11/05/2020
Thème
Vous sentez-vous parfois comme dans un tunnel, avec l'impression d'évoluer de manière linéaire, sans pouvoir changer de cap aussi rapidement ou radicalement que vous le souhaiteriez? Et cela probablement malgré le fait que vous soyez fermement déterminé.e à changer (de vie ou d'habitudes)?! Vous sentez-vous comme prisonnière ou prisonnier de certains comportements, de certaines habitudes? Cela génère-t-il en vous des sentiments de frustration, voir de déception, ou même de colère (à votre encontre)?
L'image du tunnel peut être utile pour analyser et comprendre un processus dans lequel on peut se sentir partiellement ou même totalement enfermé.e. Je décrirais ce tunnel comme un passage qui mène, d'un côté à l'autre d'un obstacle (par exemple une montagne) ou, d'un état d'être à un autre (dans le cadre d'un projet ou processus de changement). Il est rare que l'on puisse sortir du tunnel lorsque l'on s'y est engagé. Evidemment il existe des sorties de secours. Mais en des circonstances normales, lorsqu'on entre dans un tunnel c'est pour le traverser de bout en bout, avec comme but d'en ressortir sain et sauf et d'atteindre une nouvelle destination (nouvelle vallée, nouveau pays, etc.) ou un nouvel état d'être (changement de vie).
Il est normal de se sentir inconfortable, voir angoissé.e, si l'on a l'impression d'être bloqué.e dans un tunnel à un moment donné de sa vie! Plus la destination et la raison de notre voyage sont claires, plus la traversée peut s'envisager sereinement. Toutefois, il se peut que l'on se sente, malgré tout et à certains moments, prisonnière ou prisonnier, enfermé.e, contraint.e, voir même perdu.e en plein milieu du tunnel. On peut alors, avoir le désir d'en sortir, être tenté.e de renoncer, vouloir faire demi-tour, voir se décourager et se dire qu'on n'en sortira jamais.
Ainsi, il peut être utile de se poser quelques questions, dès lors que nous prenons conscience de cet état. Comment faire pour en sortir? Comment garder confiance et maintenir le cap, malgré tout? Comment transformer cette expérience en ressource, si tant est que cette situation puisse avoir une utilité?
Afin de trouver quelques réponses à ces questions et des pistes de réflexions constructives, je suggère, tout d'abord, de voir et d'accueillir cet état de fait et les sentiments et émotions qui y sont associés. Une fois que l'on a vu et accueilli, l'acceptation est essentielle pour reprendre notre chemin, avec un peu plus de liberté et de légèreté.
Ensuite, il peut être très utile et instructif de définir ce qui constitue les limites, les parrois de notre tunnel. Ce tunnel intérieur, que nous nous sommes construit nous-mêmes, de manière plus inconsciente que consciente.
Évidemment, il s'agit ici de voir la notion du tunnel comme un symbole, une métaphore, qui peut nous permettre de clarifier ce qui, dans notre vie, nous enferme, nous conditionne et qui, finalement, nous empêche d'avancer dans la direction que nous souhaitons. Donc, quelles sont ces limites, ces parrois? Il s'agit essentiellement de croyances, d'habitudes, d'automatismes et il existe de multiples méthodes pour les transformer et nous en libérer.
Toutefois, même si nous nous sentons limité.e par des croyances, habitudes et automatismes qui ne nous conviennent plus - et avant de les transformer ou de nous en libérer - il se peut que nous ayons quelque chose à apprendre de la situation. Notre inconscient ne nous "enferme" pas juste pour nous embêter ou nous mettre des bâtons dans les roues, il ne souhaite pas que nous n'atteignions pas nos but, ni nos rêves. Donc il y a probablement quelque chose d'utile, voire de précieux à apprendre de ces croyances, habitudes et automatismes qui nous limitent désormais. Nous savons que nous adoptons - la plupart du temps inconsciemment - des croyances, habitudes et comportements afin de nous protéger de potentiels dangers (de situations que nous avons vécues sur le plan émotionnel comme potentiellement ou même réellement dangereuses). Ou alors, il se peut également que ces mécanismes répondent à un désir ou un besoin que nous n'avons pas identifié consciement et/ou que nous refoulons.
Dans l'hypothèse que ceci ait du sens pour vous, vous conviendrez donc qu'il pourrait être utile de décoder le sens (enseignement potentiel) de la situation actuelle avant de s'en libérer. Il se pourrait d'ailleurs même que lorsque nous prenons conscience du message, la situation se trasforme intantanément.
Essayons d'aborder le processus avec un exemple pratique.
Vous avez décidé de vous coucher plus tôt (ou d'arrêter de fumer, etc.) et tentez de le faire depuis plusieurs jours, semaines, voir depuis des mois, sans y parvenir.
Vous savez pourtant très clairement pourquoi vous voulez le faire. Vous avez des journées longues et intensives, vous êtes fatigué.e et souhaitez vraiment vous reposer. Vous voulez être en forme le matin, vous voulez profiter pleinement de votre journée de congé, etc. Mais, le soir venu, vous continuez à passer du temps face à votre écran TV ou sur les réseaux sociaux, à visionner des vidéos d'humoristes, à lire des posts sur l'actualité ou sur un sujet qui vous préoccupe ou vous intéresse actuellement, au lieu de vous coucher et vous endormir plus tôt que d'habitude. Mais malgré votre conscience et votre volonté, la situation n'évolue pas. Cela vous agace de plus en plus, vous vous sentez frustré.e, voir même en colère (contre vous-mêmes). OK, c'est bien compréhensible.
Donc, la première étape consiste à voir le mécanisme que vous reproduisez, puis à l'accepter comme état de fait. Vous pouvez ensuite chercher à identifier les raisons (inconscientes) qui font que vous répétez ces mêmes comportements.
Admettons donc que vous ayez des journées chargées, intensives et que vous n'ayez que peu de temps à disposition pour vous changer les idées, pour vous ressourcer, etc. Disons que vous fonctionnez en permanence en mode efficacité, objectifs, résultats, actions, etc. Quand vous accordez-vous un temps de respiration, un temps d'arrêt et/ ou de ressourcement?! Si vous vous reconnaissez dans ce descriptif, il se peut que vous ne vous soyez que peu, voir même pas accordé.e de temps pour vous, depuis (très) longtemps. Ou que vous ne vous accordez que des micro phases de répit et de repos. Mais votre corps et votre esprit ont besoin de temps de régénération suffisant. Pour bien fonctionner, cela est bien connu, notamment dans le domaine du sport de compétition, le corps a besoin de phases de récupération et de régénération. Faute de quoi, un.e athlète peut se retrouver en état de surentrainement*, ce qui a des conséquences néfastes sur sa performance.
Il se peut donc qu'en étant pourtant motivé et mû.e par les plus belles intentions, vous vous trouviez actuellement en phase de "surentrainement" ou "suractivité". Si ceci devait être le cas, il serait tout à fait logique, voir même heureux, que votre corps et votre esprit cherchent à se mettre en mode veille ou pause. Si vous vivez des phases de stress ou de pression prolongées, il se peut que vous vous y soyez progressivement habitué.e sans vous en rendre compte (nous avons tendance à nous accoutumer à ce genre de situation et à nous y adapter inconsciemment, aussi longtemps que notre corps et notre esprit peuvent y résisiter).
Ainsi, plusieurs facteurs et raisons (causes) peuvent être à l'origine de ce tunnel (conséquence/ symptôme) dans lequel vous pourriez vous sentir actuellement "enfermé.e".
Peut-être vivez-vous une situation complètement différente de l'exemple décrit ci-dessus. Mais quoiqu'il en soit, si vous avez l'impression de traverser un tunnel, voir d'y être actuellement bloqué.e, arrêtez-vous tout d'abord un instant pour ressentir et décrire vos sentiments et vos émotions. Questionnez-vous (votre intuition) à propos de ce qui constitue les limites, les parrois de votre tunnel.
Par exemple, pour moi, dans l'exemple que j'ai choisi de vous partager - qui a, bien sûr, un rapport avec ma propre expérience de vie - les limites et parrois de mon tunnel étaient les suivantes:
• J'étais tellement engagé dans ma quête de changement de vie que je ne m'accordait quasiment jamais de répit
• J'ai mis un tel sentiment d'urgence dans mon projet de transformation que je me suis créé un stress permanent (dont je n'étais pas conscient, sauf quand je m'arrêtais pour m'observer)
• Étant donné que je me considérais limité dans mon processus par des aspects financiers, le sentiment généré par cette croyance ajoutait un stress supplémentaire
• Le fait de me focaliser sur tout ce que je n'avais pas encore réalisé, au lieu de regarder et célébrer tout ce que j'avais déjà accompli me coûtait de l'énergie
• Même si, lorsque je m'accordais du temps et que je progressais dans le développement de mes projets, je ressentais une toute autre énergie stimulante et ressourçante, lorsque je revenais "à ma vie actuelle que souhaitais quitter" je me sentais à nouveau vidé, frustré, découragé et fatigué…
Je me sentais donc prisonnier de ce tunnel.
Jusqu'au jour où j'ai compris et accepté que tout cela faisait partie du chemin et qu’il était utile, voir nécessaire que j’expérimente ma propre traversée du tunnel. J'ai réalisé que, si je souhaitais accompagner des personnes qui sont EnQûete de changement et de transformation de vie, je devrais, à un moment donné, les accompagner dans la traversée de leur propre tunnel. Car le chemin qui mène à la transformation peut être sinueux, long, parsemé d'obstacles et nous inciter à douter, voir à renoncer.
Mais lorsqu'on réalise que ce chemin peut être également bordé de pépites et de cadeaux en termes de découvertes, d'apprentissage, d'enrichissement et de compréhensions de soi, on commence à apprécier le chemin pour ce qu'il est, en lui-même et à l'appréhender en termes de nouvelles potentialités.
Le bout du tunnel arrivera tôt ou t**d, si l'on poursuit notre route. Et alors, si nous arrivons de l'autre côté riche des enseignements que notre cheminement nous a offerts, nous pourrons encore plus apprécier la destination et profiter du nouveau monde qui s'offre à nous.
Je vous encourage donc, si vous avez l'impression (un jour) d'être dans un tunnel, à vous faire le cadeau de vous arrêter, de voir et d'accueillir cet état d'être, de vous questionner (votre intuition, votre âme, votre ressenti plus que votre mental) et d'identifier de quoi sont faits les limites ou parois de votre tunnel. Probablement que vous y découvrirez des pépites en termes d'enseignement et de compréhension de vous-mêmes et que vous en ferez finalement des ressources précieuses pour la suite de votre cheminement.
C'est en tout cas ce que je vous souhaite et n'hésitez pas à partager vos questionnements et/ ou votre expérience en la matière.
* En sport, le surentraînement (ou surentrainement ), ou plus précisément le syndrome de surentraînement, désigne un excès d'entraînement sportif pouvant être préjudiciable au sportif.
Le surentraînement peut se manifester par une simple baisse de la forme et de l'envie mais peut aller jusqu'à la perte totale de la motivation. Il affaiblit également le corps et augmente le risque de blessure. Des périodes de repos sportifs devraient ainsi toujours être incluses dans un calendrier d'entraînement.
Réf.