28/10/2022
J'ai failli mourir ce midi, à cause d'un morceau de viande qui est resté coincé dans ma gorge, m’empêchant de respirer. J'étais seule à ce moment-là et oui, j'ai vu ma dernière heure arrivée. Mon fils était dans sa chambre, j'ai eu le temps de penser qu'il ne saurait pas quoi faire, à part paniquer. J'ai pensé que je ne voulais pas qu'il me trouve morte dans le salon. Et puis d'un coup, le morceau de viande est passé. C'est la première fois de ma vie qu'une chose pareille m'arrive. Je fais souvent des fausses routes, mais je tousse, puis j'éternue et ça passe. Là, je ne pouvais rien faire. J'ai eu vraiment peur. En quelques secondes, tout peut basculer, sans prévenir. Et je ne parle pas de ma vie, je parle de celle de ceux qui restent. Quand tu es mort de toute façon, ce sont les autres qui en souffrent, pas toi.
Plus t**d, j'ai imaginé comme ça se saurait passé si en rentrant des courses mon compagnon m'avait trouvé morte dans le salon. J'ai imaginé la douleur de mon fils en me voyant comme cela. J'ai imaginé les pompiers, le docteur, l'enlèvement de mon imposant corps. J'ai imaginé comment mon compagnon allait prévenir mes autres fils, ma fille qui probablement aurait du mal en s'en remettre tellement nous sommes proches elle et moi. Mes fils passeraient plus vites à autre chose, je pense. Puis mes parents, ma mère ne s'en remettrai pas. J'ai imaginé que ma sœur avec qui je suis fâchée depuis des années, serait à peine peinée. Puis, qu'elle se dirait qu'elle sera la seule héritière de notre mère. Que ma meilleure amie ne l'apprendrait peut-être pas avant des jours, que Marco, mon dernier amour, mettrait encore plus de temps avant de réaliser que j'ai disparu des réseaux sociaux. J'ai imaginé la douleur et la peine de tout le monde. Puis le temps qui passe et l'oublie, plus ou moins. Parce que de moi, il ne restera que mes enfants. Je n'ai rien réussis d'autres, je n'ai rien accomplie.
Etrangement, je n'ai pas eu de regret, je ne me suis pas dit que je n'avais rien fait de ma vie et qu'il fallait que ça change. Non, j'ai surtout pensé à ce que mes proches allait vivre suite à mon décès.
Mais ce n'était pas heure et c'est très bien comme ça. Ce n'est pas parce que je n'ai probablement plus grand chose de magique à vivre que je souhaite que cela s'arrête.