No. 327 Le temps des enfants
Partout dans le monde, les enfants prennent les devants, s’organisent, refusent d’assister passivement à la liquidation programmée de leur avenir. Les jeunes manifestants ne sont en fait pas tant des militants que des citoyens qui agissent et qui réclament le droit d’exercer pleinement leurs libertés civiles, même avant d’avoir atteint l’âge de la majorité légale. Alors qu’ils s’imposent aujourd’hui comme une force politique majeure, on voit s’exprimer un malaise, comme si ceux qui, parmi les adultes, détiennent le pouvoir avaient du mal à admettre la légitimité d’un discours porté par des individus qu’on a l’habitude d’encadrer, d’éduquer, de soigner, mais aussi de contraindre, de limiter, de contrôler.
Que signifie donc ce refus de concevoir l’enfant comme un sujet politique ? Voilà la question qui se trouve au cœur de ce dossier. Notre société est toujours bien empressée de se dire « f***e de ses enfants », préoccupée au plus haut point par leur sort, leur bonheur, et c’est sans doute vrai en théorie, mais à travers cette passion, on lit également l’attachement à une idée de l’enfance magnifiée, qui n’entretient pas toujours de lien avec la réalité concrète et les décisions que nous prenons.