
25/10/2024
LA LETTRE AUX FRANÇAIS DE L’ÉMIR ABDELKADER : UN RAPPEL VENU D’ORIENT
https://philitt.fr/.../la-lettre-aux-francais-de-lemir.../
الصداقة التي ارتادها أمير عبد القادر لفرنسا ونابليون الثالث
L’AMITIÉ QUE L’ÉMIR ABDELKADER PORTAIT À LA FRANCE ET A NAPOLÉON III
L’Émir, qui refuse de sortir de sa geôle en signe de protestation, ne cesse cependant de recevoir du monde pendant sa détention et se familiarise ainsi avec les Français. Après l’annonce de sa libération, l’Émir redouble d’attention et de courtoisie envers la France et les Français. Alors qu’on le soupçonne de vouloir retourner en Algérie pour reprendre le combat contre la France, il proteste vigoureusement et écrit cet engagement : « Je suis chérif (descendant du Prophète), et je ne veux pas que l’on puisse m’accuser de trahison. Comment, d’ailleurs, cela serait-il possible, maintenant que j’ai éprouvé vos bienfaits et des faveurs dont je ne pourrai jamais assez vous remercier ? Un bienfait est un lien jeté au cou des hommes de cœur.
J’ai été témoin de la grandeur de votre pays, de la puissance de vos troupes, de l’immensité de vos richesses et de votre population, de la justice de vos décisions, de la droiture de vos actes, de la régularité des affaires, et tout cela m’a convaincu que personne ne vous vaincra, que personne, autre que le Dieu tout-puissant, ne pourra s’opposer à votre volonté. J’espère de votre générosité et de votre noble caractère que vous me maintiendrez près de votre cœur, alors que je serai éloigné, et que vous me mettrez au nombre des personnes de votre intimité, car si je ne les égale pas par l’utilité de leurs services, je les égale par l’affection que je vous porte. Que Dieu augmente l’amour de ceux qui vous aiment et la terreur dans le cœur de vos ennemis ! »
L’Émir et sa suite votent pour l’Empire. Illustration d’une coupure de presse de l’époque
Cette affection qu’il dit porter à la France n’est pas de la démagogie. Quelques jours avant le scrutin qui doit décider le rétablissement de l’Empire en France, l’Émir envoie une lettre au maire d’Amboise dans laquelle il demande à voter, ce qui lui est accordé : « Nous devons nous regarder aujourd’hui comme Français, par l’amitié et l’affection qu’on nous témoigne et par les bons procédés qu’on a pour nous. Nos enfants ont vu le jour en France, vos filles les ont allaités, nos compagnons, morts dans votre pays, reposent parmi vous, et le sultan, juste entre les justes, m’a rangé au nombre de ses enfants, de ses soldats en me donnant un sabre de ses mains. »
On pourrait multiplier les anecdotes, mais s’il fallait encore se convaincre de l’amitié que l’Émir portait à la France, sa correspondance avec Bismarck suffirait. En 1870, celui-ci lui propose une alliance afin de prendre sa revanche sur ses anciens ennemis. La réponse de l’Émir vaut le détour :
« Excellence,
Celui à qui vous avez adressé l’offre de marcher contre la très glorieuse et très généreuse France et de vous prêter le concours de sa loyale épée devrait, par mépris et dédain s’abstenir de vous répondre. Que nos chevaux arabes perdent tous leurs crinières avant qu’Abd el Kader ben Mahi ed-Din accepte de manquer à la reconnaissance qu’il a pour le très puissant empereur Napoléon III (que Dieu le protège). Que votre arrogante et injuste nation soit ensevelie dans la poussière et que les armes de l’Armée française soient rougies du sang des Prussiens (que leur orgueil soit puni !) »
L’amitié de l’Émir pour la France est liée à sa sainteté ; de son côté, la France a su reconnaître en l’Émir une figure chevaleresque à qui elle a donné l’occasion, parfois malgré elle, de se livrer à sa véritable vocation et de déployer pleinement ses vertus.
LA LETTRE AUX FRANÇAIS DE L’ÉMIR ABDELKADER : UN RAPPEL VENU D’ORIENT
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الصداقة التي ارتادها أمير عبد القادر لفرنسا ونابليون الثالث
L’AMITIÉ QUE L’ÉMIR ABDELKADER PORTAIT À LA FRANCE ET A NAPOLÉON III
L’Émir, qui refuse de sortir de sa geôle en signe de protestation, ne cesse cependant de recevoir du monde pendant sa détention et se familiarise ainsi avec les Français. Après l’annonce de sa libération, l’Émir redouble d’attention et de courtoisie envers la France et les Français. Alors qu’on le soupçonne de vouloir retourner en Algérie pour reprendre le combat contre la France, il proteste vigoureusement et écrit cet engagement : « Je suis chérif (descendant du Prophète), et je ne veux pas que l’on puisse m’accuser de trahison. Comment, d’ailleurs, cela serait-il possible, maintenant que j’ai éprouvé vos bienfaits et des faveurs dont je ne pourrai jamais assez vous remercier ? Un bienfait est un lien jeté au cou des hommes de cœur.
J’ai été témoin de la grandeur de votre pays, de la puissance de vos troupes, de l’immensité de vos richesses et de votre population, de la justice de vos décisions, de la droiture de vos actes, de la régularité des affaires, et tout cela m’a convaincu que personne ne vous vaincra, que personne, autre que le Dieu tout-puissant, ne pourra s’opposer à votre volonté. J’espère de votre générosité et de votre noble caractère que vous me maintiendrez près de votre cœur, alors que je serai éloigné, et que vous me mettrez au nombre des personnes de votre intimité, car si je ne les égale pas par l’utilité de leurs services, je les égale par l’affection que je vous porte. Que Dieu augmente l’amour de ceux qui vous aiment et la terreur dans le cœur de vos ennemis ! »
L’Émir et sa suite votent pour l’Empire. Illustration d’une coupure de presse de l’époque
Cette affection qu’il dit porter à la France n’est pas de la démagogie. Quelques jours avant le scrutin qui doit décider le rétablissement de l’Empire en France, l’Émir envoie une lettre au maire d’Amboise dans laquelle il demande à voter, ce qui lui est accordé : « Nous devons nous regarder aujourd’hui comme Français, par l’amitié et l’affection qu’on nous témoigne et par les bons procédés qu’on a pour nous. Nos enfants ont vu le jour en France, vos filles les ont allaités, nos compagnons, morts dans votre pays, reposent parmi vous, et le sultan, juste entre les justes, m’a rangé au nombre de ses enfants, de ses soldats en me donnant un sabre de ses mains. »
On pourrait multiplier les anecdotes, mais s’il fallait encore se convaincre de l’amitié que l’Émir portait à la France, sa correspondance avec Bismarck suffirait. En 1870, celui-ci lui propose une alliance afin de prendre sa revanche sur ses anciens ennemis. La réponse de l’Émir vaut le détour :
« Excellence,
Celui à qui vous avez adressé l’offre de marcher contre la très glorieuse et très généreuse France et de vous prêter le concours de sa loyale épée devrait, par mépris et dédain s’abstenir de vous répondre. Que nos chevaux arabes perdent tous leurs crinières avant qu’Abd el Kader ben Mahi ed-Din accepte de manquer à la reconnaissance qu’il a pour le très puissant empereur Napoléon III (que Dieu le protège). Que votre arrogante et injuste nation soit ensevelie dans la poussière et que les armes de l’Armée française soient rougies du sang des Prussiens (que leur orgueil soit puni !) »
L’amitié de l’Émir pour la France est liée à sa sainteté ; de son côté, la France a su reconnaître en l’Émir une figure chevaleresque à qui elle a donné l’occasion, parfois malgré elle, de se livrer à sa véritable vocation et de déployer pleinement ses vertus.