05/21/2023
Depuis que je suis revenu à La Cité, en 2013, j’ai toujours su qu’il y avait ou qu’il y avait eu un projet d’écovillage appelé « Mont Radar ».
Je voyais la fiche sur la carte d’écovillage du GEN (Global Ecovillage Network), mais je savais aussi que plusieurs points sur cette carte sont des projets en démarrage ou des projets qui n’ont finalement pas fonctionnés.
En 2015, quand j’étais à O.U.R. Ecovillage, j’ai rencontré un Québécois qui m’a dit : « Le Mont Radar, ça marche pu (plus) ça. ». À partir de la, je savais que la communauté était éteinte, mais sans plus.
Jusqu’au jour où j’étais en train de monter des commandes à Respecterre. C’était en 2020, au début de la pandémie. J’étais seul dans l’atelier. J’aime ces moments de travail seul, dans un grand endroit. Il y a une paix qui s’installe en moi. Un espèce de rythme naturel de la vie qui prend son sens.
J’avais choisi quelques articles de blogue, tirés du site de la communauté Le Manoir, que j’avais transformés en fichier audio à l’aide d’un logiciel.
De cette façon, je pouvais écouter l’audio en travaillant plutôt que de prendre le temps de lire.
La voix monotone du logiciel est assez désagréable et prononce certain mot de façon louche, mais le contenu était très intéressant.
J’étais en train de mettre des bobettes dans un bac en cochant des feuilles quand le fichier audio de l’article « Le Mont Radar, une vieille histoire » s’est mis à jouer.
L’article raconte le séjour au Mont Radar d’Arielle, en 2007. Sa première expérience de vie en communauté.
J’avais l’impression d’être là, avec elle, à St-Sylvestre de Lotbinière, en Beauce, à explorer, pour la première fois, un écovillage en construction.
J’ai entendu des mots comme permaculture ou zéro déchet qui étaient assez à avant-garde pour 2007, bien que ce soit des mouvements assez répandus maintenant.
J’ai vu des similitudes entre La Cité Écologique et Le Mont Radar : des comités en tout genre, des quantités de fruits et légumes à trier en corvée collective, l’intention de fonder une « université ».
J’ai expérimenté ce côté magique de la naïveté. Cet espèce d’énergie de let’s-go-on-peut-changer-le-monde-et-on-est-en-train-de-le-faire avant que le facteur humain te slap dans face et que le rêve tombe à la réalité.
J’arrivais pas à croire que tout ça s’était passé si près de chez moi à peine quelques années avant mon retour… et j’en avais jamais vraiment entendu parlé.
J’ai écouté l’article une fois, deux fois, trois fois, quatre ou cinq fois et je suis parti sur une bulle dont je me souviens encore l’intensité.
Mon cerveau a explosé 🤯
Il fallait que je trouve plus d’info à ce sujet. C’était essentiel à ma vie !
Premièrement, quand on recherche des vidéos avec les mots clés « Mont Radar » sur Youtube ou Vimeo, on trouve une variété déconcertante de sujets : des snowboarders qui font des trix, des vlogueuses qui montent la montagne, de la luge autrichienne, des documentaires amateurs d’une base militaire, des raves, des visites de souterrains qui ont l’air hantés, des jeep à la queue leu leu qui peinent à monter une montages, des vidéos en noir et blanc produites dans les années 1950…
Toutes sortes de choses qui, a première vue, semble avoir aucun lien. C’est un mystère qui gratte le cerveau. Un trou de lapin parfaitement creusé dans lequel on peut confortablement passer plusieurs heures.
Et puis, finalement, on trouve des vidéo qui parle d’un écovillage. Une intention sincère de vivre ensemble…
On voit Michel Dégagnés, cofondateur de Cohabitat Québec. On voit Leslie Carbonneau qui a coécrit le Répertoire des écocommunautés du Québec de 2010. Philippe Laramée de la r***e Aube.
On comprend que c’est une plaque tournante du réseautage des écocommunautés de cette époque.
Après, il y a tout cette histoire de la guerre froide. Pourquoi y avait-il une base militaire à cet endroit, au milieu de nul part ?
Les États-Unis et le Canada était persuadé que si l’URSS attaquerait, elle passerait par le nord. L’armée canadienne a donc construit une immense ligne de radars nommée la « Pine Tree Line ».
Environ 800 personnes habitaient la base militaire qui opérait le radar sur le mont Sainte-Marguerite.
En 1996, Jean-Marc Deneau achète la base laissée à l’abandon après plusieurs projets infructueux. Il organise des raves qui rassemble jusqu’à 8000 personnes.
Puis, il y a cette histoire qui m’intéresse. Un projet d’écovillage entre 2004 et 2010.
Selon moi, le premier projet d’écovillage au Québec en lien avec le réseau du GEN (Global Ecovillage Network) qui importe le concepte de l’Europe. Durant les mêmes années, La Cité Écologique adopte aussi le terme écovillage. J’ai ma petite théorie que c’est pas une coïncidence.
En intro de ce texte, Arielle écrivait : « Un projet “rétro”, que vous pourrez lire avec nostalgie en vous amusant de ma candeur… » J’ai apprécié cette candeur. J’ai trouvé ça beau. J’ai trouvé ça touchant. Ce texte a gardé une histoire en suspend à travers le temps. J’ai pu y être alors que j’y était pas. Merci Arielle.
https://histoire.community/2023/05/17/es-le-mysterieux-radar/