14/06/2024
Législatives : accords électoraux en série entre le camp Macron et des Républicains.
Des «fronts rĂ©publicains» locaux, contestĂ©s par LR Ă lâĂ©chelle nationale, doivent Ă©pargner des figures macronistes et de la droite anti-Ăric Ciotti.
La recomposition sâaccĂ©lĂšre, quitte Ă abattre des barriĂšres. EntraĂźnĂ©es par Emmanuel Macron dans de trĂšs hasardeuses Ă©lections lĂ©gislatives anticipĂ©es, les 30 juin et 7 juillet prochains, les troupes prĂ©sidentielles tentent de survivre en se trouvant de nouveaux alliĂ©s. Un peu Ă gauche, et beaucoup Ă droite. Une maniĂšre dâappliquer la demande Ă©lysĂ©enne de travailler Ă une « fĂ©dĂ©ration de projet » avec des opposants « constructifs », afin de « conquĂ©rir de nouvelles circonscriptions », selon le vĆu formulĂ© mercredi par le chef de lâĂtat devant la presse, Ă Paris.
Le premier ministre et le patron de Renaissance se sont exĂ©cutĂ©s. Candidats dans les Hauts-de-Seine, le chef du gouvernement et celui de la diplomatie, Gabriel Attal et StĂ©phane SĂ©journĂ©, ont scellĂ© un « pacte de non-agression » avec le prĂ©sident dĂ©partemental des RĂ©publicains (LR), le dĂ©putĂ© Philippe Juvin. Un « arc rĂ©publicain » afin de « faire barrage aux extrĂȘmes de droite comme de gauche », Ă©crivent les artisans de lâaccord dans un communiquĂ© publiĂ© vendredi. Le locataire de Matignon lâassume : « Il y a, au niveau local, des Ă©lus locaux qui se retrouvent », a-t-il dĂ©clarĂ© vendredi, en marge dâun dĂ©placement Ă La Chapelle-sur-Erdre, en Loire-Atlantique. Un autre dĂ©partement oĂč macronistes et droite modĂ©rĂ©e tentent de sâaccorder.
Hauts-de-Seine, Loire-Atlantique, Savoie, Yvelines, Nord, Haute-SaĂŽne⊠Ci et lĂ , les soutiens d'Emmanuel Macron comptent sur des ententes avec leurs opposants locaux « de bonne volontĂ© ». Câest-Ă -dire, Ă droite, Les RĂ©publicains qui refusent « lâalliance avec le Rassemblement national » (RN) nouĂ©e par Ăric Ciotti ; et, Ă gauche, les sociaux-dĂ©mocrates qui rejettent lâaccord entre le Parti socialiste et La France insoumise, sorte de Nupes ressuscitĂ©e sous la banniĂšre Front populaire. Un casse-tĂȘte : « Câest un enfer, on rentre dans des combin**ione⊠», admet le prĂ©sident de lâUDI, HervĂ© Marseille.
«Les masques tombent»
Bien quâils ne soient officiellement pas nationaux, ces rapprochements sont condamnĂ©s Ă droite. Dâun cĂŽtĂ©, par Ăric Ciotti : « Les masques tombent », a fustigĂ© sur X le leader des Jeunes RĂ©publicains, Guilhem Carayon, qui le suit dans son aventure lepĂ©niste. De lâautre, par la direction anti-Ciotti de LR, qui promet une ligne dâ« indĂ©pendance ». « Nous resterons dans une opposition extrĂȘmement claire Ă Emmanuel Macron », se persuade François-Xavier Bellamy, qui a fini par dĂ©signer des candidats face Ă Gabriel Attal et StĂ©phane SĂ©journĂ©. Au risque de nier certaines rĂ©alitĂ©s, puisque plusieurs figures macronistes bĂ©nĂ©ficient de lâaide objective dâĂ©lus RĂ©publicains.
Câest le cas de la prĂ©sidente sortante de lâAssemblĂ©e, YaĂ«l Braun-Pivet, qui revendique dans les Yvelines le soutien du maire LR de Sartrouville, Pierre Fond. Sans compter la bienveillance que lui exprime en coulisses le baron local GĂ©rard Larcher, prĂ©sident du SĂ©nat. « Lâouest de lâĂle-de-France est une terre de modĂ©ration, explique Arnaud PĂ©ricard, maire philippiste (Horizons) de Saint-Germain-en-Laye. Ici, la frontiĂšre idĂ©ologique entre LR, Horizons et dâautres est mince. Lâesprit de responsabilitĂ© doit primer. »
On sera obligé de se rapprocher de la gauche, mais on ne peut pas le dire maintenant
Un parlementaire de la droite macroniste
De lâautre cĂŽtĂ©, et sauf changement dâici Ă la clĂŽture des dĂ©pĂŽts en prĂ©fecture dimanche aprĂšs-midi, le camp Macron mĂ©nage certains candidats LR en nâinvestissant personne face Ă eux. Ainsi des dĂ©putĂ©s LR sortants Pierre-Henri Dumont (Pas-de-Calais), Julien Dive (Aisne), Nicolas Forissier (Indre), VĂ©ronique Louwagie (Orne), de la prĂ©sidente de la Commission dâinvestiture MichĂšle Tabarot (Alpes-Maritimes), ou encore Annie Genevard (Doubs).
Sans compter le « candidat naturel » de la droite pour 2027, Laurent Wauquiez, Ă©pargnĂ© en Haute-Loire, son fief oĂč il se prĂ©sente. Dans une stratĂ©gie de « main tendue », Ădouard Philippe lâa assurĂ© jeudi, dans Le Figaro : « Nous veillerons Ă ne pas prĂ©senter de candidat contre ceux qui ont vocation Ă travailler avec nous ensuite, et qui seraient menacĂ©s par les extrĂȘmes. »
Lâaile gauche macroniste regrette toutefois que les accords se nouent davantage Ă droite quâĂ gauche. « Il ne faut pas regarder que dâun cĂŽtĂ©, il faut avoir lâalliance la plus large possible », insiste CĂ©cile Rilhac, candidate Renaissance dans le Val-dâOise, qui revendique le soutien du Parti radical de gauche. Lâobjectif est de prĂ©parer la suite, Ă lâAssemblĂ©e. Quitte Ă sâallier plus t**d Ă la partie modĂ©rĂ©e du Nouveau Front populaire. MĂȘme ce parlementaire de la droite macroniste reconnaĂźt dâavance cette nĂ©cessitĂ© : « On sera obligĂ© de se rapprocher de la gauche, mais on ne peut pas le dire maintenant. »