Bilan 2024 (3). Si la saison a été fabuleuse pour les Chanterelles (Craterellus lutescens), elle a été pour ainsi dire gigantesque pour les Trompettes de la mort (Craterellus cornucopioides). Je ne crois pas en avoir vu autant de toute ma jeune vie d'arpenteur des forêts. Une année remarquablement humide (depuis la mi-octobre 2023 et jusqu'au début du mois de novembre 2024) explique pour une large partie ces fructifications massives. Un mycélium malmené par des années antérieures très sèches (il n'y avait strictement rien dans ces bois les trois automnes précédents) peut aussi expliquer ce comportement "compensatoire", pour peu que la pluviométrie changeante donne le signal.
Que nous réserve 2025 ? Nous le verrons bien, pas à pas, toujours sur Champignon Magazine. Merci d'être fidèles au rendez-vous !
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Voilà un excellent champignon qu'il me tardait de rencontrer dans mon fief. Le Charbonnier, alias Tricholome prétentieux (Tricholoma portentosum), pousse dans les forêts humides de conifères avec une préférence marquée pour le Pin. Présent dans les Alpes, il est plus commun dans le Massif central où il affectionne les sols acides.
Mais gare ! Le Charbonnier peut être confondu avec une kyrielle de Tricholomes gris parfois sévèrement toxiques. On l'identifiera par son chapeau humide comme recouvert d'un vernis, à la cuticule subtilement teintée de violacé (pas toujours visible) et surtout à ses lames et à une partie de son pied au moins lavées de jaune sulfurin.
Il exhale une délicate odeur... d'huître, plutôt Marennes d'Oléron 😅.
Son goût subtil et sa texture croquante se marient bien avec un poisson, notamment le sandre. On peut aussi le préparer à la marinière, comme les moules.
Précaution : depuis les accidents mortels survenus suite à la consommation excessive de Tricholoma auratum, les Tricholomes sont dans le viseur des toxicomycologues. Il est formellement déconseillé de les consommer en grande quantité et jamais sur deux repas consécutifs.
Photo : Trièves, 27 octobre 2024.
Un sacré champi ! L'Agaric auguste (Agaricus augustus) s'impose dans les forêts mêlées par ses dimensions : le chapeau peut dépasser 20 centimètres de diamètre, son pied atteindre facilement la même taille !
Il se reconnaît aussi aux écailles nombreuses et régulières, roux ochracé, qui ornent le fond crème de son chapeau, jaunissant rapidement au toucher. Son pied, muni d'un large anneau épais ressemblant vu de dessous à une roue dentée, est couvert de flocons grossiers sous cette ample jupe.
Sa chair dense, jaunissante, sent l'amande amère.
Ses lames, d'un beau rose profond quand le champignon est jeune, virent au pourpre-noir en vieillissant (couleur des spores).
Nous trouvons cette belle espèce chaque année entre juin et août dans les forêts de moyenne altitude, sur sol argilo-calcaire.
Les auteurs se sont mis d'accord pour classer l'Agaric auguste parmi les espèces toxiques, en raison de sa forte propension à accumuler les métaux lourds. Il contient également de l'agaritine, une toxine mutagène présente dans tous les Agarics (en proportions variables d'une espèce à l'autre).
Photos : Isère, juillet 2024.
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Un billet un peu viril, pour présenter l'imprésentable champignon de nos forêts : le Satyre puant (Phallus impudicus), fréquent ces jours-ci en moyenne montagne. Repéré à son odeur repoussante, il semble surgir d'un œuf et fait vaguement penser à une... Morille. Il ne fait pourtant pas partie de sa famille.
Son chapeau conique est d'abord recouvert d'une matière molle, gluante et verdâtre, la gléba, qui contient les spores du champignon. Attirés par cette pestilence, les mouches ne tardent pas à s'amouracher du phallus, avant d'emporter malgré elles les cellules reproductrices de l'objet de leur désir. C'est ainsi que le Satyre puant conquiert le monde, à la sueur infecte de son front alvéolé.
Photos :massif de Belledonne (Isère), 1er juillet 2024.
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Nous avons terminé ce 8 juin la saison 2024 des morilles avec ce spécimen énorme de Morille empourprée (Morchella purpurascens) de 265 grammes ! Trouvé avec une quinzaine d'autres morilles de la même espèce d'un gabarit presque aussi impressionnant, dans une vieille forêt de sapins du massif des Écrins, à 1700 mètres d'altitude.
La saison a été bonne, précoce sur les versants ensoleillés. Et cependant longue, après un hiatus fin avril consécutif aux chutes de neige importantes au-dessus de 1200 mètres, ayant eu pour conséquence de retarder la fructification en montagne. Les morilles coniques ont tiré profit de ces caprices météo, bien plus que les morilles blondes (Morchella esculenta), moins abondantes qu'en 2023 au sud de Grenoble.
Si les Alpes ont été encore avantagées ce printemps, nous devons rester prudents sur le devenir des morilles en France. Le nord, particulièrement touché par la chalarose qui décime le frêne, l'arbre-hôte des morilles des plaines et des collines, a vu les récoltes diminuer de 90 % en quelques années. Les massifs montagneux ne sont pas épargnés par un autre phénomène : la fragilisation des peuplements de sapins, qui constituent l'arbre-hôte majoritaire au-dessus de 800 mètres. Des forêts entières de sapins sont en train de mourir, sur les versants jusqu'ici épargnés, à cause d'étés brûlants successifs et des débuts d'automne trop secs. Les pousses souvent spectaculaires de Morchella purpurascens ces derniers printemps sont à rapprocher de ce dépérissement, les explosions de morilles témoignant souvent d'une altération soudaine de leur biotope. Il en résultera la disparition rapide de ces populations si d'autres sapins plus résistants ne prennent pas la relève.
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Déjà le Mycène pur (Mycena pura). Ce joli champignon violet à marge striée et lames plus claires croît du printemps à la fin de l'automne dans les sous-bois un peu humides, sous conifères comme sous feuillus.
Il dégage une nette odeur de radis. Mais en cuisine il n'en vaut pas un. Il est même toxique, et légèrement hallucinogène. La Mycène pure reste un bien joli champignon, à ne pas confondre avec le Laccaire améthyste (Laccaria amethystina), d'un violet plus sombre, à la cuticule feutrée et au pied moins cassant.
Isère, avril 2024
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Ah! Les morilles! Vous allez en voir beaucoup sur bien des comptes ces prochaines semaines et cette profusion témoigne de l'intérêt que portent à ce champignon de nombreux cueilleurs. Pourquoi la morille fascine à ce point ? Mystère. Mais on sait qu'elle déclenche des comportements assez exaltés, qui confinent à la névrose obsessionnelle.
Voici quoi qu'il en soit la morille élevée (Morchella elata), qui fait partie du groupe des morilles "coniques". Une espèce facétieuse, qui peut apparaître dans votre jardin ou à l'entrée de votre garage, parfois même dans les décharges (où elle n'est plus comestible). Elle peut aussi surgir en masse après une coupe dans une forêt de pins. Champignon capricieux aussi puisque, le plus souvent, il ne fructifiera pas l'année suivante. Seule morille exclusivement saprophyte, elle est celle qu'aujourd'hui on sait cultiver. Dommage qu'elle soit la moins parfumée des morilles !
Photo : Isère, 16 mars 2024.
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Les Morilles s'installent progressivement dans les forêts de sapins, sur sol calcaire, à moyenne altitude. Voici les plus précoces, les morilles du complexe "distantes", reconnaissables à leur teinte souvent rosée dans leur jeunesse, avant de s'assombrir. Leur chapeau, conique la plupart du temps ou parfois ovoïde, est relié au pied par une vallécule plus ou moins large. Les alvéoles sont plus ou moins bien rangés, entre des côtes très visibles qui s'amincissent avec l'âge.
Il est difficile à ce stade de maturité de distinguer les deux principales espèces de morilles "coniques" : entre Morchella deliciosa et M. purpurascens, les critères les plus sûrs seraient la boursouflure au fond des alvéoles et leur densité : on en compte près de deux fois plus sur une même surface de chapeau chez M. deliciosa. L'évolution de ces spécimens, si la météo leur prête vie, permettra d'en savoir davantage.
Photos : Isère, 2 mars 2024.
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Un petit champignon discret mais élégant, surtout vu de dessous : voici le Panelle styptique (Panellus stypticus), reconnaissable à son chapeau mou et ondulé, ocre clair, et à son pied court et latéral comme spatulé à l'insertion des lames.
Il pousse ainsi, en rangs d'oignons, presque toute l'année et un peu partout dans l'hémisphère nord, sur le bois pourri des feuillus.
Il n'est pas mangeable, compte tenu de sa chair astringente (d'où son nom), par ailleurs très tenue.
Photo : 10 février 2024, 800 mètres d'altitude, sur rameau de hêtre.
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Autre espèce annonciatrice du printemps : la Collybie de l'épicéa (Strobilurus esculentus). Ce petit champignon pousse sur les cônes de l'arbre généralement enterrés, de sorte qu'il donne l'impression de surgir directement du sol. Son chapeau beige à brun de datte est mamelonné. Ses lames pâles et peu serrées sont presque libres autour d'un pied jaune ocre, plus clair en haut.
Une autre Collybie poussant sur les cônes de l'épicéa a été récemment décrite par Régis Courtecuisse et Pierre-Arthur Moreau : Strobilurus griseus, très proche mais avec des couleurs plus pâles et une écologie moins strictement printanière.
La chair de la Collybie de l'épicéa est mince et fragile. Douce et délicatement parfumée, elle peut garnir une omelette, en attendant l'arrivée d'autres espèces plus consistantes. Mais sa cueillette est quelque peu fastidieuse : il faut beaucoup de ces petits champignons pour les savourer !
Photo : Trièves (Isère), alt. 800m, janvier 2024
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Voilà encore un chouette champignon d'hiver ! L'Auriculaire poilue (Auricularia mesenterica), dite aussi Auriculaire mésentérique, ou de manière plus imagée l'Oreille poilue, colonise les troncs et les souches des arbres feuillus. Ses petits éventails à la fois caoutchouteux et rigides font de jolis festons gris et bruns sur le bois mort. Recouverts d'un épais feutrage sur leur face supérieure, ils présentent des dessous affriolants de veinules et de froissures, dans des tonalités gris-violacé. Non comestible, l'Oreille poilue fait partie de la même famille que l'Oreille de Judas (Auricularia auricula-judae), très proche parent du champignon noir de la cuisine chinoise.
Vidéo : janvier 2024
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Incroyable! Dans la partie déboisée d'une forêt, où aucun champignon terrestre ne pousse plus, des trompettes chanterelles et un bolet bai font cause commune, s'offrant mutuellement un peu d'humidité, leurs mycéliums enchevêtrés sous les feuilles mortes. Solidarité fongique, un modèle à suivre en 2024.
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