22/07/2024
NIFFF (Neuchâtel International Fantastic Film Festival) 2024 – Un festival qui dépasse les apparences
Le NIFFF (Neuchâtel International Fantastic Film Festival) a célébré sa vingt-troisième édition cette année. Ce sont bien les œuvres horrifiques ou les slashers qui viennent en premier à l’esprit quand les gens pensent au festival. Mais la programmation 2024 a prouvé une fois de plus que le cinéma fantastique est un genre riche et diversifié, capable de captiver et de surprendre.
Le festival neuchâtelois se démarque tout d’abord par son ambiance très particulière. Les spectateurs adeptes font salle comble pour former un groupe malgré leurs différences. Tous semblent unis lors des séances pour lancer en chœur des parodies de slogans durant les publicités. Le public est ouvert à la discussion et au partage jusque dans les frissons de l’angoisse. La section « Ultra movies » montre des films déjantés dans leur forme et qui poussent très loin les limites du gore et du dégoût. Ce festival éclectique s’ouvre sur le monde en créant des ponts entre le cinéma suisse et asiatique pour les festivaliers friands de découvrir la richesse des films d’action issus de l’autre côté du globe.
La catégorie « Third Kind » compte en son sein les films à la frontière entre différents genres et incarne le meilleur exemple de la manière dont le NIFFF se réinvente et s’ouvre à de nouveaux horizons. La programmation propose des films qui oscillent entre horreur et humour noir, avec par exemple Les pistolets en plastique (Jean-Christophe Meurisse, 2024), qui n’a pas nécessairement trait au fantastique, mais qui plaît aux festivaliers par son ton toujours sur le fil du rasoir. Ils retrouvent d’ailleurs également une touche comique dans de nombreux autres films comme L’empire (Bruno Dumont, 2024), The Paragon (Michael Duignan, 2023) Miséricorde (Alain Guiraudie, 2024) pour ne pas en citer d’autres.
La programmation s’élargit aussi pour attirer des spectateurs de tout âge. Par exemple, lors de la projection du film Cocoon (Ron Howard, 1985), le public a pu noter la présence de nombreuses têtes grises dans la salle. Cette année, l’association Pro Senectute a encouragé de nombreux seniors à venir assister à différentes projections, créant un pont rare entre le fantastique et le troisième âge. Cette initiative montre que le NIFFF est accessible et inclusif, attirant un public varié et brisant les stéréotypes associés aux films fantastiques et d’horreur. A l’image de sa grande variété de films provenant des cinq continents et témoignant de son ouverture à différentes cultures, le NIFFF adopte une définition inclusive du cinéma fantastique en participant à la redéfinition du genre. Alors que cette année le festival se penchait sur la question des inégalités sociales, l’année précédente il dédiait la sélection « Scream Q***r » à la représentation des communautés LGBTIQ+ dans le cinéma fantastique.
Le NIFFF accueille également de très jeunes réalisateurs et, à ce titre, peut servir de tremplin pour les futurs talents montant du cinéma fantastique. Cette année, le palmarès était à la hauteur des attentes. Parmi les lauréats, trois femmes se sont démarquées en tant que réalisatrices de longs-métrages. Tout d’abord, Thea Hvistendahl pour Handling the undead, son premier long-métrage, récompensé par le jury international avec le prix H.R. Giger (« Narcisse » award for best feature film). Shalini Ushadevi, pour son film Ennennum, a reçu le prix de la critique internationale. Jane Schoenbrun, pour I saw the TV glow, s’est vue attribuer le prix du meilleur production design. Le prix de la jeunesse fut quant à lui décerné à Ulaa Salim pour son long-métrage Eternal. Du côté des courts métrages, le cinéphile peut retenir Terra Mater de Kantarama Gahigiri lauréat dans la catégorie des courts métrages suisses. Pour finir dans la compétition asiatique, le prix du public est revenu à Soi Cheang pour son film Twilight of the warriors : walled in.
En somme, le NIFFF 2024 a su offrir une programmation riche et variée, mettant en lumière des œuvres audacieuses et innovantes. Chacun y trouve son compte, entre le craintif cynique qui préfère les comédies noires ou le fan avide de sensations horrifiques. Il faut s’attendre à jouer des coudes pour une expérience commune de cinéma à en suer du derrière. Il ne reste qu’à espérer que le festival neuchâtelois continue de s’ouvrir à de nouvelles perspectives, permettant aux festivaliers de continuer d’être surpris et séduits par des films qui ne sortiront peut-être jamais dans nos salles obscures. Il ne reste plus qu’à attendre avec impatience la programmation de l’année 2025.