la totalité du site à l'inventaire des monuments historiques.
C'est en partie pour ce motif que les relations aujourd'hui seraient tendues et que certains coups bas de la mairie ne voleraient pas très haut.
Pour preuve, récemment, l'association s'est vu refuser aussi l'autorisation d'organiser les quatre vide-greniers qu'elle prévoyaient en 2024. Un recours contentieux est en cours. L'arrêté de la ville prévoit de les limiter à deux par an et par association.
Or, selon Thierry Teulade, l'arrêté ne respecterait pas l'article L310-2 du Code du commerce, lequel n'impose cette limitation qu'aux seuls participants et non aux organisateurs. L'affaire se réglera donc une nouvelle fois devant le tribunal administratif car il s'agit d'une entrave à notre liberté de réunion.
A ces peaux de bananes s'ajoutent aussi des dossiers de demande de subventions qui se perdraient, selon le président, systématiquement aussi dans les limbes des couloirs de l'administration L'on ne nous répond pas. Idem à la métropole. Je pense que tout ça est la démonstration de nous empêcher de faire notre job et de continuer nos actions militantes en toute indépendance.
Verts de terre » vs « verts >>> à soie
Reconnue pour son militantisme en faveur de l'environnement, il n'est pas rare, en effet, que l'association soit régulièrement partie prenante dans des procédures au profit de la cause environnementale. Par exemple, elle s'est opposée à l'abattage des pins de la rue Charles Vanel. La ville a voulu les abattre parce que leurs racines dégradent le bitume, confie Thierry Teulade. Mais les riverains présents lors de la concertation publique ont tous voté contre. Or, l'administration aurait dû savoir que ce sont en priorité les préfectures qui ont compétence pour autoriser ou non l'abattage des arbres. Quand deux riveraines ont tenté d'expliquer cela au collaborateur de Michaël Delafosse, Jérôme Moynier, lors d'un rendez-vous formel à la mairie, il s'est emporté et a argué que de toute façon, les pins seraient abattus. C'est à partir de la que notre association est intervenue et a déposé un référé que les juges ont jugé recevable. Et depuis, les pins sont toujours là L'association est également aussi très vigilante concemant le respect de l'application des règles de l'urbanisme.
La politique s'en mêle
Pour autant, si la structure se définit comme étant apolitique, en revanche, son président Thierry Teulade, aux yeux des élus écologistes élus au Conseil Municipal grâce à l'alliance Vert/pastèque de 2020, n'en reste pas moins celui qui en 2019 avait opposé aux militants EELV locaux une contre-primaire à la primaire officielle EELV de Manu Reynaud, depuis élu adjoint au maire. En 2019, lorsque j'ai voulu déposer ma candidature à la primaire officielle, on me l'a refusée. Pourtant, Manu Reynaud, en amont, avait déclaré qu'elle serait ouverte à tout le monde, y compris à ceux qui n'avaient pas de carte du parti. L'idée d'organiser une contre-primaire m'est alors apparue légitimes, relate Thierry Teulade. Aujourd'hui, où en est-on, d'ailleurs ? Des 2020, je vous rappelle que la première chose que Coralie Mantion a faite, c'est de délivrer un permis de construire pour l'extension d'un hôtel 5 étoiles à Montpellier, à savoir le Domaine de Verchant, poursuit-il. Idem, pour François Vasquez. Malgré ces interventions successives récentes contre
OUF!! LE OFF EST OUT!
la construction d'un incinérateur à plastiques
à Montpellier, il est en partie responsable
de la situation, quoi qu'il en dise
Finalement, en 2020, l'écologiste se
retrouvera très bien placé en dixième position sur la liste de Philippe Saurel. Une raison qui pourrait expliquer que Michaël Delafosse l'a aujourd'hui dans sa ligne de mire. Je ne suis pas un saureliste Mais en revanche, Philippe et moi aνίσns un accord en 2020 quand j'ai rejoint sa liste», précise Thierry Teulade.
Reste à savoir si les ex-mariés vont remettre le couvert en 2026. Ou bien si le divorce est définitivement consommé. De son côté, Thierry Teulade annonce d'ores et déjà qu'il défendra l'idée d'une liste écologique unique aux prochaines Municipales."
Audrey Prieur
l'Agglorieuse 17 avril 2024