23/08/2022
Femmes artistes au combat libérateur
Les œuvres culturelles de l’Algérie au combat contre le colonisateur étaient toutes écrites en lettres de sang, de courage, se sacrifice et de liberté. Cette liberté, qui puise son essence de la révolution, a mis tout le peuple algérien face à sa condition de peuple effacé, de dominé et condamnée à l’être.
La condition d’un peuple sans avenir, face à ce dessein volontaire de le voir plier l’échine et de se soumettre, les femmes dans ce combat contre l’ennemi, ont eu un grand rôle à jouer elles ont fait, et de quelle maniéré !
Depuis le combat héroïque de Lalla Fatima N’soumer, qui n’a pas été vain jusqu’à celui de la lutte de libération national, ou la femme a rempli une tache dextrement importante, la détermination était encore plus forte car jamais dans l’histoire de cette terre, l’Algérien n’a eu à baisser les bras
Elles avaient du cran, ces femmes qui bravaient tous les obstacles, tous les interdits pour être présentes au côté de leur frères dans la lutte, femmes patriote convaincues, elles n’ont jamais failli à leur de voir, ni jamais commis d’erreur fatales comme la dénonciation ou la fuite, la peur où
L’allégeance par besoin bassement matériel.
Comme l’a si bien décrit Djamila Amrane (Danièle Minne) dans son ouvrage « Femmes au combat » paru aux éditions Rahma à Alger en 1993 « le départ au maquis et l’acte qui marque le plus profondément et de manière irréversible la coupure avec la famille et le monde de vie traditionnel.
Ces jeunes filles, dont la moindre sortie était contrôlée par leur parent, font preuve d’un courage et d’une volonté exemplaires en décidant d’abandonner leur vie protégée pour la lutte dans mes maquis ».
Certaines, parmi elles, artistes de leur état, ont été très tôt au-devant de la scène, prenant des responsabilisées courageuses.
Les propos de Mme Amrane rappellent d’innombrables situations vécues par les femmes durant cette période d’occupation. L’une d’entre elles la Moudjahida Malika Ibrahimi a rejoint le maquis après avoir été traumatisée par des scènes dramatiques subies par d’innocents personnes voisines du domicile parental.
Ce sont des exactions inhumaines qui vont la marquer à jamais, à tel point qu’à peine âgée de treize ans, elle décide de prendre le maquis après quelque mois vécus en qualité de moudjahida dynamique et très utile pour la compagnie militaire au sein de laquelle elle est affectée, son père, très inquiet de son sort cherche à entrer en contact avec elle.
Contre toute attente, c’est un refus qu’il reçoit de sa part.
En Effet, elle ne veut pas le voir, elle dit à son supérieur qu’en le regardant elle pourrait certainement changer d’avis et rentrer à la maison. Finalement, Malika rencontre son père, mais derrière un gros arbre.
Elle ne peut entendre que sa voix, il en fait de même lui aussi. La Moudjahida Malika Ibrahimi et affectée à Tunis en qualité de comédienne dès l’institution de la troupe artistique du FLN à partir du mois de mars 1958, Elle épouse plus t**d le célèbre comédien Sid Ali Kouiret qui fait partie lui aussi de cette mission, qui est de porter la cause algérienne partout dans le monde.
La jeune moudjahida et comédienne en rencontre une autre qui a, comme elle, rejoint le FLN et la troupe artistique en exil à Tunis. Il s’agit de Halima Zerkaoui Derri, connue sous le pseudonyme de Rakia. Cette dernière est, dès son intégration distribuée dans le rôle principal de la pièce « les enfants de la casbah ». Elle campe avec une grande aisance le rôle de la mère dans cette œuvre dramatique écrite par Abdelhalim Raïs et mise en scène par Mustapha Kateb. Grande dame à la modestie légendaire, elle a toujours avancé le fait qu’elle a répondu à un devoir vis-à-vis de sa partie l’Algérie.
La militante Khris Safia épouse Kouaci intégré, également, à partir de paris la troupe artistique du FLN à peine naissante le 21 mars 1958, professeur de couture, elle reçoit l’ordre de la direction du FLN de rejoindre Tunis en même temps que son mari le célèbre photographe de la révolution, Mohamed Kouaci (décédé le 27 Août 1996).
Elle donnera le meilleur d’elle-même dans son activité de costumière de la troupe. Cette grande militante et artiste créatrice avait été affectée en compagnie de son époux au gouvernement provisoire de la république Algérienne (GRPA) dés sa création au Caire en 1958 puis à Tunis en 1960.
Elle était chargée du secrétariat du centre de documentation du ministère de l’information, dirigé alors par M’Hamed Yazid.
L’artiste de ballet Zahra Ben Brahim connue sous le pseudonyme de « Henda » faisait également partie de cet ensemble, qui a montré l’Algérie sous toutes ses facettes culturelles et artistique. La grande chanteuse et comédienne, Hadj Balaha Belarbi dite El Ouafia avait pris le chemin de Tunis venant d’Oran, pour intégrer volontairement le groupe de ses frères militants et artistes.
Elle a suivi les autres femmes artistes aussi talentueuses que militantes pour constituer cet ensemble artistique qui disait tout haut la justesse de la cause algérienne en chansons, en poésies, en hymens, en figures chorégraphique et en pièces théâtrales dans plusieurs pays de 1958 à 1962, l’art produit par la femme algérienne en plein combat libérateur de son pays a fleuri.
Et s’est distingué dans un champ irrigué du sang des enfants de ce peuple qui a dit non à la négation, à la soumission et à l’inexistence.
Anna Gréai (1931-1966) a immortalisé quelques vers dans son poème «El Amel » (l’espoir), en 1958, lorsqu’elle dit : « Le tribunal permanent des forces armées. En Algérie a condamné à mort l’espoir Quand pour la énième fois tombe le soir Avec son inéluctable saveur de paix ».
Des lettres de prison, aussi nombreuse que poignantes, démontrent une situation vécue dramatiquement par l’ensemble de la population algérienne.
Au même titre que les hommes, les femmes ont eu un rôle important qu’elles ont assuré admirablement. Elles ont pris part dans cette lutte pour la vie et pour la liberté. C’est le cas de Zhor Zerrari (1937-2013) qui, du fond de sa cellule à la prison d’El Harrach, avait écrit un certain nombre de poèmes qui expriment l’espoir.
Cet espoir enfoui au fond du cœur d’une jeune femme à qui envole sa jeunesse et sa liberté, l’espoir d’un peuple dont on spolie la terre, bafoue l’identité, humilie la condition humaine et anéantit. Zhor Zerrari avait dit que la poésie était un exutoire pour elle dans les pires moments de son emprisonnement, « On se traitait avec les mots qui nous faisaient beaucoup de bien », disait-elle. Elle ajoute également qu’elle rêvait de faire de l’Algérie, plus t**d, le plus beau jardin du monde. Zhor Zerrari a été incarcérée dans plusieurs prisons en France où elle purgeait une condamnation à perpétuité.
Elle a été écrivaine et journaliste.
C’est le cas aussi de ces moudjahidate de l’Algérie profonde, celles des Aurès, du Djurdjura, des Zibans, du Dahra ou de l’Ouarsenis, qui expurgeaient et exorcisaient leurs démons dans l’écriture de ces poèmes nés des souffrances de la révolution et de la guerre, devenus ensuite une arme aussi puissante que les autres armes.
Le combat pour la cause juste, sortant du cœur de ces femmes à la sensibilité exacerbée, est dit tout à la fois avec amour, enthousiasme et engagement.
Leurs vois étaient celles de tous ces Algériens qui se dressaient comme un seul homme face à l’occupant. C’est ce qui a fait écrire la poétesse Nadia Guendouz (1932-1992), dans les « Hors-la-loi » : « …Dis-moi mon cœur, dis-moi la terreur, les bérets, les tranks, tout ça ne n’atteint pas, bien sûr, il y a les balles. Mais mon cœur, tu crois aux « hors-la-loi », leur sang coule en toi, il brûle comme le feu de la flamme et les larmes sont indignes de toi. Tu devrais bondir, ruer, crier, au lieu de pleurer, et conserver tes pleurs pour les jours où notre soleil se lèvera sur la victoire des hors-la-loi »
Anna Gréki écrivait « Tu es présent » « …Meurent les fusils et les hommes Meurent le soir touffu d’horreur Meurent la guerre et la paix. »
La Lutte de Libération Nationale est devenue un modèle pour tous les peuples épris de liberté, elle a été cette flamme qui a réchauffé les cœurs d’une grande partie des peuples opprimés en cette seconde moitié XXème siècle.
Le poète et la poétesse l’ont reconstituée avec des mots puissants de signification que l’on conserve éternellement et que l’on se remémore toujours avec le même intérêt. L’espoir nourri éclate par les mots qui fusent de leur bouche, le geste de leurs bras, le signe de leurs mains ou la touche de leurs doigts, pour illuminer l’immensité de la solitude du prisonnier, du torturé, du déporté, du moudjahid de la moudjahida ou du djoundi.
Le plus souvent anonymes, d’innombrables poétesses avaient dit leur profonde douleur quant à la situation peu aisée qu’elles vivaient. Voici quelques mots pour leur rendre l’hommage qu’elles méritent-extrait de « femmes au combat » de Djamila Amrane.
Ne pleure pas ! Petite mère Je monte à la montagne
je mourrai plutôt que de me rendre … (Chant recueilli à Sétif par F. Cherrad)
La fille pleure Elle ne veut pas lâcher le foulard Elle s’est réveillé le matin en larmes Je ne sais pas où est mon père Ma fille console toi si tu peux Ton père combat les français (Chant recueilli à Saïda par Nadia Mécheri Saada)
Ma mère ma mère ne pleure pas pour moi Ne pleure pas pour celui qui est parti à la montagne Je suis dans la forêt je lutte pour mon pays Je reviendrai vers toi si ma vie doit être longue Oh, ma mère Ma mère ma mère ne pleure pas, l’armée vaincue ne m’a pas tué
Mon visage a disparu mais mon nom sera éternel, L’ennemi a eu peur et ses balles ont fondu L’armée du front est la plus belles des armées Et les héros sont encore vivants Le drapeau s’est levé, il est apparu blanc et vert, Ses jours sont venus mais l’ennemi le nie
Ma mère ma mère ne t’afflige pas, L’armée vaincue ne reviendra pas Le croissant est apparu et a illuminé tout le monde Les héros ont gagné soit contente de l’armée d’Ahmed Ton fils est parti il ne reviendra pas, ne pleure pas son absence
Retiens tes larmes et réjouis-toi de la liberté,
Allume tes bougies ton fils est mort en martyr
Ma mère ma mère ne pleure pas l’armée vaincue ne m’a pas tué
Mon visage a disparu mais mon nom restera éternel