27/11/2024
MINISTERE DES AFFAIRES ETRANGERES ET DES CULTES
DISCOURS DE SON EXCELLENCE MONSIEUR
JEAN-VICTOR HARVEL JEAN-BAPTISTE
A L’OCCASION DES SALUTATIONS DU CORPS DIPLOMATIQUE
Mardi 26 novembre 2024
Excellence Monsieur l’Ambassadeur de la République Dominicaine, Doyen a.i. du Corps Diplomatique,
Excellences Madame, Messieurs les Chefs de Missions diplomatiques et consulaires accrédités en Haïti,
Madame la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies,
Mesdames, Messieurs les Représentants des Organisations Internationales,
Monsieur le Directeur Général du Ministère des Affaires Etrangères,
Monsieur le Directeur Général du Ministère des Cultes,
Mesdames, Messieurs les Membres de mon Cabinet,
Mesdames, Messieurs les Directeurs et Chefs de Services du Ministère des Affaires étrangères,
Distingués Membres de la Presse,
Mesdames, Messieurs,
Je voudrais tout d’abord exprimer mes plus vifs remerciements à Son Excellence Monsieur l’Ambassadeur de la République Dominicaine pour les mots courtois qu’il a bien voulu m’adresser au nom du Corps diplomatique, en sa qualité de Doyen a.i.
Je tiens également à remercier chacun de vous, chers amis du Corps diplomatique, du Corps consulaires, représentants des organisations internationales, pour avoir répondu favorablement à l’invitation qui vous a été adressée en vue de participer à cette rencontre protocolaire qui constitue un élément important de la pratique diplomatique. En effet, cette première présentation officielle m’offre l’occasion de nouer contact avec vous, mes interlocuteurs privilégiés dans l’accomplissement de ma fonction de Ministre des Affaires étrangères et des Cultes.
Comme je l’ai déjà souligné dans d’autres circonstances, en acceptant volontiers d’occuper cette fonction, j’ai bien mesuré l’étendue des responsabilités qui m’incombent et des défis à relever. Pour avoir servi dans le secteur pendant assez longtemps et à différents niveaux, je suis bien imbu de l’ampleur des tâches à abattre et des obstacles à surmonter. Nous avons la pleine conscience de l’impérieuse nécessité de mettre la diplomatie haïtienne à la hauteur des enjeux majeurs et des perspectives de la politique internationale dans un monde en mutation constante. Nous avons surtout pour obligation historique d’accroitre et de dynamiser la participation d’Haïti à la vie internationale et régionale, et surtout d’en optimiser la contribution à la résolution de la crise multidimensionnelle que traverse le pays et à la création des conditions de son développement économique et social durable.
Excellences,
Mesdames, Messieurs,
Il y a environ une semaine depuis que j'ai pris ma fonction de Ministre des Affaires étrangères et des Cultes, une tâche qui m'oblige et m’honore à un moment charnière où Haïti et le peuple haïtiens font face à des défis multiples. Dans mes récentes fonctions de Directeur de Cabinet du Ministre des Affaires Etrangères et des Cultes ou de Directeur de Cabinet du Conseil Présidentiel de Transition, j’ai eu le bonheur et le grand privilège de travailler avec beaucoup d’entre vous, ce qui nous a permis de développer des relations aussi bien personnelles que de travail. J’espère pouvoir renforcer et approfondir ces relations dans le cadre de ma fonction comme Ministre des Affaires étrangères et des Cultes.
Je suis très sensible aux amicaux et chaleureux mots de félicitation que vous m’avez adressés à la suite de ma nomination à ce poste, ainsi qu’à l’accompagnement et au soutien que vous m’avez promis dans l’exercice de cette honorable mais très délicate fonction. Je vous en suis déjà infiniment reconnaissant. Vous voudrez bien noter que le Conseil Présidentiel et le Gouvernement de transition apprécient à leur juste valeur vos innombrables efforts pour rendre chaque jour, plus solides et plus fructueuses, les relations entre la République d’Haïti et les pays et organisations que vous représentez. Nous attachons beaucoup d’importance à ces relations que nous nous engageons à entretenir, consolider et approfondir sur une base de réciprocité. Malgré la complexité du moment et les énormes défis auxquels nous faisons face, nous pensons que nous avons suffisamment de courage, d’énergie et de détermination pour assumer pleinement toutes nos responsabilités et, par voie de conséquence, contribuer utilement à la réalisation des missions et objectifs de la transition.
Comme vous le savez sans nul doute, les principaux acteurs politiques impliqués dans ce processus qui se veut fondateur et stabilisateur, se sont mis d’accord sur cinq grands chantiers pour la période de transition, parmi lesquels se détachent l’impératif du rétablissement de la sécurité sur toute l’étendue du territoire national et l’organisation des élections générales dans le courant de l’année 2025. La raison d’être et le but ultime du pouvoir de transition étant la remise en fonction des institutions républicaines et démocratiques, le renouvellement du personnel politique et l’installation, le 7 février 2026, d’un Président élu.
Excellences,
Mesdames, Messieurs,
Comme je viens de le souligner, le rétablissement de la sécurité publique et les élections constituent, sans conteste, les axes d’action prioritaires de la transition. L’organisation des élections reste et demeure le passage obligé vers la stabilité sociopolitique et institutionnelle, le redressement de la situation économique et le progrès de la nation.
Pour y parvenir, la question de la sécurité est primordiale. Aussi, le Gouvernement de transition s’emploie-t-il à continuer de tout mettre en œuvre pour rétablir la sécurité et l’ordre public, préalables indispensables à la reprise normale des activités économiques, sociales et culturelles à travers le pays. Comme l’avait bien souligné le Président du Conseil Présidentiel de transition, Son Excellence Monsieur Leslie VOLTAIRE, nous devons nous attaquer, au plus vite, au défi le plus urgent, le plus angoissant et le plus douloureux que représente la sécurité. A cet égard, toutes les ressources et toutes les énergies sont déjà mobilisées et sont en train d’être déployées pour nous attaquer efficacement à ces fléaux que constituent la criminalité et le banditisme qui empoisonnent la vie et les activités des citoyennes et des citoyens et mettent sérieusement en péril le devenir de la Nation. Et nous commençons déjà à envoyer des signaux très positifs à cet égard.
Il est indéniable que nous vivons un drame humanitaire sans précédent dans notre histoire, ce qui est visible un peu partout à travers la capitale et d’autres régions du pays, où des familles de plus en plus nombreuses sont obligées d’abandonner leurs maisons et leurs biens pour se mettre à l’abri ou s’échapper à la fureur des groupes armés. Le Gouvernement salue le soutien indéfectible et inconditionnel de certaines organisations internationales qui leur viennent souvent en aide, et nous les en remercions vivement. Nous reconnaissons cependant que la meilleure solution à ce problème, et c’est l’option qui est choisie à juste titre par le pouvoir de transition, c’est de créer les conditions de sécurité nécessaires dans toutes les zones concernées pour permettre aux personnes et familles déplacés de retourner au plus vite à leurs domiciles.
Par ailleurs, nous espérons avoir en chacun de vous un avocat pour aider Haïti à faire face à cette situation qui milite en faveur de la transformation de la Mission Multinationale de Soutien à la sécurité (MMAS) en mission onusienne. Tout en saluant l’engagement et la détermination farouche de nos forces nationales de sécurité, nous souhaitons ardemment qu’elles puissent compter sur un soutien et un accompagnement plus soutenu de nos amis de la communauté internationale pour ramener définitivement la paix et la tranquillité dans les rues et dans les familles haïtiennes.
En ce qui a trait à l’organisation des élections, tous les efforts et sacrifices nécessaires sont en train d’être déployés. Le Conseil électoral provisoire, qui a été mis en place depuis un peu plus d’un mois, est à pied d’œuvre ; des ressources financières sont programmées dans le budget de l’exercice fiscal en cours pour contribuer, à titre de fonds propres, au financement des opérations électorales et l’Office National d’Identification (ONI) avance à grand pas dans le processus d’enregistrement des électeurs avec un total de plus de six millions de citoyennes et citoyens déjà enregistrés.
Dans ce même ordre d’idée, la Commission chargée de la Conférence Nationale et de la réforme constitutionnelle, qui a été mise en place, travaille d’arrache-pied pour accomplir sa mission dans le délai imparti. Elle s’active pour engager l’ensemble des forces vives de la nation, d’une part, dans la conception et l’élaboration d’un nouveau projet de société et, de l’autre, dans la voie de la révision de la Constitution afin de rendre celle-ci plus adaptée à l’évolution globale de la société haïtienne et aux exigences de la démocratie et de l’état de droit. Bien d’autres initiatives sont en cours pour paver la voie au nécessaire apaisement social que toues les Haïtiennes et tous les Haïtiens appellent de leurs vœux, à la stabilité sociale et institutionnelle conformément aux missions, engagements et responsabilités du pouvoir de transition.
Excellences,
Mesdames, Messieurs,
La rencontre d’aujourd’hui constitue le premier pas vers une collaboration franche, cordiale, sincère et fructueuse entre chacun de vous et les différents services du Ministère des Affaires Etrangères sous ma gouverne. C’est aussi l’occasion pour moi de lancer un vibrant appel à plus d’engagements de votre part et, à travers vous, celui des Etats et Organisations internationales que vous représentez pour qu’Haïti puisse bénéficier de plus de compréhension, d’accompagnement et de solidarité manifeste de l’ensemble de ses partenaires tant bilatéraux que multilatéraux dans ces moments de grandes épreuves qu’elle traverse.
Il me tarde de discuter avec chacun de vous, en tête à tête de nos intérêts communs et d’explorer les voies et moyens du raffermissement, de la consolidation et de l’approfondissement des rapports de coopération qui unissent la République d’Haïti et vos pays et organisations respectifs. Nous savons pertinemment que les temps sont extrêmement difficiles, que les tensions géopolitiques et les conflits aussi bien inter qu’intra-étatiques mobilisent l’attention, les énergies et des ressources un peu partout à travers la planète. Nous savons également que chacun a le droit légitime de choisir ses champs d’action et d’intervention prioritaires. Mais la catastrophe humanitaire et sécuritaire qu’Haïti vit actuellement et qui risque de s’aggraver à tout moment si rien de concret n’y est fait en toute urgence, interpelle la conscience universelle et mérite tout aussi l’attention solidaire de la communauté internationale, ne serait-ce qu’au nom du droit à la solidarité internationale.
Le Conseil Présidentiel de Transition, le Gouvernement auquel j’appartiens et le peuple haïtien dans son ensemble misent beaucoup sur une coopération internationale agissante, respectueuse et efficace dans cette conjoncture difficile. Je sollicite donc votre soutien et votre accompagnement continus pour porter très loin et faire entendre la voix du peuple haïtien, un peuple frère qui, à travers son histoire, a su donner l’exemple de la coopération et de la solidarité à travers l’Hémisphère et bien au-delà, et qui, aujourd’hui, aspire à la paix et au développement économique et social. Quand la coopération internationale prend partie pour l’humanité et ses valeurs, l’avenir ne peut-être que meilleur.
Je ne saurais terminer mon propos sans vous remercier, une fois de plus, de votre présence nombreuse à la cérémonie du jour, de votre engagement solidaire aux côtés du Gouvernement et du peuple haïtiens qui, j’espère, ira s’intensifiant dans le respect et la compréhension mutuelle qui fondent les relations entre Etats souverains.
Je vous remercie de votre aimable attention