18/02/2024
LES GNONGNOSES ou YONYONSES
A l’arrivée des Nakomsé au XVè et XVIè siècle, le pays moaga actuel était habité par plusieurs populations dont les sukomsés, les gourounsi, les bissanas, les kouroumbas, les dogons, les ninsis, et les gnongnosés. Les gnongnosés étaient un peuple d’agriculteur qui linguistiquement, historiquement et culturellement sont distincts des autres nakomsés.
Ils sont appelés tengembissi (propriétaires de la terre, autochtones). De nos jours, l’assimilation des conquérants a largement contribué à altérer la tradition des populations prénakomsés. L’essentiel de ces traditions ont été phagocytés par celles des nakomsés venus du M-Dagomba. Il est difficile d’établir l’occupation exacte des pays moaga actuel à l’arrivée des nakomsés.
Plusieurs hypothèses tentent cependant de trouver une réponse :
Pour un gnongnoga de pur sang, il affirme que son ancêtre serait Guisga (fil) et sa femme Pendé (foulard) seraient descendu du ciel à Boâsa pendant que le tonnerre grondait.
Pour Robert PAGEARD, l’ancêtre des gnongnosé est sorti de terre et il s’appellerais tengpusmdé par définition, propriétaire de la terre.
M. DELAFOSSE, L TAUXIER, DIMDELOBSON, Kawada JUNZO ont essayé aussi de trouver une justification à l’anterioté de ce peuple. Il en ressort en conclusion qu’une incertitude plane sur les origines des gnongnosés. Selon Boutiller 45 % de gnongnosés peuplent le pays moaga actuel. Ils sont présentés comme les véritables propriétaires de la terre mogho, comme l’atteste cet adage « là où il y a un naba, il y a un gnongnoga ».
Sans connaître leur origine exacte les gnongnosés ont essémé tout le mogho à partir d’un certain nombre de centre de disperssion : Loumbila, Guiloungou, Mankoudougou, Ziga, Koungoussi, Tangin-Dassouri, Komsilga, Bonsa.
Il est probable que le groupe que nous avons appelé gnongnosé, ne formait pas un groupe homogène, ils sont par ailleurs tous des porteurs de houes.
Dans cette société il existe deux types de gnongnosés :
Les gnongnosés noirs ou de gnongnosés de naissance qui ne sont soumis à aucun rite initiatique ils le sont par héritage direct et participent aux différents rites dès leur plus jeune age ; ces derniers sont les détenteurs des autels des ancêtres, les ‘kimsés’’.
Les Gnongnosés rouges ou Gnongnosés de conversions qui sont toute personne qui par initiation à la pratique gnongnoga sans initialement appartenir à la famille devient gnongnoga. Ils ne peuvent cependant pas être des chefs de terre « Tingsoba ».
1-Comment reconnaître les Gnongnosés?
Nous les distinguons à travers leurs patronymes qui sont : Sawadogo, Lalsaga, Nikièma, Sedgo, Nanema, Konseibo, Vocouma, Koutaba, Belemnaba, Kabré, Rouamba, Zoungrana, Bounkoungou, Rapadamnaba… .
2-Oragansation socio-politique des Gnongnosés
La société gnongnoga était une société égalitaire, peu centralisée où les membres jouissaient de même droits et devoirs. Dans cette société, outre l’autorité gérontocratique, on peut noter des fonctions socio politique et religieuses. Une des 1ères fonctions politiques est celle des maitres de la terre (Teng-soba). Il est le 1er dignitaire du village et supervise et contrôle les terres du village, il préside aux sacrifices tant propitiatoires que expiatoires. Il est une personne crainte et très respectée dans le village, mais n’est cependant pas à l’abri des lois, des us et des coutumes. Le Teng-soba possède des objets cultuels qui sont le « Toabga » ou la hache à l’épaule et le « Rayagré » qu’il tient à la main gauche.
Après le maître de terre, dans cette société vient le « Buud-kasma », le patriarche qui est l’autorité au niveau familial. Leur mode de succession relève de la gérontocratie. Ils sont inamovibles. Mais il existe un seul cas où ils peuvent être démis de leur fonction : la folie. L’agriculture étant la principale source sinon l’unique qui apporte des revenus le rôle du Teng-soba est très important dans le domaine agricole. Il détermine les temps propices aux semences par l’observation des astres en particulier la pléiade.
La femme du Teng-soba tout comme ce dernier intervient dans les rites traditionnels en particulier ceux qui se sont fait pendant la grossesse, le rite du port de la ceinture de feuilles. Elle est commise à la garde des « kiimsés » (autel des ancêtres). Elle intervient aussi dans le cadre du mariage. Les filles dans cette société se marient à des âges précis : 15 ; 17 ; 19 ; et 21 ans. La dot est à titre symoblique : des seko, des foulards et les travaux champêtres des futurs beaux parents. Avant le mariage, on introduit la jeune fille dans la case des « kiimsés » suivant la cérémonie des « segnego » qui consiste à présenter la fille aux ancêtres.
3-Que sont-ils devenus dans la société moaga actuel ?
Les structures traditionnelles gnongnoga ont été coiffées par celle des Nakomsés et elles sont de ce fait reléguées à des rôles religieux. Ils sont garants de l’ordre moral en temps que fils de terre, la terre étant gardienne des valeurs et génératrice de toute nourriture. Ils jouent un rôle important dans les rites funéraires car ils sont chargés de l’inhumation des cadavres notamment de celui du Mogho Naba (ils sont ceux qui font la brèche pour faire passer le corps de ce dernier). Les gnongnosés jouent par ailleurs un rôle important dans le cadre du
Basga (fête de la famille du Mogho Naba).
Source archives Burkina