03/12/2023
Expansions : traductions et internationalisation de la bande dessinée produite au
Canada
[English follows]
Colloque à Montréal à l’occasion du Festival BD de Montréal – 23-24 mai 2024
La création en bande dessinée au Canada, tout comme la lecture d’œuvres produites dans
ce média, a augmenté depuis une trentaine d’années, entre autres avec la naissance de
petites maisons d’édition publiant en de nouveaux formats, plus près de celui
traditionnellement associé au roman (Denson et al. 2013). La bande dessinée au Canada
s’est aussi fortement développée durant cette période (Postema et Lesk 2020, Falardeau
2020). Des maisons d’édition maintenant bien établies (notamment Drawn & Quarterly,
La Pastèque, Conundrum Press, Pow Pow) proposent plusieurs titres chaque année, parmi
lesquels figurent des jeunes bédéistes (Boum, Marie-Noëlle Hébert, Dakota McFadzean),
mais aussi des artistes établis comme Michel Rabagliati, Zviane, Seth, Chester Brown ou
Jillian et Mariko Tamaki. Pendant cette même période, on a vu la publication d’un grand
nombre de bandes dessinées par des artistes autochtones au Canada (notamment Walter
Scott, Natasha Donovan, Jason Eaglespeaker, eelonqa K. harris). Des autrices et des
auteurs se sont emparé de tous les genres : autant ceux plus traditionnellement associés au
neuvième art, comme l’humour ou le super-héroïsme que ceux jusqu’alors peu exploités
en bande dessinée comme le récit de vie (Rifkind et Warley 2016) ou l’essai. À cela
s’ajoute la création de mangas locaux, par exemple les séries Dramacon (Tokyopop) et
Nightschool (Yen Press) de Svetlana Chmakova ou Les élus Eljun (Michel Quintin
éditeur) de Jean-François Laliberté et Sacha Lefebvre, œuvres dont l’existence même
démontre le soft power japonais en matière de culture.
La diffusion d’une œuvre à l’extérieur de la culture où elle a été produite peut impliquer
différentes interventions : médiation, adaptation, traduction. La possibilité même de
transferts culturels implique qu’il y a, en chaque culture, une tension entre perméabilité et
protectionnisme (Espagne 1999). Le cas du Canada est rendu particulièrement complexe
par les rapports de pouvoir entre les cultures qui sont présentes sur le territoire (anglocanadienne, franco-canadienne et autochtones). D’autre part, il faut rappeler la place plus
modeste du Canada dans le monde international de l’édition. Outre le travail des maisons
d’édition, tantôt dans la vente de droits, tantôt dans la distribution à l’étranger, et la rare
initiative privée que constitue la Librairie du Québec à Paris, il y aussi le travail des
diplomaties culturelles canadienne et québécoise qui ont pu contribuer à l’expansion de la
bande dessinée (le Centre culturel canadien, les délégations générales du Québec, et la
présence de centres d’études canadiennes dans plusieurs universités, surtout en Europe)
(Von Flotow 2007).
Ce colloque sera l’occasion d’étudier les traversées de frontières nationales et culturelles
qui ont accompagné l’expansion de la bande dessinée au Canada (Kelp-Stebbins 2022).
Le développement de la bande dessinée canadienne s’effectue dans des mouvements
variés, que ce soit en visant à se faire connaître hors de ses frontières ou, à l’inverse, en
jetant des passerelles entre les zones culturelles provinciales. Ces démarches peuvent se
faire à hauteur d’œuvres (par des traductions linguistiques ou des prestations publiques
comme des conférences ou des séances de dédicaces) ou dans des démarches concertées
par des organismes ou des maisons d’édition en vue de se faire une place dans des
marchés spécifiques. De plus, les influences d’approches et de styles issus d’autres zones
géographiques peuvent également être considérées comme une forme d’expansion qui
mérite notre attention.
Voici quelques questions qui peuvent nourrir la discussion :
Quelles sont les stratégies de transferts culturels entre les cultures canadiennes
(autochtones francophone anglophone) ?
Quels rôles respectifs jouent les artistes, les maisons d’édition, les compagnies de
distribution et la critique dans les transferts culturels ?
Quels types de transferts culturels habitent l’imaginaire de tel auteur ou de telle autrice et
comment contribuent-ils à l’internationalisation de l’œuvre (par exemple une sensibilité
chez Delaf et Dubuc ou chez Guy Delisle à la culture franco-belge alors qu’ils créent
respectivement Les Nombrils pour les premiers ou une série de récits de voyage
autobiographiques pour le second) ?
Comment la publication en ligne vient-elle modifier les rapports entre les cultures?
Comment les œuvres traduites à ce jour ont-elles pu intégrer des marques dialectales de la
langue de départ, par exemple en mettant en lumière des niveaux de langue ou l’héritage
du colonialisme ?
Comment les diplomaties culturelles canadienne et québécoise travaillent-elles à diffuser
des œuvres donnant une certaine représentation du Canada ? des langues officielles ? de
la présence de cultures autochtones ? du caractère, selon le cas, multiculturel ou
interculturel de la nation ?
Les articles présentés lors de la conférence seront proposés pour publication dans une
r***e à comité de lecture.
- Les propositions seront acceptées en français ou en anglais.
- Les propositions ne doivent pas dépasser 250 mots et doivent comporter un titre
descriptif.
- Du matériel audiovisuel est disponible sur demande.
- Les propositions doivent être soumises par courriel au plus t**d le 20 décembre 2023 à
[email protected]
Bibliographie
Denson, Shane et al. 2013. Transnational Perspectives on Graphic Narratives: Comics at
the Crossroads. New York: Bloomsbury Academic.
Espagne, Michel. 1999. Les transferts culturels franco-allemands. Paris : Presses
universitaires de France.
Falardeau, Mira. 2020. L’art de la bande dessinée actuelle au Québec. Québec : Presses
de l’Université Laval.
Kelp-Stebbins, Katherine. 2022. How Comics Travel: Publication, Translation, Radical
Literacies. Columbus: Ohio State University Press.
Postema, Barbara et Andrew Lesk. 2020. “What Happens Next? The Young Canadians.”
Journal of Graphic Novels & Comics. 11 (5–6): 496–500.
https://doi.org/10.1080/21504857.2020.1806894
Rifkind, Candida et Linda Warley. 2016. Canadian Graphic: Picturing Life Narratives.
Waterloo: Wilfrid Laurier University Press.
Von Flotow, Luise. 2007. “Telling Canada's Story' in German: Soft Diplomacy at Work.”
Von Flotow, L. et R. M. Nischik (eds.) Translating Canada. Ottawa: University of
Ottawa Press. 9-26.
Expansions: translations and the internationalization of comics produced in Canada
Conference in Montreal in conjunction with the Montreal Comic Arts Festival, May 23-24, 2024
The creation of comics in Canada, like the reading of works produced in this medium,
has increased over the past thirty years, partly with the birth of small publishing houses
offering books in sizes closer to those traditionally associated with the novel (Denson et
al. 2013). There was also a strong growth in the Canadian comic books industry during
this period (Postema and Lesk 2020, Falardeau 2020). Now well-established publishing
houses (notably Drawn & Quarterly, La Pastèque, Conundrum Press, Pow Pow) put out
several titles each year, featuring young comic artists (Boum, Marie-Noëlle Hébert,
Dakota McFadzean), but also established artists such as Michel Rabagliati, Zviane, Seth,
Chester Brown or Jillian and Mariko Tamaki. The same period saw the publication of a
large number of comics by Aboriginal artists in Canada (notably Walter Scott, Natasha
Donovan, Jason Eaglespeaker, eelonqa K. harris). Authors have seized every genre: from
those more traditionally associated with the ninth art, such as humor or superheroism, to
those hitherto little explored in comics, such as life stories (Rifkind and Warley 2016) or
essays. To this we can add the creation of local manga, such as Svetlana Chmakova's
Dramacon (Tokyopop) and Nightschool (Yen Press) series or Les élus Eljun (Michel
Quintin éditeur) by Jean-François Laliberté and Sacha Lefebvre, works whose very
existence demonstrates Japanese soft power in terms of culture.
The dissemination of a comic outside the culture in which it was produced can involve
various interventions: mediation, adaptation, translation. The very possibility of cultural
transfers implies that, in every culture, there is a tension between permeability and
protectionism (Espagne 1999). The case of Canada is made particularly complex by the
power relations between the cultures present on the territory (Anglo-Canadian, FrancoCanadian and Indigenous). On the other hand, Canada's place in the international
publishing world is more modest. In addition to the work of publishing houses,
sometimes selling rights, sometimes distributing abroad, and the rare private initiative
represented by the Librairie du Québec in Paris, there is also the work of Canadian and
Quebec cultural diplomacy, which has contributed to the expansion of comics (the
Canadian Cultural Centre, Quebec's délégations générales, and the presence of Canadian
studies centers in several universities, especially in Europe) (Von Flotow 2007).
This conference will examine the crossing of national and cultural borders that has
accompanied the expansion of comics in Canada (Kelp-Stebbins 2022). The development
of Canadian comics takes place in a variety of ways, whether by seeking to make itself
known beyond its borders or, conversely, by building bridges between provincial cultural
zones. This can be done at the level of individual works (through language translations or
public performances such as conferences or book signings), or through concerted efforts
by organizations or publishing houses to gain a foothold in specific markets. In addition,
the influence of approaches and styles from other geographical areas can also be seen as a
form of expansion worthy of our attention.
Here are some questions for discussion:
What are the cultural transfer strategies between Canadian cultures (Indigenous
Francophone Anglophone)?
What respective roles do artists, publishers, distribution companies and critics play in
cultural transfers?
What kinds of cultural transfers inhabit the imaginations of particular authors, and how
do they contribute to the internationalization of their work (for example, a sensitivity to
Franco-Belgian culture in Delaf and Dubuc’s Les Nombrils or Guy Delisle's series of
autobiographical travel narratives)?
How does online publication alter the relationship between cultures?
How have the works translated to date been able to incorporate dialectal marks from the
source language, for example, by highlighting language levels or the legacy of
colonialism?
How are Canadian and Quebec cultural diplomats working to disseminate works that give
a certain representation of Canada? of official languages? of the presence of indigenous
cultures? of the nation's multicultural or intercultural character, as the case may be?
Papers presented at the conference will be offered for publication to a refereed
publication.
- Submissions are welcome in either French or English.
- Proposals should be 250 words maximum and should include a descriptive title.
- Audio-visual equipment available upon request.
- Proposals must be submitted by e-mail no later than December 20th, 2023 to:
[email protected]
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Activité d'un membre régulierAppel à communicationColloque à Montréal à l’occasion du Festival BD de Montréal – 23-24 mai 2024 La création en bande dessinée au Canada, tout comme la lecture d’œuvres produites dans ce média, a augmenté depuis une trentaine d’années, entre autres ...