20/06/2024
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⚫⚫⚫ Balengou Officiel.LA FAMILLE BALENGOU DE LA BELGIQUE GEIKSCAM_KASSANG Brunette Tchossa Mamie Thierry Lanzo Association des Elèves et Etudiants du Village Balengou (A.E.E.V.😎)
Lettre ouverte à sa majesté NGUEMENI HAPI ELVIS le Roi des Balengou.
Objet : Mon Point de vue par rapport à l’interdiction de « l’enterrement-funérailles » sur le
territoire du groupement Balengou.
Son altesse Royale c’est avec stupéfaction que j’ai découvert sur les réseaux sociaux comme la
majorité des fils et filles Balengou du monde entier votre décision pourtant interdiction de
l’« l’enterrement-funérailles » sur le territoire du groupement Balengou à compte de la date
du 1 août 2024.
Majesté, si vous avez pris la peine après cette décision de faire le tour des plateformes
numériques où les fils et filles Balengou se sont constitués en communauté virtuelle, vous
aurait pu constater que cette décision est loin de faire l’unanimité et fait couler beaucoup
d’encres et de salives. Le débat qui se dégage autour est d’une passion sans pareille. Il y en a
ceux qui sont contre votre décision et d’autre qui sont pour ; et chacun y va en donnant ses
arguments. C ’est pour cette raison que je prends la liberté de vous adresser mon point de vue
et mes arguments par le canal de cette lettre ouverte.
Majesté, j’ai fait le tour de votre décision mais je n’ai pas vu mentionner les motivations qui
ont animées le cercle des sages de vous faire cette proposition que vous avez aussi jugé
pertinente d’approuver. Sans prétention et avec tout le respect que je vous dois, j’estime
qu’une décision d’une telle ampleur aurait mérité une rubrique des motivations pour bien
édifier vos sujets ou tout du moins les convaincre.
N'étant pas dans le secret des dieux, j’ai pu imaginer les raisons qui les ont amenés à vous faire
part de cette proposition et si je me trompe, édifiez-moi. Alors, selon moi je me suis dit que
les Notables ont été motivés soit par les raisons économiques ou traditionnelles.
Cependant, de mon point de vue ni l’une ni l’autre ne justifie l’interdiction de « l’enterrement
funérailles » sur le territoire du groupement Balengou. Je m’en vais vous donnez les raisons
pour lesquelles je ne trouve pas cette décision pertinente.
Sur le plan économique, peut-être les notables auraient estimé que « l’enterrement
funérailles » réduit considérablement l’impôt royal que les membres d’une famille concernés
par les « funérailles » d’un parent décédé doivent payer à la cour royale pour inscrire la date
de son déroulement. Si tel est le cas, je dirai qu’ils auraient mieux réfléchir sur d’autres sources
de revenus pour élargir l’assiette fiscale du royaume que d’imposer un fardeau de plus aux
sujets de sa majesté accablés par le poids du deuil.
Une autre hypothèse c’est qu’ils auraient peut -être évalué que les funérailles est un moyen
de faire tourner l’économie du village car cela fait venir plusieurs personnes des horizons
divers et permet des échanges économiques qui bénéficient à la population locale. A Mon
humble avis, si tel est le cas il s’agirait d’accentuer la perversité qui s’est développée au fils des
ans autour des « funérailles » et qui ne fait que prendre de l’ampleur.
Cette cérémonie était jadis un moment de communion entre la famille endeuillée et les
proches amis en l’honneur du défunt sous une forme simple et cérémoniale. Mais de nos jours,
elle est devenue plutôt un moment de gaspillage au point où certaines personnes s’endettent
pour le « m’as-tu vu », comme on le dit souvent dans le langage populaire.
Majesté, aujourd’hui avec la modernité et le dispersement des familles à travers les quatre
coins du globe, les familles endeuillées sont souvent obligées de mettre la dépouille de leur
parent décédé à la morgue et cela dans d’autres cas pour une durée longue pour pouvoir
permettre à tout parent proche de prendre part aux obsèques. Par conséquent, d’aucuns pour
des raisons d’économies préfèrent coupler l’enterrement et « les funérailles » Et ceci permet
d’épargner de l’énergie, du temps et de l’argent aux parents et leurs amis. Le deuil n’a pas
pour but d’appauvrir financièrement puisqu’il appauvrit déjà les concernés sur le plan
psychologique et affectif.
Certaines personnes peinent déjà à trouver les moyens pour payer les billets d’avion ou de
l’autobus pour venir enterrer leur parent décédé A Balengou, voulez-vous doubler leur peine
pour revenir une autre fois pour les « funérailles » ?
Majesté je me demande quelles sont les mesures que vous avez mises en place pour
accompagner les familles endeuillées qui n’ont pas assez de moyens pour imposer les
« funérailles » obligatoirement quelque temps après l’enterrement.
En outre, si c’est l’économie du village qui préoccupe tant les notables pour justifier une telle
mesure, je me demande pourquoi se referrer aux personnes affligées pour la propulser ?
Majesté, je suis né à Kassang qui est le poumon économique de Balengou avec son potentiel
agricole grâce à son sol fertile. Quand j’étais adolescent, le marché de Kassang attirait les
clients de plusieurs départements de L’ouest Cameroun mais à présent, ce marché n’existe
malheureusement plus. Il a été éteint au profit des marches des villages avoisinants. Que font
les notables pour que ce marché revive comme par le passé ?
Pas besoin de vous rappeler que l’économie de Balengou est essentiellement agricole, et nos
jeunes sont beaucoup plus impliqués dans la culture des produits maraichères avec les
conséquences qu’ils ignorent sur le plan sanitaire et environnemental du fait des produits
qu’ils utilisent au quotidien pour booster le rendement de leurs cultures. Et rien n’est fait pour
les accompagner ou les sensibiliser.
En plus à une époque, peut-être l’époque que vous avez aussi connu étant adolescent ; les
premières pluies des semis tombaient à Balengou automatiquement le 15 mars avec une
régularité constante qui permettait aux femmes une récolte satisfaisante, mais de nos jours
elles sont irrégulières avec une conséquence désastreuse sur les cultures vivrières. Il est bien
vrai que la cause est le dérèglement climatique qui est un fait mondial mais je me demande
quelle est la politique mise en place par la communauté Balengou pour le reboisement ne
serait-ce que les bas fond ou les marécages avec les bambous qui sont sauvagement détruits
par les jeunes qui veulent se nourrir en les utilisant pour le tissage des paniers servant aux
maraichers pour le transport de la tomate.
Voilà autant d’entreprises qui pourront occuper les notables s’ils seraient préoccupés par
l’économie de Balengou.
Majesté la cour royale serait-elle prête de répondre civilement devant les tribunaux des faits
résultants de cette décision ? prenons un exemple banal : une famille qui aurait voulu faire les
« funérailles » d’un proche parent décédé juste après son enterrement mais renonce à cause
de votre décision et les programme quelques temps après. Cependant, ce jour-là, comme par
malheur un accident arrive, ce qu’on ne souhaite pas. Elle pourrait engager la responsabilité
civile de la cour.
Sur le plan traditionnel, je m’en vais dire que les notables sont en train de mettre en place
leur volonté que celle de la tradition. Il aurait été souhaitable qu’une étude sociologique soit
menée avant une telle décision. J’espère que ça a été cas.
Je ne vais pas apprendre la tradition à nos sages ça serait prétentieux car ils en sont les
gardiens. Mais je vais démontrer avec les éléments traditionnelles et historiques que chez les
Balengou il a été toujours une question d’« l’enterrement-funérailles ».Les funérailles plusieurs
semaines ou mois voire années après l’enterrement ont intégré nos mœurs du fait des
conjonctures historiques. `
A Balengou avant la guerre des indépendances, « les funérailles « avaient lieu huit jours après
l’enterrement et c’était une sorte « d’enterrement-funérailles ». Voici comment cela se
passait ; lorsqu’une personne mourrait par exemple le Lundi Ngeudhou, et si on l’enterrait le
même jour, alors, le lundi ndi tcheu qui suivait on allait raser les membres de la famille, les
veuves les orphelins ; « balayer le sol du deuil » ; le lendemain mardi nguedjou on faisait ses
« funérailles » et chacun rentrait chez lui.
C’était une sorte « d’enterrement-funérailles ». Parce que les membres de famille ne partaient
pas après l’enterrement avant de revenir une autre fois pour les « funérailles » cela se
déroulaient en une seule période. Cela était pratique parce que presque toute la famille vivait
dans les environs ou des quartiers et villages voisins et les occupations professionnelles étaient
purement agricoles et privées. Chacun était en quelque sorte autonome.
Mais de nos jours pour des raisons économiques, de survies et historiques les membres de
familles sont éparpillés à travers le monde. Comment serait possible de faire un enterrement
d’un corps qui a peut-être passé des mois à la morgue et revenir dans vingt jours délai
minimum que vous avez donné pour les funérailles.
Pour rappel historique, si les « funérailles » étaient à un moment organisées quelque temps
après l’enterrement, cela résulte des conséquences de la guerre d’indépendance car durant
cette période de troubles, les personnes décédées étaient enterrées sans rites funéraires. Par
conséquent, leurs « funérailles » avaient été célébrées après la fin de la guerre. Ainsi, il fallait
selon les traditions Balengou les organiser selon l’ordre de décès ou jumeler selon le lien de
parenté. En plus de cela, plusieurs personnes s’étaient déplacées pendant la guerre pour se
réfugier dans d’autres localités du pays. De ce fait, il a fallu du temps pour se réunir après la
guerre pour programmer les funérailles des personnes décédées. Par conséquent cela était
devenu comme une coutume dans nos mœurs.
Il faut aussi noter que lors des périodes des villes mortes dans les années 90, les personnes
décédées étaient inhumées uniquement le week-end d’autant plus que la circulation était
impossible en semaine, alors il fallait conserver les dépouilles à la morgue et l’habitude de la
morgue est entrée aussi dans les mœurs. Avec les dépenses y afférentes, le temps et l’énergies,
les personnes ont jugé pour des raisons d’économie de faire les deux cérémonies au même
moment pour éviter comme par le passé de faire déplacer les concernés deux fois.
Majesté, les « funérailles » dans l’esprit de la tradition c’est ; « taper le tamtam », faire le tour
du deuil, cuisiner le plantain avec de la viande de chèvre, verser le « taha ». Ce n’est pas le
nombre de personne présente ou l’écart entre l’enterrement et cette cérémonie qui la rend
effective. Dès lors, en l’organisant cela juste après l’enterrement, les concernés ne violent ni
les lois coutumières ni celles de la république, sauf au cas où cela elles se dérouleraient les
jours sacrés comme nditcheu ou nzeujio.
Si la motivation des notables est réellement, celle de préserver la tradition comme je l’ai
imaginé. Comment se fait-il que le premier acte fort de votre règne sur cette question est
destiné en priorité envers la cérémonie honorant les personnes décédées dans un village où
le premier élément de la culture est en plein perdition.
Majesté, comme je l’ai dit plus haut, je suis natif de Kassang. Après sept d’absence, à mon
retour je n’ai plus reconnu mon beau quartier dans son essence car presque aucun enfant ne
parle plus la langue Balengou mais le français pourtant tous nés là-bas, voilà un autre chantier
qui doit préoccuper nos sages.
Le temps évolue et nous devons réajuster nos us et coutumes à lui mais pas resté coincés dans
le passé. Voilà que vous avez utilisez du papier pour faire votre communiqué et cela a été
propagé par les réseaux sociaux. Pourtant, à une époque, il fallait utiliser le tambour pour
réunir la population et leur passer un massage royal ou envoyer les émissaires de la cour dans
chaque quartier pour le communiquer.
De nos jours les prêtres et les pasteurs sont associés aux cérémonies funérailles. D’aucuns
honorent leurs morts des années après par les messes d’action de grâce. Il est indéniable que
ces actes ne sont pas les éléments de notre tradition d’antan ; mais qui sont en train d’être
intégrés dans les mœurs.
Aussi, les gens ne portent plus le deuil en se rasant ou en dormant sur les feuilles de bananiers.
Est-ce que pourtant que nos traditions ne vivent plus ?
Je suis convaincu que vous et nos sages n’ont pas le nombre de femmes requis jadis par la
tradition pour exercer votre autorité car la conjoncture ne permet pas. Est-ce que cela
empêche votre légitimité ?
« Les funérailles » tant qu’elles ne violent pas les lois coutumières ou républicaines, relèvent
d’une affaire privée et cela est une question entre le défunt et les parents vivants car ce sont
ces derniers qui rendent cela effectif sans l’aide logistique des autorités. Ils le font souvent en
exécutant la volonté testamentaire du défunt. Ainsi certains vivants décident par voie
testamentaire que leurs obsèques se déroulent sans que leur dépouille soit déposée à la
morgue ; d’autres que leurs « funérailles » se déroulent juste après l’enterrement.
Il est à noter que certaines familles ont pris la résolution de ne plus faires les « funérailles » les
semaines, les mois voire les années après l’enterrement. Dans certains coins du monde
d’autres décident d’être incinérées après leur mort, et les autorités ne s’interfèrent pas car
cela relève du cadre privé.
Lorsqu’une cérémonie funéraire n’est pas exécutée dans la tradition Balengou, ce sont les
membres de la famille qui sont interpellés par le défunt. Je n’ai jamais entendu qu’un défunt
s’est plaint parce que ses « funérailles » ont été exécutés juste après son enterrement ou qu’un
malheur a frappé le village à cause du phénomène des « enterrements-funérailles ».
Comment vous pouvez punir ceux qui veulent rester attachés à la tradition en honorant leur
mort par les « funérailles » selon leurs moyens de bord pourtant il y en a certains du fait de
leur religion ont abandonné cette coutume.
Il est aussi important de savoir que le groupement Balengou se trouve dans la république du
Cameroun. Alors c’est antirépublicain d’imposer la façon de faire les funérailles sur le territoire
de ce regroupement d’autant plus, certainement certains qui y vivent en raison de leur foi
sont obligés d’exécuter les funérailles de leur défunt selon le délai prescrit par leur religion.
Sans toutefois faire de l’amalgame il faut aussi dénoncer le fait que dans certains quartiers de
Balengou, certaines autorités de la localité imposent aux Balengou résidant à l’extérieur de
venir avec les dépouilles mortelles de leurs parents décédés passer une veillée au village avant
l’enterrement sous peine sanction ; sans toutefois mettre en place une politique de
distribution des parcelles de terre pour construire au village. Le constat amer est que les lopins
de terre qui étaient acquis gratuitement sont devenus plus chers que ceux acquis en terre
étrangère. Cette pratique a pour conséquence la réticence de certains Balengou qui n’ont plus
les parents proches au village d’inhumer les dépouilles de leur proche dans leur lieu de
résidence. Il faut aussi noter que certains n’amènent même le plus les crânes au village.
Majesté, j’exhorte les notables de revenir sur leur décision grâce à la même sagesse qui leur a
permise de la prendre. `
Il est certain que la mise en œuvre de cette décision pourrait engager la responsabilité pénale
et civile de la cour royale ; car les notables violeraient la loi de la république au cas où ils
viendraient interrompe une cérémonie funéraire qui n’a pas rerespecté le délai le prescrit par
votre décision mais qui respecterait la loi de la république.
En toute évidence, cette décision viole les droits constitutionnels de vos sujets qui sont aussi
citoyens du la république du Cameroun. Elle porte atteinte à la vie privée et droit d’exercer sa
religion, car l’animisme étant une religion reconnue au Cameroun, certains exécutent les rites
funéraires de leurs défunts dans cet esprit, et dans chaque religion plusieurs tendances
s’oscillent. Et c’est inutile de vous rappeler que le Cameroun est un était laïc.
Ne voyez pas en cette lettre une défiance à l’autorité traditionnelle, mais juste l’expression
démocratique d’un de vos sujets soucieux de la cohésion sociale du groupement et son
développement culturel.
Sans toutefois défier votre autorité que je respecte beaucoup, en tant qu’animiste, citoyen la
république laïque ; le Cameroun, je vais exécuter les rites funéraires de mes proches selon leur
volonté. Et à mes proches je leur dis que le jour que je ne serai plus de ce monde, qu’ils fassent
mes « funérailles » juste après mon enterrement pour réduire les dépenses d’énergies de
temps et d’argent.
Veillez agréer Son altesse royale l’expression de mon respect le plus sincère.
Votre sujet Njankou Berachard dit Mbah Tagni Kouayep.
✍️village balengou du 20/06/2024