09/04/2025
Joseph Maxime Bilivogui
Jeune entrepreneur, jeune frère, écoute bien ceci…
Quand tu démarres, les 3 à 5 premières années, tu dois apprendre à être clair avec ton entourage. Explique-leur, dès le départ, que tu n’as rien, absolument rien sauf une idée, un projet, une vision. Et que ce projet, comme un bébé, te demande beaucoup d’amour, d’énergie, de sacrifices… et surtout d’argent, sans rien te rapporter au début.
Tu n’es pas encore un patron.
Tu es juste un ouvrier de ton propre rêve.
Et il est urgent de le faire comprendre autour de toi.
Parce que dans nos sociétés, dire je suis entrepreneur revient trop souvent à dire « je suis riche »
On pense que tu as de l’argent.
On pense que tu peux aider tout le monde.
On pense que tu es déjà un boss.
Mais c’est faux.
L’entrepreneuriat, les premières années, ce n’est pas du profit, c’est du réinvestissement permanent.
Tu gagnes un peu ?
Tu réinjectes dans le stock, le marketing, l’équipe, les dettes fournisseurs, les nouveaux marchés.
Tu avances un peu ?
Tu prends encore plus de risques pour consolider ton modèle.
Tu respires un peu ?
Il faut déjà réfléchir à la prochaine échéance, au prochain paiement, à la prochaine stratégie de croissance.
Voilà la vraie vérité :
Être entrepreneur, ce n’est pas être assis sur de l’argent.
C’est être debout sur des dettes, des doutes et des délais.
C’est avancer avec la peur, mais continuer quand même.
Donc, jeune frère, ne te piège pas toi-même avec l’apparence.
Ce n’est pas le moment de t’acheter une grosse voiture, de louer un bureau dans une tour, de t’habiller trop cher, de manger tous les jours dans des restaurants huppés, ou de voyager premium.
Tu n’as pas encore les moyens. Et ce n’est pas grave.
Parce que si tu projettes cette image, ton entourage va croire que tu peux les aider financièrement. Et tu vas vite te retrouver à soutenir tout le monde sauf ton projet.
Et là, tu creuses ta propre tombe.
On ne finance pas une entreprise avec de la pression sociale. On ne bâtit pas un empire avec du paraître.
L’argent que tu as aujourd’hui, c’est pour développer, ton produit, tester ton marché, régler tes fournisseurs et anticiper tes urgences. Pas pour jouer au patron. Pas pour faire rêver la galerie.
Ceux qui t’aiment vraiment comprendront.
Ceux qui ne comprennent pas, ce sont eux qu’il faut fuir.
Le jour où tu décideras de te faire plaisir, que ce soit clair : Ce sera une décision, pas une obligation sociale. Et même là, que cela reste mesuré.
Parce que ton vrai plaisir, ce sera quand ton entreprise tournera sans toi. Quand tu n’auras plus à sauter chaque mois pour boucler un budget. Quand tu créeras de l’emploi, de la valeur, de l’impact.
C’est ça, être patron et ce jour tu feras comme tu veux car tu l’aurais mérité.
Regardons ça financièrement 👇🏾
Imagine un jeune entrepreneur qui démarre son activité avec 5 000 € en poche.
Il veut lancer un petit business de distribution de produits agroalimentaires.
Phase 1 – Démarrage (Année 1 à 3)
Investissements initiaux :
Achat de stock : 2 000 €
Création d’un logo, flyers, packaging : 500 €
Dépenses marketing (réseaux, influenceurs, déplacements) : 800 €
Petit local ou espace partagé : 600 €
Frais annexes (transport, téléphone, internet) : 1 100 €
Total investi : 5 000 €
Revenus bruts mensuels estimés : 800 €
Coûts d’exploitation mensuels (renouvellement stock + frais variables) : 600 €
Résultat net mensuel : 200 €
Cela veut dire quoi :
Tu as tout investi. Tu gagnes à peine 4% de ton capital par mois, soit 48%/an.
Mais ce bénéfice-là… tu ne le touches même pas.
Tu dois le réinvestir pour élargir ton stock, améliorer ta chaîne logistique, tester d’autres produits.
Donc : tu travailles, tu gagnes peu, mais tu dépenses beaucoup.
Phase 2 – Croissance (Année 3 à 5)
Grâce aux efforts, tu as élargi ta clientèle, sécurisé 2 ou 3 partenaires réguliers, développé une petite équipe opérationnelle
Ton chiffre d’affaires grimpe à 4 000 € par mois, et :
Tes coûts sont maîtrisés à 2 200 €.
Tu réalises 1 800 € de marge nette mensuelle.
Tu réinvestis 1 300 € chaque mois pour continuer d’évoluer.
Tu te paies un petit salaire de 500 € pour couvrir tes charges personnelles.
Tu passes d’un business où tu donnais tout, à un business qui commence à te nourrir, sans te détruire.
Tu gagnes plus, tu réinvestis toujours, mais avec stratégie et discipline.
Phase 3 – Maturité (Année 5 à 10)
Ton entreprise est stable :
Tu génères 15 000 € de chiffre d’affaires par mois
Tes charges fixes sont de 5 000 €
Tes coûts variables : 3 000 €
Résultat net mensuel : 7 000 €
Là, tu ne réinvestis plus 100% de ce que tu gagnes.
Tu réinjectes une partie (3 000 €) dans l’expansion (R&D, développement commercial),
Tu thésaurises une autre partie (1 000 € pour la trésorerie d’urgence), Et tu prélèves enfin un salaire confortable de 3 000 € à 5 000 €/mois, sans nuire à l’entreprise.
Conclusion :
1- Au début : Tu investis 100%, tu gagnes 0.
2- À moyen terme : Tu gagnes, mais tu continues à investir.
3- Sur le long terme : Tu gagnes beaucoup, et tu dépenses avec maîtrise.
C’est ça, le chemin entrepreneurial réel.
Ceux qui veulent inverser l’ordre, c’est-à-dire gagner beaucoup au début et investir peu courent vers la faillite. Parce qu’en réalité, le cash dans un business n’est pas un salaire, c’est du carburant pour continuer à grandir.